Montréal, 14 avril 1948
Paris, 7 mars 1983
Quand il a été assassiné dans son appartement parisien à 34 ans, le Québécois Claude Vivier était déjà largement reconnu comme l’un des plus brillants compositeurs que le Canada ait produits. Depuis, sa renommée a atteint des proportions quasi mythiques, et sa musique continue d’être jouée avec une régularité plutôt rare pour un compositeur contemporain. À la suite de l’annonce de la mort de Vivier, le critique et musicologue Harry Halbreich écrivit dans Harmonie-Panorama Musique : « Sa musique ne ressemble vraiment à aucune autre, et se situe tout à fait en marge de tous les courants. D’une expression directe et bouleversante, sa musique ne désorientait que les cœurs secs, incapables de classer ce marginal de génie. Claude Vivier avait trouvé ce que tant d’autres cherchaient et cherchent : le secret d’une véritable nouvelle simplicité. »
Claude Vivier a étudié la musique à Montréal, en Hollande, en France et en Allemagne. Épris des cultures asiatiques, il a effectué un séjour prolongé à Bali qui a profondément influencé sa musique. Une fascination pour le plain-chant, reliquat de ses racines catholiques, et les thèmes récurrents de la mort et de l’immortalité colorent aussi sa musique. Au moment de sa mort, Vivier travaillait à une œuvre chorale intitulée Glaubst du an die Unsterblichkeit der Seele? (« Crois-tu en l’immortalité de l’âme? »). Dans la préface qu’il a écrite pour la publication de la partition de Lonely Child, Jaco Mijnheer note : « La musique de Claude Vivier est une image réfléchie de sa vie intime. […] D’une manière implicite ou explicite, l’ignorance de ses origines, la recherche de sa mère, sa vocation religieuse, son homosexualité et même sa mort prématurée lui ont inspiré les thèmes de ses compositions. Les quarante-neuf œuvres qu’il a composées pendant sa courte carrière sont la production impressionnante d’un être passionné autant par la musique que par la vie. »
Lonely Child de Claude Vivier est une commande de la Société Radio-Canada. Composée en 1980, la pièce a été créée l’année suivante par l’Orchestre de chambre de la SRC à Vancouver et la soprano Marie-Danielle Parent, sous la direction du chef Serge Garant. La partition est dédiée à la chanteuse Louise André, professeure à l’Université de Montréal. Lonely Child est généralement considérée comme la première œuvre de maturité de Vivier. La composition de 20 minutes est parsemée de passages instrumentaux semblables dont elle tire son matériau mélodique.
Vivier a commencé par composer les parties instrumentales, auxquelles il a ensuite greffé les paroles. Le texte est surtout en français, mais puise aussi dans une langue inventée, inspirée du malais et d’autres langues que le compositeur parlait. Lonely Child est à la fois la première œuvre de maturité de Vivier et aussi la première composition où ce dernier utilise ses « couleurs », que Jaco Mijnheer décrit ainsi : « … des spectres harmoniques construits par l’addition de fréquences. Dans ces couleurs, qui dans ses compositions ultérieures contribueront à la personnalisation de son style, la distinction entre harmonie et timbre s’efface : les différents instruments sont à peine discernables séparément et se fondent dans le son de l’orchestre qui devient par là même un vaste instrument de couleurs. »
Le texte commence par « Bel enfant de la lumière dors […] toujours dors » et se termine par « Hors temps apparaît mon enfant, les étoiles au ciel brillent pour toi, Tazio, et t’aiment éternellement ». À travers ces paroles, on ne peut s’empêcher d’entendre la voix du compositeur qui s’adresse à l’enfant du titre. Vivier l’orphelin, l’enfant esseulé, l’âme perdue, semble, dans ses propres mots, chercher à « trouver cette voix de l’enfant solitaire voulant embrasser le monde de son amour candide – cette voix que tous entendent et veulent habiter éternellement. »
— Traduit d’après Robert Markow
Hambourg, 3 février 1809
Leipzig, 4 novembre 1847
L’impression d’aisance et de grâce naturelle qui s’en dégage et son poli ne laissent rien transparaître des efforts considérables que Mendelssohn investit dans la création de ce concerto immensément populaire. Il mit plus de cinq ans (1838–1844) à écrire cette dernière composition d’envergure, entretenant pendant cette longue gestation un échange de vues animé sur les détails architectoniques et techniques du concerto avec son dédicataire, le violoniste Ferdinand David (1810–1873). Lorsque Mendelssohn fut nommé chef de l’Orchestre de la Gewandhaus de Leipzig, il confia à David le poste de violon solo. À la création du concerto, le 13 mars 1845, David en était le soliste, bien entendu.
Formé dans la pure tradition classique, Mendelssohn n’en possédait pas moins une veine romantique qui se manifeste dans l’imagination poétique dont sa musique est imprégnée, et dans les libertés qu’il prend par rapport aux formes établies. Par exemple, il n’y a aucune introduction donnée par l’orchestre; le soliste expose le thème principal presque d’entrée de jeu. Les trois mouvements s’enchaînent d’un trait, sans aucune pause. Une cadence, qui devrait normalement apparaître vers la fin du premier mouvement d’un concerto, survient ici avant la reprise, plutôt qu’après.
On qualifie fréquemment ce concerto de « bien élevé », et nulle part ce terme n’est-il mieux choisi que pour décrire le calme ravissement et la beauté lyrique du thème principal du second mouvement. Un moment de douce mélancolie en la mineur est énoncé alors que les trompettes et les timbales ajoutent une touche d’agitation. Le thème principal revient ensuite à plusieurs reprises avec de légères variations, et un passage plein de tendresse, à nouveau en la mineur, mène au finale. Comme dans les deux mouvements précédents, le soliste donne la première exposition du thème principal, d’une légèreté et d’une gaieté délicates.
– Traduit d’après Robert Markow
Alexander Shelley a reçu le titre de directeur musical de l’Orchestre du CNA en septembre 2015. Depuis, l’ensemble a été qualifié de « transformé », « passionné », « ambitieux » et « déchaîné » (Ottawa Citizen), et classé parmi les plus audacieux en Amérique du Nord (magazine Maclean’s) pour sa programmation.
Champion de la création au Canada, Shelley a signé récemment le projet multimédia Réflexions sur la vie, INCONDITIONNEL et RENCONTR3S, une collaboration avec Danse CNA comportant trois nouveaux ballets d’envergure.
Shelley s’attache à cultiver les talents de la relève : il est notamment un ambassadeur d’OrKidstra, un programme de développement social qui, à travers la musique, aide les jeunes d’Ottawa à acquérir des compétences essentielles.
Alexander Shelley est également premier chef d’orchestre associé du Royal Philharmonic Orchestra de Londres, et directeur artistique et musical d’Artis-Naples et de l’Orchestre philharmonique de Naples en Floride (États-Unis). Il a dirigé l’Orchestre du CNA au printemps 2019 à l’occasion d’une tournée européenne très applaudie soulignant le 50e anniversaire de l’ensemble et, en 2017, dans le cadre d’une tournée aux quatre coins du Canada pour célébrer le 150e anniversaire du pays. Plus récemment, l’Orchestre a donné, sous sa baguette, son premier concert en 30 ans au Carnegie Hall de New York.
Shelley a fait paraître sept enregistrements avec l’Orchestre du CNA, dont Nouveaux Mondes (finaliste aux prix JUNO), Réflexions sur la vie, RENCONTR3S, Aux frontières de nos rêves, Les favoris des muses, Échos lyriques et Atmosphère et maestria sous l’étiquette montréalaise Analekta.
Le poste de directeur musical bénéficie du soutien d’Elinor Gill Ratcliffe, C.M., O.N.L., LL.D. (hc).
(1975-2020)
Née à Calgary (Alb.) et élevée à Vancouver (C.-B.), Erin Wall a étudié le piano à l’Académie de musique de Vancouver. Elle a poursuivi sa formation de chant à l’Université Western Washington, au Festival de musique d’Aspen (1998), à l’Université Rice, à la Music Academy of the West (2000) et au Lyric Opera (Centre d’opéra Ryan de Chicago).
Devenue une exceptionnelle soprano lyrique, Wall a eu une carrière internationale, se produisant avec les plus grands orchestres symphoniques et compagnies d’opéra du monde. Sa musicalité et sa polyvalence ont été saluées : elle interprétait un vaste répertoire opératique et de concert embrassant trois siècles d’histoire, fréquentant aussi bien Mozart et Beethoven que Britten et Strauss. À l’opéra, elle a tenu des rôles de premier plan avec des compagnies aussi prestigieuses que le Metropolitan Opera, la Compagnie d’opéra canadienne et le Lyric Opera de Chicago.
Après ses débuts avec l’Orchestre du CNA en 2007, Wall a été soliste à la création de Dear Life de Zosha Di Castri en 2015 et a été de la tournée européenne du 50e anniversaire de l’ensemble en 2019. Elle s’est produite au CNA, en 2010, dans la Symphonie no 8 de Mahler, qui occupait une place de choix dans sa carrière. Sa discographie comprend d’ailleurs un enregistrement de cette œuvre avec l’Orchestre symphonique de San Francisco (2009), sacré Meilleur album classique aux Prix GRAMMY® en 2010.
Remplie de gratitude à l’égard des mentors qui l’ont appuyée, Erin Wall a eu à cœur, tout au long de sa carrière, de donner au suivant en offrant son soutien aux musiciens et interprètes en devenir.
James Ehnes est un des violonistes les plus demandés au monde. Possédant une rare combinaison de virtuosité époustouflante, de lyrisme serein et de musicalité à toute épreuve, James Ehnes est un des invités préférés des chefs d’orchestre les plus respectés à l’international, comme Ashkenazy, Alsop, sir Andrew Davis, Denève, Elder, Ivan Fischer, Gardner, Paavo Järvi, Mena, Noseda, Robertson et Runnicles. La liste des orchestres ayant accompagné le violoniste est longue et comprend entre autres les Orchestres symphoniques de Boston, de Chicago, de Londres, de la NHK et de Vienne; les Orchestres philharmoniques de Los Angeles, de New York, de Munich et de la République tchèque; et les Orchestres de Cleveland, de Philadelphie, Philharmonia et DSO Berlin.
Parmi ses collaborations notoires récentes, on peut citer : l’Orchestre métropolitain avec Noseda au Carnegie Hall, l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig avec Shelley, l’Orchestre symphonique de San Francisco avec Janowski, l’Orchestre symphonique de la radio de Francfort avec Orozco-Estrada, l’Orchestre symphonique de Londres avec Harding, et l’Orchestre philharmonique de Munich avec van Zweden. Au printemps 2019, James Ehnes a également joué pour la première fois aux côtés de l’Orchestre philharmonique de Londres au Lincoln Center. À la saison 2019-2020, en tant qu’artiste résident à l’Orchestre symphonique de Dallas, James Ehnes a interprété le concerto d’Elgar avec Luisi, ainsi qu’un programme où il jouait et dirigeait et un programme de musique de chambre. En 2017, il a joué la première du concerto de violon d’Aaron-Jay Kernis avec les orchestres symphoniques de Toronto, Seattle et Dallas et a également interprété cette œuvre aux côtés du Deutsches Symphonie-Orchester et de l’Orchestre symphonique de Melbourne.
En plus de ses concertos, James Ehnes jongle avec un programme chargé de récitals. Il donne régulièrement des concerts au Wigmore Hall, au Carnegie Hall, au Symphony Center de Chicago, au Concertgebouw d’Amsterdam, au Ravinia, à Montreux, à Chaise-Dieu, au Festival des nuits blanches de Saint Pétersbourg, au Verbier Festival, et au Festival de Pâques à Aix. En 2018, il a réalisé une tournée de récitals en Extrême-Orient, s’arrêtant notamment à Hong Kong, Shanghai, Singapour et Kuala Lumpur. Dans le cadre de célébrations en l’honneur de Beethoven, James Ehnes a été invité à jouer l’intégralité du cycle des sonates du compositeur au Wigmore Hall pendant la saison 2019-2020. Il a également interprété ces sonates au Festival de musique de Dresde, au Festival du Printemps de Prague, au Concertgebouw d’Amsterdam, au Festival de musique d’Aspen (dans le cadre d’une résidence pluriannuelle) et au Festival Bravo Vail, pendant une semaine de résidence où il a également joué le concerto pour violon et le Triple concerto de Beethoven, en compagnie de Runnicles et de l’Orchestre symphonique de Dallas. En 2016, pour célébrer son 40e anniversaire, James Ehnes a organisé une tournée au Canada, se produisant dans chaque province et chaque territoire.
En tant que musicien de chambre, il a collaboré avec des artistes de renom comme Andsnes, Capuçon, Lortie, Lugansky, Yo-Yo Ma, Tamestit, Vogler et Yuja Wang. En 2010, il a fondé officiellement le Ehnes Quartet; l’ensemble s’est produit en Europe, entre autres au Wigmore Hall, à l’Auditorium du Louvre de Paris et au Théâtre du Jeu de Paume à Aix. James Ehnes est également le directeur artistique de la Société de musique de chambre de Seattle.
James Ehnes a remporté de nombreux prix pour sa riche discographie, dont un prix Grammy (2019) pour son enregistrement en direct du concerto pour violon d’Aaron Jay Kernis, avec l’Orchestre symphonique de Seattle et Ludovic Morlot, et un prix Gramophone pour son enregistrement en direct du concerto d’Elgar avec l’Orchestre Philharmonia et sir Andrew Davis. Il a également reçu le prix Grammy de la meilleure interprétation de soliste et le prix Juno de l’album classique de l’année pour son interprétation des concertos pour violon de Korngold, Barber et Walton. Ses enregistrements des caprices de Paganini sont universellement encensés. Selon Diapason, l’album confirme les prédictions d’Erick Friedman, l’éminent élève d’Heifetz, selon lequel « on ne rencontre des personnes de cette trempe qu’une fois tous les cent ans ». Parmi les parutions récentes d’Ehnes, on retrouve des sonates de Beethoven, Debussy, Elgar et Respighi; des concertos de Walton, Britten, Chostakovitch, Prokofiev et Strauss; et le concerto pour violon de Beethoven, enregistré en compagnie d’Andrew Manze et de l’Orchestre philharmonique royal de Liverpool et publié en octobre 2017 (Onyx Classics).
James Ehnes se met au violon à l’âge de cinq ans. À neuf ans, il devient le protégé de Francis Chaplin et, à treize, il fait ses débuts avec l’Orchestre symphonique de Montréal. Il poursuit sa formation auprès de Sally Thomas à l’École de musique de Meadowmount, puis à l’École Juilliard, dont il sort en 1997 avec le Prix Peter-Menning en reconnaissance de ses réalisations exceptionnelles et de son leadership en musique. Il est membre de la Société royale du Canada et, depuis 2010, Membre de l’Ordre du Canada. En 2017, James Ehnes a remporté un prix de la Royal Philharmonic Society dans la catégorie instrumentiste.