Le CNA demeure ouvert en cette fin de semaine de la fête du Canada.

Christopher Deacon à la conférence Walrus Talks

Une personne se tient debout derrière un lutrin
Christopher Deacon © Michel Aspirot, CBC/Radio-Canada
Un groupe de personnes sur une scène
Walrus Talks: La force créative du Canada © Michel Aspirot, CBC/Radio-Canada

Le 5 juin 2024, Christopher Deacon, notre président et chef de la direction, a eu l’honneur de s’exprimer lors de la conférence Walrus Talks intitulée La force créatrice du Canada, aux côtés de six dirigeantes d’organisations artistiques et culturelles fédérales du Canada. Organisé dans l’auditorium du Musée des beaux-arts du Canada, l’événement a souligné le talent hors pair et le succès exceptionnel d’artistes du pays sur la scène nationale et internationale, l’importance de mettre de l’avant des histoires canadiennes diverses et le rôle primordial des arts et de la culture dans nos communautés.

Ont également pris la parole :
Michelle Chawla, directrice et cheffe de la direction du Conseil des arts du Canada;
Valerie Creighton, présidente et cheffe de la direction du Fonds des médias du Canada;
Suzanne Guèvremont, commissaire du gouvernement à la cinématographie et présidente de l’Office national du film du Canada;
Julie Roy, directrice générale et cheffe de la direction de Téléfilm Canada;
Catherine Tait, présidente-directrice générale de CBC/Radio-Canada;
Leslie Weir, bibliothécaire et archiviste du Canada à Bibliothèques et Archives Canada.

La conférence était présentée par Nana aba Duncan, titulaire de la chaire Carty en journalisme, diversité et inclusion et professeure agrégée à l’École de journalisme de l’Université Carleton.

Pour regarder l’intégralité de la conférence ou un discours en particulier, cliquez ici.

Le discours de Christopher Deacon se trouve ci-dessous.

« Comment les arts de la scène nous rassemblent »

Les organisations artistiques canadiennes sont aux prises avec un défi de taille : celui d’être intéressantes et accueillantes pour les diverses communautés qu’elles cherchent à servir. Ce soir, j’aimerais aborder la question suivante : comment les organisations artistiques peuvent-elles demeurer pertinentes auprès de la population canadienne?

Les arts de la scène, composés de théâtre, de danse et de musique, évoquent des émotions, dans un moment partagé entre artistes et publics. Ces récits, racontés sur scène, peuvent nous faire rire ou pleurer. Ils nous invitent à nous révéler à nous-mêmes, à mieux comprendre les autres et notre société. Ils nous font vivre le sort des personnages principaux, dont nous suivons le parcours, partageons les épreuves et les triomphes, ressentons les peines et les joies. C’est ce qu’on appelle l’empathie.

L’empathie est l’axe autour duquel gravitent les arts vivants.

Et ce qui est tout aussi important, c’est que cette empathie n’est pas ressentie en solo devant un écran de télévision ou les pages d’un livre, mais en groupe, dans une même salle, nos coudes touchant parfois ceux de notre voisin ou voisine de siège – figure familière ou visage inconnu.

Les arts de la scène sont ceux qui laissent la plus grande place à l’aspect social. Les artistes se nourrissent du public et vice versa. Même si nous venons de différents milieux, consommons différents produits médiatiques, habitons différents quartiers… à la fin du spectacle, nous quittons la salle en sachant que nous avons vécu quelque chose ensemble.

Si les arts de la scène jouent ce rôle essentiel – celui de ramener l’empathie à la surface, de nous transformer et de nous rassembler – comment pouvons-nous, en tant qu’institutions artistiques, inviter davantage de Canadiennes et Canadiens à être des nôtres?

En reconnaissant que pour bien des nouveaux publics, la première question ne sera pas : « Est-ce que je vais aimer ce spectacle? »

Mais plutôt : « Est-ce que c’est un endroit où j’ai ma place? »

Comment le milieu des arts de la scène canadien peut-il donc susciter ce sentiment d’appartenance?

Tout d’abord, les Canadiennes et les Canadiens veulent entendre sur scène les voix et les histoires de leurs communautés. La programmation doit naître d’une relation authentique entre l’équipe de direction et divers groupes. Ces communautés doivent aussi être représentées dans tous les secteurs de l’organisation – la billetterie, le personnel d’accueil, le service marketing, l’équipe de production. Tous ces gens doivent vivre et évoluer au sein de ces communautés.

Et pourtant, ce n’est pas ce que l’on voit dans plusieurs de nos grandes organisations artistiques. Parmi les obstacles, il y a le fait d’exiger de l’expérience professionnelle. Les organisations qui en ont les moyens devraient investir dans le perfectionnement professionnel. C’est une bonne façon de renforcer les liens avec les communautés et d’enrichir le milieu artistique canadien, mais aussi d’avoir accès à un bassin de talents diversifié et qualifié.

Le milieu des arts de la scène doit aussi attirer de nouveaux publics, en créant des œuvres d’art qui expriment et incarnent ce qu’est le Canada aujourd’hui.

Ce sont ces histoires que les Canadiennes et Canadiens veulent voir – que le monde entier veut entendre. Leur présence sur scène indique aux nouveaux publics qu’il s’agit d’un lieu qui les accueille à bras ouverts.

Nous en avons un exemple parfait avec Mahabharata du Why Not Theatre de Toronto. Ce spectacle donne vie à une épopée sanskrite vieille de 4 000 ans et met en vedette une distribution entièrement composée d’interprètes de la diaspora d’Asie du Sud. Le Fonds de création du Centre national des Arts a investi dans cette production extraordinaire, qui a été créée au Festival Shaw en mars 2023. En octobre, elle a fait un malheur au Centre Barbican de Londres, en Angleterre, où elle a été acclamée par la critique et a attiré un public très diversifié. C’est à la fois une histoire ancienne et une histoire canadienne, et j’espère que vous serez des nôtres lors de son passage au CNA le printemps prochain.

Le Centre national des arts s’est donné pour mission d’attirer de nouveaux publics et de susciter ce sentiment d’appartenance.

Nous avons recruté une brillante équipe de direction artistique d’une belle diversité. L’an prochain marquera la cinquième saison du Théâtre autochtone du CNA, qui fait rayonner les voix, les histoires et les langues autochtones sur la scène nationale, et dont la direction et une grande partie de l’équipe sont composées d’Autochtones. Et dans notre plan stratégique, Imaginons la suite, l’accent est mis sur la création d’un sentiment d’appartenance et d’occasions d’avancement professionnel pour les artistes et les spécialistes des arts de tous les horizons. Nous avons encore beaucoup à faire, et nous en apprenons un peu plus chaque jour en restant à l’écoute.

Quelques mots pour conclure.

Un spectacle ne prend vie qu’une fois le rideau levé et le public envoûté. C’est une expérience esthétique, émotionnelle, et même spirituelle, mais c’est surtout une expérience sociale. Pour que les salles soient remplies, les organisations artistiques, ainsi que les artistes et les productrices et producteurs avec qui elles collaborent, doivent tisser des liens authentiques avec les communautés qu’elles servent, pour que ces communautés sachent qu’elles y ont réellement leur place. Ce n’est qu’alors que les arts de la scène pourront pleinement avoir un effet positif… et refléter ce que nous devenons, en tant que Canadiennes et Canadiens.


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