Dernière mise à jour: 10 septembre 2021
Quoi de plus engraissant pour un égo qu’une caméra de télévision ? Ne suffit-il pas d’être en direct pour ressentir l’urgente sensation d’avoir quelque chose à dire ? Mais que peut bien avoir à dire l’homme télévisé ? Les ogres gonflent et enflent comme autrefois mais, de nos jours, c’est de vide dont ils sont pleins. Et du vide, il y en a de plus en plus. La pièce de Larry Tremblay, écrite avant le phénomène de la téléréalité, l’annonçait déjà avec une virulence peu commune.
J’ai découvert le texte Ogre de Larry Tremblay en 1996, alors qu’il avait été mis en lecture par Benoît Lagrandeur et lu par l’acteur Denis Leclerc. L’imaginaire du jeune adolescent que j’étais fût marqué à jamais.
Aujourd’hui, j’ai l’honneur de revisiter ce monologue, accompagné d’une équipe extraordinaire de créateurs, avec le médium de la marionnette, cet art de la manipulation par excellence qui permet d’incarner sur scène les forces profondes et habituellement invisibles qui animent les êtres humains.
Je salue le Théâtre La Rubrique qui s’associe à notre compagnie afin de remettre sur les planches cette œuvre puissante et lucide de la dramaturgie contemporaine québécoise. Je remercie chaleureusement : mes collègues de La Tortue Noire qui sont aussi mes complices artistiques ; l’auteur qui nous prête sa nécessaire parole ; les artistes qui affrontent la taille de nos défis de création ; les acteurs qui se dévouent corps et âmes à faire vivre ce personnage égocentrique. Ogre se définit dans le regard des autres et préfère le mensonge à la vérité. Il se croit le centre de l’univers. Ogre est, pour moi, un troublant reflet de nos travers les plus humains.
Quel plaisir de retrouver ce personnage hors-normes plus de 20 ans après en avoir dirigé une lecture publique au Côté-Cour. Il y a certainement du Ubu dans ce monstrueux personnage et, j’aime les monstres, mais uniquement au théâtre.
C’est bien connu, les monstres sont des maîtres, plus ou moins habiles d’ailleurs, dans l’art de la manipulation. Couplez un égo surdimensionné au principe de téléréalité, l’enflure prend alors des proportions phénoménales. Personnifier cet ogre à l’aide d’une marionnette géante, nous renvoie immédiatement à l’image qu’il se fait de son entourage, à l’idée qu’il se fait de son importance, ce qui le rend encore plus pathétique.
J’aimerais saluer chaleureusement tous les artistes et artisans de cet intrigant théâtre d’acteur et de marionnette ainsi que cette collaboration avec La Tortue Noire.
Il ne nous reste plus qu’à répondre à la question suivante : qui est véritablement manipulé dans cette histoire ?
Équipe de La TORTUE NOIRE
Directrice générale et créatrice : Sara Moisan
Directeur artistique et créateur : Dany Lefrançois
Adjointe à la direction : Valérie Essiambre
Directrice générale intérimaire : Marilyne Renaud
Administration : Sara Moisan
Communications : Valérie Essiambre et Dany Lefrançois
Agente européenne : Laure Taar - La Locomotive des arts
Équipe du Théâtre La RUBRIQUE
Codirecteur général et directeur artistique : Benoît Lagrandeur
Codirectrice générale et directrice de production : Aimie Tremblay
Directrice de l’administration : Aude Gauthier-Martel
Directeur communications-Marketing : Philippe Joncas
Responsable de la médiation culturelle et du développement des publics : Marilou Guay Deschênes
Adjointe administrative : Louise Duchesne
Alliance internationale des employés de scène et de théâtre