Entrevue avec Yaniv Dinur, ancien participant au Programme de direction d’orchestre de l’IEM

Yanif Dinur © Photo par Fred Cattroll

Nous sommes très heureux de vous présenter l’entrevue ci-dessous qu’a menée la blogueuse Pamela Hickman* (PH) avec Yaniv Dinur (YD), ancien participant au Programme de direction d’orchestre de l’Institut estival de musique. Yaniv Dinur y décrit en détail et en termes flatteurs l’expérience qu’il a acquise aux éditions 2005 et 2006 de l’Institut et la formation qu’il a reçue par la suite à l’Université du Michigan auprès du directeur du Programme de direction d’orchestre de l’Institut, Kenneth Kiesler.

PH : Vous êtes allé aux États-Unis en 2007 pour parfaire votre formation. Qu’est-ce qui a motivé cette décision?

YD : Deux années auparavant, j’étais allé au Canada, avec le soutien de la Fondation culturelle Amérique-Israël et de son chef de la direction Gideon Paz, pour prendre part à l’Institut estival de musique à Ottawa. Ce programme, qui offre aussi des leçons aux instrumentistes à cordes et de l’encadrement en musique de chambre, est dirigé par Pinchas Zukerman. Et il y a là un merveilleux orchestre – l’Orchestre du Centre national des Arts. Cette année-là, le volet Direction d’orchestre a connu beaucoup de succès, avec à sa tête le chef finlandais Jorma Panula. Zukerman m’a invité à revenir à l’édition suivante du programme, qui était dirigée cette fois par l’Américain Kenneth Kiesler, professeur à l’Université du Michigan. Au terme de l’atelier de 2007 sous sa supervision, j’ai décidé de suivre Kiesler et d’aller étudier avec lui au Michigan. J’y ai passé trois ans, au cours desquelles j’ai terminé mon doctorat en direction d’orchestre. Le programme d’études lui-même a surpassé toutes mes attentes, mais il ne m’a pas été facile de m’ajuster à l’approche de Kiesler. Ma carrière progressait très bien et j’avais déjà acquis beaucoup d’expérience comme chef pour mon âge. J’avais dirigé l’Israel Camerata Jerusalem à 19 ans, devenant ainsi le plus jeune chef à diriger un orchestre en Israël. J’avais aussi dirigé de nombreux orchestres un peu partout en Europe – au Portugal, en Russie, en Italie et en Irlande. J’avais remporté en 2005 le premier prix Yuri Ahronovitch au Aviv Conducting Competition en Israël. Il est permis de dire que j’étais un tantinet arrogant à mon arrivée à Ottawa – j’avais de l’expérience comme chef et le milieu de la direction d’orchestre m’était familier. Mais Kiesler a entrepris de m’enseigner de nouvelles choses, des choses qui sortaient du cadre auquel j’étais habitué, et il m’a fallu un moment pour m’ouvrir à cette nouvelle expérience. C’est là pourtant que j’ai découvert des facettes de la profession qui m’étaient jusque-là étrangères. L’approche de Kiesler a décidément changé ma façon de penser.

PH : Pouvez-nous préciser en quoi?

YD : Oui. L’aspect le plus fondamental pour lui est cette idée que le chef doit être l’expression visuelle de la musique. Cela veut dire que le plus petit détail a son importance… au point où la gestuelle pour une pièce en do majeur sera différente d’une autre en mi bémol majeur. C’est là un aspect crucial, qui a un effet direct sur les musiciens de l’orchestre et, par conséquent, sur la sonorité de leur jeu. Nul besoin de grands gestes emphatiques pour obtenir de l’orchestre un son forte. Tout est dans l’intensité des mouvements. Si les cors jouent à la quinte, ma gestuelle sera différente que s’ils jouent à la quarte. En d’autres mots, toute la gestuelle du chef doit être adaptée selon la pièce. La grande question est de savoir comment on s’y prend. Il faut développer un langage corporel hautement expressif et arriver au stade où l’on n’a plus besoin de « planifier » chaque mouvement. Kiesler m’a donné ce conseil : « Tu dois te montrer vulnérable face à la musique. » C’est une idée splendide, mais la formuler c’est une chose; la mettre en pratique c’en est une autre. Je pense bien n’y être parvenu personnellement que tout récemment : oublier tout et me libérer pour laisser la musique exercer sur moi son influence. Ce n’est qu’ainsi qu’on peut exprimer la partition aux musiciens, en se laissant être la musique. Il va sans dire que cette approche m’a profondément changé et qu’elle a grandement modelé ma façon de diriger.

PH : Quels autres chefs vous ont influencé?

YD : Un autre grand musicien qui m’a marqué profondément est Pinchas Zukerman. Cet homme est un vrai magicien. J’ai beaucoup appris en le regardant répéter avec l’orchestre, en discutant musique avec lui et en étudiant ses annotations sur les partitions. Nous restons régulièrement en contact, et à chacune de nos rencontres, j’apprends quelque chose de nouveau.

L’entrevue complète avec Yaniv se trouve ici. Veuillez noter qu’elle se déroule en anglais seulement. Cliquez ici pour avoir plus d’information sur le Programme de direction d’orchestre de l’Institut estival de musique. Nous vous invitons à revenir prochainement à ce site pour tout savoir sur l’édition 2012. Nous y dévoilerons dans les prochaines semaines les noms des participants.

*Pamela Hickman enseigne la musique, est critique musicale et traductrice. Née en Australie, elle vit en Israël depuis 1968. Elle a étudié à l’Université de melbourne (Bacc. en langues, musique et éducation), à l’Académie de musique de Jérusalem (théorie et composition musicale) et à l’Université de New York (éducation musicale).


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