Musique pour un dimanche après-midi (avec James Ehnes et Stewart Goodyear)

FOCUS : Clara, Robert, Johannes

2023-09-17 15:00 2023-09-17 17:00 60 Canada/Eastern 🎟 CNA : Musique pour un dimanche après-midi (avec James Ehnes et Stewart Goodyear)

https://nac-cna.ca/fr/event/33738

Événement en personne

Le festival FOCUS : Clara, Robert, Johannes célèbre la longue amitié qui a uni Clara Schumann, Robert Schumann et Johannes Brahms. Ces trois artistes qui se sont encouragés et inspirés mutuellement ont vécu des existences où se mêlaient une créativité débordante, une incertitude troublante et, peut-être même, un amour à sens unique. Soyez des nôtres le temps d’un...

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Centre Carleton Dominion-Chalmers ,355 rue Cooper,Ottawa
dim 17 septembre 2023
dim 17 septembre 2023
Centre Carleton Dominion-Chalmers 355 rue Cooper Ottawa

Dernière mise à jour: 11 septembre 2023

Programme

CLARA SCHUMANN Trio pour piano en sol mineur, op. 17 (30 min) 

I. Allegro moderato
II. Scherzo : Tempo di Menuetto
III. Andante 
IV. Allegretto

ROBERT SCHUMANN Quatuor pour piano en mi bémol majeur, op. 47 (28 min) 

I. Sostenuto assai – Allegro ma non troppo
II. Scherzo : Molto vivace
III. Andante cantabile 
IV. Finale : Vivace

ENTRACTE 

JOHANNES BRAHMS Sextuor à cordes no 1 en si bémol majeur, op. 18 (33 min) 

I. Allegro ma non troppo
II. Andante, ma moderato
III. Scherzo : Allegro molto 
IV. Rondo : Poco Allegretto e grazioso

Répertoire

CLARA SCHUMANN

Trio pour piano en sol mineur, op. 17

I. Allegro moderato 
II. Scherzo: Tempo di Menuetto 
III. Andante 
IV. Allegretto 

« Composer m’apporte tant de joie. Rien ne surpasse le bonheur de la création, ne serait-ce que parce que l’on y gagne quelques heures d’oubli, où l’on ne vit que dans un monde de sons. » Ces mots écrits par Clara Schumann (née Wieck, 1819-1896) en 1853 ne laissent aucun doute sur le rôle crucial qu’occupait la composition dans ses activités artistiques, même si ces précieuses « heures d’oubli » étaient trop rares parmi ses obligations de concertiste, d’épouse et de partenaire musicale de Robert Schumann, et de mère d’une famille nombreuse. Bien que Schumann se soit d’abord considérée comme une pianiste, elle était aussi une compositrice remarquable, dotée d’une vive imagination poétique et d’une grande maîtrise technique.

Le Trio pour piano, violon et violoncelle en sol mineur, op. 17 (1846), est peut-être la plus accomplie des œuvres à plusieurs mouvements de Clara Schumann. Si le Trio rappelle certaines traditions classiques, Schumann y intègre nombre d’innovations romantiques, tant dans le traitement de la forme que de l’harmonie, auxquelles elle ajoute ce mariage unique de lyrisme spacieux et de sobriété expressive qui caractérisent ses œuvres.

Les critiques de l’époque vantèrent le Trio pour sa « calme maîtrise formelle » et sa « force abstraite », et il fut fréquemment interprété en concert dans la seconde moitié du XIXe siècle, y compris par Brahms. Il témoigne du vaste éventail de ressources compositionnelles de Schumann, du lyrisme automnal du premier mouvement jusqu’aux techniques contrapuntiques du dernier. 

Le premier mouvement (Allegro moderato) en sol mineur est une forme sonate d’une expressivité dépouillée, mais puissante. Violon et piano s’échangent des thèmes mélancoliques tandis que le violoncelle appuie l’harmonie en soulignant les lignes de basse. Suit un Scherzo : Tempo di Menuetto en mi bémol majeur, plus léger, dans lequel les trois instruments se répondent en traits ponctués d’ornements chromatiques; la partie centrale rappelle le sol mineur du premier mouvement.

Le troisième mouvement, un Andante de forme ternaire, est particulièrement exquis, tant dans le charme de ses mélodies que dans le doigté avec lequel Schumann les entrelace. L’Andante s’ouvre avec un piano solo pensif, avant que le violon ne s’ajoute pour reprendre le thème – mais c’est l’entrée du violoncelle, en un contrepoint d’une délicatesse consommée, qui vient donner au thème sa profondeur et sa richesse texturales. L’Allegretto qui conclut le Trio reprend habilement différents motifs de l’Allegro moderato, entre autres en leur injectant du chromatisme. Sa maîtrise de l’écriture fuguée fleurit dans la section centrale du mouvement, dont le vigoureux fugato ne manqua pas d’impressionner ses collègues Felix Mendelssohn et Joseph Joachim. 

Note de programme par Julie Pedneault-Deslauriers 

ROBERT SCHUMANN

Quatuor pour piano en mi bémol majeur, op. 47

I. Sostenuto assai – Allegro ma non troppo 
II. Scherzo : Molto vivace 
III. Andante cantabile 
​IV. Finale : Vivace 

En 1842, Robert Schumann (1810-1856) a connu une extraordinaire poussée de créativité qui a abouti à ce que beaucoup appellent son « année de la musique de chambre ». Entre l’été et l’hiver, il a achevé trois quatuors à cordes (op. 41), un quintette avec piano (op. 44) et un quatuor avec piano (op. 47). Ces deux derniers ont connu un succès précoce et restent parmi ses œuvres les plus populaires dans le répertoire.

Dans sa musique de chambre, Robert Schumann privilégie la clarté et l’équilibre de la texture musicale, et le Quatuor avec piano ne fait pas exception. En effet, l’une des caractéristiques attrayantes de cette œuvre est le dialogue intime qui se met en place entre les instruments, encore accentué par l’utilisation habile du contrepoint, de sorte que chaque élément de l’ensemble contribue de manière égale au discours musical. 

Le Quatuor avec piano est également exemplaire de la façon dont Schumann a fait progresser les conventions de la musique de chambre en employant les structures et les processus formels de l’ère classique, qu’il avait assimilés de Haydn, Beethoven et Schubert, tout en incorporant simultanément différentes stratégies pour les bousculer. L’œuvre incarne ainsi l’idée, chère au compositeur, selon laquelle « l’avenir [de la musique] est un écho plus élevé du passé ». Il ne s’est pas contenté d’imiter les modèles et les méthodes de ses prédécesseurs, mais il a cherché à les dépasser en les transformant et les renouvelant. 

Par exemple, le Quatuor débute par une introduction lente (Sostenuto assai) dans une atmosphère d’attente, les cordes entonnant un motif interrogatif de quatre notes. Il passe ensuite à l’énergique mouvement proprement dit (Allegro ma non troppo) avec deux thèmes contrastés – le motif de quatre notes, maintenant accéléré, avec une réponse complémentaire fluide, et un second thème vigoureux consistant en une gamme ascendante et un arpège descendant. À mesure que ces thèmes sont développés puis repris, l’introduction lente n’est pas censée revenir, mais dans ce mouvement, le Sostenuto (ou le climat qui lui est associé) réapparaît deux fois pour interrompre le déroulement « normal » de l’œuvre – avant que la section de développement ne progresse, et juste avant le début de la coda. 

Des moments de suspension similaires perturbent le déroulement conventionnel (ou attendu) d’autres mouvements du Quatuor. Au lieu du simple trio contrastant habituel, le Scherzo en comporte deux, dont le second commence par des accords soutenus alternant entre le piano et les cordes qui créent un effet de flottement, avant de se poursuivre par une variante du motif courant agité du scherzo. Au cœur du mouvement lent se trouve un hymne intime de dévotion, encadré par une mélodie profondément romantique présentée d’abord par le violoncelle et le violon, puis par l’alto et le violon sous forme de variation. Quand le violoncelle entonne une dernière fois la mélodie principale, c’est avec une nouvelle force poignante, ayant épousé l’humeur méditative de l’hymne. Il glisse ensuite vers un si bémol grave (la corde de do étant accordée plus bas), sur lequel plane une figure de trois notes qui circule entre les instruments. Ce moment de suspense éthéré dans la coda est un détournement ingénieux de l’approche habituelle, car il est à la fois tourné vers « le passé », le Sostenuto d’ouverture, et vers « l’avenir » du finale, puisque cette figure de trois notes en deviendra le motif principal. 

Schumann utilise le finale pour synthétiser ses stratégies novatrices, qui confèrent à la forme du mouvement une puissance dramatique accrue. Le motif de trois notes est d’abord traité en contrepoint, sous forme de fugato, les instruments jouant vigoureusement le sujet à tour de rôle, avant de passer à un second thème fluide annoncé par l’alto. Après un développement plus poussé des éléments du motif, la musique se développe jusqu’à une réexposition du thème principal. Ici, on s’attend à ce que le fugato revienne, mais la musique digresse plutôt dans un interlude chromatique rêveur – un autre moment où le processus conventionnel est suspendu. Plus tard, la réexposition reprend avec le second thème, puis, comme s’il s’agissait d’une « prise deux », mène à un retour (raccourci) de la section de développement, maintenant transposée dans une tonalité plus élevée. Cette fois, après avoir atteint un point culminant sur le thème du motif, le fugato, sur une version transfigurée du motif original, revient enfin pour clore de manière satisfaisante l’ensemble du quatuor avec piano.

Note de programme par Hannah Chan-Hartley (traduit de l’anglais) 

JOHANNES BRAHMS

Sextuor à cordes n° 1 en si bémol majeur, op. 18

I. Allegro ma non troppo 
​II. Andante, ma moderato 
III. Scherzo : Allegro molto 
IV. Rondo : Poco Allegretto e grazioso 

En l’espace de 40 ans – de son Trio pour piano, op. 8 (1854) à ses Sonates pour clarinette (1894) – Johannes Brahms (1833-1897) a composé 24 œuvres de musique de chambre qui ont fini par définir le genre pour la seconde moitié du XIXe siècle. Beaucoup estiment que ces œuvres comptent parmi les plus grandioses du genre depuis celles de Ludwig van Beethoven, et qu’elles résument la véritable essence de la personnalité créative de Brahms.

Il a achevé le Sextuor à cordes en si bémol, op. 18, en 1860, inaugurant une série d’œuvres que le musicologue Donald Tovey a décrites comme appartenant à la « première maturité » du compositeur. Dans la seconde moitié des années 1850, Brahms s’est lancé dans une étude intensive de son héritage musical germanique, et il a assimilé une grande partie de ce qu’il a absorbé, créant ainsi un style très original qui allait rester prégnant dans ses compositions jusqu’à la fin de sa carrière. Dans ce sextuor pour deux violons, deux altos et deux violoncelles, l’influence de ses prédécesseurs, notamment Beethoven et Franz Schubert, est prépondérante. Les longues mélodies évolutives des premier et quatrième mouvements rappellent ce dernier, de même que certaines innovations dans la forme classique, comme le « modèle à trois tonalités » utilisé dans le premier mouvement, dans lequel l’arrivée du second thème dans la tonalité dominante traditionnelle (en l’occurrence, fa majeur) est retardée par une modulation vers la tonalité « insolite » de la majeur.

L’intérêt et l’amour de Brahms pour la musique ancienne sont manifestes dans le mouvement Andante – une série de variations basées sur la folia baroque. En phase avec les conventions propres à ce style musical, le thème original en mineur encadre cinq variations, la quatrième, très expressive, et la cinquième, pastorale, étant en majeur. Contrastant avec ce qui précède, des éléments de musique folklorique imprègnent le Scherzo, vif et dansant, et le Trio, plus animé et rustique (écoutez les bourdons), qui présentent des changements de tonalité plutôt audacieux rappelant les derniers quatuors à cordes de Beethoven. Par-dessus tout, on peut entendre dans ce sextuor les premiers développements de ce qui allait devenir une marque de fabrique brahmsienne – l’expansion de la variation, grâce à laquelle des thèmes, des sections et même des compositions entières peuvent être générés par la manipulation continue de quelques motifs musicaux.

Note de programme par Hannah Chan-Hartley (traduit de l’anglais) 

Artistes

  • Violon et alto James Ehnes
  • Piano Stewart Goodyear
  • violon Yosuke Kawasaki
  • Violon Jessica Linnebach
  • Alto Jethro Marks
  • Violoncelle Rachel Mercer
  • violoncelle Julia MacLaine