Les Sessions WolfGANG #23

Une folle soirée de musique de chambre

2024-05-04 21:00 2024-05-04 23:00 60 Canada/Eastern 🎟 CNA : Les Sessions WolfGANG #23

https://nac-cna.ca/fr/event/33743

Événement en personne

Les Sessions WolfGANG au Club SAW sont des concerts qui ne manquent pas de mordant. Invitez vos amis les plus aventureux et embarquez-les dans une soirée de musique de chambre surprenante avec vos musiciens préférés de l'Orchestre du CNA.

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Club SAW ,67 rue Nicholas,Ottawa
sam 4 mai 2024
sam 4 mai 2024

≈ 90 minutes · Avec entracte

Dernière mise à jour: 19 avril 2024

Programme

DOBRINKA TABAKOVA Le sourire des ailes flamboyantes pour quatuor à cordes (8 min)
Jessica Linnebach, violon
Emily Kruspe, violon
Carissa Klopoushak, alto
Rachel Mercer, violoncelle

DINUK WIJERATNE La disparition de Lisa Gherardini pour quatuor à cordes (10 min)
Jessica Linnebach, violon
Emily Kruspe, violon
Carissa Klopoushak, alto
Rachel Mercer, violoncelle

ENTRACTE

DAVID BRUCE Gumboots pour clarinette et quatuor à cordes (22 min)
Sean Rice, clarinette
Jessica Linnebach, violon
Emily Kruspe, violon
Carissa Klopoushak, alto
Rachel Mercer, violoncelle

Sean Rice, animateur

Crédits:
© 2019 Dobrinka Tabakova/Valonious Press. Touts droits reservés.
Gumboots  de David Bruce. Copyright © 2008, Red Balloon Music. Tous droits réservés. Représentant exclusif : Bill Holab Music.

Répertoire

DOBRINKA TABAKOVA

Le sourire des ailes flamboyantes pour quatuor à cordes

Dobrinka Tabakova (née en 1980) est une compositrice « passionnante et profondément émouvante » (The Washington Times), avec « des harmonies tonales éclatantes et d’amples envolées [qui] véhiculent une grande profondeur émotionnelle » (The Strad). La Société philharmonique royale de Londres, la BBC Radio 3 et l’Union européenne de radiotélévision lui ont commandé des œuvres. Son premier album signature, String Paths, paru sous l’étiquette ECM Records, a été mis en nomination pour un prix Grammy en 2014. En 2017, elle a été nommée compositrice en résidence auprès du BBC Concert Orchestra. Un album de ses œuvres orchestrales, enregistré par l’Orchestre Hallé, est paru en octobre 2023. 

Née dans la ville historique de Plovdiv, en Bulgarie, Dobrinka Tabakova vit à Londres depuis 1991, où elle a obtenu un diplôme de la Guildhall School of Music et un doctorat du King’s College. On a pu entendre sa musique dans des films et des spectacles de danse, et elle a été programmée dans des festivals en Europe et aux États-Unis, notamment les BBC Proms et le Bang on a Can. Elle a été compositrice en résidence au Festival d’été de Davos, en Suisse, et à la cathédrale de Truro, en Cornouailles (R.U.), de même qu’auprès de l’Orchestre symphonique de la radio MDR de Leipzig et de l’Orchestra of the Swan (Stratford, R.U.). Elle a notamment été primée pour son hymne pour le jubilé d’or de la reine Elizabeth II, en plus de remporter le premier prix et le volet Medallion au concours Sorel de composition chorale à New York. En 2022, elle a été nommée artiste associée de l’Orchestre Hallé. 

Son quatuor à cordes de 2019 intitulé The Smile of Flamboyant Wings (« Le sourire des ailes flamboyantes ») lui a été commandé par la Cité de la Musique, qui inclut la Philharmonie de Paris, le Festspielhaus (palais des festivals) de Baden Baden et l’European Concert Hall Organization (ECHO), dans le cadre du programme des étoiles montantes de l’ECHO. Écrite expressément pour le Quatuor Goldmund, l’œuvre, selon une description publiée, « tire son titre du tableau du même nom de Joan Miró, bien qu’elle ne soit pas conçue comme une représentation musicale de l’œuvre d’art. S’il existe des similitudes avec le tableau et l’œuvre de Miró, c’est à un niveau plus abstrait, par exemple dans le rapport entre le linéaire et l’horizontal, et l’interaction entre l’espace utilisé et l’espace libre sur la toile ». Une « ouverture sur des rythmes élaborés et une mélodie fluide et imprévisible plantent le décor »; une section centrale de type choral suit, et la pièce se termine par une reprise transformée du matériau d’ouverture. 

DINUK WIJERATNE

La disparition de Lisa Gherardini pour quatuor à cordes

Originaire du Sri Lanka, le Canadien Dinuk Wijeratne (né en 1978) est un compositeur, chef d’orchestre et pianiste maintes fois primé, notamment lauréat d’un prix Juno. Il a été dépeint dans The New York Times comme un « créateur exubérant », et le Toronto Star a salué en lui « un artiste préfigurant notre avenir culturel ». Transcendant les frontières dans ses projets collaboratifs, il est aussi à l’aise avec les orchestres symphoniques et les quatuors à cordes qu’avec les tablistes et les DJ; sur la scène internationale, on a pu le voir dans des cadres aussi différents que la scène de l’Orchestre philharmonique de Berlin et le Festival de jazz de la mer du Nord.

La disparition de Lisa Gherardini lui a été commandée comme pièce imposée pour le concours international de quatuor à cordes de Banff en 2022. Le compositeur décrit sa pièce comme suit : 

Cette escapade musicale virtuose pour quatuor à cordes s’inspire du vol audacieux de La Joconde de Léonard de Vinci qui s’est réellement produit au musée du Louvre en 1911.  

Le tableau le plus célèbre du monde a connu des débuts discrets. En 1503, Léonard l’a peint pour le marchand de soie florentin Francesco del Giocondo, qui lui avait commandé le portrait de sa femme, Lisa Gherardini. Le marchand voulait ainsi marquer la naissance de leur deuxième fils, un heureux événement d’autant plus important que les taux de mortalité maternelle et infantile étaient effroyablement élevés à l’époque.  

L’extraordinaire histoire vraie du vol de La Joconde ressemble au scénario d’un film hollywoodien à sensation. Un discret homme à tout faire italien, Vincenzo Peruggia, s’est caché pendant la nuit dans l’un des placards du Louvre et a choisi exactement le bon moment pour sortir et décrocher le tableau du mur. Ancien employé du musée, il connaissait l’horaire des tournées des gardiens. Selon l’expression consacrée, il s’agissait d’un « coup monté de l’intérieur ».  

La musique de cette pièce se nourrit de l’idée que c’est en fait un vol très médiatisé (et une disparition subséquente de deux ans) qui a fait passer La Joconde du statut d’œuvre d’art relativement inconnue à celui de légende.  

Se déployant en trois sections, la pièce s’articule autour de deux thèmes principaux représentant respectivement « Lisa » et « le vol ». Dans la première section, alors qu’on imagine une jeune femme au sourire énigmatique posant pour son portrait, le thème de Lisa est introduit au violoncelle tandis que les violons évoquent des coups de pinceau tout en délicatesse. La deuxième section est annoncée par un pizzicato de violoncelle agité et quelque peu « désordonné » – le vol est en cours. Alors que le malfaiteur atteint son but, le thème de Lisa réapparaît de manière précipitée et troublée, tandis qu’on emporte son portrait. La musique atteint un point culminant chaotique tout de suite après l’imitation des sirènes de police par les violons, avant de s’évanouir. La troisième section fait une incursion dans le Paris d’aujourd’hui. Lisa a retrouvé sa place au musée, sa stature, son statut et sa célébrité.  

Nous avons tendance à oublier que Lisa était une personne réelle. En travaillant sur cette musique, j’ai moins pensé à la technique magistrale et à l’art du portrait qu’à Lisa elle-même. Je l’ai imaginée comme un personnage qui a traversé le temps, passant d’une humble obscurité à une disparition soudaine et mystérieuse, jusqu’à la célébrité surmédiatisée qui lui attire 30 000 visites par jour. Je ne peux m’empêcher de me demander si Lisa aurait voulu recevoir toute cette attention, sans parler de tous les égoportraits qu’on prend avec elle.  

Dans les dernières secondes de la pièce, le thème du vol fait une brève réapparition. Lisa pourrait-elle nous être enlevée à nouveau? Et se pourrait-il qu’elle préfère en réalité disparaître une fois pour toutes? 

DAVID BRUCE

Gumboots pour clarinette et quatuor à cordes

Né à Stamford, dans le Connecticut, en 1970, David Bruce a grandi en Angleterre et jouit aujourd’hui d’une renommée croissante des deux côtés de l’Atlantique. Sa musique s’inspire des danses endiablées et des complaintes poignantes de la musique rom, du flamenco, du klezmer et d’autres traditions folkloriques, s’inscrivant dans la continuité directe de compositeurs comme Stravinsky, Janáček, Berio et Bartók qui partageaient les mêmes passions. Souvent pleine d’esprit et toujours haute en couleur, vibrant de rythmes terreux, la musique de David Bruce est d’une simplicité rarement entendue dans la musique contemporaine, mais offre aussi une qualité émotionnelle d’une intimité et d’une sensibilité saisissantes.

Le Carnegie Hall a été un fervent défenseur de sa musique, avec plusieurs commandes dont Gumboots pour clarinette et quatuor à cordes (2008), initialement pour Todd Palmer et le Quatuor à cordes Saint-Laurent. Le compositeur décrit sa pièce en ces termes : 

 Il existe un paradoxe dans la musique, et en fait dans tout art : le fait que des œuvres d’art enrichissantes ont été produites, voire inspirées par des conditions ancrées dans la tragédie, la brutalité et l’oppression. Un exemple célèbre en est le Quatuor pour la fin du Temps d’Olivier Messiaen, écrit alors qu’il se trouvait dans un camp de prisonniers de guerre. La danse gumboot porte cette caractéristique; elle est née des conditions de travail brutales en Afrique du Sud sous l’apartheid, où les mineurs noirs étaient enchaînés les uns aux autres et portaient des gumboots (bottes en caoutchouc) pour travailler dans les mines d’or inondées, parce que cela coûtait moins cher aux propriétaires de fournir les bottes que d’évacuer l’eau de la mine. Il semble que les travailleurs faisaient claquer les bottes et les chaînes pour communiquer, ce qui était interdit dans la mine, et cela s’est transformé plus tard en une forme de danse. À en juger par les exemples de danse gumboot disponibles en ligne, cette danse se caractérise par une vitalité et une joie de vivre extraordinaires. C’est donc un exemple saisissant, à mes yeux, de la manière dont quelque chose d’inspirant qui rend la vie plus belle peut naître d’une réalité beaucoup plus négative. Bien sûr, ce paradoxe a une explication beaucoup plus simple : la résilience de l’esprit humain. 

Mon Gumboots se compose de deux parties de longueur à peu près égale. La première est douce et lente, tantôt nostalgique, tantôt évoquant une sorte de tranquillité et de paix intérieures. La deuxième est tout à fait à l’opposé : elle se compose de cinq « danses gumboots » de plus en plus vives, souvent exubérantes et toujours pleines de vitalité. 

Cependant, bien qu’on retrouve certaines influences musicales africaines dans la musique, je ne pense pas que la pièce porte spécifiquement « sur » les interprètes de gumboot  : elle pourrait plutôt être considérée comme une célébration abstraite du pouvoir vivifiant de la danse, passant de l’introspection à la célébration. J’aime à penser, cependant, que l’arc émotionnel de la pièce, en particulier le vif contraste entre les deux parties, amènera l’auditoire à conjecturer une sorte de « sens » extérieur à la musique – la douceur de la première moitié devrait nous « hanter » tandis que nous apprécions l’agitation de la seconde; cette agitation elle-même devrait nous forcer à remettre en question ou à réévaluer le calme de la première moitié. Mais je m’aventurerais en terrain glissant si je tentais d’imposer une signification plus précise – le fait est que vous choisirez la signification et entendrez l’histoire qui vous conviennent, que je le veuille ou non. 

Notes de programme compilées et établies par Hannah Chan-Hartley (traduit de l’anglais)

Artistes

  • Avec Des membres de l’Orchestre du CNA
  • Violon Jessica Linnebach
  • Violon Emily Kruspe
  • Alto Carissa Klopoushak
  • Violoncelle Rachel Mercer
  • Clarinette/animateur Sean Rice