Brigitte Haentjens nommée directrice artistique du Théâtre français du Centre national des Arts
OTTAWA (Canada) – Peter Herrndorf, président et chef de la direction du Centre national des Arts du Canada (CNA), a annoncé aujourd’hui que Brigitte Haentjens assumera la direction artistique du Théâtre français du CNA à compter de la saison 2012-2013.
Brigitte Haentjens deviendra ainsi la première femme depuis la création du CNA en 1969 à accéder à ce poste prestigieux, succédant à quelques-uns des grands noms du théâtre, dont Jean Herbiet, André Brassard, Robert Lepage, Denis Marleau et Wajdi Mouawad, lequel aura complété un mandat de cinq ans à son départ en août 2012.
L’arrivée de Brigitte Haentjens se fera en deux temps : elle assumera d’abord le poste de directrice artistique-désignée dès septembre 2011 au même moment que Wajdi Mouawad entamera sa dernière saison artistique au Théâtre français du CNA. En septembre 2012, elle deviendra la directrice artistique en titre, poste qu’elle occupera jusqu’en 2016. Brigitte Haentjens signera ainsi sa première programmation à la tête du Théâtre français du CNA durant la saison 2012-2013.
« Le Centre national des Arts est fier d’accueillir Brigitte Haentjens au poste de directrice artistique du Théâtre français », a déclaré Peter Herrndorf. « Mme Haentjens est une collaboratrice de longue date du CNA dont les œuvres ont été saluées comme essentielles, belles et inoubliables tant par la critique que le public. Metteure en scène et créatrice extraordinaire, elle cherche à éclairer l’existence humaine et amène les auditoires à se questionner sur les fondements même de leur identité. À la direction artistique du Théâtre français du CNA, Mme Haentjens aura l’occasion de poursuivre sa vision singulière dans une organisation qui est un important agent de promotion et de développement du théâtre francophone dans l’ensemble du pays, ainsi qu’une référence canadienne en théâtre pour les cultures des autres nations. »
« Je suis très honorée qu’on ait pensé à moi et de pouvoir ainsi succéder à une longue lignée d’artistes qui se sont succédés à la tête du Théâtre français du CNA, de dire Brigitte Haentjens. Je suis fière et heureuse de pouvoir travailler auprès d’une communauté que je connais bien. J’espère que je serai à la hauteur! »
Pour sa part, Wajdi Mouawad a souligné le talent et l’impressionnant parcours de Brigitte Haentjens : « Hantée par les dédales de la psyché féminine confrontée au monde du silence, Brigitte n’a jamais cessé pour autant d’être ouverte à toutes les inquiétudes artistiques et aux démarches des autres créateurs. C’est une femme d’une envergure extraordinaire qui pense l’intime et le collectif sans jamais que l’un supplante l’autre. C’est une artiste aux dimensions magnifiquement opposées puisqu’elle parvient à aller au plus profond de ses propres douleurs pour créer des spectacles uniques tout en s’ouvrant avec joie et enthousiasme aux démarches des autres. C’est une artiste, une poète, une femme exceptionnelle. »
Spectacles de Brigitte Haentjens au CNA
Dès les années 1980, le public du Théâtre français du CNA a pu assister à plusieurs lectures et spectacles mis en scène par Brigitte Haentjens, dont deux créations marquantes du Théâtre du Nouvel-Ontario coproduites par le Théâtre français : Nickel (coécrit avec Jean Marc Dalpé) en mars 1984 et Le Chien de Jean Marc Dalpé en avril 1988. D’elle, deux mises en scène de pièces pour jeunes publics ont aussi été présentées : Des yeux au bout des doigts de Louise Painchaud en février 1987 et Hippopotamie de Louise Bombardier en novembre 1992. En 2002-2003, le Théâtre français, sous la direction artistique de Denis Marleau, lui offre une « carte blanche » en présentant trois de ses mises en scène : La Nuit juste avant les forêts de Bernard-Marie Koltès, avec James Hyndman, en octobre 2002, puis Farces conjugales, deux courtes comédies de Feydeau, et L’Éden Cinéma de Marguerite Duras en mai 2003. Depuis, le Théâtre français a accueilli la majorité de ses créations : son adaptation et sa mise en scène de La Cloche de verre de Sylvia Plath en décembre 2004 ; l’événement théâtral Tout comme elle, avec 50 actrices, en octobre 2006 ; Vivre, d’après l’œuvre et la vie de Virginia Woolf, en avril 2007 ; Woyzeck de Georg Büchner en février 2010. Brigitte Haentjens a aussi dirigé au printemps 2007 le sixième Laboratoire du Théâtre français auquel elle a donné comme titre L’Acteur vertical.
Biographie
Originaire de Versailles, Brigitte Haentjens a fait ses études théâtrales à Paris, chez Jacques Lecoq, avant de s'installer en Ontario en 1977. Elle y est rapidement devenue une des chefs de file de la création artistique franco-ontarienne, à Ottawa puis à Sudbury. Elle a dirigé le Théâtre du Nouvel-Ontario pendant huit ans et a insufflé à cette compagnie un dynamisme artistique qui l’a fait connaître au Canada, au Québec et jusqu’en France (avec la production Le Chien invité au Festival de Limoges et au Festival des Amériques en 1988). Avec Jean Marc Dalpé, elle a connu une collaboration artistique fructueuse qui a donné naissance à de nombreux spectacles ; soulignons Hawkesbury Blues (1982), Nickel (1984), Le Chien (1988), Cris et Blues (1988).
En 1991, elle s’installe à Montréal où elle se fait rapidement connaître par son style percutant, original, personnel. Elle assume jusqu’en décembre 1994 la direction artistique de la Nouvelle Compagnie Théâtrale ; elle y signera des programmations brillantes et des spectacles retentissants, tel Caligula d’Albert Camus (1993).
À l’Espace Go, Brigitte a signé de remarquables spectacles : Oh! les beaux jours de Samuel Beckett (1990), Bérénice (1992), et Quartett (1996) qui s’est mérité le Prix de l’Association québécoise des critiques de théâtre et plusieurs Masques dont celui de la production pour la saison 1995-1996.
Dans les dernières années, ses mises en scène de Combat de nègre et de chiens de Bernard-Marie Koltès et Marie Stuart de Dacia Maraini, au Théâtre du Nouveau Monde, Électre et Antigone de Sophocle, respectivement à l'Espace Go et au Théâtre du Trident, Mademoiselle Julie de Strindberg à l’Espace Go (qui s’est mérité plusieurs Masques dont celui de la production 00-01) et Farces conjugales de Feydeau ont soulevé l'enthousiasme du public et de la critique.
Parallèlement à ses activités de metteure en scène, elle copréside les destinées du Carrefour international de théâtre de Québec de 1996 à 2006 et, en 1997, sa soif de liberté artistique la mène à fonder Sibyllines, sa propre compagnie de théâtre, pour y approfondir sa démarche artistique. Elle y a produit et mis en scène, depuis 1998, Bernard-Marie Koltès et Heiner Müller, Louise Dupré et Sarah Kane, Ingeborg Bachmann et Georg Büchner. Au sein de la compagnie, elle a donné vies scéniques à de grandes femmes écrivains, Sylvia Plath dans La Cloche de verre, Ingeborg Bachmann dans Malina, Marguerite Duras dans L’Eden Cinéma, Virginia Woolf dans Vivre. D’une production à l’autre, à travers les œuvres des autres, elle n’a cessé de parler de la venue à l’écriture, de l’accès à la création, de ce qu’il faut de courage et de détermination pour parvenir à dire « je », sans concessions aux désirs des autres.
Ne serait-ce qu’en raison de sa recherche constante d’engagement et de dépassement, personne ne peut nier l’ascendant de Brigitte Haentjens. À ce jour, on lui doit près d’une cinquantaine de mises en scène, dont les plus récentes ont remporté moult honneurs : ses spectacles ont été cités à sept reprises par l’Association québécoise des critiques de théâtre, dont elle a reçu le Prix pour Quartett et Tout comme elle ; et on a retrouvé Brigitte Haentjens en nomination cinq fois pour le Masque de la mise en scène, qu’elle a reçu pour La Cloche de verre. Son plus récent spectacle, Woyzeck, figurait parmi les finalistes au Prix de la critique de la saison 2008-2009.
En 2007, Brigitte Haentjens a reçu deux prestigieuses récompenses pour l’ensemble de sa carrière et témoignant de l’influence manifeste de sa démarche artistique : le prix Siminovitch de théâtre et le prix Gascon-Thomas de l’École nationale de théâtre du Canada.
Le CNA
Le Centre national des Arts (CNA) a ouvert ses portes en 1969. Créé par le Parlement du Canada à titre de projet du Centenaire dans les années 1960, le CNA est vite devenu la principale vitrine des arts de la scène au Canada. Aujourd’hui, le CNA travaille avec d’innombrables artistes du Canada et du monde entier, des plus prometteurs aux plus célèbres, et s’associe à maintes organisations artistiques de partout au pays. Le CNA se veut un chef de file et un innovateur dans chacune des disciplines artistiques qu’il embrasse — musique classique, théâtre français, théâtre anglais, variétés et programmation régionale. Il est aux avant-postes en matière de programmation jeunesse et d’activités éducatives, soutenant de nombreux programmes pour artistes en herbe et émergeants et pour jeunes publics, et produisant des outils et du matériel pédagogique pour les enseignants.
Le CNA est le seul centre des arts de la scène à la fois multidisciplinaire et bilingue en Amérique du Nord, et l’un des plus grands au monde.
Théâtre français du CNA
Le Théâtre français du Centre national des Arts maintient depuis sa fondation un haut standard de qualité artistique grâce à la très impressionnante lignée de ses directeurs artistiques : Jean-Guy Sabourin, Jean Herbiet, André Brassard, Robert Lepage, le conseiller artistique Jean-Claude Marcus, Denis Marleau et Wajdi Mouawad.
Le Théâtre français du CNA présente au public des représentations du monde en phase avec notre temps, un théâtre en prise avec les forces vives de l’art dramatique d’ici et de l’étranger, un théâtre qui participe au développement et au renouvellement de la mise en scène et de la dramaturgie. Cette ligne artistique se réalise avec l’aide de partenariats nationaux et internationaux, ainsi que par des accueils judicieux, mais aussi par des coproductions par lesquelles le Théâtre français du CNA fait entendre une voix distincte. Les spectateurs qui assistent aux représentations du Théâtre français du CNA sont non seulement assurés de voir un théâtre de qualité, mais de participer à une aventure émotive et intellectuelle, une aventure profondément et sincèrement humaine.
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Renseignements :
Carl Martin
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Aude Rahmani
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