de Marilyn Dumont
traduit par Jean Marc Dalpé
Le poème « Letter to Sir John A. Macdonald » est paru dans A Really Good Brown Girl (Brick Books, 2015 [1996]). Il est repris et traduit ici avec l’aimable autorisation de l’éditeur et de l’auteure.
Cher John : je suis toujours ici et sang-mêlé,
après toutes ces années,
toi t’es mort, c’est drôle,
le chemin de fer que tu voulais tellement,
l’année passée on parlait
de le fermer
et on en a fermé un bout,
le train pour les passagers,
« d’un océan à l’autre »,
et tu sais, John,
après avoir été tant barouettés pour faire plaisir aux colons,
nous sommes toujours ici et Métis.
Nous sommes toujours ici
après le lac Meech et
un-maudit-pas-bon-de-sauvage
qui-a-empêché-le-départ-du-train,
qui a retardé « les syllabes des cabanes / les noms communs de la colonisation… /
les rails de la syntaxe [et) ] / la longue phrase de son exploitation »
et John,
ton ostie de chemin de fer n’a jamais réussi à faire de ce pays une belle et grande nation,
parce que ton chemin de fer a été fermé
et le pays continue à se chamailler à propos d’unité,
et Riel est mort
mais il n’arrête pas de revenir à tout bout de champ
avec chaque nouveau Bill Wilson qui élève la voix même quand ce n’est pas à son tour
ni à mode
parce que tu sais aussi bien que moi
que nous avons tous été dupés
pour des rails de fer qui n’ont pas duré
pour des nouveaux arrivants qui n’y sont pas arrivés
et c’est drôle nous sommes toujours ici et nous nommons encore les sangs-mêlés.