Ode à Duain Wolfe

© Todd Rosenberg

Duain Wolfe, chef de chœur  lauréat d'un prix Grammy, dirige le Chicago Symphony Chorus. Depuis plusieurs années, lorsque l'Orchestre du CNA a besoin d'un grand chœur pour un concert, Duain prend l'avion pour venir préparer les choristes. Il nous fait travailler jusqu'à l'épuisement, mais nous, les choristes, on adore ça!

Samedi et dimanche après-midi, nous étions 150 dans la salle de répétition B—une sorte de caverne qui a un peu la même configuration que la scène de la salle Southam—à répéter avec Duain la Neuvième Symphonie de Beethoven, le célèbre Hymne à la joie,  en vue du concert que nous allons donner ce soire.

 Il est bien connu que cette œuvre est difficile pour les chanteurs : dans une même phrase, par exemple, les notes passent d'un extrême à l'autre du registre ténor, au point que cela en devient presque aberrant. Quant à nous, les altos, Beethoven nous fait tenir de manière soutenue un mi aigu; la note est déjà assez haute, mais le plus difficile, c'est de la chanter pianissimo et de la conserver pendant plusieurs mesures.  Et tous les choristes doivent déployer énormément d'énergie dans la fugue et dans le finale qui file à toute allure, comme un train roulant à pleine vapeur.

Dans tout ça, il ne faut pas oublier le phrasé et les lignes vocales, ainsi que l'esprit de joie et de fraternité que doit exprimer la musique. Mais Duain sait nous guider avec la passion qui le caractérise.

Par ailleurs, il nous pointe  les innombrables nuances et subtilités contenues dans chaque mesure, jusqu'à la moindre consonne. 

Là aussi, il met toute sa passion.

C'est sûr que l'on prononce le « t » sur le demi-soupir, mais il faut bien faire attention de placer le bout de la langue plus vers l'avant de la bouche pour que le « t » soit plus sonore.

Oui, l'ensemble était bon dans le passage « Alle Menschen », mais il faut vraiment chanter le double « l » dans le mot « Alle »; il faut que le « l » soit sonore.

Il insiste pour que l'on prononce à la perfection le mot « stürzt » (avez-vous compté le nombre de consonnes dans ce mot?), tout en séparant nettement le « st » final de « stürzt » de la première lettre (« n ») du prochain mot, « nieder », sans oublier que le mot « stürzt » est chanté sur une note extrêmement brève.

Voilà le genre de détails que l'oreille très fine de Duain peut entendre.  Le travail de préparation qu'il a fait avec nous a amélioré considérablement notre façon de chanter et j'espère—si vous assistez au concert ce soir—que, vous aussi, vous le remarquerez. 


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