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Dernière mise à jour: 8 décembre 2023
Jean Paul Riopelle est une figure majeure du paysage artistique québécois. Sa vie créative couvre largement la deuxième moitié du XXe siècle. Son œuvre participe à l’avènement de nouvelles écoles. Sa curiosité ignore les frontières entre disciplines et sa technique se réinvente périodiquement. Sa production semble guidée par deux élans fondamentaux : une pulsion créative puissante et continue, et une tendance récurrente à changer radicalement de sources d’inspiration et d’univers.
Le projet Riopelle s’intéresse à trois époques de la vie et de l’œuvre du peintre
1944 à 1960 furent les années des premières influences picturales de Riopelle, de ses amitiés à l’École du meuble de Montréal avec les futurs signataires du Refus global, de sa transition vers la France et des relations qu’il y développe avec André Breton, Joan Miró ou Samuel Beckett, de son succès grandissant, de sa rencontre déterminante avec Joan Mitchell et des incursions auprès de l’avant-garde artistique new-yorkaise.
La relation à la fois féconde et agitée de Mitchell et Riopelle est la toile de fond de la période 1960-1980. Les visions créatives se nourrissent mutuellement, les références culturelles s’entrechoquent, les élans passionnels mènent à la fusion aussi bien qu’à la rupture. Graduellement, le retour de Riopelle au Québec s’esquisse. Son amitié naissante avec Champlain Charest y contribue.
Ancrées à L’Isle-aux-Grues, au cœur du fleuve Saint-Laurent, les années 1986 à 1993 témoignent de l’intérêt de plus en plus marqué de Riopelle pour des représentations plus ou moins figuratives de la nature québécoise. Sa nouvelle compagne, Huguette Vachon, l’assiste de mille façons, et d’autant plus que l’âge impose à l’artiste de nouvelles techniques de création. Ces approches parfois inédites trouvent leur apothéose dans L’Hommage à Rosa Luxemburg, qui célèbre le souvenir de Joan Mitchell, décédée en 1992.
*Sachez qu’il y aura des coups de fusils lors de la représentation. Cigarettes, cigares et pipes seront utilisés comme accessoires théâtraux, mais ne contiennent aucun tabac ni nicotine.
Bien que la pandémie soit derrière nous, cette période est le point de départ du Projet Riopelle. Cette pause forcée reporte toutes les répétitions possibles pour Ex Machina. Ainsi, Robert Lepage et Steve Blanchet se dévouent à la création de plusieurs lignes du temps et approfondissent leurs recherches sur les personnes qui gravitent autour de la vie de Riopelle. C’est un énorme travail de recherche et comme le mentionne Robert Lepage, metteur en scène, Le projet Riopelle raconte également une grande partie de l’histoire du Québec, dont la création du manifeste Refus global en 1948, dont Riopelle et plusieurs artistes marquants sont cosignataires.
Pour Ex Machina, il est inhabituel de concevoir un spectacle de A à Z avant le début des périodes de création. Généralement, l’écriture se fait plutôt au cours de celles-ci, mais en raison de la quantité d’entretiens, de correspondances, d’entrevues à la télévision et de lettres qu’ils avaient en main, les liens se faisaient naturellement pour la conception et l’écriture de la pièce. Ex Machina déroge donc de sa méthode de création habituelle afin de créer Le projet Riopelle, une pièce nourrie exclusivement de faits réels trouvés pendant le travail de recherche.
Le manifeste Refus global est lancé le 9 août 1948 à Montréal par les Automatistes, un collectif issu des milieux littéraires et des arts visuels. Ensemble, ils souhaitent un « nouvel espoir collectif ». Outre Paul-Émile Borduas, voici les cosignataires du manifeste remettant en cause les valeurs traditionnelles du Québec :
Madeleine Arbour, Marcel Barbeau, Bruno Cormier, Claude Gauvreau, Pierre Gauvreau, Muriel Guilbault, Marcelle Ferron-Hamelin, Fernand Leduc, Thérèse Leduc, Jean-Paul Mousseau, Maurice Perron, Louise Renaud, Françoise Riopelle, Jean Paul Riopelle et Françoise Sullivan.
Vous saurez reconnaître quelques-uns de ces signataires dans Le projet Riopelle. Nous vous invitons à lire sur le sujet en consultant l’article Refus global, 75 ans plus tard, sur le site de la Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
L’importance de l’œuvre L’Hommage à Rosa Luxemburg
Lorsque l’on pense à Jean Paul Riopelle, on ne peut passer sous silence sa fresque monumentale dédiée à Joan Mitchell, L’Hommage à Rosa Luxemburg, réalisée après l’annonce de son décès en 1992. Jean Paul Riopelle avait l’habitude de surnommer Joan sa « Rosa malheur » en clin d’œil à Rosa Bonheur, peintre animalière de l’époque, et à Rosa Luxemburg, une militante communiste allemande célèbre pour ses lettres codées. Ainsi, Riopelle s’enferme dans son atelier de l’Isle-aux-Grues et se consacre à la création de ce triptyque en honneur à Joan Mitchell, son ancienne compagne de vie.
L’œuvre de Riopelle est séparée en trois parties et une séquence d’une trentaine de tableaux s’y trouve. Certains éléments dramaturgiques évoqués dans ce triptyque sont repris dans la pièce Le projet Riopelle.
« Instinctivement, les clés du spectacle étaient dans la structure du tableau. »
On peut considérer l’œuvre L’Hommage à Rosa Luxemburg comme un passe-muraille pour la création de la pièce. D’ailleurs, Le projet Riopelle est, tout comme ce triptyque, segmenté en trois parties, mais aborde plutôt trois époques de la vie de Jean Paul Riopelle.
Le spectacle a été créé le 25 avril 2023 au Théâtre Jean-Duceppe, à Montréal.
Sous la direction artistique du metteur en scène Robert Lepage, Ex Machina crée, produit et diffuse des œuvres artistiques multidisciplinaires, le plus souvent à dominante théâtrale.
La compagnie regroupe des créateur·trice·s de plusieurs champs d’activité et offre une production artistique variée : pièces de théâtre originales écrites et interprétées en solo ou collectivement, pièces fondées sur des textes existants, productions où diverses disciplines (danse, musique, muséologie) se mêlent au théâtre, des opéras et des productions multimédias où la dimension technologique est prépondérante. Ex Machina développe principalement ses spectacles à Québec, puis les diffuse abondamment au Québec, au Canada et ailleurs dans les Amériques, en Europe, en Asie et en Océanie.
Au-delà de leur diversité, les projets de la compagnie ont quelques traits en commun. Des anecdotes mènent à l’exploration d’idées comme la révélation de l’identité par l’exposition à l’autre. Les croisements culturels, la nature de l’acte créatif, la communication interrompue et les états de dépendance sont des thèmes récurrents. Plusieurs situations dramatiques opposent le quotidien à l’extraordinaire, le naturalisme à la métaphore, les personnages aux figures historiques. Le multilinguisme, le recours massif à l’image, les renversements de perspective, les variations d’échelles, le recours à des codes narratifs empruntés au cinéma et l’emploi d’outils technologiques visent à susciter sens et émotion, témoignant d’une volonté de poétiser l’expression théâtrale.
Artiste multidisciplinaire, Robert Lepage est tout à la fois acteur, réalisateur, auteur dramatique et metteur en scène. Saluées par la critique internationale, ses œuvres, originales, contemporaines et insolites, inspirées par l’histoire récente, transcendent les frontières et bouleversent les standards en matière d’écriture scénique, notamment par l’utilisation des nouvelles technologies.
Très tôt dans sa vie, Robert Lepage nourrit un vif intérêt pour la géographie, mais sa passion grandissante pour le théâtre lui dicte son choix de carrière : c’est au conservatoire d’art dramatique de Québec qu’il s’inscrit, en 1975. Après un stage chez Alain Knapp à Paris en 1978, il revient dans sa ville natale, où il développe la grande polyvalence artistique que nous lui connaissons.
L’année 1994 marque une étape importante dans sa carrière : il fonde Ex Machina, compagnie de création multidisciplinaire dont il assume la direction artistique. Également sous sa gouverne, le centre de production pluridisciplinaire La Caserne voit le jour en juin 1997, à Québec. Ce dernier lieu de création voit naître la quasi-totalité des productions d’Ex Machina jusqu’en 2019.
Le côté visionnaire et la volonté de créer de Robert Lepage l’ont amené à promouvoir et à mettre en œuvre la construction du théâtre Le Diamant, au cœur de la ville de Québec. Inauguré en août 2019, ce nouveau lieu de diffusion culturelle unique se veut un point d’ancrage pour le public, les artistes de la relève et les créateurs de tous horizons.
Parmi ses œuvres les plus marquantes, mentionnons au théâtre Les sept branches de la rivière Ōta et La trilogie des dragons ; ses solos La face cachée de la Lune et 887 ; à l’opéra La damnation de Faust et le cycle Der Ring des Nibelungen de Wagner ; ses œuvres multimédias Le Moulin à images et La bibliothèque, la nuit ; les spectacles The Secret World Tour et The Growing Up Tour de Peter Gabriel ; et, avec le Cirque du Soleil, KÀ et TOTEM.
Directeur de création chez Ex Machina, Steve Blnchet travaille dans le milieu artistique et culturel depuis plus de vingt-cinq ans.
De 1996 à 2013, il agit successivement à titre de directeur artistique et de directeur de création à l’agence Cossette. Plusieurs de ses campagnes sociétales reçoivent des distinctions à l’échelle nationale et internationale. Il participe également à plusieurs publications et courts métrages.
En 2005, il commence sa collaboration avec Ex Machina avec la création de la projection architecturale Le Moulin à Images (2008). Il en est le co-idéateur et le concepteur des images jusqu’à l'édition ultime en 2013.
Il poursuit avec la conception de la pièce 887, spectacle solo de Robert Lepage, et La bibliothèque, la nuit, une exposition immersive faisant appel à la réalité virtuelle inspirée de l’œuvre d’Alberto Manguel, pour laquelle il dirige la création et signe la conception avec Robert Lepage.
À titre de directeur de création et de concepteur, il travaille dans les dernières années à différentes productions, dont Coriolan de Shakespeare au Festival de Stratford, Frame x Frame avec Le Ballet National du Canada et l’opéra La flûte enchantée de Mozart au Festival d’Opéra de Québec. Et enfin, le nouveau spectacle solo de Robert Lepage, Courville.
Texte, conception et mise en scène
Robert Lepage
Avec
Anne-Marie Cadieux, Violette Chauveau, Richard Fréchette, Gabriel Lemire, Étienne Lou, Noémie O’Farrell, Luc Picard, Audrée Southière et Philippe Thibault-Denis
Coauteur, conception et direction de création
Steve Blanchet
Dialogues
Olivier Kemeid
Assistance à la mise en scène
Félix Dagenais
Figuration
David Biron et Clément Desbiens
Musique originale et conception sonore
Laurier Rajotte
Conception du décor
Ariane Sauvé
Conception des images
Félix Fradet-Faguy
Conception des éclairages
Lucie Bazzo
Conception des costumes
Virginie Leclerc
Conception des accessoires
Eveline Tanguay
Chorégraphies
Jeffrey Hall
Chorégraphie – Fire Island
Madeleine Bellefeuille, avec l’aimable collaboration de Jeffrey Hall
Perruques
Rachel Tremblay, assistée de Sarah Tremblay et Xavier Charbonneau-Gravel
Maquillages
Élène Pearson
Direction de production
Marie-Pierre Gagné
Adjointe à la production
Véronique St-Jacques
Direction technique – création
Olivier Bourque
Direction de tournée
Carole-Anne Roberge
Direction technique – tournée
Emmanuelle Nappert
Régie générale
Adèle Saint-Amand
Régie son
Marcin Bunar
Régie des éclairages
Zacharie Filteau
Régie vidéo
Zachary Noël-Ferland
Régie plateau
Anne Marie Bureau et Louis-Philippe Cloutier
Machinistes
Olivier Bourque et Samuel Sérandour
Régie costumes
Virginie Leclerc
Régie costumes – création
Isabel Poulin
Régie accessoires
Chloé Blanchet
Chargée de projet sonorisation et R&D
Stanislas Elie
Chargé de projet vidéo et R&D
Samuel Sérandour
Programmation vidéo – création
Gabrielle Martineau
Peinture scénique
Amélie Trépanier
Construction du décor
Astuce Décors / Conception Alain Gagné / Unisson
Collaboration à la réalisation du décor et des accessoires
Serge Belleau, Hugues Bernatchez, Chloé Blanchet, Geneviève Bournival, Anne Marie Bureau, Carol Ann Charrette, Marie McNicoll, Bruno Petit, Guylaine Petitclerc, Ludovic Poirot, Émilie Potvin, Noémie Richard, Géraldine Rondeau et Érica Schmitz
Réalisation des costumes
Par Apparat confection créative / Isabelle Couillard
Libération des droits musicaux
Delphine Saint-Marcoux, La Négo
Agente de Robert Lepage
Lynda Beaulieu
Production
Ex Machina
Coproduction
Fondation Jean Paul Riopelle, Duceppe, Le Diamant et Théâtre français du CNA
Producteur pour Ex Machina
Michel Bernatchez
Productrice associée
Hélène Paradis
Producteur délégué (Europe, Japon)
Epidemic (Richard Castelli, assisté de Florence Berthaud et Pierre Laly)
Producteur délégué (Amériques, Océanie, Asie – sauf Japon)
Menno Plukker Theatre Agent (Menno Plukker, assisté de Magdalena Marszalek et d’Isaïe Richard)
Alliance internationale des employés de scène et de théâtre