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I. Love - sight
II. Silent Noon
III. Love's Minstrals
IV. Heart's Haven
Canadien d’origine srilankaise, Dinuk Wijeratne s’est fait un nom comme compositeur, chef d’orchestre et pianiste maintes fois primé, tant au Canada qu’à l’étranger. Plusieurs de ses œuvres qui transcendent les frontières ont été interprétées, ces dernières années, par l’Orchestre du Centre national des Arts, qu’il a également dirigé pour la première fois en juillet 2022. Sa musique, telle qu’il la dépeint lui-même, se situe au croisement des cultures – particulièrement celles du Sri Lanka, de l’Inde et du Moyen-Orient, qui ont marqué son enfance – et s’exprime à travers les genres, les techniques de composition et les formes de la musique classique occidentale. « J’utilise la musique pour trouver un équilibre culturel dans lequel il fait bon vivre, et pour explorer l’identité de cette façon », affirmait-il récemment dans un article rédigé pour le Festival international de musique de chambre d’Ottawa.
Sa pièce Polyphonic Lively lui a été commandée par l’Orchestre symphonique de la Nouvelle-Écosse en 2016, alors qu’il était le compositeur en résidence RBC de l’ensemble. Elle a été créée par l’orchestre, sous la baguette de Bernhard Gueller, le 13 octobre 2016; en 2017, la pièce a remporté le Masterworks Arts Award du lieutenant-gouverneur de la Nouvelle‑Écosse, la plus prestigieuse récompense annuelle de la province pour une œuvre d’art. Le compositeur décrit lui-même cette œuvre en ces termes :
Pol-y-phon-ique (adj.) – à plusieurs voix, [musique] composée de lignes ou de parties mélodiques relativement indépendantes.
Vif, vive (adj.) – plein·e de vie ou de vigueur.
En feuilletant un livre de bibliothèque contenant des œuvres éclatantes de Paul Klee, le maître suisse-allemand du XXe siècle, j’ai été frappé par le titre anglais donné à l’une des peintures : Polyphonic Lively (qu’on pourrait traduire par ‘Vif polyphonique’). Bien que les deux adjectifs accolés donnent à penser que quelque chose a pu se perdre dans la traduction, je me suis senti irrésistiblement appelé à transposer en musique cette expression si vivante et évocatrice. Ces mots ont aussitôt évoqué pour moi un « bavardage » extrêmement animé et intense, et m’ont semblé convenir parfaitement à la nature festive de l’ouverture de la saison d’un orchestre.
La musique, comme moyen de communication, offre des occasions uniques et magiques de superposer des idées contrastées – la « polyphonie ». En tant que compositeur, j’aime explorer la possibilité de faire coexister des voix musicales qui véhiculent chacune une idée, qu’elle soit favorable ou subversive, d’une manière qui nous échappe souvent dans le monde d’aujourd’hui. Polyphonic Lively est axé par nature sur les personnages et, au gré des tournants incisifs et des actes déterminants, son ‘parcours’ est simplement ce que les personnages en font. Sa trame musicale est tissée d’une pluralité de voix, de lignes et de thèmes qui décident – sur un coup de tête – quand fusionner et quand coexister.
L’Orchestre du Centre national des Arts (CNA) du Canada est reconnu pour la passion et la clarté de son jeu, ses programmes d’apprentissage et de médiation culturelle visionnaires et son soutien indéfectible à la créativité canadienne. Situé à Ottawa, la capitale nationale, il est devenu depuis sa fondation en 1969 l’un des ensembles les plus encensés et les plus dynamiques du pays. Sous la gouverne du directeur musical Alexander Shelley, l’Orchestre du CNA reflète le tissu social et les valeurs du Canada, nouant des liens avec des communautés de tout le pays grâce à sa programmation inclusive, ses récits puissants et ses partenariats innovants.
Alexander Shelley a façonné la vision artistique de l’Orchestre depuis qu’il en a pris les rênes en 2015, poursuivant sur la lancée de son prédécesseur, Pinchas Zukerman, qui a dirigé l’ensemble pendant 16 saisons. Le maestro Shelley jouit par ailleurs d’une belle renommée qui s’étend bien au-delà des murs du CNA, étant également premier chef d’orchestre associé de l’Orchestre philharmonique royal au Royaume-Uni ainsi que directeur artistique et musical d’Artis—Naples et de l’Orchestre philharmonique de Naples aux États-Unis. Au CNA, Alexander Shelley est épaulé dans son rôle de leader par le premier chef invité John Storgårds et par le premier chef des concerts jeunesse Daniel Bartholomew-Poyser. En 2024, l’Orchestre a ouvert un nouveau chapitre avec la nomination d’Henry Kennedy au nouveau poste de chef d’orchestre en résidence.
Au fil des ans, l’Orchestre a noué de nombreux partenariats avec des artistes de renom comme James Ehnes, Angela Hewitt, Renée Fleming, Hilary Hahn, Jeremy Dutcher, Jan Lisiecki, Ray Chen et Yeol Eum Son, assoyant ainsi sa réputation d’incontournable pour les talents du monde entier. L’ensemble se distingue à l’échelle internationale par son approche accessible, inclusive et collaborative, misant sur le langage universel de la musique pour communiquer des émotions profondes et nous faire vivre des expériences communes qui nous rapprochent.
Depuis sa fondation en 1969, l’Orchestre du CNA fait la part belle aux tournées nationales et internationales. Il a joué dans toutes les provinces et tous les territoires du Canada et a reçu de nombreuses invitations pour se produire à l’étranger. Avec ces tournées, l’ensemble braque les projecteurs sur les artistes et les compositeurs et compositrices du Canada, faisant retentir leur musique sur les scènes de l’Amérique du Nord, du Royaume-Uni, de l’Europe et de l’Asie.
Communicateur passionné, Daniel Bartholomew-Poyser apporte clarté et sens à la salle de concert, tissant des liens profonds entre le public et les interprètes. Il œuvre actuellement comme premier chef des concerts jeunesse et partenaire de création de l’Orchestre du Centre national des Arts, premier chef des concerts éducatifs et ambassadeur communautaire de l’Orchestre symphonique de Toronto, artiste en résidence et ambassadeur communautaire de l’ensemble Symphony Nova Scotia, et chef résident des concerts éducatifs et de rayonnement de l’Orchestre symphonique de San Francisco.
Il a dirigé les orchestres philharmoniques de New York et de Calgary, les orchestres symphoniques de Houston, Détroit, Edmonton, Winnipeg, Vancouver et Regina, le Carnegie Hall Link-Up Orchestra, la Compagnie d’opéra canadienne et le National Symphony Orchestra, et il est directeur musical du Kennedy Center Summer Music Institute. Ancien chef d’orchestre adjoint de l’Orchestre symphonique de Kitchener-Waterloo et chef associé de l’Orchestre symphonique de Thunder Bay, le maestro a été chef d’orchestre substitut avec le Washington National Opera.
Il anime l’émission de radio hebdomadaire Centre Stage de la Canadian Broadcasting Corporation (CBC), diffusée à l’échelle nationale. Il a également fait l’objet d’un documentaire primé de la CBC intitulé Disruptor Conductor, portant sur ses concerts destinés aux populations neuroatypiques, aux détenus, à la diaspora africaine et aux membres des communautés 2ELGBTQ+.
Titulaire d’un baccalauréat en interprétation musicale et en éducation de l’Université de Calgary, il a obtenu sa maîtrise en interprétation musicale au Royal Northern College of Music de Manchester, en Angleterre.
Le jeune baryton-basse canadien Joel Allison a été salué pour sa « merveilleuse voix d’une richesse exceptionnelle » (Musical Toronto). Il s’est exécuté aux quatre coins du pays avec des ensembles de renommée tels que l’Orchestre du Centre national des Arts, le Saskatoon Opera, l’Orchestre symphonique de Saskatoon, l’Orchestre académique national, le Theatre of Early Music, les Talisker Players, ainsi que l’Orchestre baroque et le chœur de musique de chambre Tafelmusik.
Parmi les rôles d’opéra que Joel a joués, notons Bazile dans Le Barbier de Séville avec le Saskatoon Opera; prince Grémine dans Eugène Onéguin avec l’Opera Muskoka; Antonio dans Le Mariage de Figaro dans le cadre du Brott Music Festival; et le rôle-titre d’Imeneo de Haendel avec l’Opéra de l’Université de Toronto.
Joel est titulaire d’un baccalauréat en musique, volet chant, de l’Université d’Ottawa et est en voie d’obtenir une maîtrise en interprétation opéra de l’Université de Toronto, sous la tutelle de Daniel Taylor. Il a remporté le prix Jim and Charlotte Norcop 2016-2017 en musique lyrique.
Errollyn Wallen (née en 1958)
Errolyn Wallen – « esprit universel de la musique britannique actuelle » (The Observer) – est reconnue comme auteure-compositrice-interprète d’influence pop et compositrice de musique nouvelle. « Nous ne transcendons par les frontières musicales… nous n’en voyons aucune » est la devise de la formation de Wallen, Ensemble X, et reflète bien son approche authentique et libre d’esprit. La BBC (notamment pour The Last Night of the Proms 2020), le Royal Opera House, le London Symphony Orchestra, le Ballet de Leipzig et tout récemment le groupe pop Clean Bandit lui ont commandé des œuvres. Son plus récent microalbum, Peace on Earth, enregistré par le Chœur du King’s College de Cambridge, vient de paraître. Wallen a obtenu de nombreuses distinctions pour ses compositions, y compris le prix Ivor Novello en musique classique; membre de l’Ordre de l’Empire britannique depuis 2007, elle en a été faite commandeur en 2020 pour son apport à la musique.
Julia Perry (1924–1979)
Julia Amanda Perry était une compositrice, chef d’orchestre et enseignante américaine. Elle a été acclamée pour ses œuvres qui combinaient les techniques européennes du XXe siècle aux idiomes musicaux de son héritage noir américain. Parmi ses compositions, notons trois opéras, 14 œuvres chorales, 12 symphonies, de nombreuses œuvres vocales et plusieurs œuvres de musique de chambre pour des combinaisons instrumentales éclectiques.
Née à Lexington, au Kentucky, le 25 mars 1924, Mme Perry a grandi à Akron, en Ohio, où elle jouait du violon et du piano. Elle a ensuite étudié le piano, le chant et la composition au Westminster Choir College, où elle a obtenu son baccalauréat et sa maîtrise en musique, et a reçu une formation de chef d’orchestre à l’école Juilliard. Ses œuvres de cette période sont principalement des chansons et de la musique chorale, fortement influencées par les spirituals. Certaines pièces courtes incorporent des aspects du blues.
Perry a également passé des étés au Berkshire Music Center à Tanglewood, au Massachusetts, où elle a étudié la composition avec Luigi Dallapiccola en 1951. L’année suivante, elle reçoit une bourse Guggenheim pour poursuivre ses études avec lui à Florence, en Italie; une autre bourse Guggenheim en 1954 lui permet d’étudier avec Nadia Boulanger à Paris, en France. Pendant son séjour en Europe, Perry a développé un style abstrait dont les harmonies dissonantes, les rythmes changeants et les textures contrapuntiques sont les principales caractéristiques. C’est également à ce moment qu’elle lance sa carrière de chef d’orchestre.
En 1959, Perry retourne aux États-Unis. Au cours des années 1960, ses œuvres sont interprétées par l’Orchestre philharmonique de New York et d’autres grands orchestres et sont saluées par la critique. Elle reçoit de nombreux prix et distinctions, dont un prix du National Institute of Arts and Letters en 1964. En réponse aux luttes pour les droits civiques des années 1960, Perry a cherché à faire référence aux idiomes musicaux noirs américains de manière plus explicite dans ses compositions. Des œuvres comme A Suite Symphony (1976), par exemple, s’inspirent du rock and roll et du rhythm and blues.
En 1971, Perry a subi la première de plusieurs attaques cérébrales qui l’ont paralysée du côté droit. Imperturbable, elle apprend à écrire de la main gauche. Elle a continué à composer jusqu’à sa mort, à l’âge de 55 ans, le 24 avril 1979, à Akron, en Ohio.
Ralph Vaughan Williams (1872–1958)
Probablement le plus important compositeur anglais de sa génération, Ralph Vaughan Williams est une figure majeure de la musique britannique du XXe siècle. Il a écrit des œuvres dans un grand nombre de genres musicaux, de la musique de scène aux compositions pour orchestre, pour fanfare, pour chœur et pour ensembles de chambre, sans compter les arrangements d’airs folkloriques, les hymnes, les chants de Noël, les chansons, et les musiques pour le théâtre, le cinéma et la radio. Ses œuvres se caractérisent par un style distinctif et chargé d’émotion, associant une réinvention et un élargissement (plutôt qu’un rejet) des développements de la forme et de l’harmonie qui ont marqué la grande musique européenne du XIXe siècle avec un sens de la mélodie façonné par l’idiome folklorique anglais. En dehors de la composition, il a endossé de nombreux rôles au cours de sa vie et de sa carrière, dont ceux de chef d’orchestre, professeur et écrivain – autant de domaines dans lesquels il a exercé une profonde influence.
Né à Down Ampney, dans le Gloucestershire, le 12 octobre 1872, Vaughan Williams apprend à jouer du violon (il passera plus tard à l’alto), du piano et de l’orgue à un âge précoce. Il poursuit ensuite ses études musicales au Royal College of Music (RCM) et au Trinity College de Cambridge, étudiant la composition sous la houlette d’Hubert Parry, Charles Wood et Charles Villiers Stanford, de même qu’auprès de Max Bruch à Berlin (1897) et de Maurice Ravel à Paris (1908). Depuis longtemps, son plus cher désir est d’être compositeur, mais ses progrès sont lents et ardus : il est inhibé, rien de moins, par des mentors et des professeurs qui n’encouragent pas du tout ses efforts. Il finira quand même par trouver une voix personnelle, qui s’épanouira pleinement dans ce qui deviendra l’un de ses chefs-d’œuvre : la Fantaisie sur un thème de Thomas Tallis (1910) pour orchestre à cordes. À ce stade, il se consacre aussi avec ferveur à la collection d’airs folkloriques anglais, et il fonde le Leith Hill Musical Festival, dont il sera le principal chef d’orchestre de 1905 à 1953.
Après avoir combattu dans la Première Guerre mondiale, Vaughan Williams reprend sa carrière musicale, et dans l’entre-deux-guerres, il devient un professeur réputé (il se joint au corps professoral du RCM) et est de plus en plus demandé comme compositeur et chef d’orchestre. Ses compositions de cette période témoignent aussi d’une vigueur renouvelée qui se manifeste dans leur qualité et leur diversité pure, avec de simples chansons écrites parallèlement à des œuvres d’envergure pour la scène et d’importantes symphonies pour orchestre. En même temps, il poursuit ses activités d’éducateur, de champion de la musique et d’administrateur des arts, y compris pendant la Seconde Guerre mondiale et au-delà. Il décède à Londres le 26 août 1958, vénéré et adoré de tous les mélomanes anglais.
Dinuk Wijeratne (né en 1978), Canadien d’origine srilankaise, est un chef d’orchestre et pianiste primé, lauréat d’un prix JUNO, « créateur exubérant » (New York Times) et « artiste préfigurant notre avenir culturel » (Toronto Star). Transcendant les frontières dans ses projets collaboratifs, il est aussi à l’aise avec les orchestres symphoniques et les quatuors à cordes qu’avec les joueurs de tabla et les DJ; sur la scène internationale, on a pu le voir dans des cadres aussi différents que la scène de l’Orchestre philharmonique de Berlin et le Festival de jazz de la mer du Nord.
Wijeratne s’est produit à Carnegie Hall, au Kennedy Center (Washington DC), à l’Opéra Bastille (Paris), au Lincoln Center (New York), au Teatro Colón (Buenos Aires), mais aussi au Sri Lanka, au Japon et partout au Moyen-Orient. Il a tenu la vedette dans What Would Beethoven Do?, un documentaire traitant de l’innovation en musique classique, aux côtés d’Eric Whitacre, Bobby McFerrin et Benjamin Zander. Il a composé pour presque tous les artistes et ensembles avec lesquels il a partagé la scène, notamment Yo-Yo Ma & the Silk Road Ensemble, Suzie LeBlanc, Kinan Azmeh, James Ehnes, Joseph Petric, David Jalbert, Zakir Hussain, Sandeep Das, Tim Garland, Ed Thigpen, Ramesh Misra, Eric Vloeimans, le trio Gryphon, TorQ Percussion, les quatuors à cordes Afiara, Danel et Cecilia, l’Orchestre philharmonique de KwaZulu-Natal (Afrique du Sud), et les orchestres symphoniques de l’Illinois, de Toronto, Vancouver, Calgary, Halifax, Winnipeg, Fresno et Buffalo.
Titulaire d’un doctorat de l’Université de Toronto, Wijeratne a également étudié à l’École Juilliard, au Collège Mannes (É.-U.) et au Royal Northern College of Music (R.-U.). Sa musique et ses projets collaboratifs sont le reflet de la diversité de ses influences et origines internationales.
Alliance internationale des employés de scène et de théâtre