Le Lac des cygnes, spectacle du Ballet national du Canada : le chorégraphe James Kudelka insuffle une vie nouvelle, profonde et complexe dans un ballet classique du XIXe siècle. Toutes les représentations sont accompagnées par l'Orchestre du CNA.
Tout en conservant le caractère essentiellement merveilleux des personnages du Lac des cygnes, James Kudelka propose une interprétation personnelle de ce ballet en faisant ressortir une multitude d'idées qui interpellent et qui fascinent. Sa version du Lac des cygnes s'écarte à bien des égards de la classique histoire amour entre un prince et une reine des cygnes. Le chorégraphe ajoute au scénario de nombreuses rivalités sexuelles et une complexité psychologique sombre, tandis que la violence manifeste sournoisement sa présence et que l'apparente infidélité du héros entraîne une quasi‑apocalypse. Paula Citron a fait le commentaire suivant dans le Globe and Mail au sujet du ballet : « une œuvre radicalement différente [...] qui n'a pas fini de fasciner ».
Kudelka se décrit lui-même comme « un observateur consciencieux » dont les chorégraphies sont des méditations sur les thèmes inépuisables de l'amour, du sexe et de la mort. Sa version du Lac des cygnes débute par un prologue inédit, dans lequel on découvre la figure imposante du sorcier maléfique Rothbart (pourvu d'énormes ailes, tel un ange exterminateur). Le prince Siegfried, le héros de l'histoire, est l'héritier d'un royaume troublé qui sombre dans la décadence. Au premier acte, des chasseurs exécutent une version de la célèbre valse du Lac des cygnes, techniquement exigeante et débordant de testostérone. À la fin de l’acte, les hommes s'en prennent violemment à la seule interprète féminine de ce numéro, une servante. Dans le cas de l’histoire d'amour principale, Kudelka insiste sur le fait qu'Odette, le cygne blanc, est un simple volatile et non pas une véritable princesse victime d'un sortilège. Kudelka propose une autre innovation sous la forme d'une violente inondation qui engloutit la cour et ses mœurs brutales. C'est une scène merveilleuse sur le plan visuel où d'immenses pièces de tissu se déroulent sur la scène en vagues déferlantes pour créer l'impression de masses d'eau bouillonnantes. Tandis que les vagues se retirent, on découvre dans le lointain les ruines du château et le lac sur lequel flottent tranquillement les sinistres cygnes noirs (les servantes de Rothbart).
James Kudelka a été directeur artistique du Ballet national du Canada de 1996 à 2005, poste qu'il a quitté ensuite pour ouvrir une boulangerie dans le sud de l'Ontario. Plus récemment, il a collaboré avec le Ballet British Columbia et il a été chorégraphe en résidence de Coleman-Lemieux & Compagnie, à Toronto. Le Ballet national du Canada présente, au cours de sa saison 2013-2014, la première d'une nouvelle chorégraphie de Kudelka – sa première création pour le BNC depuis son départ – ainsi que ses versions de Cendrillon, de Casse-Noisette et du Lac des cygnes. Au cours de son mandat au Ballet national du Canada, James Kudelka a revisité les grands ballets classiques narratifs à l'intention des auditoires contemporains et l’abondant répertoire qu'il laisse derrière lui en fait sans conteste le plus célèbre chorégraphe de ballet classique du Canada. « Nous avons un énorme catalogue de ses œuvres, confirme la directrice artistique Karen Kain. Les versions de ballets classiques qu'il a signées sont assez nombreuses pour servir de pole central à nos saisons futures et pour donner à des générations de danseurs l'occasion se mesurer à ces productions. »
Pour ceux qui préfèreraient une version plus légère du ballet, voici un extrait vidéo du Lac des cygnes interprété par la distribution entièrement masculine de la Compañía Cómica Ballet con Humor de Buenos Aires : http://www.youtube.com/watch?v=mQ8OQcg6OAo
Le Ballet national du Canada présente Le Lac des cygnes à la salle Southam le jeudi 30 et le vendredi 31 janvier, ainsi que le samedi 1er février, à 20 heures.