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Fruit d’une commande de la soprano américaine Eleanor Steber, Knoxville: Summer of 1915 est une « rhapsodie lyrique » de Samuel Barber. Steber a créé l’œuvre en 1949, avec l’Orchestre symphonique de Boston dirigé par Serge Koussevitsky. Le texte, tiré d’un poème autobiographique en prose de James Agee (1909-1955), constitue une réflexion nostalgique sur un été d’enfance à Knoxville, l’année précédant la mort de son père. Barber s’est étroitement identifié au poème, notant : « Il m’a particulièrement frappé parce que la soirée d’été qu’il décrit dans sa ville natale du Sud m’a tellement rappelé des soirées semblables de mon enfance. » De plus, le texte faisait écho à son expérience de la longue maladie et de la mort subséquente, en août 1947, de son propre père, à qui il a dédié cette œuvre.
Barber a utilisé un tiers du poème original d’Agee, choisissant spécifiquement les derniers paragraphes, qu’il a « placés en lignes pour que le schéma rythmique soit clair ». Sur le plan musical, comme le musicologue Benedict Taylor l’a décrit avec justesse, « la nostalgie et le ton mélancolique du poème d’Agee se traduisent dans la musique de Barber par plusieurs marqueurs de l’enfance, du temps passé et de la nostalgie musicale ». Ces éléments comprennent un refrain récurrent de berceuse et une ligne vocale simple, évoquant une chanson folklorique. Les différents timbres des instruments de l’orchestre évoquent avec vivacité les divers sons et images décrits dans le poème. Pour vous guider dans l’audition de l’œuvre, une version française du texte intégral est reproduite ci-dessous, avec un bref commentaire sur la musique.
L’introduction, avec les sons du cor anglais, de la clarinette, du basson et de la harpe, crée un cadre pastoral, évoquant une époque et un lieu d’innocence. La voix fait son entrée, réglant les mots sur le thème principal de la berceuse, avec un accompagnement doux et apaisant.
Voici le moment du soir où les gens s’assoient sur leur porche, se berçant doucement, parlant tout bas, observant la rue et laissant entrer dans leur bulle les grands arbres dressés, refuges d’oiseaux perchés, hangars. Les gens passent; les choses passent. Un cheval, tirant un buggy, fait éclater le son caverneux d’une musique métallique sur l’asphalte : une voiture bruyante : une voiture silencieuse : des gens par deux, pas pressés, qui se chamaillent, transfèrent le poids de leur corps estival, parlent avec désinvolture, tandis que planent au-dessus d’eux des parfums de vanille, de fraise, de carton-pâte et de lait d’amidon, et se superpose à eux l’image d’amoureux et de cavaliers, semblables à des clowns dans de l’ambre incolore.
Un épisode empreint d’urgence vient interrompre la rêverie par l’irruption du bruit et de l’agitation de la vie urbaine, représentée ici par les sons d'un tramway, émulés par des vents joués en staccato et des cordes pincées, entre autres effets.
Un grincement métallique s’élève d’un tramway; il s’arrête; carillonne et repart; souffle bruyamment; fait entendre à nouveau son cri métallique, de plus en plus fort, tournant ses fenêtres dorées et ses sièges de paille vers le passé, le passé et encore le passé, une étincelle lugubre crépitant et jurant par-dessus lui comme un esprit malin qui se lance sur ses traces; le grincement métallique monte de plus en plus vite; toujours aigu, s’évanouit; s’interrompt; la cloche tinte faiblement; s’élève à nouveau, plus faible encore; s’évanouit, s’élève, s’évanouit, s’élève, s’efface : oublié.
Suit un épisode bref qui, avec les cordes en sourdine, présente un caractère magique et mélancolique, alors que la voix évoque tendrement ce souvenir :
Voici maintenant la nuit de la rosée bleue, mon père a drainé, il a enroulé le tuyau.
Bas le long des pelouses, un feu follet respire…
La musique retombe ensuite dans le refrain de la berceuse.
Les parents sur les porches se bercent et se bercent. Suspendues à des fils humides, les belles-de-jour montrent leurs visages de vieilles.
Le bruit sec et exalté des sauterelles remplissant tout l’air à la fois ravit mes tympans.
Le troisième épisode introduit un nouveau motif mélodique, et la musique se trouble quelque peu et s’intensifie – par de grands sauts dans les violons et l’infusion d’harmonies plus chromatiques – tandis que la voix contemple « son monde » qui l’entoure et la brièveté de la vie.
Sur l’herbe rêche et humide de la cour, mon père et ma mère ont étendu des courtepointes. Nous sommes tous allongés là, ma mère, mon père, mon oncle, ma tante, et moi aussi, je suis allongé là. […] Ils ne parlent pas beaucoup, avec le plus grand calme, et de rien en particulier, de rien du tout. Les étoiles sont grosses et vivantes, toutes semblables à un sourire d’une grande douceur, et elles ont l’air très proches. Tout mon monde a des corps plus grands que le mien, […] avec des voix douces et anodines comme celles d’oiseaux endormis. L’un est un artiste, il vit à la maison. L’une est musicienne, elle vit à la maison. L’une est ma mère qui est bonne pour moi. L’un est mon père qui est bon pour moi. Par bonheur, ils sont tous là, sur cette terre; et qui dira jamais le chagrin d’être sur cette terre, allongés sur des courtepointes, dans l’herbe, un soir d’été, parmi les sons de la nuit.
La musique pastorale de l’introduction revient; la voix entonne une prière passionnée, à laquelle l'orchestre répond en atteignant un intense paroxysme.
Que Dieu bénisse mon monde, mon oncle, ma tante, ma mère, mon bon père, oh, souviens-toi d’eux avec bonté au moment de leur détresse, et à l’heure de leur disparition.
La berceuse se fait entendre à nouveau, pour la dernière fois. Sur les derniers mots, qui, selon Barber, « expriment le sentiment de solitude, d’émerveillement et de manque d’identité d’un enfant dans cet intervalle entre le crépuscule et le sommeil », la voix s’élève à des hauteurs éthérées au-dessus de l’orchestre.
Au bout d’un moment, on me prend et on me met au lit. Le sommeil, doux et souriant, m’attire à lui : et je suis reçu, traité avec douceur, comme un être familier et bien-aimé dans cette maison; mais ils ne veulent pas, oh, ne veulent pas, ni maintenant, ni jamais, ne voudront pas me dire qui je suis.
Sur le motif chaloupé de la berceuse, l’orchestre amène la rhapsodie à sa méditative conclusion.
Libretto pour Knoxville: Summer of 1915 (PDF 188,91 KB)
Récit pour Portrait of a Queen (PDF 107,8 KB)
George Teophilus Walker (1922–2018) est né à Washington (D.C.) le 27 juin 1922 de parents d’origine antillaise et américaine.
Walker bouleversa les conventions tout au long de sa carrière : il fut le premier instrumentiste afro-américain à présenter un récital au Town Hall de New York (des débuts qualifiés de « notables » par le New York Times); à se produire avec l’Orchestre de Philadelphie en 1945; à être représenté par une agence artistique majeure (the National Concert Artists) en 1950; à obtenir, en 1956, un doctorat de l’École de musique Eastman (il y obtint également un diplôme d’artiste de piano); à remporter le prestigieux prix Pulitzer en musique pour Lilacs (1996); et à voir ses œuvres interprétées au Festival Cabrillo (2011).
Walker a composé plus de 90 œuvres pour orchestre, ensembles de chambre, piano, cordes, voix, orgue, clarinette, guitare, cuivres, vents et chœur. Elles ont été interprétées par pratiquement tous les orchestres les plus importants des États-Unis ainsi que par plusieurs ensembles du Royaume-Uni et d’ailleurs. Intitulé « Lyric for Strings », le deuxième mouvement de son Quatuor à cordes no 1 (1946) est aujourd’hui l’une des pièces symphoniques d’un compositeur américain les plus fréquemment jouées dans les salles de concert.
Intronisé au Panthéon de la musique classique à Washington en 2003, George Walker reçut également un prix du Conseil national des femmes noires américaines et de l’École des arts Newark en 2011.
« Ce compositeur est enfin reconnu à sa juste valeur » Zubin Mehta, chef d’orchestre (Star Ledger, 14 avril 1996)
Jessie Montgomery est une compositrice, violoniste et éducatrice primée. Lauréate du prix Leonard-Bernstein de la Fondation ASCAP et de la médaille d’excellence Sphinx, elle a composé des œuvres qui sont fréquemment interprétées par des musiciens et ensembles de premier plan partout dans le monde. Fine interprète de la vie et de l’expérience sonore des Américains au XXIe siècle, elle entremêle dans ses compositions musique classique, musique populaire, improvisation, poésie et conscience sociale. Le Washington Post a qualifié ses œuvres de « turbulentes, merveilleusement colorées et débordantes de vie ».
Montgomery est née et a grandi dans le Lower East Side de Manhattan. Dans les années 1980, ce quartier en pleine effervescence était le foyer par excellence de l’expérimentation artistique et du développement communautaire. Les parents de la compositrice – son père, musicien, et sa mère, conteuse et artiste de théâtre – participaient activement à la vie de leur quartier et emmenaient fréquemment leur fille aux manifestations, spectacles et soirées où se rassemblaient artistes, activistes et membres de la communauté pour faire la fête et appuyer les idées du temps. Forte de cette expérience inusitée, Montgomery s’est créé une existence qui allie composition, prestation, éducation et militantisme.
Montgomery collabore depuis 1999 avec l’organisation Sphinx, qui appuie les jeunes cordistes d’origine afro-américaine et latino-américaine. Elle est actuellement compositrice en résidence auprès de Sphinx Virtuosi, l’ensemble professionnel de tournées principal de l’organisation. Elle a d’ailleurs deux fois remporté le Concours Sphinx annuel et a obtenu sa plus haute distinction, la médaille d’excellence Sphinx. Montgomery a en outre reçu des récompenses de la Fondation ASCAP, de l’organisation Musique de chambre États-Unis, de l’Orchestre des compositeurs américains, de la Fondation Joyce et de l’organisation Sorel, notamment.
Jessie Montgomery a été choisie comme compositrice-vedette pour le Projet 19 du New York Philharmonic, qui soulignera le 100e anniversaire de la ratification du 19e amendement de la Constitution des États-Unis, lequel accorde aux femmes le droit de vote. Parmi ses autres projets en cours, notons un nonette évoquant la grande migration afro-américaine selon le point de vue de l’arrière-grand-père de la compositrice, William McCauley, qui sera interprété par Imani Winds et le quatuor Catalyst; un concerto pour violoncelle écrit pour Thomas Mesa dans le cadre d’une commande conjointe de Carnegie Hall, de l’Orchestre symphonique New World et de l’organisation Sphinx; et une nouvelle œuvre orchestrale pour le National Symphony.
Né à Trois-Rivières, Jacques Hétu (1938–2010) commença le piano à l’adolescence et s’inscrivit en musique à l’Université d’Ottawa en 1955. Il entra ensuite au prestigieux Conservatoire de musique de Montréal, qui lui décerna le premier prix de composition en 1961. Diplôme et bourse d’études en poche, il poursuivit sa formation à Paris.
La carrière de Hétu prit véritablement son envol en 1967 lorsque Glenn Gould enregistra ses Variations pour piano (opus 8) en 1967. Sa Fantaisie pour piano et orchestre (opus 21) fut la pièce canadienne imposée au Concours international de musique de Montréal en 1976. Décrite comme « l’une des créations les plus dignes d’intérêt qu’un compositeur canadien ait écrites depuis plus d’une décennie » (Eric McLean, Montreal Star, 26 octobre 1977), sa Symphonie no 3 fut interprétée par l’Orchestre du Centre national des Arts au cours de sa tournée européenne de 1990.
À l’Université Laval, Jacques Hétu enseigna l’analyse et la littérature musicale, inaugura un cours d’orchestration et institua un cours de composition (1963–1977). Il enseigna aussi la composition à l’Université de Montréal (1972–1973 et 1978–1979) et enseigna à l’Université du Québec à Montréal (1979–2000), où il fut directeur du département de musique (1980–1982 et 1986–1988).
Le catalogue de Hétu comprend quelque 70 œuvres – y compris symphonies, opéras, pièces chorales, musique de chambre et concertos pour une variété d’instruments – lesquelles font de lui l’un des compositeurs canadiens les plus joués dans le monde.
Le compositeur a obtenu de nombreuses récompenses, y compris le prix Jan V. Matejcek de la SOCAN à sept reprises ainsi que le prix JUNO de l’enregistrement de l’année et un Prix de la musique canadienne de la côte ouest pour son album Jacques Hétu : Concertos. Il a été nommé membre de la Société royale du Canada en 1989 et Officier de l’Ordre du Canada en 2001.
C’est à partir de l’âge de 6 ans que Christ Habib (né 1996) commence l’apprentissage de la guitare classique. Il fait son entrée au Conservatoire de musique de Gatineau dès l’âge de 10 ans.
Ce musicien passionné s’est distingué à plusieurs occasions, notamment lors de nombreux concours. Par exemple, il a remporté la 2e place au Concours international de guitare classique du Domaine Forget en 2016 et 2019. Il a aussi gagné la 1re place en guitare classique et en musique de chambre, en duo avec le guitariste Félix Dallaire, au Concours de musique de Pierre-de-Saurel en 2018. Il a aussi remporté la 3e place au Concours international de l’Académie de guitare de Boston en 2018. Plus récemment, il a gagné le premier prix dans la catégorie guitare classique au Concours national de Musique (FCMF) à Saskatoon (2019).
Sa carrière est en plein essor. Il a enregistré plusieurs vidéos et a fait ses débuts à la Place des Arts de Montréal dans le cadre de la série Les Mélodînes (janvier 2020). De plus, il fait partie de la liste 30 Canadian classical musicians under 30 de CBC (édition 2020). À la fin de son parcours au Conservatoire de musique de Gatineau, il a obtenu la mention « Prix » en musique de chambre et la mention « Prix avec grande distinction » pour son récital de fin de maîtrise (classe de Patrick Roux).
Christ joue sur une guitare classique traditionnelle en cèdre de Douglass Scott (2017).
Samuel Barber (1910–1981) s’appuie sur l’esprit et l’architectonique romantiques pour produire magistralement une musique lyrique aux rythmes complexes et aux riches harmonies. Né le 9 mars 1910 à West Chester, en Pennsylvanie, Barber composa sa première pièce à 7 ans et son premier opéra, trois ans plus tard. Entré à l’Institut Curtis à 14 ans, il y étudia le chant, le piano et la composition. Il fut aussi l’élève de Fritz Reiner en direction orchestrale.
À l’Institut Curtis, Barber noua des liens personnels et professionnels avec Gian Carlo Menotti qui durèrent tout au long de sa vie. Ce dernier rédigea le livret de ses opéras Vanessa (lauréat du prix Pulitzer) et A Hand of Bridge. Une remarquable gamme d’artistes, musiciens et chefs d’orchestre réputés – tels Vladimir Horowitz, John Browning, Martha Graham, Arturo Toscanini, Dmitri Mitropoulos, Jennie Tourel et Eleanor Steber – contribuèrent à faire connaître sa musique. Son opéra Antony and Cleopatra fut le fruit d’une commande du Lincoln Center pour l’inauguration du Metropolitan Opera en 1966.
Barber a reçu de nombreuses récompenses, y compris le Prix de Rome américain et deux prix Pulitzer. Il a aussi été élu à l’Académie américaine des arts et lettres. L’Adagio pour cordes de Samuel Barber, magnifiquement lyrique, est aujourd’hui l’une de ses compositions les plus appréciées et les plus interprétées, tant en concert qu’au cinéma.
D’après : https://www.wisemusicclassical.com/composer/72/Samuel-Barber/
Saluée pour sa voix « pleine, chaleureuse et malléable » (Shmopera), la soprano canadienne Jonelle Sills est au nombre des « Trente artistes classiques de moins de 30 ans les plus en vue » en 2020, selon CBC Music.
À l’opéra, elle a notamment interprété Mimì et Musetta (La Bohème), la comtesse (Les Noces de Figaro), Rosalinde (La Chauve-Souris) et Micäela (Carmen); elle a aussi été du chœur féminin dans The Rape of Lucretia. Sills et la distribution de Kopernikus de Vivier (Against the Grain Theatre) ont remporté le prix Dora de la meilleure prestation d’ensemble en 2019.
La soprano qui réside actuellement à Toronto est titulaire d’un diplôme d’artiste de l’École Glenn Gould (Conservatoire royal de musique) et d’un baccalauréat en beaux-arts de l’Université York. Dans le cadre de la résidence artistique Opera in the 21st Century du Centre des arts de Banff, elle a créé le rôle d’Esther dans Silent Light de Prestini, Vavrek et Strassberger. Jonelle Sills se réjouit de participer au Programme des jeunes artistes Yulanda M. Faris de l’Opéra de Vancouver pour la saison actuelle.
Natif d’Atlanta, Carlos Simon compose des œuvres variées allant des pièces de concert pour petits et grands ensembles aux trames sonores de films, et puisant au jazz, au gospel et au néoromantisme. Il a obtenu la médaille d’excellence Sphinx 2021.
Intitulé My Ancestor’s Gift, le plus récent album de Simon est paru sous étiquette Navona Records en avril 2018. Qualifié de « grande force motrice » (Review Graveyard) et figurant au palmarès des albums à surveiller d’AppleMusic, il allie création parlée et enregistrements anciens, donnant ainsi vie à des œuvres musicales uniques d’hier et d’aujourd’hui.
Simon a été compositeur en résidence à l’Institut Sundance en 2018. La même année, il a obtenu le soutien de l’ambassade des États-Unis au Japon et de la Fondation États-Unis/Japon pour participer à l’Institut de musique nouvelle Asie/Amérique; il a alors présenté des récitals dans des salles de concert et quelques-uns des temples les plus sacrés du Japon. Son quatuor à cordes Elegy – qui rend hommage à Trayvon Martin, Michael Brown et Eric Garner – a récemment été interprété au Kennedy Center dans le cadre de la série Mason Bates JFK Jukebox.
Simon est titulaire d’un doctorat de l’Université du Michigan, effectué sous la direction de Michael Daugherty et Evan Chambers. Il est aussi diplômé de l’Université d’État de Georgie et du Collège Morehouse. Carlos Simon a poursuivi sa formation auprès de Conrad Pope à l’Atelier de musique hollywoodienne de Baden (Autriche) et à l’Atelier estival de trame sonore cinématographique de l’Université de New York.
La regrettée Jocelyn Morlock (1969-2023) était l’une des compositrices les plus en vue du Canada. On lui doit une œuvre fascinante qui a fait l’objet d’un grand nombre d’enregistrements et a été jouée et diffusée à de nombreuses reprises en Amérique du Nord et en Europe. Née à Winnipeg, elle a étudié le piano à l’Université de Brandon, avant d’obtenir une maîtrise et un doctorat en musique de l’Université de la Colombie-Britannique, où elle a récemment œuvré comme chargée de cours et enseigné la composition. Première compositrice en résidence de la Music on Main Society de Vancouver (2012-2014), elle a assumé le même rôle auprès de l’Orchestre symphonique de Vancouver de 2014 à 2019.
Jocelyn entretenait des liens étroits avec l’Orchestre du Centre national des Arts qui, en 2015, lui avait commandé My Name is Amanda Todd, une œuvre puissante sur l’adolescente de Port Coquitlam, en Colombie-Britannique, qui s’est enlevé la vie après avoir subi de la cyberintimidation. L’œuvre a ensuite remporté le prix JUNO 2018 à titre de composition classique de l’année.
Ses « harmonies chatoyantes » (Georgia Straight) et son approche « adroitement personnelle » (Vancouver Sun) ont valu à Jocelyn Morlock de nombreux prix, au pays comme à l’étranger : classement parmi les 10 finalistes à la Tribune internationale des compositeurs en 2002; le Mayor’s Arts Award dans la catégorie Musique, à Vancouver (2016); et le Prix JUNO de la Composition classique de l’année pour My Name Is Amanda Todd (2018).
La plupart des compositions de Jocelyn Morlock sont destinées à de petits ensembles, plusieurs d’entre elles pour des combinaisons inhabituelles, telles piano et percussions (Quoi?), violoncelle et vibraphone (Shade), ou basson et harpe (Nightsong). Velcro Lizards a été composée pour un ensemble formé d’une clarinette ou d’une clarinette basse, d’une trompette, d’un violon et d’une contrebasse. Cobalt, sa première œuvre commandée par l’Orchestre du Centre national des Arts, a été créée par ce dernier en 2009; ce concerto pour deux violons et orchestre figure sur son premier album complet, aussi intitulé Cobalt, paru sous étiquette Centrediscs en 2014.
Yosuke Kawasaki est violon solo de l’Orchestre du CNA. Sa polyvalence artistique lui a permis de faire carrière en musique symphonique, en musique de chambre et comme soliste. Comme musicien d’orchestre, il a fait ses débuts à l’Orchestre symphonique de Montgomery. Il a ensuite été violon solo à l’Orchestre de chambre Mito, à l’Orchestre Saito Kinen et au Japan Century Orchestra. Comme artiste solo et chambriste, il a fait carrière sur cinq continents. Il a collaboré avec des musiciens comme Seiji Ozawa, Pinchas Zukerman et Yo-Yo Ma, et s’est produit dans les plus prestigieuses salles du monde, dont le Carnegie Hall, le Suntory Hall et le Royal Concertgebouw.
Kawasaki est actuellement membre de deux ensembles de Kawasaki, Trio Ink et Mito String Quartet. Passionné de musique de chambre, il est directeur musical du Festival de musique Affinis au Japon. Il est aussi conseiller artistique d’un tout nouveau festival de musique de chambre bulgare appelé Off the Beaten Path.
En tant qu’enseignant, Kawasaki a œuvré partout au Canada, offrant des classes de maître et jouant avec des élèves dans leurs écoles. Spécialiste du répertoire pour quatuor à cordes, il est devenu à 26 ans le plus jeune enseignant de l’académie internationale de musique de chambre Ozawa, un poste qu’il s’est vu confier par Seiji Ozawa. Il a aussi été professeur adjoint de violon à l’Université d’Ottawa de 2013 à 2022, aux côtés du très aimé pédagogue Yehonatan Berick.
Kawasaki a commencé le violon à l’âge de six ans, d’abord sous la tutelle de son père Masao Kawasaki, puis sous celle de Setsu Goto. Il a par la suite été accepté dans la section précollégiale de l’école Juilliard, et a été diplômé de cette institution en 1998. Il y a étudié auprès de Dorothy DeLay, Hyo Kang, Felix Galimir et Joel Smirnoff.
Assistante violoncelle solo au sein de l’Orchestre du Centre national des Arts depuis 2014, Julia MacLaine se produit mondialement comme soliste, musicienne d’orchestre et de chambre pour des œuvres passant du classique au contemporain, et de la musique du monde à ses propres arrangements et compositions.
Elle s’est récemment produite avec son quatuor à cordes Ironwood à Mahone Bay (N.-É.), au Indian River Festival (Î-P-É), et à leur propre festival Classical Unbound dans le comté de Prince Edward. Le quatuor a participé aux Sessions Wolfgang et à la série Musique pour un dimanche après-midi à Ottawa, au festival Ritornello (SK), et à divers événements à Paris. Leurs programmes combinent chevaux de bataille classiques (Beethoven, Ravel, Debussy) et musique contemporaine (œuvres d’Ana Sokolovic, Nicole Lizée, Bryce Dessner, Philip Glass, Esa‐Pekka Salonen), tout en se permettant des détours du côté de leurs propres arrangements de compositions originales et de musique folk.
Pendant ses dix années passées à New York, Julia a régulièrement collaboré avec des compositeurs, ce qui a donné lieu à de nouvelles œuvres pour violoncelle solo. Elle s’est entre autres faite championne de Pachamama’s Catharsis de Pedro Malpica. Mme MacLaine s’est souvent produite sur les trois scènes de Carnegie Hall. Comme membre d’Ensemble Connect (autrefois ACJW), elle a présenté de nombreux concerts de musique de chambre aux salles Weill et Zankel, notamment comme soliste dans le concerto Elegy: Snow In June de Tan Dun. Elle a aussi joué fréquemment à l’auditorium Stern comme membre de l’Orchestra of St. Luke’s, et comme violoncelle solo pour Pasion selun San Marcos d’Osvaldo Golijov. De 2005 à 2014, elle a été membre de l’orchestre de chambre The Knights de Brooklyn, avec qui elle a interprété le Concerto pour violoncelle de Schumann dans Central Park en 2012, diffusé en direct sur WQXR. L’ensemble finaliste aux Grammys collabore régulièrement avec des artistes comme Gil Shaham, Renée Fleming et Yo‐Yo Ma, et a enregistré plusieurs albums sur des étiquettes comme SONY Classical.
À la fois musicienne et entrepreneure, Mme MacLaine a cofondé le groupe new-yorkais The Ikarus Chamber Players, un ensemble qui marie la musique de chambre classique à d’autres formes d’art au sein de leur propre série de concerts dans des maisons de vente aux enchères, des galeries d’art et d’autres lieux inusités. Avec ses collègues de l’Académie (un programme de stages offert par Carnegie et Juilliard et rattaché à Ensemble ACJW/Connect), elle a formé le collectif de musique de chambre Decoda pour développer des résidences communautaires de musique de chambre partout au monde. Avec Decoda, Julia a joué au festival Mecklenberg‐Vorpommern en Allemagne, à Abu Dhabi, au Suntory Hall à Tokyo, et partout aux États-Unis. Elle a également participé aux festivals Lanaudière, Bic, Mostly Mozart, Tanglewood et Ravinia.
Julia a accompagné le Deutsche Kammerphilharmonie Bremen et Les Violons du Roy, et elle compte parmi ses collaborateurs de musique de chambre Itzhak Perlman, Jackie Parker, Pinchas Zukerman, des membres de l’Orion String Quartet, Ani et Ida Kavafian, Inon Barnatan et Cynthia Phelps.
Originaire de l’Île-du-Prince-Édouard, Julia a étudié auprès d’Antonio Lysy à l’Université McGill (baccalauréat en musique), et auprès de Timothy Eddy au Collège de musique Mannes (diplôme d’artiste) et à l’école Juilliard (maîtrise en musique).
Depuis sa création en 1969, l’Orchestre du CNA reçoit des éloges pour la passion et la clarté de ses interprétations, pour ses programmes éducatifs novateurs et pour son apport à l’expression de la créativité canadienne. Sous la direction du Directeur musical Alexander Shelley, l’ensemble propose chaque saison une série complète de concerts d’abonnement au Centre national des Arts qui mettent en vedette des artistes de réputation internationale, tels James Ehnes, Angela Hewitt, Joshua Bell, Xian Zhang, Gabriela Montero, Stewart Goodyear, Jan Lisiecki et le premier chef invité John Storgårds.
Alexander Shelley a amorcé son mandat à la direction musicale de l’Orchestre du CNA en 2015, succédant à Pinchas Zukerman, qui a été aux commandes de l’ensemble pendant 16 saisons. Premier chef associé du Royal Philharmonic Orchestra, Shelley a été le premier chef de l’Orchestre symphonique de Nuremberg de 2009 à 2017. Demandé partout dans le monde, il a dirigé entre autres la Philharmonie de Rotterdam, DSO Berlin, le Leipzig Gewandhaus et la Philharmonie de Stockholm, et il maintient des liens avec la Deutsche Kammerphilharmonie et l’Orchestre national des jeunes d’Allemagne.
Les tournées nationales et internationales sont depuis toujours une caractéristique distinctive de l’Orchestre du CNA. L’ensemble a fait 95 tournées depuis sa création, ce qui comprend des arrêts dans 120 villes canadiennes, 20 pays et 138 villes du monde. Au cours des dernières années, l’Orchestre a effectué des tournées de concerts et d’activités éducatives au Canada, au Royaume-Uni et en Chine. En 2019, il a célébré son 50e anniversaire par une tournée européenne de sept villes en Angleterre, en France, aux Pays-Bas, au Danemark et en Suède, où il a mis en valeur le travail de six compositeurs canadiens et offert une série de concerts et d’activités éducatives.
Depuis son inauguration, l’Orchestre du CNA a commandé plus de 80 nouvelles œuvres, la plupart à des compositeurs canadiens. L’Orchestre a enregistré pour la radio plusieurs de ses 80 œuvres de commande, et en a diffusé plus d’une quarantaine à des fins commerciales. Parmi celles-ci, citons le disque des concertos pour piano de Mozart enregistré avec Angela Hewitt et primé aux JUNO en 2015, l’œuvre révolutionnaire Réflexions sur la vie, qui comprend la pièce My Name is Amanda Todd de Jocelyn Morlock, couronnée Composition classique de l’année aux JUNO 2018, et l’album finaliste aux JUNO 2019 Nouveaux Mondes, sur lequel paraît Golden Slumbers Kiss Your Eyes… d’Ana Sokolović, lauréate du JUNO de la Composition classique de l’année (2019).Son concert-midi sur la Colline du Parlement pour la fête du Canada l’an dernier a été diffusé en direct sur les ondes de CBC.
Alexander Shelley a reçu le titre de directeur musical de l’Orchestre du CNA en septembre 2015. Depuis, l’ensemble a été qualifié de « transformé », « passionné », « ambitieux » et « déchaîné » (Ottawa Citizen), et classé parmi les plus audacieux en Amérique du Nord (magazine Maclean’s) pour sa programmation.
Champion de la création au Canada, Shelley a signé récemment le projet multimédia Réflexions sur la vie, INCONDITIONNEL et RENCONTR3S, une collaboration avec Danse CNA comportant trois nouveaux ballets d’envergure.
Shelley s’attache à cultiver les talents de la relève : il est notamment un ambassadeur d’OrKidstra, un programme de développement social qui, à travers la musique, aide les jeunes d’Ottawa à acquérir des compétences essentielles.
Alexander Shelley est également premier chef d’orchestre associé du Royal Philharmonic Orchestra de Londres, et, à partir de la saison 2024-2025, directeur artistique et musical d’Artis-Naples et de l’Orchestre philharmonique de Naples en Floride (États-Unis). Il a dirigé l’Orchestre du CNA au printemps 2019 à l’occasion d’une tournée européenne très applaudie soulignant le 50e anniversaire de l’ensemble et, en 2017, dans le cadre d’une tournée aux quatre coins du Canada pour célébrer le 150e anniversaire du pays. Plus récemment, l’Orchestre a donné, sous sa baguette, son premier concert en 30 ans au Carnegie Hall de New York.
Shelley a fait paraître sept enregistrements avec l’Orchestre du CNA, dont Nouveaux Mondes (finaliste aux prix JUNO), Réflexions sur la vie, RENCONTR3S, Aux frontières de nos rêves, ainsi que la série louangée par la critique de quatre albums Clara, Robert, Johannes, tous parus sous l'étiquette canadienne Analekta.
Le poste de directeur musical bénéficie du soutien d’Elinor Gill Ratcliffe, C.M., O.N.L., LL.D. (hc).