≈ 1 heure et 30 minutes · Sans entracte
Dernière mise à jour: 13 février 2020
Violon, Orchestre du CNA
Qui ne se souvient de la première fois qu’il a entendu l’Adagio pour cordes de Barber, cette ode à la mélancolie, une œuvre si forte, saisissante et poignante qu’il suffit d’en entendre les premières notes pour être aussitôt plongé dans un climat paisible et contemplatif? Je dois dire que c’est mon cas. Cette pièce ne faisait pas partie de la discothèque paternelle (avec deux fils violonistes, mon père aimait bien le répertoire pour violon de l’ère romantique, mais aussi le cool jazz), et je n’ai pas encore vu le film Platoon. Et pourtant, il me semble connaître cette pièce depuis toujours, elle est ancrée dans l’inconscient collectif sans pour autant devenir banale ou lassante.
Porgy and Bess fait partie de la musique avec laquelle j’ai grandi, non comme opéra, mais sous forme de standards du jazz de la collection de mon père, joués par Miles Davis et Bill Evans, ou chantés par des déesses comme Billie Holliday et Ella Fitzgerald. Jascha Heifetz a donné à tous les violonistes la chance de « chanter » la musique de Porgy and Bess grâce à ses transcriptions, et il en existe une pléthore d’arrangements pour grands ensembles de tous niveaux de compétence. Si l’imitation est la forme la plus sincère de la flatterie, on voit tout de suite en quelle estime les musiciens tiennent cette musique quand ils se l’approprient.
Quelques mots sur le Rodeo de Copland. Le langage musical caractéristique du « son » de la musique symphonique américaine – qui évoque de vastes paysages, les cowboys et un rude rapport à la terre – a été créé par un Juif new-yorkais! Assurément, ce qui nous rapproche comme êtres humains surpasse ce qui nous divise.
Merci de partager avec nous cet agréable moment et de prendre le temps de savourer ces différents morceaux de musique. Bonne Saint-Valentin!
« Le fait qu’un compositeur écrive une pièce spécialement pour moi est l’un des hommages les plus exaltants que je puisse recevoir comme interprète. Et à moins de collaborer directement à l’écriture de la musique, on ne sait jamais vraiment à l’avance ce qui nous attend! C’est une relation privilégiée fondée sur le respect et la confiance mutuelle, et rien n’est plus passionnant que de voir la partition pour la première fois… à part, peut-être, l’interpréter pour la première fois! Même si Stewart et moi nous connaissons depuis l’âge de treize ans, et sa musique m’est familière, c’est avec beaucoup d’admiration et d’émerveillement que je découvre cette pièce fabuleuse. Il a su y intégrer non seulement des passages poignants, des sujets envoûtants et des moments virtuoses, mais aussi des éléments vraiment agréables à jouer, dans lesquels tout violoncelliste serait ravi de tremper son archet. Ce n’est que le début de l’existence de cette pièce, et je suis tout à fait ravie de pouvoir la partager pour la première fois avec vous. »
Bienvenue au concert de ce soir! Cette année, pour la Saint-Valentin, Alexander Shelley et l’Orchestre du CNA vous proposent un programme animé par Marjolaine Lambert qui comporte la création mondiale du Concerto pour violoncelle du compositeur canadien Stewart Goodyear, écrit expressément pour la soliste Rachel Mercer, violoncelle solo de l’Orchestre. On entendra aussi quelques-unes des œuvres les plus populaires et pérennes de la musique américaine.
Ces compositions, chacune à sa façon, ont contribué à définir le « son » de la musique symphonique américaine au XXe siècle. La sentimentale Serenata de Leroy Anderson est une miniature pops exemplaire de la musique américaine, tandis que le lyrisme si évocateur de l’Adagio de Samuel Barber fait le pont entre le romantisme européen et celui du Nouveau monde. Un pot-pourri des moments forts de l’opéra Porgy and Bess de George Gershwin offre une brillante synthèse de la musique de concert et des styles afro-américains du blues et du jazz; enfin, le Rodeo d’Aaron Copland intègre d’authentiques airs de cow-boys qui lui confèrent tout le charme de la culture populaire.
Quel qu’en soit le style, ce que ces œuvres ont en commun est l’attrait qu’elles exercent sur tous les auditoires, une qualité remarquable qui leur a permis de transcender les genres classique, populaire et jazz, aussi bien que les moyens de diffusion, de la salle de concert au grand écran, en passant par le studio d’enregistrement, la radio et la télévision. Bon concert!
Hannah Chan-Hartley
Hannah Chan-Hartley est docteure en musicologie, et œuvre dans la sphère publique comme auteure, conférencière et chercheuse. | Twitter @hanchanhartley
Cambridge, Massachusetts (É.-U.), 29 juin 1908
Woodbury, Connecticut (É.-U.), 18 mai 1975
« Tonight while all the world is still / Here I stand under her window sill / Sing to my loved one, Serenata for me / Sing her your song, love’s melody… » (« Ce soir, tandis que tout est calme / Je me tiens sous sa fenêtre / Chante pour ma bien-aimée, Sérénade, pour moi, / Chante-lui ta chanson, mélodie d’amour… ») a écrit Mitchell Parish sur la musique de Serenata de Leroy Anderson. Voilà une parfaite entrée en matière pour ce concert de la Saint-Valentin, bien que nous entendions ce soir l’œuvre originale pour orchestre de 1947, et non la chanson de 1950.
Serenata s’ouvre sur une fanfare de trompettes, qui mène ensuite à une brève introduction du rythme de biguine (à la manière d’un boléro). Ce motif devient la trame rythmique de deux segments musicaux : le premier, dans une sombre tonalité, en mineur, a un sujet basé sur une répétition rapide de notes; le second, dans une tonalité plus lumineuse, en majeur, met de l’avant une mélodie ample et fluide. Alternant avec la fanfare, chacun de ces segments est répété, avec des changements frappants dans l’orchestration.
Anderson avait le don d’écrire des mélodies accrocheuses et ses orchestrations sont toujours hautes en couleur, des qualités qui rendent sa musique à la fois attrayante pour les auditoires et agréable à jouer pour les musiciens. (Vous connaissez sans doute sa Promenade en traîneau de 1948, devenue un incontournable du temps des Fêtes, dans ses versions chantée et symphonique.) Serenata ne déroge pas à la règle; Arthur Fiedler, le célèbre chef du Boston Pops qui l’avait commandée à Anderson avec des dizaines d’autres miniatures pops pour orchestre, en avait fait sa préférée.
– Note de programme d’ Hannah Chan-Hartley
Brooklyn, New York (É.-U.), 26 septembre 1898
Hollywood, Californie (É.-U.), 11 juillet 1937
Après sa création, le 11 octobre 1935, à l’Alvin Theater de New York, l’opéra Porgy and Bess de George Gershwin a connu des débuts difficiles, en raison des inquiétudes soulevées par le portrait qu’il faisait de l’existence et des luttes d’une communauté afro-américaine de Charleston (Car. du Sud). Quoi qu’il en soit, bien qu’il ait fallu attendre des décennies pour que des productions intégrales de Porgy entrent au répertoire des plus grands opéras des États-Unis, sa popularité n’a cessé de croître entre-temps. Des chansons comme « Summertime », « I Got Plenty O’ Nuttin’ » et « It Ain’t Necessarily So » ont été des succès dès le départ, et restent aujourd’hui des standards bien-aimés, interprétés et enregistrés par des artistes issus des sphères classique, jazz et pop.
De même, la musique de Porgy and Bess a d’abord connu le succès dans les salles de concert, sous forme de suites ou de pots-pourris des moments forts de l’opéra. L’arrangement que nous entendrons ce soir est signé Robert Russell Bennett (1894–1981), qui l’a créé en 1961. Arrangeur œuvrant avec bonheur à Broadway, Bennett orchestrait la musique de Gershwin depuis l’époque où le compositeur avait écrit ses premières chansons. Bien qu’il n’y ait pas pris part lui-même, il avait assisté aux répétitions de Porgy and Bess en vue de sa création, et en 1942, à la demande du chef d’orchestre Fritz Reiner, avait créé Porgy and Bess: A Symphonic Picture, qui reste à ce jour l’un des arrangements pour orchestre les plus populaires de l’opéra.
Ces extraits de Porgy and Bess forment un pot-pourri plus concis qu’A Symphonic Picture, mais dans les deux cas, Bennett s’est attaché à préserver les intentions harmoniques et orchestrales du compositeur, avec des adaptations mineures. Comme le montre le guide d’écoute placé à droite, toutes les grandes mélodies blues de la partition de Gershwin y sont, avec « Bess, You Is My Woman Now » en son centre. Les mélodies s’enchaînent, mais par moments, Bennett intègre adroitement des transitions puisées dans les passages orchestraux de l’opéra original de Gershwin, comme la musique mouvementée de l’ouverture de la scène I de l’Acte II pour encadrer « Summertime », le solo de violoncelle qui prélude à « Bess » et le xylophone tapageur de l’ouverture précédant « O Lawd, I’m On My Way ».
Voici les extraits au programme, tels qu’ils apparaissent dans l’arrangement de Bennett (minutages approximatifs).
0:00 | Introduction avec le thème de « Bess, You Is My Woman Now »
0:30 | « Clara, Clara, Don’t You Be Downhearted »
1:30 | « A Woman Is a Sometimes Thing »
2:40 | « Summertime »
4:45 | « I Got Plenty O’ Nuttin’ »
6:10 | « Bess, You Is My Woman Now »
8:35 | « Oh, I Can’t Sit Down »
9:30 | « There’s a Boat Dat’s Leaving Soon for New York »
10:15 | « It Ain’t Necessarily So »
11:55 | « O Lawd, I’m On My Way »
12:45 | Coda avec le thème de « Bess, You Is My Woman Now »
– Note de programme d’ Hannah Chan-Hartley
West Chester, Pennsylvanie (É.-U.), 9 mars 1910
New York, New York (É.-U.), 23 janvier 1981
On trouverait difficilement une œuvre de musique classique qui ait joui d’une aussi grande popularité, au cours du dernier siècle, que l’Adagio pour cordes (1937) de Samuel Barber. Dans les dix dernières années, des chercheurs se sont penchés sur la « vie » de cette œuvre en-dehors des salles de concert et ont découvert qu’elle avait été jouée et entendue dans une étonnante variété de contextes (concerts rock, compétitions de patinage artistique, mariages, funérailles, services commémoratifs, numéros de cirque, séances de thérapie, manifestations patriotiques, pièces de danse moderne, etc.). L’Adagio figure aussi dans de nombreux films, tels Elephant Man (1980), Platoon (1986), L’huile de Lorenzo (1992) et Le fabuleux destin d’Amélie Poulain (2001), ainsi que dans des émissions de télévision. On en a même fait un remixage dance qui s’est classé deuxième au palmarès des albums pop en Grande-Bretagne!
Barber lui-même savait qu’il tenait un joyau lorsqu’il a achevé l’Adagio, en 1936, qui constituait alors le deuxième mouvement de son Quatuor à cordes. Il avait même écrit à son ami Orlando Cole que cette composition était « une bombe »! On ignore dans quel contexte il en a tiré un arrangement pour cordes, mais on sait que Barber l’a présenté en 1937, avec son Premier essai pour orchestre, au chef d’orchestre Arturo Toscanini, qui venait de fonder l’Orchestre symphonique de la NBC. Le 5 novembre 1938, le monde découvrait les deux œuvres sous la baguette de Toscanini, à la faveur d’un concert radiodiffusé sur les ondes de la NBC. Dès lors, Barber a affermi sa réputation de compositeur sur la scène mondiale.
Le talent de Barber pour écrire des mélodies élégiaques en forme d’arches resplendit dans l’Adagio, où le sujet principal se déploie sous forme de lignes toujours plus longues jusqu’à l’atteinte d’un poignant paroxysme. On peut percevoir une mélancolie ou une tristesse sous-jacente dans cette musique, mais il faut savoir que ce n’était pas l’intention du compositeur au départ. En fin de compte, la puissance émotive de l’Adagio paraît émaner de ses qualités les plus communément citées, à savoir la sincérité de la musique, son authenticité et son dépouillement. C’est pour ces raisons que l’Adagio demeure si populaire de nos jours.
« C’est vraiment bien senti, voyez-vous, on y croit, ça n’a rien de faux. Ça vient du fond du cœur, pour employer des termes démodés. L’impression de continuité, la fluidité, la satisfaction de l’arche qu’il dessine du début à la fin […] »
— Aaron Copland sur l’importance de l’Adagio (radio de la BBC, 23 janvier 1982)
« L’Adagio pour cordes est [l’une des] compositions pour cordes les plus émouvantes que je connaisse. J’aime la façon dont chaque partie se met patiemment en place autour d’un simple sujet récurrent. Pour moi, ça évoque l’image d’une personne qui se bat lentement contre la gravité, tel un alpiniste gravissant une falaise sans corde. »
— Jim Creegan, chanteur et bassiste du groupe Barenaked Ladies, dans « Strings Attached », BNL Blog, 23 mai 2003
– Note de programme d’ Hannah Chan-Hartley
Par Hannah Chan-Hartley
SUR L’ART DE LA COMPOSITION
Quelles sont vos principales influences et sources d’inspiration comme compositeur?
Avec mon parcours musicalement éclectique et multiculturel, beaucoup de mes compositions s’inspirent de la musique actuelle, de mon amour pour la musique classique (qui remonte à mes trois ans), et de mon héritage britannique, trinidadien et canadien.
Comment voyez-vous le rôle et les responsabilités (artistiques, politiques et sociales) du compositeur aujourd’hui? Comment intégrez-vous ces objectifs à votre démarche?
Je crois, pour ma part, que les compositeurs doivent se faire commentateurs de l’esprit humain, et narrateurs de notre environnement et de notre culture. Nous devons aussi imprégner notre musique d’un amour des auditeurs de toutes les cultures et de tous les horizons. Il est très important d’insuffler notre voix personnelle et notre intégrité dans tout ce que nous écrivons, en restant confiants que l’auditoire sera au rendez-vous. Dans le climat socio-politique actuel, nous avons désespérément besoin de messages positifs. Comme artistes, nous pouvons exprimer des émotions variées, mais nous avons la responsabilité d’appréhender ces sentiments dans une perspective de catharsis, de soulagement et, finalement, de guérison.
Pouvez-vous nous donner un aperçu de votre méthode de composition?
J’ai une façon très particulière d’aborder une nouvelle composition! Je dois d’abord décider ce qui va se produire à la page 10 de chaque pièce. Dès que ce point est établi, je sais comment l’œuvre va débuter et s’achever. J’utilise cette méthode depuis que j’ai écrit ma Sonate pour piano à 17 ans.
Quelle est l’importance, à vos yeux, de collaborer avec les artistes qui interprètent vos œuvres? Quel sens revêt pour vous le mot « interprétation »?
Si un compositeur écrit pour un musicien en particulier, une partie du processus de composition consiste à étudier à fond l’art dudit musicien avant d’écrire la première note, d’écouter ses interprétations de différents compositeurs, et de découvrir de quelle façon l’interprète communique avec l’auditeur. Au terme de cette démarche, l’inspiration peut venir et l’écriture commence. Pour moi, l’interprétation est l’apport organique de l’artiste à la partition écrite.
Comment voyez-vous le rapport de l’auditeur à votre œuvre?
Selon moi, le compositeur et l’auditeur sont comme des partenaires de danse. Tous deux connaissent les mouvements et les pas, mais c’est au compositeur qu’il incombe de mener la danse, et d’entraîner sans heurt l’auditeur dans son univers sonore. L’auditeur devient ainsi un participant volontaire, et la danse est réussie.
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SUR LE CONCERTO POUR VIOLONCELLE
Décrivez cette œuvre à l’aide de trois à cinq adjectifs.
Mélancolique. Animée. Lyrique. Rhapsodique. Explosive.
Décrivez vos ambitions artistiques pour cette composition. Qu’aimeriez-vous que les auditeurs retiennent de ce que vous avez voulu accomplir en l’écrivant?
J’ai voulu composer une œuvre virtuose et lyrique pour mettre en valeur l’art de Rachel Mercer. Sa virtuosité, son timbre stupéfiant et sa sensibilité de chambriste ont déterminé la façon dont j’ai abordé la forme du concerto dans cette pièce.
Comment concevez-vous l’écriture pour orchestre? Quel rôle joue l’orchestre dans cette œuvre?
Écrire pour un orchestre, pour moi, cela consiste à déterminer la palette de couleurs que je vais utiliser pour peindre ma toile. Sans perdre de vue les émotions que je veux communiquer à l’auditeur, je réfléchis à chaque instrument et à son timbre. Dans mon concerto pour violoncelle, l’orchestre agit comme collaborateur, soutien et toile de fond du thème principal, le soliste.
Minutages approximatifs:
0:00 | Introduction sombre, mystérieuse, avec un sujet mélancolique
3:00 | Hausse progressive du volume sonore jusqu’au…
3:30 | 1er sujet – violoncelle
7:00 | 2e sujet intime, sensuel – violoncelle et cordes
11:00 | Fanfare de trompettes; développement des sujets
16:00 | 1er sujet
17:30 | 2e sujet
19:00 | Paroxysme passionné, poignant, avec l'orchestre; suivi d’une accalmie vers…
21:00 | ...le retour au climat mélancolique de l’introduction
22:30 | Sujet de l’introduction – violoncelle tout en douceur, dans le registre grave, sur bruissement des basses… s’estompe jusqu’au silence…
– Note de programme d’ Hannah Chan-Hartley
Brooklyn, New York (É.-U.), 14 novembre 1900
North Tarrytown, New York (É.-U.), 2 décembre 1990
Aaron Copland écrivait de la musique dans un style considéré de nos jours comme typiquement américain. Il puisait souvent son inspiration et son matériau musical dans les chansons populaires de son enfance, le jazz qui faisait fureur à New York et Paris dans les années 1920, et la musique folk anglo-américaine compilée et publiée dans les années 1930 et 1940. Rodeo, ballet qu’il a créé en 1942 pour Agnes de Mille et les Ballets russes de Monte-Carlo, est l’une de ses œuvres les plus connues prenant appui sur ce dernier répertoire.
Rodeo est une comédie romantique pleine de charme qui se déroule dans un ranch américain. Une jeune cowgirl est amoureuse du chef d’écurie. Perçue comme un « garçon manqué en jeans », elle tente de l’impressionner par ses habiletés de cavalière et de manieuse de lasso, mais il n’a d’yeux que pour la fille du propriétaire du ranch. Finalement, elle décide de changer son apparence – pour le bal du samedi, elle revêt une jolie robe, et gagne ainsi le cœur du chef d’écurie.
Ce soir, nous entendrons la musique du ballet distillée en quatre épisodes de danse épousant la trame narrative. Copland évoque tout d’abord les rigueurs de la vie dans un ranch américain dans « Buckaroo Holiday » à l’aide de deux sujets originaux : une gamme descendante jouée avec exubérance évoque les cowboys chevauchant des broncos qui se cabrent; vient ensuite une mélodie plus calme et lyrique. Plus tard, un solo de trombone énonce une vieille chanson de cowboys, « If He’d be a Buckaroo by his Trade », l’une des nombreuses citations d’airs folkloriques qu’on peut entendre dans Rodeo. Dans « Corral Nocturne », la cowgirl repense au chaos qui a régné plus tôt ce jour-là et à son cœur meurtri, dans une mélodie mélancolique confiée aux vents, sur fond d’accords ouverts, qui évoque les vastes étendues du paysage américain.
« Saturday Night Waltz » s’amorce sur une introduction qui donne l’impression que la section des cordes est en train de s’accorder en prévision du bal. La musique se résout alors dans une valse sentimentale basée sur une autre chanson de cowboys, « Goodbye Old Paint », au cours de laquelle le climat évolue de la circonspection à la chaleur et la tendresse. Finalement, la cowgirl conquiert son homme dans l’exubérant « Hoe Down », le morceau le plus célèbre de Rodeo.
La célèbre mélodie de « Hoe Down » de Copland n’a pas toujours été celle qu’on connaît aujourd’hui. D’abord intitulée « Bonaparte’s Retreat », elle était « habituellement jouée comme une marche assez solennelle », selon le musicien et écrivain Stephen Wade. En 1937, Bill Stepp, un violoniste du Kentucky, y a mis sa touche personnelle, transformant le tempo en celui d’un hoedown, une danse folklorique américaine. Sa version a été captée sur ruban magnétique par Alan Lomax dans le cadre des nombreux enregistrements de musique folk américaine qu’il a réalisés pour la Bibliothèque du Congrès.
Alors qu’il écrivait Rodeo, Copland est tombé sur l’interprétation que Stepp avait faite de « Bonaparte’s Retreat », grâce à une transcription réalisée par la compositrice Ruth Crawford Seeger, spécialiste de la musique folk américaine. Il a tellement aimé cette version qu’il a décidé de l’intégrer, quasi note pour note, à son nouveau ballet. La popularité du « Hoe Down » de Copland a rendu célèbre la version de Stepp, si bien qu’en 2013, l’enregistrement de Stepp a été intronisé au panthéon des prix Grammy en raison de son importance pour l’histoire de la musique américaine.
– Note de programme d’ Hannah Chan-Hartley
Décrit comme « un communicateur né, sur scène comme dans la vie » (The Telegraph), Alexander Shelley se produit sur six continents avec les plus grands ensembles et solistes de la planète.
Reconnu pour sa technique de direction « impeccable » (Yorkshire Post) et pour « la précision, la distinction et la beauté de sa gestique […] quelque chose que l’on n’a plus vraiment vu depuis Lorin Maazel » (Le Devoir), le maestro est aussi célébré pour la clarté et l’intégrité de ses interprétations et pour la créativité et l’audace de sa programmation. Il a à ce jour dirigé plus de 40 premières mondiales d’envergure, des cycles acclamés des symphonies de Beethoven, de Schumann et de Brahms, des opéras, des ballets et des productions multimédias novatrices.
Il est depuis 2015 directeur musical de l’Orchestre du Centre national des Arts du Canada et premier chef associé de l’Orchestre philharmonique royal de Londres. En avril 2023, il a été nommé directeur artistique et musical d’Artis—Naples en Floride, prenant ainsi les rênes artistiques de l’Orchestre philharmonique de Naples et de tous les volets de cette organisation multidisciplinaire. La saison 2024-2025 est sa première à ce poste. Alexander Shelley ajoute également à ses autres fonctions de chef d’orchestre une nomination au poste de directeur artistique et musical de l’Orchestre symphonique du Pacifique (dans le comté d’Orange, à Los Angeles). Il sera directeur musical désigné à compter de septembre 2025 avant d’entamer son premier mandat de cinq ans à la saison 2026-2027.
Alexander Shelley se produira également cette saison avec l’Orchestre symphonique de la Ville de Birmingham, l’Orchestre symphonique du Colorado, l’Orchestre philharmonique de Varsovie, l’Orchestre symphonique de Seattle, le Chicago Civic Orchestra et l’Orchestre symphonique national d’Irlande. Il est régulièrement invité par les plus grands orchestres d’Europe, d’Amérique, d’Asie et d’Australasie, dont l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig, le Konzerthausorchester Berlin, l’Orchestre de la Suisse Romande, les orchestres philharmoniques d’Helsinki, de Hong Kong, du Luxembourg, de Malaisie, d’Oslo, de Rotterdam et de Stockholm et les orchestres symphoniques de Sao Paulo, de Houston, de Seattle, de Baltimore, d’Indianapolis, de Montréal, de Toronto, de Munich, de Singapour, de Melbourne, de Sydney et de Nouvelle-Zélande.
Alexander Shelley a succédé à Pinchas Zukerman à titre de directeur musical de l’Orchestre du Centre national des Arts du Canada en septembre 2015, devenant le plus jeune chef à occuper ce poste dans l’histoire de l’ensemble. Ce dernier a depuis été qualifié de « transformé », « passionné », « ambitieux » et « déchaîné » (Ottawa Citizen) et classé parmi les plus audacieux en Amérique du Nord pour sa programmation (Maclean’s). Le maestro a mené ses troupes dans des tournées d’envergure au Canada, en Europe et au Carnegie Hall, où il a dirigé la première de la Symphonie no. 13 de Philip Glass.
À la tête de l’Orchestre du CNA, Alexander Shelley a commandé des œuvres révolutionnaires, dont Réflexions sur la vie et RENCONTR3S, et fait paraître plusieurs albums finalistes aux prix Juno. En réaction à la pandémie et aux questions de justice sociale qui dominent notre époque, il a lancé les séries vidéo L’OCNA en direct et INCONDITIONNEL.
En août 2017 se concluait le mandat du maestro Shelley à la direction de l’Orchestre symphonique de Nuremberg, période décrite comme un âge d’or par la critique et le public.
Sur la scène lyrique, Alexander Shelley a dirigé La veuve joyeuse et le Roméo et Juliette de Gounod (Opéral royal danois), La bohème (Opera Lyra / Centre national des Arts), Louis Riel (Compagnie d’opéra canadienne / Centre national des Arts), Iolanta (Deutsche Kammerphilharmonie de Brême), Così fan tutte (Opéra Orchestre National Montpellier), Les noces de Figaro (Opera North), Tosca (Innsbruck) ainsi que Les noces de Figaro et Don Giovanni en version semi-scénique au CNA.
Lauréat du prix ECHO et du Deutsche Grunderpreis, le chef s’est vu décerner en avril 2023 la Croix fédérale du Mérite par le président allemand Frank-Walter Steinmeier en reconnaissance de ses services à la musique et à la culture.
À titre de fondateur et directeur artistique de la Schumann Camerata et de sa série avant-gardiste 440Hz à Düsseldorf et de directeur artistique du projet Zukunftslabor de la Deutsche Kammerphilharmonie de Brême, ainsi que par ses nombreuses tournées à la tête de l’Orchestre national des jeunes d’Allemagne, il cherche constamment à inspirer les futures générations d’instrumentistes et d’adeptes de musique classique.
Alexander Shelley fait régulièrement des présentations instructives et passionnées sur ses programmes avant et après les concerts. Il participe aussi à de nombreuses entrevues et produit des balados sur le rôle de la musique classique dans la société. Seulement à Nuremberg, il a accueilli en neuf ans plus d’un demi-million de personnes aux concerts annuels du Klassik Open Air, le plus grand événement de musique classique d’Europe.
Né à Londres en octobre 1979 et fils de célèbres pianistes concertistes, Alexander Shelley a étudié le violoncelle et la direction d’orchestre en Allemagne. Il s’est d’abord signalé en remportant à l’unanimité le premier prix au Concours de direction d’orchestre de Leeds en 2005. La critique l’a décrit comme « le jeune chef d’orchestre le plus passionnant et le plus doué à avoir récolté ce prix hautement prestigieux ».
Le poste de directeur musical bénéficie du soutien d’Elinor Gill Ratcliffe, C.M., O.N.L., LL.D. (hc).
Qualifiée de « chambriste authentique » (The Globe and Mail) qui sait créer des « moments de pure magie » (Toronto Star), la violoncelliste canadienne Rachel Mercer s’est produite comme soliste et chambriste sur cinq continents.
Lauréate du Grand Prix Vriendenkrans d’Amsterdam (2001), elle est violoncelle solo de l’Orchestre du CNA à Ottawa et codirectrice artistique de la série de concerts de musique de chambre 5 at the First à Hamilton et à Orléans, en Ontario. Elle est membre du duo Mercer-Park, du trio St. John-Mercer-Park et du quatuor Ironwood, et a été violoncelliste pour le quatuor pour piano Ensemble Made in Canada, lauréat d’un prix JUNO (2008-2020), pour le trio AYR (2010-2020) et pour le quatuor Aviv (2002-2010). Elle a donné des classes de maître en Amérique du Nord, en Afrique du Sud et en Israël ainsi que des conférences sur le jeu et les carrières en musique. Participant activement à la diffusion de la musique canadienne contemporaine, elle a commandé et joué plus de 30 compositions, dont des concertos pour violoncelle signés Steward Goodyear et Kevin Lau et des œuvres solo et de musique de chambre de Vivian Fung, Andrew Downing, Alice Ho, David Braid, Kelly-Marie Murphy, John Burge et Jocelyn Morlock.
Parmi ses récents albums de musique de chambre et d’œuvres solo, on compte Kevin Lau: Under A Veil of Stars (Leaf Music), Our Strength, Our Song (Centrediscs), John Burge: One Sail (Naxos), Alice Ho: Mascarada (Centrediscs), ainsi que les suites complètes de Bach (Pipistrelle, 2012) jouées sur le violoncelle Stradivarius Bonjour de 1696 provenant de la Banque d’instruments de musique du Conseil des arts du Canada. Rachel Mercer joue actuellement sur un violoncelle fabriqué au XVIIe siècle en Italie du Nord.
La violoniste Marjolaine Lambert, originaire de Joliette mais autoproclamée Montréalaise, a entamé ses études musicales dès l’âge de quatre ans, suivant les traces de son frère, l’altiste Frédéric Lambert. Toute jeune, son talent naturel l’a menée à joindre les rangs du studio de Johanne Arel et de Raymond Dessaints au Conservatoire de musique de Montréal, auprès duquel elle obtient un diplôme en 2005. En raison de sa soif d’apprendre et d’accroître ses connaissances générales, elle s’inscrit à l’Université McGill dans la classe de Denise Lupien. Sa mineure en mandarin lui a permis de prendre part à une tournée de l’Orchestre de la Francophonie en Chine à titre de second violon solo.
Une fois son baccalauréat avec spécialisation en main, elle poursuit ses études afin d’obtenir une maîtrise à l’Université Yale, où elle étudiera avec Ani Kavafian. Elle s’y est épanouie en tant que violon solo de l’Orchestre philharmonique de Yale et finaliste du Concours de concertos Woolsey. Marjolaine a tressé de solides collaborations avec des compositeurs contemporains; elle a créé, avec le maestro Julian Wachner, Novus NYC, un orchestre dévoué à la musique nouvelle au sein duquel elle siège à titre de violon solo. Elle a eu l’occasion de créer des œuvres de David Lang, Bernard Rands et Christopher Theofanidis.
Sa passion pour la nouvelle musique l’a amenée à entreprendre, à l’Université McGill, des études doctorales en musique axées sur le violon électrique créé par Pierre Boulez dans ses Anthèmes, avec le soutien du Conseil de recherche en sciences humaines du Canada. Son travail avec les dispositifs électroniques lui permet de participer à divers projets très intéressants, notamment la création mondiale de l’œuvre Les Gestes, une création de la chorégraphe de danse Isabelle Van Grimde.
Marjolaine s’est produite en tant que soliste sous la direction de nombreux chefs d’orchestre dont Yuli Turovsky, Peter Oundjian et Shinik Hahm. À titre de chambriste, elle a souvent été invitée à s’exécuter avec Les Violons du Roy, I Musici et l’Arcos Chamber Orchestra.
Dans son rare temps libre, Marjolaine aime bien dévorer les téléséries, découvrir les profondeurs de la pratique sur son violon baroque ou encore faire lever les foules avec Céline Dion.
Elle est ravie de faire partie de l’Orchestre du Centre national des Arts depuis septembre 2016.
L’Orchestre du Centre national des Arts (CNA) du Canada est reconnu pour la passion et la clarté de son jeu, ses programmes d’apprentissage et de médiation culturelle visionnaires et son soutien indéfectible à la créativité canadienne. Situé à Ottawa, la capitale nationale, il est devenu depuis sa fondation en 1969 l’un des ensembles les plus encensés et les plus dynamiques du pays. Sous la gouverne du directeur musical Alexander Shelley, l’Orchestre du CNA reflète le tissu social et les valeurs du Canada, nouant des liens avec des communautés de tout le pays grâce à sa programmation inclusive, ses récits puissants et ses partenariats innovants.
Alexander Shelley a façonné la vision artistique de l’Orchestre depuis qu’il en a pris les rênes en 2015, poursuivant sur la lancée de son prédécesseur, Pinchas Zukerman, qui a dirigé l’ensemble pendant 16 saisons. Le maestro Shelley jouit par ailleurs d’une belle renommée qui s’étend bien au-delà des murs du CNA, étant également premier chef d’orchestre associé de l’Orchestre philharmonique royal au Royaume-Uni ainsi que directeur artistique et musical d’Artis—Naples et de l’Orchestre philharmonique de Naples aux États-Unis. Au CNA, Alexander Shelley est épaulé dans son rôle de leader par le premier chef invité John Storgårds, un maestro et violoniste de renommée internationale qui a dirigé certains des plus grands ensembles du monde, et par le premier chef des concerts jeunesse Daniel Bartholomew-Poyser, connu pour ses programmes communautaires audacieux et mobilisateurs. En 2024, l’Orchestre a ouvert un nouveau chapitre avec la nomination d’Henry Kennedy au nouveau poste de chef d’orchestre en résidence.
Au fil des ans, l’Orchestre a noué de nombreux partenariats avec des artistes de renom comme James Ehnes, Angela Hewitt, Renée Fleming, Hilary Hahn, Jeremy Dutcher, Jan Lisiecki, Ray Chen et Yeol Eum Son, assoyant ainsi sa réputation d’incontournable pour les talents du monde entier. L’ensemble se distingue à l’échelle internationale par son approche accessible, inclusive et collaborative, misant sur le langage universel de la musique pour communiquer des émotions profondes et nous faire vivre des expériences communes qui nous rapprochent.
Depuis sa fondation en 1969, l’Orchestre du CNA fait la part belle aux tournées nationales et internationales. Il a joué dans toutes les provinces et tous les territoires du Canada et a reçu de nombreuses invitations pour se produire à l’étranger. Avec ces tournées, l’ensemble braque les projecteurs sur les artistes et les compositeurs et compositrices du Canada, faisant retentir leur musique sur les scènes de l’Amérique du Nord, du Royaume-Uni, de l’Europe et de l’Asie.
L’Orchestre du CNA possède une riche discographie qui comprend notamment plus de 80 œuvres de commande, dont :
Par ses initiatives d’éducation et de médiation culturelle, l’Orchestre du CNA cherche à créer des programmes inclusifs et accessibles pour les publics de la région de la capitale nationale et de tout le Canada. Pour ce faire, il propose des spectacles pour toute la famille, le programme Cercle musical, dont les ateliers sont conçus pour les personnes ayant un trouble du spectre de l’autisme, et des concerts adaptés aux sensibilités sensorielles. L’Orchestre propose en outre une programmation riche pour les élèves, les pédagogues et les publics curieux de tous les âges, dont des matinées scolaires, des répétitions publiques, des ateliers de musique et des ressources en ligne, veillant ainsi à ce que l’éducation artistique et le contact avec la musique demeurent une priorité pour les jeunes publics et pour toute la communauté. Enfin, le Programme de mentorat annuel de l’Orchestre rassemble 50 instrumentistes en début de carrière provenant des quatre coins du monde pour une expérience de perfectionnement de trois semaines aux côtés d’un orchestre de calibre mondial. Avec ces initiatives, l’Orchestre du CNA continue de créer des liens puissants avec divers publics, faisant de la musique une expérience commune et inclusive.
Alliance internationale des employés de scène et de théâtre