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Dernière mise à jour: 2 avril 2024
Bonsoir,
La présentation de ce soir est le fruit d’un précieux partenariat entre le Centre national des Arts et le Centre culturel coréen à Ottawa. Nous souhaitons les remercier chaleureusement, et souhaiter la bienvenue à la compagnie Jeon Misook, dont c’est la première visite à Ottawa.
Jeon Misook est une chorégraphe contemporaine absolument exceptionnelle qui s’inscrit dans la lignée des artistes en danse qui marquent le pays et le monde actuellement. Dans Bow, la chorégraphe s’inspire de la tradition du salut, de la révérence pour la déconstruire et tenter d’interpréter sa signification dans le monde actuel. Jeon Misook le fait agilement, finement et gracieusement avec des interprètes de grand talent qui poussent leurs limites et la technique d’une main de maître.
C’est un honneur de recevoir la compagnie, et ainsi de célébrer ces artistes sur scène et en coulisses.
Merci de vivre la danse avec nous!
La révérence est un signe de courtoisie courant. Mais que signifie-t-elle pour vous?
La révérence, salut traditionnel en Asie, est un signe de politesse et de bienséance. Pourtant, il arrive qu’elle cause des malentendus.
Dans Bow, on se demande si le simple acte d’incliner le buste est vraiment suffisant pour démontrer son respect. La Jeon Misook Dance Company nous présente la beauté de l’Asie et de la bienséance par le biais de cette salutation souvent utilisée au quotidien et nous montre tout l’attrait des espaces vides avec un regard moderne. Cette œuvre cherche à explorer le sens de la révérence dans la société et les questions qui s’y rapportent. La relation entre la personne qui fait ce geste et celle qui le reçoit est de nature verticale plutôt qu’horizontale. En public comme en privé, la révérence définit et confirme la relation qui existe entre deux personnes.
Si le lien n’est pas entretenu, ce salut devient un geste obligatoire pratiqué au nom de l’ordre social, qu’il soit sincère ou non. Cette œuvre est une remise en question de la sincérité derrière la révérence, que la société accepte tacitement comme un geste de courtoisie.
Pouvez-vous nous en dire plus sur votre parcours de chorégraphe et sur ce qui vous a poussée à fonder votre propre compagnie?
Je faisais partie de la compagnie de danse contemporaine TAM depuis 1981 en tant que danseuse et chorégraphe principale. J’ai aussi travaillé sur plusieurs chorégraphies et projets solos. En 1998, je me suis concentrée sur mes études en tant qu’artiste professionnelle à l’Université nationale des arts de Corée, pépinière de talents en danse. C’est durant cette période que la Jeon Misook Dance Company a vu le jour.
Comment décririez-vous la scène de la danse contemporaine en Corée du Sud, et quelles sont vos aspirations en tant que compagnie?
La scène de danse contemporaine coréenne est née dans les années 1960, principalement à l’Université pour femmes Ewha. Son essor a été rapide, et l’activité s’est centrée dans des groupes d’ex-universitaires. Ces 60 dernières années, la danse contemporaine coréenne s’est affirmée sur la scène internationale grâce à des échanges et des coopérations dans différents canaux et à des œuvres créées par des chorégraphes indépendants qui transcendent les frontières.
À la Jeon Misook Dance Company, nous explorons les tenants et aboutissants de la chorégraphie tout en étudiant le rôle de la danse dans l’art contemporain. Nous mettons l’accent sur le perfectionnement de la motricité physique qui constitue l’essence même et la nature de la danse. Nous voulons présenter des spectacles d’une grande qualité qui incarnent l’importance et la délicatesse de l’art contemporain pour autant de gens que possible.
Selon vous, qu’est-ce que la danse permet de véhiculer en tant que forme d’art?
La danse contemporaine – et l’art, par extension – est une exploration des façons dont nous pourrions exprimer les différents questionnements de la vie : le passage du temps, la culture et la transformation.
Nous visons une extension de la danse qui intègre l’esprit, la pensée, sans se limiter aux aspects physiques et techniques.
La compagnie présenteraBow au Centre national des Arts à Ottawa. Pouvez-vous nous en dire plus sur la raison pour laquelle vous avez choisi le thème de la révérence?
Longtemps, je me suis interrogée sur le rôle de la danse contemporaine. J’ai toujours voulu explorer des idées nouvelles, différentes et expérimentales par la chorégraphie.
Ensuite, je me suis penchée sur le concept d’une danse contemporaine qui serait simplement agréable à regarder.
En me concentrant sur l’aspect visuel, j’ai commencé à voir les gestes quotidiens différemment, ce qui m’a amenée à me demander à quoi ressemblent les salutations pour un public étranger.
Par cette œuvre, je voulais illustrer l’esthétique unique de la culture coréenne – notamment la beauté des couleurs et l’importance du vide, aux côtés du raisonnement derrière les différentes salutations. La singularité et les traditions de la culture coréenne peuvent ainsi être admirées par le biais de la danse contemporaine.
Est-il toujours important de faire la révérence aujourd’hui en Corée du Sud?
J’ignore à quel point la révérence aura de l’importance pour les générations futures comme les tendances changent rapidement. Cependant, je pense qu’à l’heure actuelle, ce geste exprime naturellement notre respect pour l’autre. Qu’on le reconnaisse ou non, il y a un attachement émotionnel derrière le fait de s’incliner en Corée, une façon de montrer qu’une relation est précieuse et spéciale.
Pouvez-vous nous en dire plus sur le processus créatif derrièreBow? Comment avez-vous créé les mouvements des danseurs et danseuses? Et que pensez-vous que les interprètes apportent à la chorégraphie?
La première étape du processus créatif a été d’observer les différentes salutations selon la personne avec qui l'on interagit, par exemple dans un cadre hiérarchique, et les vérités et faussetés contenues dans ces gestes et ces salutations. Quand on rend son salut à quelqu’un, comme quand on lève son verre par exemple.
Les danseurs et danseuses ont eu une énorme influence sur mon œuvre. La danse contemporaine ne se limite pas à la technique : elle s’intéresse au temps et à la profondeur des vies de chaque personne qui incarne l’œuvre dans son ensemble.
Que voudriez-vous que le public retienne de ce spectacle?
Je voudrais que le public apprécie le caractère unique de la culture coréenne, la beauté de la lumière, de la musique, des costumes, des accessoires et du vide. J’espère surtout que chaque personne saura interpréter à sa manière les différents messages contenus dans ces salutations.
Jeon Misook est titulaire d’un baccalauréat et d’une maîtrise de la Ewha Womans University, et a étudié à l’École de danse contemporaine de Londres. Depuis 1981, elle est chorégraphe et danseuse en résidence pour la compagnie de danse contemporaine TAM. En 1998, elle a créé la Jeon Misook Dance Company. Elle enseigne aussi la danse et la chorégraphie à la Korea National University of Arts.
Jeon Misook explore les structures et les compositions chorégraphiques délicates, la portée philosophique des thèmes, et les aspects comiques et ambigus de l’existence. Son approche expérimentale de la danse moderne est basée sur l’idée de la scène en tant qu’espace, une interprétation subtile et remarquable de la musique, et des chorégraphies d’une extrême logique. Les œuvres de la Jeon Misook Dance Company comprennent notamment : Bow (2014), Talk to Igor (2012), Amore Amore mio (2010), Stay there (2006), Are you happy to see me (2005), What’s going on (2005) et Adieu, My Love (2001). Elle a aussi participé au Festival de danse de Hollande 2020 (Pays-Bas), au Festival de danse Steps 2018 (Suisse), au festival de danse Jacob’s Pillow 2011 (É.-U.), au White Bird Festival 2011 (É.-U.) et au Festival Internacional Cervantino 2005 (Mexique).
Chorégraphe
Jeon Misook
Direction de repetition
Dongkyu Kim
Composition
Jaeduk Kim
Conception des éclairages
Jungwha Kim
Régie
Do Yup Lee
Conception des costumes
Insook Choi
Photographie
BAKI, Gunu Kim
Production
Jisoo Gook
Avec le soutien
de la Fondation coréenne pour les échanges culturels internationaux, Traveling Korean Arts, Ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme et du Centre culturel coréen au Canada.
Chef machinist
Charles Martin
Chef électricien
Éric Tessier
Électricien adjoint
Martin Racette
Chef accessoiriste
Michel Sanscartier
Ingénieur en chef du son
Doug Millar
Productrice générale
Caroline Ohrt
Productrice principale
Tina Legari
Directeur technique
Brian Britton
Coordonnatrice des projets spéciaux et adjointe de la productrice générale
Mireille Nicholas
Chargée de compagnies
Sophie Anka
Associée en éducation et artiste-enseignante
Siôned Watkins
Stratège, marketing
Marie-Chantale Labbé-Jacques
Stratège, communication
Alexandra Campeau
Alliance internationale des employés de scène et de théâtre