WolfGANG Sessions #22

Une folle soirée de musique de chambre

2024-01-20 21:00 2024-01-20 13:00 60 Canada/Eastern 🎟 CNA : WolfGANG Sessions #22

https://nac-cna.ca/fr/event/33742

Événement en personne

Les Sessions WolfGANG au Club SAW sont des concerts qui ne manquent pas de mordant. Invitez vos amis les plus aventureux et embarquez-les dans une soirée de musique de chambre surprenante avec vos musiciens préférés de l'Orchestre du CNA. 

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Club SAW ,67 rue Nicholas,Ottawa
sam 20 janvier 2024

≈ 90 minutes · Sans entracte

Dernière mise à jour: 10 janvier 2024

Programme

MISSY MAZZOLI Death Valley Junction pour quatuor à cordes (10 min)

Yosuke Kawasaki, violon
Noémi Racine Gaudreault, violon
Tovin Allers, alto
Leah Wyber, violoncelle

GITY RAZAZ Spellbound (« Sous le charme ») pour alto seul (7 min)

Tovin Allers, alto

CAROLINE SHAW Boris Kerner pour violoncelle et pots de fleurs (8 min)

Julia MacLaine, violoncelle
Zac Pulak, pots de fleurs

AUGUSTA READ THOMAS Silent Moon (« Lune silencieuse ») pour violon et violoncelle (8 min)

I. Still : Soulful and Resonant (expressif et résonnant) –
II. Energetic : Majestic and Dramatic (majestueux et dramatique) –
III. Suspended : Lyrical and Chant-like (lyrique et chantant) “When twofold silence was the song of love (« Quand le silence des deux était le chant de l’amour »)

Yosuke Kawasaki, violon
Desiree Abbey, violoncelle

JULIA WOLFE Early that summer (« Aux prémices de l’été ») pour quatuor à cordes (12 min)

Yosuke Kawasaki, violon
Noémi Racine Gaudreault, violon
Tovin Allers, alto
Leah Wyber, violoncelle

Sean Rice, animateur

Répertoire

Missy Mazzoli

Death Valley Junction pour quatuor à cordes

Récemment, le New York Times disait de Missy Mazzoli (née en 1980) qu’elle était « l’une des compositrices les plus inventives et les plus surprenantes œuvrant actuellement à New York », alors que Time Out New York la surnommait « la Mozart millénariale de Brooklyn ». Parmi d’autres, le Quatuor Kronos, l’Opéra de Los Angeles, Eighth Blackbird, l’Orchestre symphonique de la BBC et le Scottish Opera ont programmé sa musique. En 2018, elle a été citée pour un prix Grammy et est devenue l’une des deux premières femmes, avec Jeanine Tesori, à recevoir une commande pour la scène principale du Metropolitan Opera. Compositrice en résidence à l’Orchestre symphonique de Chicago, elle avait tenu le même rôle à l’Opéra de Philadelphie de 2012 à 2015. Son carnet de commandes comprend des œuvres pour l’Opéra de Philadelphie, le Ballet national du Canada, l’Opéra lyrique de Chicago et l’Opéra national de Norvège.

Missy Mazzoli a composé Death Valley Junction pour quatuor à cordes en 2010 pour l’ensemble Santa Fe New Music. Comme elle la décrit, l’œuvre « est une représentation sonore de la ville du même nom, un endroit étrange et isolé à la frontière de la Californie et du Nevada. La “ville” est habitée par trois personnes et se compose d’un café, d’un hôtel et d’un opéra entièrement fonctionnel ». Missy Mazzoli considère Death Valley Junction comme l’un de ses endroits préférés. Elle est particulièrement attirée par « l’âpreté du paysage, les conditions climatiques extrêmes et les personnages étranges qui y vivent ».

L’un des personnages excentriques de la ville, note Mazzoli, est Marta Becket, « la femme qui a ressuscité et retapé l’opéra en ruine à la fin des années 1960 et qui y a donné des spectacles solos hebdomadaires jusqu’à sa retraite en 2009, à l’âge de 86 ans ». Death Valley Junction lui est dédiée, elle qui « s’est un jour comparée à une fleur jaune, unique, capable contre toute attente de s’épanouir dans le désert ». Cette œuvre, qui « commence par une texture tendue, nerveuse (le rude paysage désertique), avant de s’effondrer en une danse sauvage et dynamique, tente de dépeindre une partie de l’énergie exubérante et de l’optimisme inébranlable de Marta Becket ».

GITY RAZAZ

Spellbound (« Sous le charme ») pour alto seul

La compositrice irano-américaine Gity Razaz (née en 1986), nommée « étoile montante » par le BBC Music Magazine (2022), écrit autant pour instrument solo que pour grand orchestre. Le New York Times a qualifié sa musique de « ravissante et envoûtante ». Les orchestres symphoniques de la BBC, de Seattle et de San Diego, l’Opéra national de Washington, le National Sawdust, la Société de musique de chambre de Philadelphie, la violoncelliste Alisa Weilerstein, l’ancien violoncelliste du Quatuor Kronos, Jeffrey Zeigler, le violoncelliste Inbal Segev et la violoniste Jennifer Koh sa lui ont commandé des œuvres ou ont interprété sa musique. Ses compositions lui ont valu de nombreux prix nationaux et internationaux, dont le prix Andrew Imbrie de l’Académie américaine des arts et des lettres (2019).

Spellbound est une commande de l’altiste Maggie Snyder pour le projet VIOLA2020, lequel célébrait le centenaire du 19ᵉ amendement établissant le droit de vote des femmes aux États-Unis. Le morceau figure sur le premier album de Gity Razaz, The Strange Highway, publié en août 2022 par BIS Records et internationalement louangé. Née à Téhéran et installée aux États-Unis depuis 2002, Gity Razaz explore souvent dans sa musique les aspects de son identité d’immigrante. À propos de Spellbound, qui « a la qualité intime d’un soliloque de souvenirs », elle explique que « les textures et les paysages sonores s’entrelacent dans une mélodie originale qui évoque le lyrisme improvisateur de la musique persane traditionnelle. [Elle a] été particulièrement inspirée par le sentiment d’affliction qu’expriment les instruments persans comme le ney et le kamânche, et par leurs sonorités évoquées ici par le jeu sul ponticello (archet placé très près du chevalet) à l’alto. »

Caroline Shaw

Boris Kerner pour violoncelle et pots de fleurs

Caroline Shaw (née en 1982) est une musicienne qui évolue à travers divers rôles, genres et médiums, en essayant d’imaginer un monde sonore inouï, mais qui existe depuis toujours. Elle a reçu le prix Pulitzer 2013 de musique, plusieurs prix Grammy, un doctorat honorifique de l’Université de Yale et une bourse Thomas J. Watson. Elle a travaillé avec de nombreux artistes, dont Rosalía, Renée Fleming et Yo-Yo Ma, en plus de contribuer à la musique de films et de séries télévisées comme Fleishman is in Trouble, Bombshell, Yellowjackets, Maid, Dark et Beyoncé’s Homecoming. Sa couleur préférée est le jaune et son odeur favorite est celle du romarin.

Caroline Shaw a composé Boris Kerner en 2012 pour New Morse Code, un duo violoncelle et percussions. Le titre est le nom de l’ingénieur et physicien allemand, auteur de Introduction to Modern Traffic Flow Theory and Control: The Long Road to Three-Phase Traffic Theory, que Caroline Shaw reconnaît avoir découvert « par hasard, sur Internet, à la suite de recherches nocturnes et de réflexions sur l’idée de friction et de flux dans les lignes de basse baroques ». Ainsi, dit-elle, Boris Kerner est une plongée « amusante, instinctive ou intuitive, vers l’idée d’une ligne musicale semblable à une sorte de schéma de circulation routière – quelque chose qui se bloque puis se libère ». L’œuvre fait partie d’une « série d’expositions » sur les mots « the detail of the pattern is movement » (le détail du schéma est le mouvement) qu’écrivait T.S. Eliot dans The Four Quartets (Trétralogie, en VF). À propos de l’utilisation de pots de fleurs comme instrument de percussion, elle a choisi ceux qui sont fabriqués en terre cuite ordinaire pour leur « beau son de cloche » et leur « délicieuse imperfection », en comparaison du son « très cultivé » du violoncelle.

Comme le décrit Caroline Shaw, Boris Kerner commence, au violoncelle, par « une ligne de style continuo, assez typique du XVIIe siècle, qui se penche, sensible à la gravité et au magnétisme de certaines tendances tonales, avant de s’embouteiller dans un motif répété. Les pots de fleurs entrent en scène, formant un contrepoint, venu d’un autre monde, avec ce personnage étrangement familier, introduisant ainsi une température légèrement plus froide que la chaleur baroque, tantôt interrompant, tantôt facilitant le flux traditionnel de la circulation mélodique du violoncelle. »

AUGUSTA READ THOMAS

Silent Moon (« Lune silencieuse ») pour violon et violoncelle

I. Still : Soulful and Resonant (expressif et résonnant) –
II. Energetic : Majestic and Dramatic (majestueux et dramatique) –
III. Suspended : Lyrical and Chant-like (lyrique et chantant) – “When twofold silence was the song of love (« Quand le silence des deux était le chant de l’amour »)

On dit de la musique d’Augusta Read Thomas (née en 1964 à New York) qu’elle est nuancée, majestueuse, élégante, capricieuse, lyrique et colorée. Certaines de ses œuvres figurent sur un disque du groupe Chanticleer récompensé par un prix Grammy. Finaliste du prix Pulitzer, Augusta Read Thomas a composé un ensemble impressionnant d’œuvres qui « incarnent une passion débridée et une poésie féroce » (Académie américaine des arts et des lettres). Sa discographie comprend 90 albums. Elle également professeure de composition à l’Université de Chicago (Music and the College), où elle a fondé, en 2016, le Center for Contemporary Composition. Compositrice ayant occupé le plus longtemps la résidence Mead de l’Orchestre symphonique de Chicago, sous la direction de Daniel Barenboim et Pierre Boulez (1997-2006), elle a joué un rôle capital dans la mise en place de la florissante série MusicNOW de ce même orchestre.

Augusta Read Thomas explique que la musique « est une façon d’étreindre le monde – de [s]’ouvrir à la vie dans le monde, dans [son] corps, dans [ses] sons et dans [son] esprit. » Composé en 2006, Silent Moon est une commande d’Almita et Roland Vamos, célèbre couple de pédagogues du violon et de l’alto. L’œuvre leur est dédiée en signe d’admiration et de gratitude. Ce soir, elle est interprétée dans sa version pour violon et violoncelle.

Comme le décrit Augusta Read Thomas :

La pièce Silent Moon est une référence à la perturbation du calme de l’hiver, signe d’une concentration d’énergie. Comme le silence qui précède la tempête, Silent Moon offre l’occasion de faire table rase du passé pour mieux se concentrer sur le futur qui émerge.

Ce concept est souvent illustré par certains dieux et déesses à double visage, comme Janus, qui regarde à la fois vers le passé et vers l’avenir.

Une lune silencieuse existe dans le silence profond de la terre hivernale après la célébration du solstice, annonçant la naissance de l’énergie et le retour de la lumière du jour qui augmente quotidiennement.

C’est un moment propice au calme.

La qualité de l’énergie de cette lune est vive.

Fait de trois mouvements enchaînés et de caractère distinct, Silent Moon « parcourt un cycle complet, revenant exactement à son point de départ, comme si nous entendions une seule orbite ». Dans le titre du troisième mouvement, Augusta Read Thomas cite le dernier vers du poème Silent Noon de Dante Gabriel Rossetti – « When twofold silence was the song of love » –, ajoutant ainsi un vernis tendrement poétique à Silent Moon, qui fait allusion à l’arrivée future de l’été et aux parties entrelacées du violon et du violoncelle, comme s’il s’agissait d’amants.

Julia Wolfe

Early that summer (« Aux prémices de l’été ») pour quatuor à cordes

La musique de Julia Wolfe (née en 1958) se distingue par une intense matérialité et une puissance implacable qui poussent les interprètes à leurs limites et exigent l’attention du public. Elle puise son inspiration dans les musiques folk, classique et rock qu’elle dote d’une sensibilité moderne, tout en abattant les cloisons qui les séparent. Julia Wolfe écrit des œuvres pour instrument solo, des duos, de la musique de chambre ou pour orchestre, ainsi que pour de petites formations, pour chœur ou pour l’opéra. Sa musique est jouée dans les salles les plus prestigieuses et a fait l’objet d’enregistrements sous les étiquettes Decca Gold, Naxos, Cantaloupe Music, Teldec, Sony Classical et Universal. Parmi ses nombreux prix, mentionnons le prix Pulitzer de musique (2015), la bourse MacArthur (2016) et le prix Herb Alpert 2015. En 2019, Musical America l’a désignée compositrice de l’année. Julia Wolfe est cofondatrice et codirectrice artistique du légendaire collectif musical new-yorkais Bang on a Can. Elle est également directrice artistique du programme de composition musicale à l’Université de New York Steinhardt.

Early that summer, composé en 1993 pour le Quatuor Lark, compte parmi les quatuors à cordes de Julia Wolfe, dont le magazine The New Yorker disait qu’ils « mariaient les élans violents de la musique rock à une aura de sérénité minimaliste, [se servant des] quatre instruments comme d’une grande guitare, attisant l’esprit psychédélique jusqu’aux limites de la frénésie et de l’extase ».

Julia Wolfe explique qu’elle a commencé à composer ce quatuor en 1992, alors qu’elle vivait à Amsterdam. Elle lisait à l’époque un livre sur l’histoire politique des États-Unis et l’auteur ne cessait d’évoquer de petits incidents en commençant par des phrases comme : « Au début de cet été-là… » (Early that summer). Ces petits incidents finissaient par se transformer en crises ou en événements politiques majeurs. « J’ai réalisé que la musique que j’écrivais était exactement comme cela, que je créais un état constant d’anticipation d’un développement à venir. »

Lorsque le Quatuor Lark l’a créé, Wolfe a déclaré qu’elle leur avait demandé de le jouer comme ils jouent les quatuors de Beethoven, car elle admirait la clarté et la force avec lesquelles ils les interprétaient : « pleins de fougue et d’agressivité ». Plus tard, dans une entrevue accordée en octobre 2001 à David Krasnow pour Bomb Magazine, elle admettait qu’elle ne savait pas « à quel point cela allait être intense sur scène. C’est un tour de force, et ce n’est pas ce [qu’elle avait] l’intention de faire. C’est presque comme un bégaiement. Il y a cette impression d’interruption où tous ces motifs s’affrontent, pour finalement en arriver au point où ils se déchirent. Cela dure longtemps et c’est physiquement éprouvant. » Avant d’ajouter : « La première fois que j’ai vu des gens le jouer, j’ai pensé : “Oh, mon Dieu, leurs bras vont tomber!” Je me suis demandé à quel point c’était exagéré. Ce ne sont pas tous les ensembles qui voudront l’exécuter. Mais il y a un effet à en tirer, une raison de le faire. »

Notes de programme rassemblées et éditées par Hannah Chan-Hartley, PhD (traduit de l’anglais)

Artistes

  • Avec Des membres de l’Orchestre du CNA
  • Violon Yosuke Kawasaki
  • Violon Noémi Racine Gaudreault
  • Alto Tovin Allers
  • Violoncelle Leah Wyber
  • Violoncelle Julia MacLaine
  • Violoncelle Desiree Abbey
  • zac-pulak
    Pots de fleurs Zac Pulak
  • Animateur Sean Rice