Del Barber, 28 ans, guitariste et auteur-compositeur, est fils de conscrit déserteur de l’armée américaine. Il a grandi dans le sud du Manitoba, à cheval entre ville et campagne. Ses héros maniaient le bâton de hockey et la canne à pêche. Un beau matin, à 19 ans, il s’est levé avec une seule idée en tête : courir. Il lui fallait à tout prix étancher cette soif de découverte, et c’est par train, par autobus, sur les routes et les chemins de travers qu’il a répondu à l’appel du large. Il a troqué ses héros athlétiques contre des écrivains disparus prématurément. Il a arpenté le continent sur les traces de Jack Kerouac, faisant mille et un boulots en chemin. Il a planté des arbres dans le nord de la Colombie-Britannique, servi le petit-déjeuner en Georgie, servi de chauffeur à des toxicomanes assignés à comparaître à Winnipeg. Il a été guide de montagne, concierge, travailleur de la construction, ouvrier jardinier, paysagiste, agriculteur, conseiller, fabricant de glace, aide-enseignant, chauffeur, couvreur, pêcheur, alouette – dans 15 États et 8 provinces.

Son album Headwaters sonde essentiellement les sources des désirs et aborde la liberté que l’on obtient en comprenant en quoi ces sources influencent nos parcours. Aucune rivière ne saurait dévier de sa source pour suivre un autre cours que celui qui lui est tracé, pas plus que nous pouvons changer le cours de nos histoires ou échapper à l’influence qu’elles ont sur nous. Headwaters, le troisième album de Del en quatre ans, est un recueil de paraboles, d’hymnes et de manifestes, d’histoires d’amour et de perte, de chagrins et de joies, convergeant tous vers une même quête de la source ultime.

Alternant entre rimes et prédication, Del sait qu’il est fait pour cette vie. Si les aéroports et les festivals font maintenant partie de sa vie et qu’il côtoie agents, diffuseurs et administrateurs, il n’en conserve pas moins comme instruments de travail un tableau de bord, une radio, sa guitare et un crayon.