≈ 2 heures · Avec entracte
Dernière mise à jour: 14 mars 2019
Présentation en anglais seulement
TELEMANN, Ouverture en ré majeur
TRAD., Badat Min al Khidri
TRAD., Yamul ‘Uyoun Issoud
MONTEVERDI, Ritournelle tirée de L’Orfeo, acte II
OMAR AL-BATSH, Ya Malikan
LULLY, Chaconne from/tirée de Cadmus et Hermione
TELEMANN, Concerto pour quatre violons en sol majeur
Largo – Vivace
HAENDEL, Sonates en trio en sol mineur, op. 2, no 5 : Allegro
TELEMANN, Concerto pour alto en sol majeur : Presto
TRAD., Tish Nign
(tirée de The Book of Klezmer de Yale Strom d’après une source du XVIIIe siècle)
TRAD., Dulab Bayat
HAENDEL, Concerto grosso, op. 6, no 6: Musette
TRAD., Darij Bayat
TELEMANN, Ouverture (reprise)
- - - ENTRACTE - - -
HAENDEL, Concerto grosso, opus 6, no 5: Allegro
TORELLI, Concerto pour violon en mi mineur, op. 8, no 9 : Allegro
TELEMANN, Burlesque de Quichotte
Le galop de Rossinante/Celui de l’âne de Sancho
Son attaque des moulins à vent
Musique de table, livre III : Conclusion
J.S. BACH, Sinfonia inspirée du choral « Ehre sei dir, Gott » de l’Oratorio de Noël
MOHAMED AL-QASABJI, Zikrayati
SHEIKH ABUL ELA MOHAMED, Afdihi in Hafidhal Hawa Ow Diya’a (paroles de Ibn Alnabi)
Improvisation de percussions
J.S. BACH, Adagio inspiré de l’aria « Wo zwei und drei versammlet sind » (cantate 42)
TRAD., Tala’a Min Beyt Abouha
TELEMANN, Ritournelle tirée du Concerto en mi mineur
La tournée 2019 de l’Orchestre baroque Tafelmusik aux États-Unis et à Ottawa bénéficie du généreux soutien du : Conseil des arts du Canada
L’orchestre baroque Tafelmusik a fait ses débuts au Centre national des Arts en avril 1993. Sa plus récente prestation à la Salle Southam a eu lieu en 2017.
Tales of Two Cities: The Leipzig-Damascus Coffee House célèbre en musique, en mots et en images la culture de deux villes fascinantes au XVIIIe siècle. Bien que plus de 3 000 kilomètres les séparent, Leipzig et Damas présentaient alors un certain nombre de traits communs. Toutes deux étaient situées au carrefour d’antiques routes commerciales qui avaient fait d’elles des plaques tournantes du commerce international.
Leipzig se dresse au croisement de la Via Regia (la route est-ouest qui relie Saint-Jacques-de-Compostelle à Kiev et Moscou) et de la Via Imperii (la route nord-sud reliant Rome et Venise à la mer Baltique). Les marchands d’un grand nombre de pays convergeaient vers la ville trois fois par année, chargés de fourrures, de vins, de tissus et de livres, qu’ils vendaient dans des foires commerciales parmi les plus réputées de toute l’Europe.
Damas se situe au croisement de la Via Maris, qui reliait la mer Méditerranée à la Syrie, l’Irak, l’Iran et l’Extrême-Orient, et de la route nord-sud reliant la Turquie au Yémen et à la mer d’Oman. D’importantes foires commerciales y étaient établies pour la vente de soieries, de bijoux et de café provenant du Levant et de l’Extrême-Orient.
Leipzig et Damas étaient des centres renommés d’apprentissage et de diffusion du savoir. Leipzig était un haut lieu d’édition de livres et de circulation des idées. Son université, l’une des plus anciennes d’Europe, attirait des étudiants et des savants en théologie, en philosophie et en droit de toute l’Allemagne.
L’antique cité de Damas, qui avait été conquise par les Turcs ottomans en 1516, était une ruche cosmopolite grouillante d’activité intellectuelle. Des érudits parlant arabe, persan et grec avaient recours aux scribes de la ville pour rédiger leurs traités de médecine, d’astronomie et de philosophie.
Leipzig et Damas avaient un autre remarquable point en commun : toutes deux abritaient de nombreux cafés où se produisaient les meilleurs musiciens de la ville. Dans son autobiographie, Georg Phillip Telemann relate comment il en est venu à diriger, au début du XVIIIe siècle, une société de musique appelée Collegium Musicum, regroupant des étudiants de l’Université de Leipzig. En 1702, l’apparition des premiers lampadaires dans les rues de la ville a permis aux honnêtes gens de commencer à sortir après le crépuscule; les cafés sont vite devenus des lieux prisés pour se rafraîchir, échanger et se divertir, et les étudiants musiciens ont commencé à se produire dans différents établissements locaux.
En 1729, la direction du Collegium Musicum a été reprise par Jean-Sébastien Bach, qui dirigeait des concerts hebdomadaires pour la clientèle du café Zimmerman. Il complétait l’ensemble d’étudiants avec des membres de sa famille, des virtuoses de passage à Leipzig et des Stadtpfeiffers – des musiciens d’élite appartenant à l’orchestre de la ville. Les pièces de Telemann, Haendel et Bach au programme du présent concert sont représentatives de la musique qu’on y jouait.
Les cafés publics de Syrie accueillaient également des musiciens célèbres qui interprétaient des mouachahs (poèmes à forme fixe mis en musique), des doulabs instrumentaux et des taqsims improvisés, formes de la musique classique arabe dans lesquelles se spécialise notre ensemble invité, le Trio Arabica.
Au programme de ce soir figure aussi l’histoire d’un pauvre migrant, racontée par Schéhérazade dans certains manuscrits des Mille et une nuits; le récit est tiré d’un ouvrage du philosophe musulman du Moyen Âge Al-Ghazali, aujourd’hui connu sous le titre Le miroir du prince et le conseil aux rois. Un exemplaire de cette œuvre, provenant de la collection d’un célèbre conteur syrien du XVIIIe siècle du nom d’Ahmad al-Rabbat, habitué des cafés, se trouve toujours à la bibliothèque de l’Université de Leipzig.
Des vers extraits d’un poème d’Al-Ghazali, qui était tenu en haute estime à Damas, ornent le magnifique salon de réception qui a inspiré notre décor théâtral. Ce salon, dans lequel d’exubérants motifs islamiques se mêlent à des influences baroques européennes, fut transporté de Damas au Musée d’ethnologie de Dresde en 1899.
Dans son cadre d’origine, ce salon de réception (qa’a) était sans doute un lieu de détente, de conduite des affaires et d’échanges interculturels autour d’une tasse de café. Les lignes de démarcation entre musulmans, juifs et chrétiens, qui étaient inscrites dans la trame même de Damas depuis des siècles, n’avaient plus cours ici, et la splendide calligraphie qui décorait la salle évitait les contenus religieusement chargés, témoignant d’un désir sincère d’accueillir des visiteurs issus de toutes les traditions.
De nos jours, alors que tant de Syriens élisent domicile en Allemagne, la population de Leipzig et les nouveaux arrivants en provenance de Damas cherchent également des moyens novateurs de s’adapter les uns aux autres et d’enrichir mutuellement leurs cultures respectives dans une conjoncture difficile. Dans le cadre du processus de restauration du salon de Damas, en cours dans la ville voisine de Dresde, de jeunes spécialistes syriens sont formés par des mentors allemands à la restauration des intérieurs patrimoniaux de leur pays natal. Leur rêve, que nous partageons, est de pouvoir un jour pratiquer leur art, et savourer un bon café en musique, dans une Damas pacifiée.
Pour obtenir la liste des images projetées pendant le concert avec leurs sources, consultez tafelmusik.org/talesimages (en anglais).
– Notes de programme traduites d’après Alison Mackay
Violon
Elisa Citterio
Patricia Ahern
Thomas Georgi
Elizabeth Loewen Andrews
Christopher Verrette
Julia Wedman
Cristina Zacharias
Alto
Patrick G. Jordan
Brandon Chui
Violoncelle
Christina Mahler
Allen Whear
Contrebasse
Alison Mackay
Hautbois
John Abberger
Marco Cera
Basson
Dominic Teresi
Clavecin
Charlotte Nediger
Direction technique
Glenn Davidson
Opération vidéo
Raha Javanfar
Direction des tournées et régie
Beth Anderson
Alliance internationale des employés de scène et de théâtre