«Comme famille
Comme peuple
Il me semble qu’on ne sera jamais assez
pour avoir les moyens de ne pas nous aimer.» Fabien Cloutier
Si la retraite incite à jeter un regard en arrière, celle de Jocelyne devient prétexte à un déferlement d’opinions, de maladresses et d’amertume. À coup de répliques banalement odieuses et odieusement banales, Fabien Cloutier met en observation une famille nucléaire, confinée dans un vivarium foisonnant.
Jocelyne a rassemblé sa famille pour lui annoncer une grande nouvelle : à cinquante-cinq ans, elle prend sa retraite de la fonction publique. Son annonce se noie toutefois dans le flot des interruptions, des opinions mal dégrossies et des conflits jamais réglés. De l’autisme à la protection des dauphins, en passant par la sécurité financière, l’adoption, la médecine douce, les animaux du zoo et les voyages tout inclus dans le Sud, les sujets de conversation révèlent brutalement l’égoïsme et l’ignorance qui gangrènent notre époque confortable.
Le cinquième texte de théâtre de Fabien Cloutier, le premier porté à la scène du Théâtre français du CNA, brosse le portrait d’un microcosme rongé par la difficulté de dire et la difficulté d’aimer. Récompensé pour Billy (Les jours de hurlement) et Comment réussir un poulet, le dramaturge place cette fois-ci des dialogues dans une unité de temps et de lieu. Il a rassemblé neuf comédiens, issus de différentes générations, dans une scénographie décapante conçue par le duo d’artistes visuels Cooke-Sasseville.