The Mush Hole

2022-04-13 20:00 2022-04-16 21:00 60 Canada/Eastern 🎟 CNA : The Mush Hole

https://nac-cna.ca/fr/event/25711

Événement en personne

Portrait puissant d'une famille marquée par le pensionnant autochtone Mohawk Institute, The Mush Hole rend hommage aux survivants et à leurs familles, célébrant leur résilience, leur courage et leur force. Interprété par le mondialement réputé Kaha:wi Dance Theatre, The Mush Hole est une création de Santee Smith, artiste multidisciplinaire et chorégraphe kahnyen’kehàka du clan de la Tortue des Six...

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Studio Azrieli ,1 rue Elgin,Ottawa,Canada
13 - 16 avr 2022
13 - 16 avr 2022

≈ 60 minutes · Sans entracte

Dernière mise à jour: 13 avril 2022

Le Kaha:wi Dance Theatre est reconnaissant de produire The Mush Hole sur le territoire ancestral de la Nation algonquine anishinaabe. Nous honorons et nous reconnaissons les eaux et les terres sur lesquelles le Théâtre autochtone du CNA s’épanouit.

Nia:wen aux survivants du pensionnat autochtone de l’Institut Mohawk de nous avoir témoigné leur vérité et leur résilience. Nia:wen pour le soutien généreux à la tournée de The Mush Hole de la part du Conseil des arts du Canada, du Conseil des arts de l’Ontario et du Toronto Arts Council.

« Le spectacle The Mush Hole reflète les réalités des expériences vécues au pensionnat de l’Institut Mohawk; il permet d’ouvrir le dialogue et de guérir, en reconnaissant l’esprit des survivants et des familles affectées et en leur rendant hommage. The Mush Hole plonge dans la dévastation des pensionnats autochtones avec grâce et espoir. Le spectacle laisse entrevoir les atrocités infligées à des milliers d’enfants autochtones et tente d’en finir avec l’amnésie historique. Ce portrait percutant serpente dans la mémoire des survivants, les traumatismes, la vie au pensionnat, la perte de culture, la commémoration et les retrouvailles. Le legs des pensionnats autochtones et l’actuel effacement systémique des vies et cultures autochtones sont des enjeux qui concernent l’ensemble de la population canadienne. C’est dans la spécificité que l’on trouve l’universalité. The Mush Hole nous parle d’espoir et nous invite à voir de la lumière dans la noirceur. Ce spectacle évoque le traumatisme intergénérationnel, mais il déborde aussi de résilience. Chaque élément présenté sur scène vient des survivants, qui nous ont généreusement fait part de leur expérience. Après des années de silence, les survivants de l’Institut Mohawk dépassent courageusement la honte et racontent leur histoire. The Mush Hole, c’est leur vérité mise en scène. » 

Kwe! hOOlmah! Way’! Salut! Hello!
Nous sommes toujours là! Au nom du Théâtre autochtone, nous vous souhaitons la bienvenue au spectacle The Mush Hole, créé par Santee Smith et interprété par le Kaha:wi Dance Theatre.

C’est un honneur et un plaisir, mais aussi notre responsabilité de mettre en scène et de diffuser des œuvres d’art fascinantes, centrées sur les enjeux, les expériences et les réalités des peuples autochtones, et mettant en valeur la vivacité, la diversité, la force et la beauté de nos cultures, d’un océan à l’autre.

The Mush Hole est une création de Santee Smith, artiste multidisciplinaire et chorégraphe kenyen’kehàka du clan de la Tortue des Six Nations de Grand River, en Ontario. Elle considère les artistes comme des conteurs et des moteurs de changement. Nous pensons que vous serez d’accord.

Installez-vous, profitez du spectacle et laissez-vous transformer. 

« Nos histoires sont des remèdes. Nous ne pouvons pas changer le passé, mais nous pouvons en apprendre. Nous pouvons aller de l’avant, dans un esprit d’ouverture, de générosité et de guérison, pour honorer ceux qui nous ont précédés et pour façonner l’avenir. »

Kevin Loring, directeur artistique

Nous remercions et reconnaissons notre hôte, la Nation algonquine, dont la générosité et l’ouverture nous inspirent chaque jour. Kevin Loring, Lori Marchand et l’équipe du Théâtre autochtone.

L’Institut Mohawk : le « Mush Hole »

Surnommé le « Mush Hole », l’Institut Mohawk est le plus vieux pensionnat au Canada, ayant servi de modèle aux suivants. Ouvert de 1828 à 1970 à Brantford, en Ontario, ce pensionnat industriel a accueilli des enfants autochtones provenant des Six Nations et d’autres communautés de l’Ontario et du Québec. Pendant 142 ans, le modus operandi de l’école consistait à assimiler les enfants dans la société euro-chrétienne et à rompre les liens culturels entre parents et enfants.

Le tout premier premier ministre du Canada, John A. Macdonald, et le superintendant Duncan Campbell Scott sont les principaux instigateurs du système de pensionnats autochtones. Selon Duncan Campbell Scott lui-même, les pensionnats étaient conçus pour « se débarrasser du problème indien ». Dans ces établissements au régime militaire, les enfants ne recevaient que peu d’éducation à proprement dit et servaient plutôt de main-d’œuvre. Ils étaient également victimes de maltraitance, sous forme d’agressions sexuelles, de privation de nourriture et de punitions corporelles, le tout exercé par les membres de la direction et du personnel.

John A. Macdonald, 1883 - premier ministre du Canada
« Lorsque l’école se trouve sur une réserve, l’enfant vit avec ses parents, qui sont des sauvages; bien qu’il puisse apprendre à lire et à écrire, ses habitudes, son développement et sa manière de penser restent indiens. Il est, simplement, un sauvage qui sait lire et écrire. On m’a fortement recommandé, en tant que chef de ce département, de préserver le plus possible les enfants indiens de l’influence parentale, et la seule façon d’y arriver serait de les envoyer dans des écoles de formation industrielles et centralisées, dans lesquelles ils pourront acquérir les habitudes et les modes de pensées des hommes blancs. »

Après sa fermeture en 1970, l’établissement a rouvert en 1972 en tant que Centre culturel Woodland. En 2013, lors d’un référendum rassemblant la communauté des Six Nations de Grand River, 98 % des participants ont voté en faveur de la restauration du pensionnat, plutôt que de sa démolition, notamment pour : transformer le pensionnat en un site éducatif; continuer à exposer les politiques d’assimilation du gouvernement du Canada et de l’Église et y réfléchir; se remémorer et soutenir les survivants et leur héritage; et respecter l’esprit des enfants qui ont « purgé une peine » au pensionnat et leur permettre de guérir.

La campagne de financement « Save the Evidence » (Conservons les preuves) a commencé en 2014 et se poursuit jusqu’à la restauration de l’immeuble. Le spectacle The Mush Hole se veut également un effort de commémoration et de guérison par l’expression de la vérité.

The Mush Hole

The Mush Hole a été créé en collaboration avec les survivants, grâce à leurs écrits et à leurs entrevues, ainsi qu’à la série de discussions avec eux (Survivor Series Talks) au Centre culturel Woodland. La création a débuté dans l’immeuble et au site de l’Institut Mohawk.

Comme d’autres survivants, Roberta Hill a eu la chance d’assister au spectacle et de faire part de ses observations au fur et à mesure. Voici sa réaction : « Le spectacle The Mush Hole a fait remonter des souvenirs, ce qui était très réconfortant sur le plan émotionnel. J’ai pu m’identifier au chaos et à l’agitation d’une relation qui était si proche de la mienne. Cette vie sur scène, je l’ai vécue. Les conséquences des pensionnats sont profondes et m’ont laissé des blessures émotionnelles et psychologiques. »

En incorporant les briques, le mortier et le site de l’Institut Mohawk, The Mush Hole voyage dans l’environnement et les pièces mêmes où les expériences se sont vécues. La salle de jeux des garçons est représentée comme ce qu’elle était : une petite cellule de prison sans aucun jouet. Il s’agissait d’une pièce au sous-sol, faite pour que les garçons se battent, où ils se collaient aux tuyaux d’eau chaude pour se réchauffer et regardaient la longue entrée par la fenêtre, dans l’espoir de voir arriver des parents ou des proches qui les ramèneraient chez eux. Dans le minuscule cagibi sous l’escalier se trouvait la salle d’isolement cellulaire. Le son puissant de la chaufferie masquait les cris des survivants pendant qu’ils subissaient des sévices – les agressions sexuelles étaient majoritairement perpétrées contre les garçons. La buanderie, où les filles travaillaient dur, était également une pièce bruyante qui cachait de la maltraitance. Dans la salle des visites, où les parents pouvaient voir leurs enfants de façon supervisée, mais tellement empreinte de stress que le moment se passait dans les pleurs, on confisquait les cadeaux et les paquets que les familles avaient apportés. Le pensionnat était un camp de travail pour enfants, à l’orientation carcérale, dépourvu de tout contact physique agréable ou réconfortant.

Deux générations de survivants sont représentées dans The Mush Hole pour expliciter les répercussions intergénérationnelles et la longue histoire des pensionnats autochtones. Les survivants parlent de leur impossibilité d’exprimer et de recevoir de l’amour, de leurs dépendances et de leurs troubles post-traumatiques. Privés de leur humanité, les pensionnaires n’étaient pas appelés par leur nom, mais pas leur numéro institutionnel. L’Institut Mohawk porte encore les traces des briques égratignées et des gribouillis cachés par les enfants, faits à la craie ou au crayon.

Les personnages de The Mush Hole sont les suivants :
No 48 / Ernest : un fils, un père, un mari
No 29 / Mabel : une fille, une mère, une épouse

Ernest et Mabel se sont rencontrés au pensionnat et ont eu des enfants : un fils et une fille.

No 34 / Walter : un fils, un frère, un étudiant
No 17 / Grace : une fille, une sœur, une étudiante
No 11 : celle qui s’est enfuie – une fille sans nom ni famille; la fugitive

Voici le nom des scènes :
Under Lock & Key, T’will be Glory, Smashing Brick Crosses, What’s Your Name? Roll Call, Serving Time, Labour Camp, Running the Gauntlet, I’m So Lonely I Could Cry, The Boiler Man, I Saw the Light, Solitary Confinement, Just a Closer Walk With Thee, The One That Got Away, Remembrance, Find My Way, We Are in This Together.

Ces scènes décrivent l’expérience vécue par les survivants dans des lieux précis.

Le lieu est devenu un concept important dans The Mush Hole, puisqu’il reflète le fait que les pensionnats étaient aussi conçus pour faciliter le retrait des peuples autochtones de leurs terres et de leurs espaces. The Mush Hole (littéralement, « le trou de la bouillie ») est le surnom que les survivants et la communauté des Six Nations ont donné au pensionnat, en référence au fait que la bouillie y était l’aliment de base. Cette bouillie collante était souvent servie trois fois par jour. La privation de nourriture et la faim étaient également des mets de choix au pensionnat.

Les pommes dans The Mush Hole ont aussi une signification bien particulière : alors qu’ils étaient entourés de vergers, les enfants affamés en pleine croissance n’avaient pas le droit de manger les pommes et étaient sévèrement punis s’ils en cueillaient. Les punitions corporelles aux coups de ceinture se finissaient souvent par des volées de coups, sur les parties les plus sensibles du corps. Si les pensionnaires faisaient preuve de force, en ne pleurant ou ne réagissant pas, les coups redoublaient pour les faire flancher. 

L’intégration au pensionnat se faisait dans la violence. Se bagarrer et s’endurcir faisait partie de la vie scolaire des garçons comme des filles. Les survivants utilisent l’expression « purger une peine » pour parler de leur temps passé au pensionnat, pour faire le parallèle avec la prison. Ce n’est pas un hasard si un bon nombre des anciens pensionnaires se sont ensuite réfugiés dans le confort et la sécurité du système carcéral. Cette expression fait également écho au nombre disproportionné d’Autochtones dans les prisons aujourd’hui.

Santee Smith a commencé à développer le concept pendant le projet Mush Hole de l’Université de Waterloo en 2016. Sa vision de The Mush Hole s’est d’abord concrétisée par une courte installation-performance créée dans la salle de jeux des garçons.

En janvier 2017, le Centre culturel Woodland lui a offert une résidence en création. En février 2017, The Mush Hole a clôturé l’exposition « 150 Acts: Art, Activism, Impact » à la galerie d’art de Guelph. En août 2018, The Mush Hole a fait l’objet d’une résidence en production au Centre des arts de Banff.

La première du spectacle a eu lieu au Prismatic Arts Festival à Halifax, en Nouvelle-Écosse. The Mush Hole a ensuite été sélectionné pour être présenté au Socrates Project de l’Université McMaster.

Le Kaha:wi Dance Theatre est le producteur de la tournée 2019–2020 du spectacle.

Duncan Campbell Scott, 1920 - Superintendant adjoint au département des Affaires indiennes
« Je veux me débarrasser du problème indien […] Notre objectif est de continuer jusqu’à ce qu’il n’y ait plus un seul Indien au Canada qui n’ait pas été assimilé dans le corps politique, qu’il n’y ait plus de question indienne ni de ministère des Affaires indiennes. »

Artistes

  • Création, production, mise en scène et conception Santee Smith
  • Interprète : #48 / Ernest Jonathan Fisher
  • Interprète : The One Who Got Away / #11 Julianne Blackbird
  • Interprète : #34 / Walter, a.k.a. Wall Eye Montana Summers
  • Interprète : #17 / Grace Raelyn Metcalfe
  • Composition et arrangement Jesse Zubot
  • Musique additionnelle Adrian Dion Harjo
  • Décors et conception originale des éclairages Andy Moro
  • Gestion de tournée et éclairages (tournée) Evan Sandham
  • Soutien à la production et vidéos Shane Powless
  • Conception de costumes Adriana Fulop

Alliance internationale des employés de scène et de théâtre