The Party, produit par Arts & Crafts, est le premier album de cet auteur-compositeur canadien élevé dans une petite ville de la Saskatchewan.
Les personnages maladroits arrivent tôt à la fête (« Early to the Party ») et s’efforcent de ne rien révéler à leur sujet (« The Magician ») ou, au contraire, dévoilent des secrets bouleversants (« To You »). Dans une « ville de la taille d’une assiette », tout le monde connaît le gars qui s’est écroulé après avoir fumé ce qu’il jurait être son dernier paquet de cigarettes (« Alexander All Alone »). La fille qui danse seule, sans se soucier du regard des autres, en plein milieu de la pièce, alors que tout le monde l’observe (« The Eyes of Them All »). Un instant, on danse avec quelqu’un qui ressemble bien trop à une ancienne flamme (« Martha Sways »), et le suivant, on dit du mal de son meilleur ami pour se faire aimer de la fille qu’il vient de laisser (« Quite Like You »).
Est-ce que tout ça s’est réellement passé dans la même soirée? C’est le cas, dans ces trente-huit minutes soigneusement narrées, portées par des arrangements sophistiqués de guitare distordue, d’instants où les cordes sont en vedette, de clarinettes et de synthétiseurs drapés sur un piano délicat, des guitares acoustiques et de douces percussions.
Pour son précédent disque, The Bearer of Bad News, Shauf avait choisi 11 chansons sur un total initial de 100, ne laissant la place qu’à la crème de la crème. Pas étonnant qu’il ait attiré l’attention. Cette fois-ci, plus vieux, plus sage et ayant en tête une vision et d’un scénario plus nets, le multi-instrumentiste et maître de la subtilité s’est concentré sur 15 chansons, 10 desquelles figurent sur l’album autoproduit.L’enregistrement débute avec un groupe, en Allemagne, au début de 2014, mais Shauf, qui réécrit et réarrange constamment ses chansons, les étoffant pour finalement les réduire à leur plus simple expression, décide de recommencer à zéro à la maison, à Regina. Il s’installe à Studio One, situé dans un ancien immeuble de la SRC, et est laissé à lui-même. Il joue tous les instruments, à l’exception des instruments à cordes, laissés aux bons soins de Colin Nealis.
The Party n’est pas réellement un album-concept, mais il s’agissait d’une façon pour l’auteur-compositeur de sortir de sa propre tête. Un disque qui se veut la suite de la fête, si l’on veut. Un disque pour la gueule de bois du lendemain, lorsque seules les chansons de Shauf peuvent représenter les scénarios chargés d’émotions qui se sont déroulés la veille.
Shauf n’a aucun regret après la fête de The Party... même si les personnages que l’on y rencontre en ont plus d’un.