Inachevée

avec l'Orchestre du CNA

2021-07-10 20:00 2021-07-10 21:14 60 Canada/Eastern 🎟 CNA : Inachevée

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CNA en direct

Un dernier concert pour clore la saison de L’OCNA en direct! Le programme s’ouvre sur une magnifique pièce pour cordes de Florence Price, suivie de la célèbre « Symphonie inachevée » de Schubert. Ses deux mouvements charment depuis longtemps les auditoires avec leur dimension étrange, surprenante, et surtout avec de mémorables mélodies. L’incandescente Suite de « L’Oiseau de...

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Salle Southam ,1 rue Elgin,Ottawa,Canada
sam 10 juillet 2021
sam 10 juillet 2021
Diffusion en direct

Répertoire

Florence Price

Andante moderato

FRANZ SCHUBERT

Symphonie no 8 en si mineur, D. 759 « Inachevée »

I. Allegro moderato
II. Andante con moto

Une aura de mystère a longtemps entouré les origines et l’histoire de la symphonie « inachevée » en si mineur du compositeur viennois Franz Schubert (1797-1828). En 1822, Schubert avait achevé et entièrement orchestré les deux premiers mouvements. Il avait également écrit, en partition complète, les deux premières pages d’un scherzo, peut-être le troisième mouvement; leur existence suggère qu’il avait prévu une symphonie en quatre mouvements, mais il n’a finalement pas poursuivi le projet. En 1823, pour remercier la Société musicale de Graz de lui avoir décerné un diplôme honorifique, Schubert envoie à son ami Anselm Hüttenbrenner, membre éminent de la Société, les parties achevées de sa dernière partition orchestrale. Pour des raisons qui restent mystérieuses, Hüttenbrenner les garda cachées jusqu’en 1860, date à laquelle il les révéla au chef d’orchestre Johann von Herbeck. Abasourdi par cette découverte, Herbeck finit par créer les deux mouvements achevés de l’œuvre à Vienne, le 17 décembre 1865, 37 ans après la mort du compositeur. Ses efforts ont contribué à faire connaître Schubert sur la scène internationale, des exécutions de la symphonie « inachevée » ayant eu lieu peu après en Allemagne, en Angleterre, en France et en Amérique du Nord.

Bien que certains aient appuyé diverses tentatives de compléter l’œuvre, la Symphonie en si mineur est restée, dans sa forme en deux mouvements, l’un des chefs-d’œuvre orchestraux de Schubert. Il y fait éclore sa conception personnelle et subjective de la forme symphonique classique (telle qu’elle a été développée par Haydn, Mozart et Beethoven), poussant ainsi le genre vers de nouveaux sommets d’expression créative. Tout d’abord, le premier mouvement est en si mineur – une tonalité quasi absente jusqu’alors du répertoire symphonique. Schubert en exploite les possibilités harmoniques pour évoquer une impression inouïe de pathos, le premier des univers affectifs qu’il juxtapose dans le mouvement. L’allegro moderato commence par des phrases sombres, qui montent et descendent sur les violoncelles et les basses, après quoi les violons établissent et maintiennent une toile de fond énergique et nerveuse, tandis que le hautbois et la clarinette introduisent une mélodie empreinte de tristesse. Des accords accentués injectent soudainement de l’anxiété et un sentiment d’urgence, alors que la musique atteint un premier point culminant. Ensuite, les bassons et les cors amorcent un virage inattendu vers la tonalité lumineuse de sol majeur, avec une mélodie apaisante d’abord entonnée par les violoncelles sur un accompagnement syncopé. Cette mélodie est reprise par les violons, mais s’étiole bientôt pour marquer une pause; puis, comme sous le coup d’une soudaine affliction, les angoisses antérieures refont surface. Plus tard, l’apaisant second thème réapparaît, mais dès qu’il se résout, un puissant accord ramène immédiatement le matériau musical dans la tonalité de si mineur, et l’exposition est répétée.

À la troisième apparition de la sombre ouverture, on entre dans la section centrale du développement, où ce thème est transformé en des appels angoissés; on remarquera les contrastes extrêmes entre ces appels et les calmes énoncés de l’accompagnement syncopé de la mélodie jouée au violoncelle. Une exposition énergique du thème par le tutti orchestral déclenche un passage orageux, avec des cordes furieuses et des rythmes implacables. Peu à peu, la fureur s’apaise, ramenant à la reprise qui évite le sombre début et passe directement à la mélodie plaintive de la clarinette et du hautbois. La musique se poursuit comme précédemment, avec quelques variations. Alors qu’elle quitte la sphère de la mélodie consolatrice, le thème sombre qui avait été omis dans la reprise réapparaît et prend de l’ampleur jusqu’au point culminant final. Sa phrase d’ouverture est réitérée dans l’affliction, et quatre accords mettent un terme à ce mouvement symphonique des plus angoissés.

Le deuxième mouvement s’éloigne de l’angoisse du premier pour ouvrir la voie à une sérénité surnaturelle. Trois accords alternant aux cors et aux bassons sur une ligne de basse pincée descendante aboutissent à un thème d’une exquise tendresse, entonné par les violons dans la tonalité éthérée de mi majeur. Sa progression paisible s’interrompt brusquement pour laisser place à un passage énergique, avant de revenir tout aussi soudainement au calme. La section suivante présente une mélodie poignante, qui commence à la clarinette et se poursuit au hautbois, accompagnée par des violons et des altos doucement pulsés; les harmonies subtilement changeantes sont une marque de fabrique schubertienne. Bientôt, cependant, l’atmosphère délicate est déchirée par une explosion de l’orchestre entier, la mélodie obsédante de la clarinette formant à présent une puissante ligne de basse. Le thème est ensuite contemplé calmement par les violons et les violoncelles en contrepoint, pour finalement se dissoudre dans une seule phrase répétée, qui renoue avec l’atmosphère du début.

Les thèmes sont repris une fois de plus, mais avec des variations; par exemple, le deuxième thème commence au hautbois, auquel répond la clarinette, et au moment où l’orchestre s’enflamme, la mélodie apparaît dans les violons. Les bois et les cors ralentissent ensuite la musique. De ce calme émergent les violons, à deux reprises, avec des notes soutenues auxquelles les bois répondent par la première phrase de la tendre mélodie, effectuant un changement harmonique inattendu (vers la tonalité éloignée de la bémol) dans un premier temps, puis revenant au mi majeur, sur lequel le mouvement s’achève en douceur. En terminant dans cet univers sonore raréfié, on peut penser que Schubert s’est senti incapable d’ajouter quoi que ce soit à la symphonie. Jusqu’à un certain point, ce qu’il nous a laissé paraît complet en soi – les deux mouvements offrant un équilibre entre pathos lyrique et sérénité poignante qui frôle la perfection.

Note de programme par Hannah Chan-Hartley, Ph. D. (traduit de l’anglais)

IGOR STRAVINSKY

Suite de L’Oiseau de feu (1919)

Artistes

  • Orchestre du Centre national des Arts
  • chef d'orchestre Alexander Shelley
  • Compositrice Florence B. Price
  • Compositeur Franz Schubert
  • Compositeur Igor Stravinsky

Alliance internationale des employés de scène et de théâtre