L’OPÉRA DE QUAT’SOUS
Du 28 février au 3 mars 2012 à 19 h 30

« Celui qui rit n’a pas encore reçu la terrible nouvelle », écrit Bertolt Brecht dont l’œuvre n’avait pas été présentée au Théâtre français depuis 1984 ; André Brassard y mettait alors en scène la même pièce que la prochaine directrice artistique du Théâtre français revisite ici dans le but de lui redonner sa férocité originelle et l’investir d’un ancrage plein de truculence et de couleur. En effet, Brigitte Haentjens et son complice, l’écrivain et traducteur Jean Marc Dalpé, ont campé le décor dans le Montréal de 1939, à la veille de la visite du roi Georges VI.

Créé collectivement et presque anarchiquement à Berlin en 1928, à l’aube de la prise de pouvoir par Hitler, L’Opéra de quat’sous demeure étonnamment vivant : les mauvaises manières, le goût du pouvoir, le cynisme et la soif d’argent caractériseraient-ils tout le genre humain, au-delà des distinctions de classes et de fonctions sociales ? La pièce, certainement la plus grinçante des comédies musicales, met en scène une communauté où le crime est la norme, la moralité une étourderie, le mensonge un moyen parmi d’autres d’exploiter son prochain.

Parmi une faune bigarrée, qui mêle vrais et faux mendiants, policiers corrompus, escrocs et prostituées, se détache la silhouette inquiétante de Mackie-le-Couteau dont la dernière fresque est d’avoir épousé la fille de Jonathan Jeremiah Peachum qui règne en maître sur le commerce de la mendicité. Décidé à ne pas céder sa Polly à un gendre si peu recommandable, Peachum engage une guerre sans merci contre Mackie. Menaces, délations, trahisons et tentatives de corruption entourent l’affrontement des deux hommes, qui dépasse vite le différend personnel pour s’élargir à la société tout entière.

« Il m’a bien fallu céder à Brecht, accepter ses contraintes pour être en mesure de les traverser. Il m’a bien fallu plonger dans la caverne, à cet endroit où les masques tombent et la révolte gronde. Et faire face aux gouffres que L’Opéra de quat’sous éclaire et qui composeront peut-être le paysage à venir. Cette plongée est au bout du compte la seule façon de convoquer le plaisir », explique la metteure en scène.

Récemment présentée à Montréal, cette nouvelle version de la mythique pièce, sous la direction musicale de Bernard Falaise, a été unanimement acclamée par la critique. C’est que sur scène, l’ambiance est survoltée : les 23 comédiens et musiciens, animés d’une énergie délinquante – et un rien crâneuse –, chauffent les planches, débrident les conventions et ébrèchent la représentation ; parmi la joyeuse bande se trouvent de nouvelles têtes qui se mêlent aux fidèles complices de Sibyllines : Sébastien Ricard, Marc Béland, Céline Bonnier coudoient ainsi Jacques Girard, Kathleen Fortin, Eve Gadouas, Maxim Gaudette, rejoints par tout un cortège d’interprètes. Il faut les entendre mordre dans cette fable acerbe, chanter avec fougue les affres de la vie et de l’amour. En un mot : le charme est ravageur !

Brigitte Haentjens a fait ses études théâtrales à Paris, chez Jacques Lecoq, avant de s'installer en Ontario en 1977. Elle y est rapidement devenue une des chefs de file de la création artistique franco ontarienne, à Ottawa puis à Sudbury. Elle a dirigé le Théâtre du Nouvel-Ontario pendant huit ans et a insufflé à cette compagnie un dynamisme artistique qui l'a fait connaître jusqu'en France. En 1991 elle s'installe à Montréal où elle se fait rapidement connaître par son style percutant, original, personnel. Elle fonde Sibyllines en 1997, pour y approfondir sa démarche artistique dans un contexte de plus grande liberté. Parmi ses mises en scène marquantes, il importe de mentionner Quartett (Heiner Müller), Tout comme elle (Louise Dupré), Combat de nègre et de chiens (Bernard-Marie Koltès), La cloche de verre (Sylvia Plath) et Woyzeck (Georg Büchner). En 2007, elle recevait, pour l’ensemble de son travail de metteure en scène, le prix Siminovitch, plus haute distinction théâtrale au pays.

Né à Ottawa, Jean Marc Dalpé est cofondateur du Théâtre de la Vieille 17. En plus de signer romans, recueils de poésie et traductions, il est artiste en résidence pendant plusieurs années au Théâtre du Nouvel-Ontario ainsi qu’à l'Université d'Ottawa, au Festival des Francophonies de Limoges, à la Nouvelle Compagnie Théâtrale et au Théâtre de la Manufacture. Récipiendaire du Prix du Gouverneur général du Canada en 1988 pour sa pièce Le Chien, il se voit également remettre le Prix du Nouvel-Ontario en 1989 et le Prix Le Droit en 1997 pour sa pièce Eddy. En 1997, on lui attribue l'Ordre des Francophones d'Amérique. En 2007, il remporte le Masque du texte original pour sa pièce Août – un repas à la campagne. Depuis 1995, Jean Marc Dalpé enseigne l'écriture dramatique à l'École nationale de théâtre du Canada.

« Brigitte Haentjens a très bien su s'approprier la colère qui traverse cette œuvre et qui fait magnifiquement écho aux colères d'aujourd'hui, alors que le mouvement mondial des indignés crie sa rage d'être à la merci du monde financier. »
Philippe Couture, Revue JEU

« Avec doigté et précision, la metteure en scène a dirigé une vingtaine d'interprètes dans un spectacle qui s'apparente à un fabuleux cabaret post-expressionniste. »
Luc Boulanger, La Presse


TABLE RONDE

« Écritures et réécritures : les traductions de II (deux) et de L’Opéra de quat’sous de Jean Marc Dalpé »

Participants : JEAN MARC DALPÉ, BRIGITTE HAENTJENS, GENEVIÈVE PINEAULT (metteure en scène et directrice artistique du Théâtre du Nouvel-Ontario) et ANNIE BRISSET (professeure titulaire affiliée à l’École de traduction et d’interprétation et au Département de théâtre)

Le vendredi 2 mars à 13 h
Au Studio Léonard-Beaulne
Département de théâtre de l’Université d’Ottawa
(135, rue Séraphin-Marion)


Texte et paroles des chansons
BERTOLT BRECHT

Musique
KURT WEILL

Traduction et adaptation
JEAN MARC DALPÉ

Direction musicale
BERNARD FALAISE

Mise en scène
BRIGITTE HAENTJENS

Avec
SÉBASTIEN RICARD
JACQUES GIRARD
KATHLEEN FORTIN
EVE GADOUAS
MARC BÉLAND
CÉLINE BONNIER
ÈVE PRESSAULT
MAXIM GAUDETTE
IANNICKO N’DOUA
MANI SOLEYMANLOU
FRÉDÉRIC MILLAIRE ZOUVI
FRANCIS DUCHARME
PIERRE-LUC BRILLANT
NICOLAS MICHON
LARISSA CORRIVEAU
ÉMILIE LAFOREST
SHARON JAMES
MARIKA LHOUMEAU
XENIA CHERNYSHOVA
PIERRE-LUC BRILLANT
JEAN DEROME
BERNARD FALAISE
ALEXANDRE GROGG
NICOLAS LETARTE

Une création de
PRODUCTIONS SIBYLLINES
en collaboration avec le
THÉÂTRE FRANÇAIS DU CNA

Assistance à la mise en scène et régie DOMINIQUE CUERRIER

Dramaturgie et assistance à la mise en scène
FLORENT SIAUD

Scénographie
ANICK LA BISSONNIÈRE

Costumes
YSO

Lumière
GUY SIMARD

Maquillage et coiffures
ANGELO BARSETTI

Conception sonore
FRÉDÉRIC AUGER

Conception des accessoires
JULIE MEASROCH

Direction technique
JEAN-FRANÇOIS LANDRY

Direction de production
SÉBASTIEN BÉLAND


Durée
2 heures 30 minutes sans entracte


THÉÂTRE DU CNA
53, rue Elgin, Ottawa

Billets
Adultes : 33,90 $ et +
Étudiants : 18,45 $ et +
Buzz en direct : 12 $

Billetterie du CNA
(lundi au samedi, de 10 h à 21 h)
www.cna-nac.ca

Ticketmaster
1-888-991-2787

Groupes (10 personnes et plus)
613-947-7000, poste 634
grp@cna-nac.ca

Abonnements
613-947-7000, poste 620


Sylvain Lavoie
Agent de communication
Théâtre français
Centre national des Arts
tél. : 613-947-7000 poste 396
sans frais : 1-866-850-2787 poste 396
cell. : 613-979-2636
sylvain.lavoie@cna-nac.ca
www.facebook.com/TheatreFrancaisCNA

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