Orchestre du CNA

2020-02-05 20:00 2020-02-05 22:00 60 Canada/Eastern 🎟 CNA : Joshua Bell joue Mendelssohn

https://nac-cna.ca/fr/event/21734

Les super pouvoirs musicaux du violoniste Joshua Bell, lauréat d’un prix GRAMMY, deviennent plus évidents à chacune de ses prestations. Pour sa quatrième apparition avec l’Orchestre du CNA sous la baguette d’Alexander Shelley, il joue le gracieux Concerto pour violon de Mendelssohn, qui nous plonge au cœur de l’ère romantique. En tout juste 24 ans, la compositrice française Lili Boulanger a trouvé le moyen de marquer...

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Salle Southam ,1 rue Elgin,Ottawa,Canada
mer 5 février 2020

≈ 2 heures · Avec entracte

Nos programmes sont passés au numérique.

Balayez le code QR à l’entrée de la salle pour lire les notes de programme avant le début du spectacle.

Dernière mise à jour: 22 janvier 2020

Réflexion

Le thème d’une vie écourtée traverse ce programme. Qu’on pense au talent dont nous a privé le décès prématuré de Lili Boulanger à 24 ans et de Felix Mendelssohn à 38 ans, ou encore aux leçons à tirer du parcours d’Amanda Todd, décédée à 15 ans, les thèmes et la musique au programme de ce soir reflètent la nature éphémère et fugace de ce monde et de nos vies. Face au défi de restituer la personnalité pétillante d’Amanda Todd et la noirceur de ses derniers mois d’existence, la compositrice Jocelyn Morlock a créé une œuvre qui ne manque jamais de m’émouvoir. Je suis très heureux de la présenter ce soir en concert, plutôt que dans son cadre multimédia habituel. Comme toujours, c’est un plaisir d’accueillir parmi nous Joshua Bell, un des artistes les plus inspirants de notre époque.

Réflexion

De tous les concertos pour violon, celui de Mendelssohn est possiblement le plus brillant, à la hauteur de ceux de Beethoven et Brahms. Souvent qualifiée de « parfaite », cette magnifique composition est connue de tous. La version que je vous propose est empreinte de mon histoire et de mes expériences personnelles, et sera certainement unique. C’est la raison pour laquelle ces pièces sont toujours jouées; chaque interprétation est différente, comme c’est le cas pour Hamlet, par exemple. Ici, l’auditoire pourra entendre, dans le premier mouvement, une cadence de mon cru que j’ai eu l’audace de substituer à celle de Mendelssohn.

C’est la première fois que l’Orchestre du CNA interprète D’un soir triste de Lili Boulanger.

L’Orchestre du CNA a interprété le Concerto pour violon de Mendelssohn à de nombreuses reprises. Il l’a notamment joué pour la première fois en 1969 sous la direction de Roland Leduc, avec Steven Staryk au violon, et tout récemment, en 2019, dans le cadre de sa tournée en Europe, avec Alexandre Shelley au pupitre et James Ehnes au violon. Parmi les autres solistes qui ont joué ce concerto avec l’Orchestre au fil des ans, on retrouve Isaac Stern, Karen Gomyo et Gil Shaham.

My Name is Amanda Todd de Jocelyn Morlock est une commande de l’Orchestre du CNA, qui en a donné la création en 2016 sous la baguette d’Alexander Shelley. L’Orchestre a interprété cette œuvre plus récemment, en 2019, dans le cadre de sa tournée en Europe.

Bien que La Mer de Debussy ait été interprétée à la Salle Southam par divers ensembles, l’Orchestre du CNA en propose ce soir sa deuxième prestation. La première a eu lieu en 2012 sous la direction de Juraj Valčuha. .

Réflexion : My Name is Amanda Todd

Carol Todd, mère d’Amanda Todd

Le fait qu’on célèbre la mémoire de ma fille dans une production du Centre national des Arts est un honneur en soi qui suscite énormément de fierté chez ceux et celles qui ont connu Amanda.

La perte d’Amanda a laissé un vide immense dans ma vie, et j’ai eu du mal à imaginer ce que le CNA voulait créer et présenter. Mais avec le temps, les choses sont apparues plus claires. En permettant que soit relatée l’histoire de ma fille à travers un projet d’arts visuels et d’arts de la scène, j’ai vu son héritage devenir réalité. L’art et la musique meublaient l’univers visuel et sonore d’Amanda.

Je veux témoigner ma reconnaissance à tous ceux et celles qui ont vu dans l’histoire d’Amanda un message d’ESPOIR, et remercier les gens qui ont des CONVICTIONS et le SOUCI des autres. L’équipe du CNA s’est employée à donner un sens plus vrai à l’héritage d’Amanda − l’image spectaculaire d’un flocon de neige représentant ma princesse Amanda.

Amanda Todd

Alias Princesse Flocon de neige
27 novembre 1996 – 10 octobre 2012

Une jeune fille peut être comme un flocon de neige, inimitable, irremplaçable, unique en son genre.

Amanda était une enfant pétillante et pleine d’esprit qui a quitté ce monde bien trop vite. Elle s’intéressait beaucoup aux gens, à la musique et aux arts. Elle adorait les animaux et aimait par-dessus tout aider les autres.

Nous avons beaucoup à apprendre d’Amanda et de tout ce qu’elle a vécu au cours de sa trop brève existence. La vidéo qu’elle a diffusée sur YouTube a suscité dans le monde entier des échanges sur des sujets comme l’intimidation, la cyber-intimidation, la santé mentale et la cyber-sécurité.

Amanda souhaitait se faire entendre. Elle aurait voulu faire comprendre à chacun combien elle souffrait intérieurement, et à quel point le même fléau faisait souffrir des milliers d’enfants et d’adolescents tous les jours.

Une amie proche a écrit ces mots : « Dans les jours et les mois qui viennent, réfléchis soigneusement à ce qui peut et doit être fait. L’héritage d’Amanda doit amener notre société à prendre conscience que notre réussite collective passe obligatoirement par la tolérance, la compassion, le partage et le pardon. »

Quand vous verrez un flocon de neige tomber tout doucement du ciel, ayez une pensée pour Amanda, notre Princesse Flocon de neige.

Répertoire

Lili Boulanger

D’un soir triste

Paris, 21 août 1893
Mézy-sur-Seine, 15 mars 1918    

Lili Boulanger est née d’une princesse russe et d’un Parisien de 77 ans. Marie‑Juliette Olga Boulanger, surnommée « Lili », était prodigieusement douée et maîtrisait, en plus de la composition, le piano, l’orgue, le chant, le violon, le violoncelle et la harpe. Première femme à remporter le Prix de Rome en composition (1913), elle s’est imposée comme l’une des plus importantes compositrices du début du XXe siècle, bien qu’elle n’ait vécu que 24 ans. On la connaît non seulement pour ses propres mérites, mais aussi en tant que sœur cadette de Nadia Boulanger, l’une des professeures de composition les plus influentes du XXe siècle. Nadia était également compositrice (et deuxième au Prix de Rome en 1918), mais après la mort de Lili, elle refusa d’écrire quoi que ce soit d’autre, décrétant que tout ce qu’elle avait composé à ce jour était « sans valeur ». L’existence de Nadia fut aussi longue (92 ans) que celle de Lili fut brève. En 1927, l’astéroïde 1181 Lilith a été baptisé en son honneur.

Le catalogue de Lili Boulanger comprend des œuvres chorales (dont trois psaumes mis en musique) et vocales, des pièces pour piano et un poème symphonique. D’un soir triste est la dernière composition qu’elle a pu écrire de sa main, sans l’aide d’un copiste. Elle l’a entreprise en 1917 et achevée au début de 1918. Il existe trois versions de l’œuvre, toutes de la compositrice : pour trio avec piano, pour violoncelle et piano, et pour orchestre. D’un soir triste est la pièce qui complète D’un matin de printemps.

Les deux volets de ce diptyque sont basés sur des lignes mélodiques similaires, dans une mesure à trois temps (3/4), bien que les deux œuvres diffèrent par le tempo et la durée (l’œuvre que nous entendrons ce soir est deux fois plus longue que celle qui l’accompagne). La plupart des auditeurs perçoivent dans cette composition brève mais intense une méditation sur les pertes et la tragédie de la Première Guerre mondiale, qui faisait rage au moment où Lili l’a écrite, mais on peut aussi y entendre la prémonition que la compositrice avait de sa mort imminente. « Lili a connu une vie de tristesse et de souffrance, mais on a l’impression, dans cette pièce, qu’elle ressentait au plus profond d’elle-même la futilité de l’existence et l’a projetée dans cette musique », écrit Sylvia Typaldos dans le site Web Allmusic.com.

– Traduit d’après Robert Markow

FELIX MENDELSSOHN

Concerto pour violon

Hambourg, 3 février 1809
Leipzig, 4 novembre 1847

L’impression d’aisance et de grâce naturelle qui s’en dégage et son poli ne laissent rien transparaître des efforts considérables que Mendelssohn investit dans la création de ce concerto immensément populaire. Il mit plus de cinq ans (1838–1844) à écrire cette dernière composition d’envergure, entretenant pendant cette longue gestation un échange de vues animé sur les détails architectoniques et techniques du concerto avec son dédicataire, le violoniste Ferdinand David (1810–1873). Lorsque Mendelssohn fut nommé chef de l’Orchestre de la Gewandhaus de Leipzig, il confia à David le poste de violon solo. À la création du concerto, le 13 mars 1845, David en était le soliste, bien entendu. 

Formé dans la pure tradition classique, Mendelssohn n’en possédait pas moins une veine romantique qui se manifeste dans l’imagination poétique dont sa musique est imprégnée, et dans les libertés qu’il prend par rapport aux formes établies. Par exemple, il n’y a aucune introduction donnée par l’orchestre; le soliste expose le thème principal presque d’entrée de jeu. Les trois mouvements s’enchaînent d’un trait, sans aucune pause. Une cadence, qui devrait normalement apparaître vers la fin du premier mouvement d’un concerto, survient ici avant la reprise, plutôt qu’après.

On qualifie fréquemment ce concerto de « bien élevé », et nulle part ce terme n’est-il mieux choisi que pour décrire le calme ravissement et la beauté lyrique du thème principal du second mouvement. Un moment de douce mélancolie en la mineur est énoncé alors que les trompettes et les timbales ajoutent une touche d’agitation. Le thème principal revient ensuite à plusieurs reprises avec de légères variations, et un passage plein de tendresse, à nouveau en la mineur, mène au finale. Comme dans les deux mouvements précédents, le soliste donne la première exposition du thème principal, d’une légèreté et d’une gaieté délicates.

– Traduit d’après Robert Markow

Jocelyn Morlock

My Name is Amanda Todd

La regrettée Jocelyn Morlock (1969-2023) était l’une des compositrices les plus en vue du Canada. On lui doit une œuvre fascinante qui a fait l’objet d’un grand nombre d’enregistrements et a été jouée et diffusée à de nombreuses reprises en Amérique du Nord et en Europe. Née à Winnipeg, elle a étudié le piano à l’Université de Brandon, avant d’obtenir une maîtrise et un doctorat en musique de l’Université de la Colombie-Britannique, où elle a récemment œuvré comme chargée de cours et enseigné la composition. Première compositrice en résidence de la Music on Main Society de Vancouver (2012-2014), elle a assumé le même rôle auprès de l’Orchestre symphonique de Vancouver de 2014 à 2019.

Jocelyn entretenait des liens étroits avec l’Orchestre du Centre national des Arts qui, en 2015, lui avait commandé My Name is Amanda Todd, une œuvre puissante sur l’adolescente de Port Coquitlam, en Colombie-Britannique, qui s’est enlevé la vie après avoir subi de la cyberintimidation. L’œuvre a ensuite remporté le prix JUNO 2018 à titre de composition classique de l’année.

Voici en quels termes elle évoquait elle-même cette œuvre : 

Lorsque j’ai commencé à écrire cette composition, mon esprit était animé par ce qu’avait vécu Amanda, et je pouvais m’imaginer à quel point il doit être destructeur de voir sans cesse des messages et des commentaires malveillants dirigés contre soi, surtout quand on est jeune. Toute cette atmosphère négative me semblait étouffante. En parlant avec sa mère, Carol Todd, et avec Christopher Deacon, de l’Orchestre du CNA, j’ai réalisé le pouvoir de transformation qui aurait opéré sur la jeune fille si elle avait pu prendre le contrôle de la situation et raconter son histoire en utilisant la même plateforme que ceux qui s’employaient à la dénigrer.

Carol m’a parlé de tous les endroits où elle porte son message, parce que les gens finissent par reconnaître la nécessité d’agir pour mettre fin à la cyberintimidation. Elle m’a parlé des enfants qui cherchent auprès d’elle de l’aide, ou qui lui disent que les vidéos et l’histoire d’Amanda les ont aidés; des jeunes qui affirment avoir trouvé de l’espoir à travers Amanda et Carol. J’éprouve un profond sentiment de joie devant le courage d’Amanda et le message de Carol.

My Name is Amanda Todd s’ouvre sur un chagrin immense qui se transforme en une énergie négative sournoise et plutôt désespérée où l’on voit, impuissant, se multiplier les remarques et images corrosives. Je reprends ensuite pratiquement les mêmes matériaux musicaux (petits gestes, timbres et rythmes très semblables) que je modifie graduellement pour créer une musique de plus en plus puissante et positive.

CLAUDE DEBUSSY

La Mer

Saint-Germain-en-Laye, 22 août 1862  
Paris, 25 mars 1918    

Irrésistiblement fascinés par la mer, d’innombrables compositeurs et auteurs de chansons ont cherché à l’évoquer dans leur musique. La Mer de Debussy est sans conteste l’œuvre la plus connue à porter ce titre, et peu de musiques parviennent à dépeindre la mer de façon aussi riche et évocatrice. Assez étrangement cependant, cette composition n’a pas été écrite au bord de la mer, mais plutôt à divers endroits situés à l’intérieur des terres, notamment dans les collines bourguignonnes et à Paris. Dans La Mer, Debussy dépeint les humeurs variées de l’océan, sans toutefois se livrer à des imitations sonores; il utilise plutôt diverses sonorités pour évoquer des souvenirs, susciter des émotions et solliciter l’imagination, afin de permettre à chaque auditeur de privilégier sa perception personnelle de la mer. La création eut lieu le 15 octobre 1905 aux Concerts Lamoureux, à Paris, avec Camille Chevillard au pupitre.

La première partie, « De l’aube à midi sur la mer », débute très calmement par de lents et mystérieux murmures. Par la seule évocation sonore, Debussy donne à l’auditeur l’impression de se pencher sur les profondeurs sombres et mystérieuses de la mer. À mesure que la mer s’éveille, les couleurs orchestrales deviennent plus vives et le mouvement s’anime. Finalement, un passage noble à l’allure de choral se manifeste et, prenant de l’ampleur, brosse un tableau majestueux de la mer sous le soleil éclatant de midi.

« Jeux de vagues » est plein d’éclat et d’animation. Par son ampleur et sa délicatesse, l’orchestration de Debussy ne cesse de fasciner – même le tintement du triangle possède un pouvoir évocateur.

Oscar Thompson, biographe de Debussy, décrit cette musique comme « un monde de pure fantaisie, de visions étranges et de voix singulières, un mirage autant visuel que sonore ».

Le « Dialogue du vent et de la mer » débute dans une atmosphère agitée, grise et orageuse, la musique suggérant le souffle puissant de l’océan. Des fragments mélodiques du premier mouvement sont repris. L’activité se calme et, à travers les brumes, on entend un appel distant et lancinant, semblable à celui des sirènes, produit par les bois dans leur registre aigu. La musique prend encore de la vigueur. Finalement, on entend une fois de plus le motif grandiose du choral de la première esquisse, et La Mer s’achève dans le tumulte du vent et des vagues qui déferlent.

– Traduit d’après Robert Markow

Artistes

  • Avec Orchestre du Centre national des Arts
  • Chef d’orchestre Alexander Shelley
  • Violon Joshua Bell
  • Compositrice :(My Name is Amanda Todd Jocelyn Morlock