Le saxophoniste ténor et compositeur Michael Webster réussit sans peine à conserver sa place au sommet de la musique d’improvisation instrumentale new-yorkaise tout en demeurant éclectique et sincère à sa façon. À l’instar de ses confrères Dave Douglas et Vijay Iyer, Webster n’est pas un simple musicien, mais un facilitateur de collaborations musicales qui, dans leur ensemble, sont supérieures à la somme de leurs parties. Il ne se contente pas seulement de jouer son instrument, mais adapte son interprétation à sa formation.

Cette année marque le lancement du deuxième album solo de Webster, Momentus. Son premier album, Leading Lines, a reçu de nombreux éloges en raison de l’interprétation sophistiquée du matériel accessible qui le compose. « Les arrangements sont exquis », a écrit le pianiste Garry Dial. « L’utilisation des cordes, des bois et des cuivres évoquent le génie de Gil Evans et de Maria Schneider. » Webster est connu pour son amour de la musique afro-latine et ses nombreuses collaborations avec certains des plus brillants représentants de ce courant, y compris William Cepeda, Arturo O’Farrill et John Benitez, et leur influence était palpable à ses débuts.

Tirant parti de l’expérience qu’a acquise l’artiste au cours des dernières années, Momentus présente des éléments qui définissent le style personnel de Webster. L’album évolue, commençant avec le genre musical caractéristique de Leading Lines avant de se lancer dans des narrations procédant du courant de la conscience et dans d’ambitieuses et interminables explorations.

Webster s’exécute avec agilité, jouant avec les textures et les arrangements que lui permet sa formation inhabituelle de six instrumentistes, notamment composée de la trompettiste Ingrid Jensen et du vibraphoniste Chris Dingman. Ce qui séduira à la fois les auditeurs dilettantes et les critiques, cependant, c’est la force et la clarté du matériel thématique de cet album. L’un des aspects centraux de l’œuvre de Webster, qui en plus de se transcender dans ses arrangements lui confère un caractère universel et entraîne une véritable catharsis, c’est la sensation que la mélodie jouit d’une primauté absolue.

Webster habite à Brooklyn, New York, et continue de composer, de se donner en spectacle et de faire des tournées aussi bien avec ses propres groupes qu’à titre de collaborateur.