≈ 2 heures et 5 minutes · Sans entracte
Dernière mise à jour: 30 avril 2024
Il y a six ans maintenant, Maude Laurendeau est entrée dans mon bureau animée d’un profond sentiment d’urgence. Elle m’a lu des extraits de documents qu’elle avait recueillis dans les mois suivant le diagnostic d’autisme de sa fille. J’ai réalisé à ce moment-là que Maude essayait d’imposer un ordre à une expérience réelle et extrêmement chaotique. Elle s’était tournée vers le théâtre documentaire comme un moyen d’orienter sa réalité.
Le sentiment d’urgence de Maude m’a parlé ce jour-là parce que, moi aussi, il m’arrive souvent ces jours-ci d’être désorientée par la réalité. Sa description de Rose a aussi résonné dans mon esprit. Bien que je sois neurotypique, il m’arrive de ne pas être en mesure de discerner les messages importants dans la masse d’informations que je reçois chaque jour. Ils se perdent dans un bruit ambiant excessif. Et parfois, j’ai envie de m’enfuir loin, très loin, toute seule, pour échapper à la pression des normes de la société.
Je salue Maude pour son courage de raconter sur scène une histoire si personnelle, et je remercie les artistes et l’équipe de production qui ont réuni leurs talents et leurs sensibilités pour accompagner Maude dans son processus de création.
J’espère que cette pièce de théâtre documentaire de Porte Parole vous touchera et que vous y entendrez le même appel pressant et chaleureux qui traverse toutes nos productions : un appel à vous joindre à nous dans une conversation sur notre monde à la fois dur et merveilleux.
La mise en scène d’une pièce de théâtre documentaire exige autre chose de soi que le processus connu. Le cœur du projet bat à tout rompre chez la personne qui a fait enquête, encore davantage quand cette recherche s’inscrit à travers et autour de sa vie. Prendre soin du spectacle prend alors un tout autre sens.
Il faut faciliter, accompagner, rendre visible. J’ai voulu dégager ce que je pouvais des épaules de Maude, lui offrir un univers dans lequel elle saurait naviguer, qui serait sensible et la soutiendrait, auquel elle pourrait s’accrocher le temps de vous parler. Parce que ce qui compte par-dessus tout est le contact entre Maude et vous. Qu’entre vous, un canal d’écoute se crée, solide et honnête. Ce que Maude a à raconter prend naissance dans son expérience personnelle de mère, mais ses ramifications nous englobent. Nous vivons dans le même monde, nous sommes prisonnier·ère·s des mêmes systèmes nés de bonnes intentions, ces machines qui ont perdu leur âme à force de chercher la performance plutôt que la dimension humaine.
Maude a le courage de se raconter, de témoigner de sa traversée de ces systèmes, mais aussi de son propre rapport à l’autisme de sa fille. Les combats sont multiples et ne sont pas terminés. Nous, la majorité, serions resté·e·s chez nous à aimer notre famille, incapables de rien d’autre, écrasé·e·s par le poids de ces chemins de croix, de ces maisons des fous. Maude, elle, a trouvé l’énergie, malgré les exigences quotidiennes, malgré les transformations constantes, de marcher vers nous. D’écrire, de porter, d’être là, ce soir, pour nous. J’applaudis sa force et espère qu’elle fera des petits. J’espère que le récit généreux de Maude sera pour nous une des bougies d’allumage dont un peuple a besoin pour se regarder avec franchise, se reconnaître et évoluer.
Si les défis de la parentalité sont multiples, un diagnostic de trouble du spectre de l’autisme (TSA) vient les décupler. À l’annonce de ce verdict, Maude cherche à comprendre et à soutenir sa fille. C’est alors qu’elle réalise rapidement que d’énormes difficultés se dressent devant elle.
Un regard ouvert sur la différence
En documentant sa recherche exténuante de ressources et les interminables listes d’attente, Maude prend conscience des limites du système. Et peu à peu, elle prend aussi la mesure de ses propres limites. Comment écouter et comprendre sa fille? Comment l’aider tout en acceptant sa différence? Que peut-elle apprendre de cette différence?
« Depuis quelques jours, j’te regarde différemment. C’est comme si mes lectures te dépossèdent de tout ce que j’aime de toi. Comme si ton trouble te dicte chacun de tes gestes, te résume, t’avale. Même mes souvenirs sonnent faux. »
Défricher le terrain d’un spectre méconnu
Sur son chemin, Maude Laurendeau rencontre une foule de spécialistes, de parents d’enfants autistes et de proches, tous⸱tes campé⸱e.s par la comédienne Julie Le Breton. Peu à peu, à force de discussions et de questionnements, mais aussi tout simplement en vivant chaque jour avec Rose, une forme de compréhension et d’acceptation s’installe. Après le choc initial et le tumulte d’émotions provoqué par le diagnostic, les particules en suspension retombent. Tout doucement, derrière la bête noire du TSA, Maude retrouve son enfant.
« Avec ma fille, à partir d’un moment, j’ai accepté que ce n’est pas moi qui la tiens par la main pour l’emmener quelque part. C’est elle qui me montre son chemin et qui m’apprend à son rythme. »
Un appel au changement des perceptions sur l’autisme et la neuroatypie
Poussée par la nécessité de faire bouger les choses, Maude se met à écrire. Elle prend d’abord parole pour dénoncer les lacunes de nos infrastructures, puis, peu à peu, l’urgence se transforme en un désir profond : celui de montrer la réalité vue de l’intérieur et de faire évoluer les perceptions sur l’autisme de manière significative.
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Rose et la machine a été créée le 17 novembre 2021 au Théâtre Duceppe, à Montréal.
Le texte est publié aux éditions de L’instant même, dans la collection « L’instant scène » (2022).
Dans cette entrevue réalisée par Porte Parole, Maude Laurendeau nous parle de ses motivations et du processus créatif de Rose et la machine.
Qu’est-ce qui t’a motivée à démarrer le projet?
J’étais dans un grand tumulte émotif. Ce parcours-là, c’est vraiment un parcours de combattant : essayer d’aller chercher de l’aide et des ressources qui n’arrivent pas, tout en essayant de comprendre son enfant à travers tout ça… On se bute à beaucoup de refus et beaucoup d’absurdités. On se rend rapidement compte des limites du système et de ce qui ne fonctionne pas bien, ce qui devient un peu aliénant. C’est ce qui m’a poussée à écrire : un besoin de prendre la parole pour faire entendre cette réalité-là et changer les choses.
Ça a commencé par « il faut changer le système, ça n’a pas de bon sens ». Mais maintenant, on dirait que ma fille fait davantage partie de notre société, qu’elle est une petite citoyenne à part entière et existe dans le monde, ce qui était moins le cas quand elle avait trois ans. Alors aujourd’hui, je ressens plus une urgence de changer notre façon de percevoir ce qu’elle est. Et j’ai davantage de pouvoir là-dessus. C’est plus faisable que de changer des systèmes.
Mon urgence s’est transformée, elle n’est plus la même. L’urgence pour moi, maintenant, c’est de changer les perceptions.
Qu’as-tu appris à travers l’écriture de la pièce?
À partir du moment où j’ai commencé à écrire, c’est comme si j’avais eu le recul nécessaire pour approfondir mes connaissances autour de l’autisme. Dans ce contexte-là, je n’apprenais pas les choses seulement pour moi en fonction de mon enfant, mais bien avec l’objectif de les transmettre. On dirait que ça rend le tout plus digeste.
Quand tu reçois un diagnostic, tu es tellement mal encadré, tu ne reçois tellement pas de documentation que ton premier réflexe est de te tourner vers internet… et là, c’est la jungle! Il y a de tout. On se met à lire sur les défis que notre enfant va rencontrer à 35 ans, ce qui est absurde : on n’est pas censé se projeter si loin dans le futur en sachant d’emblée à quel point le chemin sera difficile! C’est comme si tu t’asseyais en te disant « tiens, aujourd’hui, je vais lire sur les cancers que mes enfants pourraient avoir dans leur vie ». On ne vit pas comme ça!
Avec ma fille, à partir d’un moment, j’ai accepté que ce n’est pas moi qui la tiens par la main pour l’emmener quelque part. C’est elle qui me montre son chemin et qui m’apprend son rythme. Ça ne sert à rien de me projeter ou de me faire des idées sur ce qui s’en vient, parce que je suis tout le temps surprise.
Tu t’es tournée vers Porte Parole assez tôt dans le processus. Pourquoi?
J’ai l’impression que quand j’ai approché Annabel, ça ressemblait vraiment plus à un appel à l’aide qu’à une présentation de projet! [Rires] Avec le recul, je pense qu’elle m’a simplement donné les outils, dont une simple enregistreuse, pour que je puisse commencer à me structurer et à avancer vers ce qui allait pouvoir m’aider, me sauver, me sortir d’où j’étais. Son enregistreuse, ça a été comme une bouée!
Annabel s’insurge contre les injustices et les absurdités du système depuis toujours et d’une certaine façon, je pense que je suis allée valider mon sentiment d’injustice auprès d’elle. Je n’avais pas de prise autour de moi.
Le système te renvoie toujours l’image que c’est comme ça que ça fonctionne et qu’il n’y a pas d’autres possibilités. J’imagine que j’avais besoin de me tourner vers quelqu’un qui avait assez de recul sur la société pour me dire « tu as raison, ça n’a pas de bon sens ».
Et aussi, c’est peut-être un peu naïf, mais j’avais l’impression qu’en optant pour le théâtre documentaire, j’aurais un stage et un micro devant moi deux semaines plus tard pour m’exprimer. Que je pourrais rencontrer des gens et dire « ça n’a pas de bon sens! ». J’avais zappé le fait que ça allait prendre trois ans…
Te demandes-tu parfois pourquoi tu t’es embarquée dans un projet aussi exigeant?
Complètement! Je me pose cette question-là tous les jours. Surtout en ce moment, en fait, parce que ça se passe vraiment bien pour ma fille. Il y a beaucoup de choses qui se sont déposées, qui se sont placées. Et j’aimerais pouvoir savourer ça sans repasser quotidiennement à travers tous les moments qui ont été difficiles…
Je pense que j’avais sous-estimé l’implication émotive, le fait que le show me demanderait de revivre des moments douloureux. Je pense que la pièce va vers de la lumière, mais on passe par beaucoup de noirceur pour y arriver. Et même quand le récit sort de mon vécu, ce qui arrive souvent pendant le spectacle, le sujet n’est jamais extérieur à moi.
Mais chaque fois que je parle à des parents qui vivent la même chose, à des gens qui sont sur le terrain, j’ai le rappel immédiat de l’urgence de faire quelque chose. Chaque fois, je me dis « voici pourquoi j’ai commencé à écrire. Et rien n’a changé, donc c’est important de continuer ». D’un autre côté, je me fais aussi rappeler constamment à quel point rien ne change et tout le monde me dit que ça ne changera jamais. Alors des fois, je me demande « est-ce que c’est vraiment moi qui vais réussir à faire bouger les choses? » Je me promène entre ces deux extrêmes-là.
Espérais-tu mieux comprendre ta fille à travers l’écriture?
Non, pas du tout. Je ne suis pas allée chercher dans l’écriture de l’information pour mieux la comprendre. Les recherches que je fais ne sont pas sur l’autisme, d’ailleurs. Elles portent plutôt sur les systèmes de santé et d’éducation, sur les professionnels qui y travaillent, sur les parents…
L’autisme est un spectre, il y a autant de formes d’autisme que d’autistes. C’est très complexe. Donc je ne pense pas que j’aurais pu écrire une pièce sur l’autisme en tant que tel. Et en tant que neurotypique, ce que j’aurais pu dire n’aurait pas été représentatif.
Mais le projet m’a amenée à rencontrer des gens qui ont changé ma perception de ce qu’est l’autisme. Maintenant, quand je regarde mon enfant, je ne vois plus une enfant autiste. Ce que je vois, c’est ma fille, avec tout ce qu’elle est.
Quand tu reçois un diagnostic, ton enfant devient ce diagnostic. Ma mission est devenue de donner à ma fille tout ce qu’il fallait pour qu’elle puisse fonctionner un jour dans notre société. Parce que ce qu’on me disait, c’est qu’elle n’y arriverait jamais.
Ce que l’écriture de la pièce m’a apporté, c’est peut-être la prise de conscience de mes propres limites à moi. J’ai réalisé qu’en réagissant mal au début, je n’ai pas aidé ma fille dans tout ça. Et il y a une partie de ce choc-là dont je suis responsable, à cause de mes limites d’humain qui doit dealer avec la différence. Je crois que le processus d’écriture et toutes les personnes que je rencontre me permettent de me repositionner et de voir les choses différemment.
Le spectacle est sur ma réflexion. Je ne cherche pas tant à montrer toutes les facettes d’une problématique, je montre plutôt l’évolution de ma réflexion. Et à travers ça, je pense qu’on peut voir plusieurs facettes et plusieurs angles possibles, plusieurs façons de le vivre, parce que je suis passée par là.
Porte Parole
Porte Parole tient à remercier personnellement tous ceux et celles qui ont accordé des entrevues à Maude Laurendeau dans le cadre des recherches qui ont mené à la création de Rose et la machine. Leur générosité et leur ouverture ont alimenté nos réflexions et permis la création de cette pièce. Un merci tout particulier à Jérémie Dufour et Maëlle Adenot.
Porte Parole remercie également le Conseil des arts de Montréal, le Conseil des arts et des lettres du Québec et le Conseil des arts du Canada, l’équipe du théâtre Duceppe, l'équipe du théâtre Espace GO, le Théâtre de la Ville, les Productions Spectrum et Jasmine Catudal.
Enfin, Porte Parole remercie Claire Léger et la Fondation de la Famille Léger, Andrew Molson ainsi que l’ensemble de ses donateurs et donatrices sans qui nous ne pourrions poursuivre nos activités. Nous remercions également les membres du conseil d’administration de Porte Parole : Matthieu Sauvé, François Prénovost, François Lemoine, Lili de Granpré, Anne Emanueli, Mathieu Johnson, Mary-Dailey Desmarais et Fortunat Nadima Nadima; et bien sûr les membres du comité externe de développement : Judy Martin, Leslie Raenden, Delia Cristea et Alexandra Bonnefoy.
Maude Laurendeau
Merci à toutes les personnes interviewées dans le cadre de ce projet. Si j’ai envie de faire entendre ce texte, c’est grandement parce qu’il est fait de vos mots, de vos histoires. Merci mille fois de m’en avoir fait don.
Merci Annabel Soutar de m’avoir tendu la main (et une enregistreuse) à un moment où plus rien n’avait de sens. Merci d’éclairer si brillamment mon chemin dramaturgique depuis maintenant quatre ans.
Merci à Julie Le Breton, Édith Patenaude et Caroline Boucher-Boudreau de porter si solidement, si généreusement ce projet avec moi, d’y croire et de me donner confiance.
Merci à toute l’équipe de création de Rose et la machine pour votre travail de feu! Merci de faire résonner mon texte, de lui donner de l’amplitude, d’y ajouter votre sensibilité, vos nuances, vos couleurs.
Merci à l’équipe de Porte Parole de tout mettre en œuvre pour que des cris du cœur soient entendus; merci de donner vie à nos projets et de si bien les défendre.
Merci à l’équipe de Duceppe de nous avoir offert une si grandiose tribune, une solide rampe de lancement.
Merci Raphaël Roussel, Delphine Bienvenu et Fred Lavallée pour votre écoute, vos conseils et vos grands cœurs.
Merci à ma famille, ma belle-famille, mes précieux·ses ami·e·s pour vos bons mots et vos encouragements, mais surtout merci de former cette puissante communauté autour de Rose et de prendre soin de son bonheur.
Merci à toutes les éducatrices de la petite enfance, les psychoéducatrices, les intervenantes, les travailleuses sociales, les orthophonistes, les ergothérapeutes, les éducatrices de service de garde, les techniciennes en éducation spécialisée, les orthopédagogues et les enseignantes qui ont accompagné Rose ou qui l’accompagnent toujours. Merci de voir bien au-delà des diagnostics, de chercher sans relâche les clés qui mènent à l’épanouissement des petits humains qui se trouvent devant vous, merci d’inventer les outils et les ressources qu’il vous manque. Vous tricotez de la belle humanité!
Merci Rose, Estelle et Den de toujours me ramener à l’essentiel. Sans vous, rien de tout ça n’existerait.
Et bien sûr merci à vous, indispensable public.
Dans ce monde où tout va si vite, merci de prendre le temps de venir vous poser et réfléchir avec moi, avec nous.
Merci d’être là.
J’ai très hâte de vous rencontrer.
Diplômée de l’École supérieure de théâtre de l’UQAM en 2004, la comédienne Maude Laurendeau amorce en 2018 dans une première expérience d’écriture dramaturgique avec Rose et la machine, un récit documentaire où l’autrice raconte son parcours semé d’embûches après le diagnostic d’autisme de sa fille.
Avec cette pièce, Maude Laurendeau renoue avec la compagnie de théâtre documentaire Porte Parole et sa directrice artistique Annabel Soutar, qui lui confiait en 2008 l’un des rôles principaux dans Sexy béton. Trilogie sur l’effondrement du viaduc de la Concorde à Laval, Sexy béton a tourné aux quatre coins du Québec jusqu’en 2011.
Au théâtre, on a aussi applaudi Maude Laurendeau dans plusieurs pièces, dont Théâtre extrême de Jean-Guy Legault ainsi que dans L’oratorio de Noël de Michel Tremblay mise en scène par Serge Denoncourt.
Bien connue du petit écran, en particulier pour son interprétation de Victoria Maillard dans la populaire série Yamaska et celle d’Anaïs Manning dans la grande fresque historique Nos étés, elle fut de la distribution de nombreuses autres téléséries parmi lesquelles Grande Ourse, Minuit le soir, Pure Laine et, plus récemment, District 31 et Vertige.
Au cinéma, elle brille dans trois films sous la direction de Luc Picard. Elle était ainsi de la distribution des Rois mongols, incarnait la belle Lurette Riopel dans Babine et retrouvait ce merveilleux personnage dans Ésimésac, ces deux derniers longs-métrages étant inspirés de l’œuvre de Fred Pellerin.
Annabel Soutar est née à Montréal. Elle a étudié le théâtre à l’Université Princeton, décrochant un diplôme en mise en scène et dramaturgie. Sous la direction d’Emily Mann, dramaturge de renom et directrice du célèbre McCarter Theatre du New Jersey, elle a développé son approche documentaire du théâtre. Depuis 1995, elle applique cette vision aux pièces qu’elle a écrit et produit à Montréal : Novembre, 2000 Questions, Santé, Import/Export, Montréal la blanche, Seeds/Grain(s), Sexy béton, The Watershed/Le partage des eaux, Fredy, J’aime Hydro, The Assembly/L’Assemblée et Tout inclus. Elle est la directrice artistique et la cofondatrice avec Alex Ivanovici en 2000 de la compagnie de théâtre Porte Parole. En 2003, le journal Montreal Gazette a décerné à Porte Parole le titre de « Compagnie de théâtre de l’année » et, en 2015, Annabel Soutar a été nommée l’une des artistes canadiennes de l’année par le Globe & Mail.
Finissante du Conservatoire d’art dramatique de Québec en 2006, Édith Patenaude s’est aussitôt lancée dans la création. Avec Les Écornifleuses, dont elle assure la direction artistique pendant dix ans, elle développe un territoire de création libre.
Son écriture s’y développe avec, entre autres, Barbe Bleue, Le monde sera meilleur et la cocréation de Disparaître ici. Elle joue aussi régulièrement, notamment dans Thérèse et Pierrette à l’école des Saints-Anges, Inès Pérée et Inat Tendu, Selfie, Tout ce qui tombe, Scalpés, etc. Mais c’est la mise en scène qui devient son terrain de jeu de prédilection, qu’elle a la joie de voir s’étendre sur la majorité des scènes québécoises et montréalaises, en passant par d’autres villes canadiennes et européennes.
Elle collabore à la création du iShow et de Straight Jacket Winter; elle dirige Far Away et Rotterdam, codirige l’autofiction documentaire Post Humains, se lance dans l’adaptation du démesuré Titus, dont elle signe la mise en scène, et s’attaque en 2018 au conflit israélo-palestinien à travers Oslo. Elle dirige au début de 2020 la nouvelle création de Dany Boudreault, Corps célestes, puis met en scène Rose et la machine de Maude Laurendeau, Un ennemi du peuple d’Henrik Ibsen dans une adaptation de Sarah Berthiaume, Pétrole de François Archambault et Le père de Florian Zeller.
Pour son travail de mise en scène, elle a été récompensée du Prix d’excellence des arts et de la culture de la Ville de Québec pour L’absence de guerre et du Prix de l’Association québécoise des critiques de théâtre pour 1984 et Mes enfants n’ont pas peur du noir.
Elle succédera à Ginette Noiseux au poste de directrice artistique et codirectrice générale d’ESPACE GO dès la saison 2024-2025.
Actrice bilingue d’origine montréalaise, Natalie Tannous s’est fait connaître sur scène ainsi qu’au petit et au grand écran. Mama, pièce dans laquelle elle incarnait Mado, femme excentrique et émotive toujours prête à offrir une petite pilule, lui a valu le Prix Première fois de la saison 2022 du Théâtre Duceppe. Nathalie Tannous s’est produite sur scène dans Birthmark, Province et Refuge (à Halifax), dans State of Denial et dans The Baklawa Recipe au Centaur Theatre, rôle pour lequel elle a été finaliste aux prix META 2018 dans la catégorie meilleur premier rôle féminin. En 2023, elle a incarné Michelle, une vétérinaire coincée, végane et alcoolique dans la pièce AlterNatives au Centaur. Elle a aussi participé à la tournée francophone de cette même production, AlterIndiens, en 2024. Son talent a par ailleurs été remarqué dans le vidéoclip de la pièce Water de De.Ville, pour lequel elle a été finaliste aux prix du film indépendant Prisma de Rome dans la catégorie meilleure actrice, et dans la série Web Rima et Jacob, pour laquelle elle a été finaliste au Festival du film international Film in Focus dans la catégorie du meilleur second rôle. Au petit et au grand écran, on a notamment pu la voir dans Antigone, Les chambres rouges, Montreal Girls, Brise glace, La face cachée du baklava, Le dernier repas, Le ventre de Bassima, La Candidate, L’Empereur, Sorcières et Hôtel Beyrouth (qui devrait être diffusée à l’automne 2024). Elle est ravie de jouer pour la première fois au Centre national des Arts dans la création en langue anglaise de Rose in the Machine.
Depuis sa sortie du programme d’interprétation de l’École nationale de théâtre du Canada, Julie Trépanier se produit en français et en anglais sur les scènes du pays. Elle a remporté deux prix Jessie Richardson (meilleure interprétation et meilleure interprétation féminine dans un rôle de soutien) et un prix META (meilleure interprétation d’ensemble). Il s’agit de son deuxième passage au CNA, mais de son premier dans une pièce en anglais. On a entre autres pu voir l’actrice dans Straight Jacket Winter, une coproduction du Théâtre français du Centre national des Arts, du Théâtre La Seizième et des Productions 2PAR4, aussi mise en scène par Édith Patenaude, dans Baking Time et Listen to me!, deux productions du Presentation House Theatre de North Vancouver, dans Des fraises en janvier, Deux ans de votre vie, Selfie et À toi, pour toujours, ta Marie-Lou, produites par le Théâtre La Seizième de Vancouver, et dans Clean Slate du Talisman Theatre de Montréal. Elle travaille également au cinéma et en télévision; le public québécois la reconnaîtra pour son rôle de Kim Nolin dans la très populaire série dramatique juridique Indéfendable.
Patrice Charbonneau-Brunelle et scénographe et dramaturge scénique. Il a conçu les scénographies de plus d’une trentaine de spectacles tels 1984 (Théâtre Denise-Pelletier/Théâtre du Trident), Corps Célestes (Centre du théâtre d’aujourd’hui/la Messe Basse) et le iShow (Les Petites Cellules Chaudes). Ayant une riche expérience en théâtre jeune public, il a signé la conception des décors et costumes pour de spectacles tels Des Pieds et des Mains (Le Carrousel), Petite Sorcière (Projet Mû) et Alice au pays des merveilles (Théâtre Tout à Trac). Patrice est également co-fondateur de la compagnie de théâtre documentaire Posthumains dont il conçoit les décors et participe activement au processus d’écriture et de mise en scène.
Fidèle collaboratrice de certains des metteurs en scène les plus avant-gardistes de la scène montréalaise, tels que Maxime Carbonneau et Édith Patenaude, Julie Basse conçoit depuis plus de 10 ans des éclairages pour les arts de la scène.
Que ce soit au théâtre, à l’opéra, ou en comédie musicale, elle donne naissance à des univers uniques et fascinants en repoussant les limites imposées par chacune de ces disciplines.
Au nombre de ses conceptions marquantes, on peut compter son travail sur Des souris et des hommes (théâtre Jean Duceppe – Prix Lumière 2019-2020), Corps Célestes (Centre du Théâtre d’Aujourd’hui), les comédies musicales Annie (Juste pour Rire) et Je vais t’aimer (produit en France, mise en scène Serge Denoncourt), ainsi que ses collaborations avec BOP, l’Opéra de Montréal, l’Opera Lafayette de Washington, et les compagnies de danse La Otra Orilla et Dans son salon.
Elle s’illustre aussi en humour et en musique en travaillant entre autres avec André Sauvé, Christian Bégin, Lisa LeBlanc, Elisapie, Dominique Fils-Aimé et Plants and Animals.
Avec Incarnat, d’Ariane Moffatt, elle est récipiendaire du Félix « Éclairage de l’année » au gala de l’ADISQ 2021-2022.
Elle forme avec Odile Gamache, Félix-Antoine Boutin et Gabriel Plante la compagnie Création dans la chambre. Le collectif multiplie les créations et les projets de recherche depuis 2014. (Un animal (mort), Histoire populaire et sensationnelle, Les larmes amères de Petra Van Kant).
Avec Moment Factory, elle signe la conception d’éclairage des parcours lumineux Vallea Lumina (Whistler, Colombie-Britannique), Astra Lumina (Tennessee), et Oceana Lumina (Rochefort, France) ainsi que l’installation d’art digital North Forest Lights (Bentonville, Arkansas).
Frédéric Auger conçoit des environnements sonores immersifs et de la musique pour les arts vivants depuis une vingtaine d’années. Il s’intéresse à la création d’une matière sonore vivante, interprétée en direct, et à la mise en espace du son en contexte performatif. Il utilise l’échantillonnage, la reproduction, le traitement dynamique ainsi que les possibilités de spatialisation et de transformation en direct des objets et des corps sonores (voix, instruments ou médiums fixes). Sa pratique se veut intégrée organiquement à la dramaturgie et au processus créatif et expérimental des artistes avec qui il s’associe.
Il est un collaborateur régulier de l’Orchestre d’hommes-orchestres (Joue à Tom Waits, Cabaret brise-jour, Kitchen Chicken), du Bureau de l’APA (Entrez nous sommes ouverts, Les oiseaux mécaniques), du Théâtre Rude Ingénierie (Dreamland), de Système Kangourou (Dérive de nuit, Bermudes (dérive), Fantômes), de la compagnie de théâtre documentaire Porte Parole (Rose et la machine, J’aime Hydro), de Sibyllines/Brigitte Haentjens (Rome, Sang, Rêve et folie, Parce que la nuit), d’Onishka/Émilie Monnet (This Time Will be Different, Marguerite: le feu), de Marie Brassard (La fureur de ce que je pense, La vie utile). Par le passé, il a eu la chance, en tant que concepteur sonore ou sonorisateur, de s’associer aux créations de François Girard, Robert Lepage, Claude Poissant et Philippe Cyr.
Texte
Maude Laurendeau
Traduction
Annabel Soutar
Mise en scène
Édith Patenaude
Avec
Natalie Tannous, Julie Trépanier
Dramaturgie
Annabel Soutar
Scénographie
Patrice Charbonneau-Brunelle
Assistance au décor
Margot Lacoste
Costumes
Estelle Charron
Lumière
Julie Basse
Conception sonore
Frédéric Auger
Direction de production
Merissa Tordjman
Direction technique
Normand Vincent
Direction technique (en tournée)
Jean Duchesneau
L’Alliance internationale des employés de la scène. La section locale 471 représente les techniciens de scène et les habilleuses.
Chef machiniste
Charles Martin
Chef accessoiriste
Michel Sanscartier
Chef électrician
Eric Tessier
Électricien adjoint
Martin Racette
Chef du son
Doug Millar
Son
Sarah Waghorn
Chef des costumes
Linda Dufresne
Alliance internationale des employés de scène et de théâtre