MAIS QUE LIT STEPHEN HARPER?

Suggestions de lectures à un premier ministre et aux lecteurs de toutes espèces
Une soirée littéraire produite par le Théâtre français du Centre national des Arts présentée en exclusivité
Idée originale : Wajdi Mouawad et Guy Warin
Textes : Lettres de Yann Martel à Stephen Harper et extraits de livres

Direction, choix et montage des textes, mise en scène : Benoît Vermeulen et Guy Warin
Maître de cérémonie : Marcel Pomerlo
Piano et choix musicaux : Jean Desmarais
Régie et éclairages : Guillaume Houët
Théâtre, le 25 février à 19 h 30

Chères Mesdames et chers Messieurs de la presse libre,

Comme vous le savez déjà, le 28 mars 2007, juchés dans la Galerie des visiteurs de la Chambre des communes, 50 créateurs ont été invités à personnifier les 50 ans du Conseil des Arts du Canada. Dès l’allocution de la ministre expédiée, les députés s’affairaient à autre chose. Yann Martel a gardé les yeux rivés sur le premier ministre, qui à aucun moment n’a levé les yeux pour saluer les artistes. « Une fois que quelqu’un a autorité sur moi, explique l’écrivain, j’ai le droit d’explorer la nature et la qualité de son imagination, car ses rêves peuvent devenir mes cauchemars. »  Il se lançait alors dans une correspondance avec Stephen Harper, à qui il avait décidé d’envoyer, tous les quinze jours, un livre dédicacé. 

Afin de saluer le geste éminemment poétique et politique de cet auteur canadien, nous avons émis le désir d’organiser au Théâtre français du Centre national des Arts une soirée spectacle-lecture en compagnie d’une quinzaine de personnalités du monde du théâtre et de la littérature. Tous se sont montrés très conscients de la pertinence d’une telle démarche et ont exprimé leur souhait de prêter leur voix afin d’offrir à notre public un magnifique bouquet de lettres choisies écrites par Yann Martel. À ce stade de votre lecture de ce communiqué, je sais pertinemment que vous ne manquerez pas de vous demander qui peuvent bien être ces personnalités... Alors je vais être gentille avec vous et vous donner un nom, celui de notre maître de cérémonie : l’auteur, metteur en scène et auteur Marcel Pomerlo.

Notre soirée littéraire, conçue et dirigée par Benoît Vermeulen et Guy Warin, prendra la forme d’un gala intimiste, faussement protocolaire, où les fla-flas et les chichis n’auront pas leur place! En effet, ne sera-t-il pas question ici, avant tout chose, de réaffirmer notre soif de partage et notre amour inconditionnel de la littérature, tant romanesque que théâtrale, tant poétique que « non-fictionnelle »? Comme le dit Yann Martel : « La littérature, si elle ne nous sauve pas, au moins nous éclaire... C’est sagesse et émotion, c’est trouvailles de langage et envie de lire... C’est nous, c’est le monde, maintenant et ici. »

En outre, vous assisterez également à la lecture d’extraits d’oeuvres choisies qui vous seront livrés sous la forme de lectures théâtralisées. Une façon originale de savourer comme il se doit la valeur, la portée et la beauté des mots!

Je ne pouvais pas terminer ce communiqué de presse sans faire mention de la dernière et ultime lettre de Yann Martel à Stephen Harper envoyée le 31 janvier dernier où il explique les raisons qui l’ont poussé à mettre un terme à cette correspondance à sens unique :

« Cher Monsieur Harper,

Cette lettre est la dernière que je vais vous adresser, je pense bien. J’avais dit à de nombreuses reprises que j’allais maintenir notre singulier club du livre aussi longtemps que vous demeureriez au pouvoir. Mais choisir un livre pour vous; le lire ou le relire; y réfléchir; écrire la lettre qui doit l’accompagner; faire traduire la lettre par mes parents et discuter cette version avec eux; numériser la couverture du livre; télécharger les lettres en anglais et en français sur leur site Internet respectif; et finalement poster le livre et la lettre pour qu’ils vous arrivent au moment voulu, soit à tous les deux lundis—tout cela exige du temps et des efforts et alors que ça a été un grand plaisir pour moi (je n’en sais trop rien quant à vous), cela fait près de quatre ans que je m’y applique et je veux passer à autre chose. J’ai le bonheur de vivre entouré de deux grossesses ces temps-ci : la première est celle de ma compagne, Alice, qui porte notre second enfant, une fille qui doit naître fin mai, et la deuxième est la mienne, un nouveau roman en gestation dans ma tête. Je me fais construire un petit studio d’écriture dans le jardin de la maison pour jouir d’une espace où je prendrai soin de mon roman tout près de là où Alice et moi prendrons soin de notre nouveau bébé. Je suis très excité au sujet du nouveau roman. Il s’intitulera Les hautes montagnes du Portugal et il scintille dans mon esprit comme un sommet neigeux au soleil. J’ai déjà de nombreuses notes d’écrites, j’ai rassemblé beaucoup de matériel de recherche que je vais lire, et dans ma tête l’histoire déborde de promesse. J’ai tellement hâte de m’y mettre. Je suis évidemment tout aussi enthousiaste quant à la nouvelle venue dans notre famille. Les deux bébés vont représenter beaucoup de travail, et dans quelle joie ce sera. 

Il se trouve que cette lettre est la centième que je vous écris. Cent. Un, zéro, zéro. La même chose que 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1. C’est un bien grand nombre de lettres et de livres. Et maintenant que j’y pense, c’est le même nombre de chapitres qu’il y a dans mon roman L’histoire de Pi. Cent est un beau chiffre rond et un bon nombre pour terminer. (Le nombre de fois où vous m’avez répondu personnellement forme aussi, par ailleurs, un beau chiffre rond : 0. C’est-à-dire zéro, rien, néant, que dalle.)

Il est vrai aussi que que je suis las de me servir des livres comme de missiles ou de grenades politiques. Les livres sont trop précieux, trop merveilleux pour qu’on les utilise d’une telle façon...  ». 

Enfin, la Librairie du Centre sera présente durant cet événement unique pour vous proposer les oeuvres que nous avons choisies de vous faire entendre, entre autres, les romans La Mort d’Ivan Illitch de Tolstoï, La Promenade au phare de Virginia Woolf et L’Orange mécanique d’Anthony Burgess, les pièces Jules César de Shakespeare, Mademoiselle Julie de Strindberg et The Dragonfly of Chicoutimi de Larry Tremblay, les poèmes de Sappho ou encore les Lettres d’un jeune poète de Rilke. À noter que Yann Martel, auteur notamment de L’Histoire de Pi – récipiendaire du Man Booker – et de Béatrice et Virgile, se prêtera à une séance de dédicace de ses propres livres à l’issue de la représentation.

Cordialement vôtre,

Aude Rahmani

 

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