≈ 1 heure · Sans entracte
Dernière mise à jour: 17 octobre 2018
J’ai l’immense privilège de vous entraîner dans un univers animé par des danseurs brillants et novateurs qui s’inspirent de sources variées et œuvrent dans toute une gamme de styles différents. J’ai à cœur de présenter à Ottawa les meilleures compagnies de danse du monde et j’espère que vous me suivrez tout au long de cette incursion extraordinaire au cœur de la vie en mouvement!
Paul-André Fortier repousse les limites de l’art chorégraphique depuis le début de sa longue et influente carrière. En collaboration avec des visualistes, des artistes de théâtre, des compositeurs et d’autres artistes de danse, il captive et fait réfléchir ses auditoires depuis 40 ans. Dans sa dernière œuvre, Solo 70, son désir d’enflammer le cœur et l’imagination se révèle aussi vif que jamais.
Quelques faits intéressants :
Paul-André a amorcé sa carrière dans les années 1970 au sein du Groupe Nouvelle Aire, où il a interprété les premières œuvres d’Édouard Lock et de Daniel Léveillé.
Son Solo 30x30, qu’il interprétait à l’extérieur, beau temps mauvais temps, a été présenté dans 15 villes du monde.
Il a reçu de nombreuses distinctions, dont le Prix de la réalisation artistique (2012) remis par le gouverneur général du Canada.
À ce qu’il paraît, il est aussi très doué pour la cuisine!
C’est sans retenue que je me suis fait plaisir avec cet ultime solo en m’entourant d’artistes et de collaborateurs dont j’admire profondément le travail. Nous avons mis deux ans à construire ce spectacle, deux années lumineuses de recherche, de travail, de dialogue et d’échanges. Au fil d’arrivée, nous avons pris la mesure de la richesse de ce que nous nous étions apporté les uns aux autres. Nos rapports ont été somptueux et on en retrouve le tissu en filigrane dans l’œuvre proposée.
J’avais un grand désir de guitare électrique; Jackie Gallant a su combler admirablement mon souhait et je lui en suis très reconnaissant. N’étant pas comédien moi-même, j’ai choisi Étienne Pilon pour dire ce que je ne pouvais pas dire. Son immense talent, sa justesse et sa générosité me confondent. Et pour la première fois en 40 ans de carrière, j’ai créé un spectacle en tandem avec un autre créateur. Étienne Lepage, auteur dramatique, a écrit les textes et il s’est vite imposé comme coauteur du spectacle. Le risque et l’aventure en valaient la peine. La présence de l’artiste Marc Séguin à la scénographie m’a rassuré et inspiré pendant tout ce parcours. Jock Munro, Denis Lavoie, Ginelle Chagnon, Karyne Doucet-Larouche et Jean-François Gagnon, collaborateurs de longue date, se sont montrés de parfaits complices une fois de plus.
Cette œuvre vient clore un chapitre important de ma vie : ma compagnie, Fortier Danse-Création, fermera ses portes fin décembre 2018, après 40 années excitantes de création et de diffusion. Merci à tous mes collaborateurs et au public qui a suivi mon parcours.
« Voici un homme qui a dansé, et qui danse toujours. Un corps qui a vécu et qui persiste, une esthétique formelle, une aura presque mythologique, une expérience qu’on ne saurait lui enlever sans lui arracher la peau.
Il demande à des plus jeunes d’entrer dans son monde. Un auteur, un acteur, une guitariste punk, et d’autres encore. Il leur demande de l’accompagner, de le nourrir, mais aussi de le mettre au défi, de le pousser dans l’inconnu, et peut-être même pire.
Parce que le monde change. Et lui comme le reste. Ses styles, ses goûts, mais aussi ses questions, ses préoccupations. Et pour répondre, il faut parler, bouger, chanter, se débattre, suer. Danser, évidemment. Encore danser. Toujours déjà. Comme si c’était la première fois. Comme si c’était la dernière fois.
Leur rencontre laisse présager des heurts troublants, mais aussi d’étonnants points de contact. Un clash de conventions et de langages à la recherche d’un but commun.
Ne cherchez ici ni rétrospective, ni exégèse. Seul un désir increvable que la création et ses conventions bougent comme le temps, qu’elles ne laissent derrière elles que le présent qui brûle. »
Fortier Danse-Création est une compagnie de danse fondée en 1981, dont le mandat est de soutenir la création, la production et la diffusion des œuvres de Paul-André Fortier. Par ses qualités de créateur, d’interprète et de pédagogue, Paul-André Fortier est considéré comme l’un des chefs de file de la danse contemporaine canadienne et québécoise. Son œuvre, marquée par le renouvellement et le désir de dépassement, comprend tant des solos, des pièces de groupes que des propositions in situ. Son travail, reconnu à l’international, a été présenté dans une dizaine de pays.
En 2010, Paul-André Fortier a été nommé Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres par la France et a reçu, en 2012, le prix du Gouverneur général pour l’ensemble de sa carrière, ainsi qu’une nomination au sein de l’Ordre du Canada. Il est devenu membre en 2018 de l’Ordre national du Québec.
Paul-André Fortier est né à la danse dans les années 70 au cœur même de l’une des aventures chorégraphiques les plus novatrices du Québec et du Canada, celle du Groupe Nouvelle Aire où se sont retrouvées les personnalités créatrices les plus marquantes qui, avec lui, ont bâti la renommée de la danse québécoise des années 80 jusqu’à aujourd’hui.
Rappelons qu’avant même de chorégraphier, il s’est distingué immédiatement comme danseur. Danseur « naturel » – comme on appelait à l’époque ceux qui savaient danser sans l’avoir appris–, élégant, racé et raffiné, interprète à la forte présence scénique, qui est devenu rapidement une figure incontournable de la scène chorégraphique montréalaise puis canadienne et l’est resté. Il a été de tous les projets novateurs de cette période, ceux de ses maîtres (Martine Époque, mais surtout Françoise Sullivan qu’il appelle sa « mère artistique »), ceux de ses pairs qui, comme lui, commencent à créer (Édouard Lock et Daniel Léveillé, entre autres).
Son parcours de chorégraphe fut d’emblée significatif dans le paysage de la danse. Significatif par « l’invention » de propositions nouvelles tant dans leur forme que dans le contenu (si tant est que l’on puisse dissocier l’un de l’autre), à l’écart de la tradition ou des modes convenues. Il est le précurseur, très tôt reconnu par ses pairs, d’une théâtralité chorégraphique qui affichait haut et fort les tensions du monde contemporain dans une forme drue, exigeante et rigoureuse. Il est ainsi l’un des premiers de cette période à avoir tracé la voie d’une danse libérée des formes du passé qui fit ensuite les beaux jours de toute une génération de chorégraphes ouverte à la modernité et au risque créateur.
Et ce risque, il a toujours su le prendre lui-même. Fortier, en effet, n’est pas un chorégraphe de recettes mais bien un « aventurier » de l’art (au sens noble du terme), pour qui créer est toujours un pas dans l’inconnu. Après une danse-théâtre branchée sur le monde et qui a profondément marqué l’imaginaire et la pratique chorégraphique québécoise des années 80, il a tenté, de façon magistrale, l’aventure du solo, avec une trilogie* à laquelle s’est jointe, par deux fois, Madame Betty Goodwin. À partir de cette rencontre d’univers formels et symboliques riches, le chorégraphe-interprète a renoué avec la matière même de la danse, le mouvement, qu’il portera à son apogée notamment dans Tensions et Lumière.
Toujours attentif à ce qui se passe en art aujourd’hui, notamment l’avènement du multimédia et des nouvelles technologies, le chorégraphe n’a pas cédé aveuglément aux caprices de l’époque, à la vague du « tout technologique », au contraire, il en a mesuré la portée symbolique et esthétique, déjà pour Tensions puis pour Spirale, une chorégraphie pour douze danseurs créée pour le Ballet de Lorraine à Nancy.
En 2006, il avait relancé les dés pour le projet Solo 30X30 qui a tenu de l’épreuve initiatique, de la performance et de l’exploit. Ce travail hors les murs l’a mené de Londres à Rome, en passant par Nancy, Ottawa, Montréal, Bolzano, Yamaguchi, Newcastle, Lyon, Vancouver, Liège, New York, Lorient et Paris. Ce rituel accompli par tous les temps pendant 30 jours pour des passants qui s’arrêteront ou non est une action d’humilité qui, personnellement, me confond. De plus, cette expérience unique a inspiré de nombreux artistes des pays visités : des vidéastes, des photographes, des compositeurs et, en 2011, des écrivains lors du Festival international de la littérature de Montréal.
Depuis ses premiers solos, Paul-André Fortier a privilégié des collaborations avec d’autres créateurs majeurs, entre autres l’artiste visuel Pierre Bruneau, le compositeur Alain Thibault, le plasticien japonais Takao Minami, le concepteur d’éclairage John Munro, le cinéaste Robert Morin et le performeur écrivain Rober Racine. Les trois derniers ont d’ailleurs fait partie du projet Cabane présenté en première au Festival TransAmériques (FTA) en 2008, puis en tournée au Canada et en Europe. Puis ce sera la création de Vertiges en 2012, un duo insolite et poignant avec le violoniste improvisateur et compositeur Malcolm Goldstein : deux hommes, artistes de maturité, partageant leur chemin de création. Ce duo improbable sera suivi de Misfit Blues (FTA 2014), œuvre loufoque, un rien déjantée et grinçante qui renoue avec une certaine théâtralité, créée et dansée avec la chorégraphe interprète Robin Poitras dans une scénographie de Edward Poitras.
Presque 40 ans depuis Derrière la porte un mur, plus de 50 chorégraphies. Paul-André aujourd’hui se fait passeur, s’inquiète du patrimoine, du legs aux générations futures. Il remonte Bras de Plomb avec Simon Courchel, lui offre 15 X LA NUIT, sorte de version nocturne de Solo 30x30. Il danse dans le projet Pluton 2 un solo de Frédérick Gravel. Il s’implique dans la réalisation et la publication du Testament artistique destiné à la communauté de la danse, mais ne lâche pas la création. En devenir, des projets pour ses 70 ans. À suivre…
Michèle Febvre
Étienne Lepage est auteur dramatique, scénariste, traducteur et créateur transdisciplinaire. Son travail est présenté un peu partout en Amérique du Nord et en Europe. Parmi ses nombreuses créations, notons Rouge Gueule, L'Enclos de l'éléphant, Ainsi parlait... et Histoires pour faire des cauchemars, qui, par leur étonnante richesse et diversité de genre, ont su dévoiler son talent immense. Il collabore à plusieurs reprises avec la metteure en scène Catherine Vidal, notamment pour Robin et Marion, adaptation d’une pastorale, présentée en 2012 au Théâtre d’Aujourd’hui. Il est de ceux qui font confiance en l'intelligence des enfants, en leur capacité à développer un rapport riche face à une matière problématique.
Jackie Gallant est une musicienne, vidéaste et conceptrice qui crée, improvise et se produit sur scène dans les milieux de la danse, de la vidéo et du cinéma. Elle a commencé sa carrière musicale en tant que batteuse pour différents groupes de rock montréalais. Elle a depuis tourné à l’échelle nationale et internationale avec La La La Human Steps et Lesbians on Ecstasy. À titre de conceptrice sonore et compositrice, elle a notamment collaboré avec les comédiennes et metteures en scène Marie Brassard et Brigitte Poupart, les artistes vidéo Nelson Henricks, Nikki Forrest et Dayna McLeod ainsi que les chorégraphes George Stamos, Sarah Williams et Karen Fennell. À l’automne 2015, elle a composé, mis en scène et interprété POD~The musical au festival montréalais Phénomena. Elle a également créé la pièce multimédia The King of Pop au printemps 2016. Elle a participé à des projets de Fortier DanseCréation (Trois et Solo 70) et Helen Simard (Idiot et Requiem Pop) en tant que compositrice et interprète. Elle a été du projet collaboratif 100 Years, album-concept du duo Home Alone (avec le musicien Yan Basque). En 2021, elle a collaboré avec les artistes vidéo Midi Onodera et Sonya Stefan.
Alliance internationale des employés de scène et de théâtre