Le Fusil de chasse
Roman épistolaire écrit en 1949 par Yasushi Inoué adapté par Serge Lamothe et mis en scène par François Girard avec Marie Brassard et Rodrigue Proteau. Collaboration artistique de Renée April, Joël Bergeron, David Finn, Alexander MacSween et François Séguin. Un spectacle du Parco Theater de Tokyo, de L’Usine C de Montréal, du Théâtre français du Centre national des Arts d’Ottawa et du Brighton Festival. Durée du spectacle : 1 h 40 sans entracte. Du 23 au 26 novembre au Théâtre du CNA à 19 h 30 et exceptionnellement le 27 novembre à 20 h. Présenté en français seulement.

De l’art à la réalité, n’y aurait-il qu’un pas? Se pourrait-il que les circonvolutions créatives de l’imaginaire d’un poète suscitent sans le vouloir le brûlant désir de lever le voile sur le sanctuaire d’une vie intime?

De façon presque incongrue, un homme publie un poème dans une revue intitulée Le Compagnon du chasseur. Il y évoque l’âme solitaire d’un chasseur entre deux âges, aperçu sur le sentier du mont Amagi, pipe à la bouche, un fusil pesant de tout son poids sur son épaule. Quelques mois après et contre toute attente, il reçoit une lettre d’un certain Josuke Misugi, qui affirme être le personnage qu’il décrit dans son poème. Le chasseur lui demande de lire trois lettres de femmes qui lui ont été adressées peu de temps avant leur rencontre fortuite.

La première lettre est de Shoko, la fille de sa maîtresse, une jeune femme désillusionnée qui dit tout savoir de sa liaison avec sa mère depuis qu’elle a lu en secret le journal intime de cette dernière. La seconde provient de Midori, sa femme qu’il a délaissée. Dans sa lettre d’adieu, Midori fait preuve d’une acuité tragique. Elle révèle à son mari qu’elle sait depuis le début qu’il entretenait une relation extraconjugale, lui fait part de ses propres infidélités et finit par lui demander le divorce. La dernière est écrite par Saïko, sa maitresse. L’amorce est bouleversante : « Quand tu liras ces mots, je ne serai plus. ». Vide, solitude… SUICIDE.

D’une simplicité désarmante et d’une implacable lucidité, ce texte singulier démonte avec rigueur la mécanique mensongère des sentiments : non seulement les personnages d’Inoué se mentent-ils les uns aux autres, mais ils se mentent également à eux-mêmes. Avec une rare finesse, l’auteur parvient à nous faire ressentir le désarroi de ces êtres pris au piège du silence que leur imposent la duplicité et la tromperie. Mais le silence, qui a marqué l’existence des trois femmes, est désormais rompu. L’heure des comptes a sonné. La vérité éclate au grand jour et la figure de Josuke Misugi, cette « citadelle imprenable », se trouve ainsi réduite à néant, pulvérisée par toute une série de révélations. L’originalité de cette fiction littéraire consiste à métamorphoser une banale histoire d’adultère en un des plus intrigants récits d’amour qu’il soit de lire. Enfin, ce roman s’appuie sur une intuition très fine des causes d’un passage à l’acte suicidaire et de la polysémie de ses interprétations possibles.

C’est Wajdi Mouawad qui a glissé, il y a quelques années, Le Fusil de chasse dans la poche de François Girard en lui suggérant d’en faire un film. « Je l’ai lu le soir même et je suis immédiatement tombé sous le charme de cette histoire. Il m’a semblé, cependant, qu’une adaptation de ce texte aurait davantage sa place au théâtre qu’au cinéma. La nature épistolaire de l’œuvre, le minimalisme de l’écriture d’Inoué, la tragédie de Josuke, tout dans le Fusil de chasse l’appelait à la scène. », confie le réalisateur, metteur en scène à l’opéra et au théâtre.

Fort de ce constat, et avec la complicité de Serge Lamothe, adaptateur théâtral, François Girard s’est inspiré de l’esprit zen de l’œuvre et a décidé de placer sa mise en scène sous le signe de la transformation en confiant à Marie Brassard les rôles du poète et des trois femmes. Un petit clin d’œil à son Novecento, s’il en est un. Seul contrepoint à l’actrice, un acteur physique par excellence, Rodrigue Proteau alias Josuke. Tout au long de la pièce, il ne dira mot, son défi sera essentiellement de « décomposer la brève action qui a donné son titre au roman et de l’étirer sur toute la durée de la représentation ».

Dans ses notes de mise en scène, François Girard nous explique enfin que « La scénographie et les costumes ont également été conçus dans un esprit de métamorphose minimaliste. Outre la présence d’un rideau de texte qui voile la présence de Josuke, seul un plancher nous est donné à voir : un plancher d’eau pour Shoko devient un plancher de cailloux sous les pieds de Midori qui devient à son tour un plancher de bois pour la dernière lettre, celle de Saïko. Le costume, lui, se métamorphose en libérant une à une les couches que portent le poète, Shoko et Midori.[…] La troisième femme, Saïko trouve un kimono blanc à ses pieds et prend tout le temps que dure la lecture de sa lettre pour s’en vêtir. Selon les codes de la tradition vestimentaire japonaise, le kimono blanc représente la mort. S’en vêtir devient donc ici la métaphore du suicide qui se trouve au centre du récit. »

ÉCHOS DE LA PRESSE
« C’est un superbe objet, à l’esthétisme raffiné, que François Girard livre ici. Une mise en scène en concordance avec un beau texte, empreint d’une pudeur toute japonaise qui nous tient un peu à distance. La musique omniprésente d’Alexander MacSween crée une tension pour porter cette histoire de trahison et de mensonges […] Quant à l’environnement visuel, il compose de véritables tableaux. La scénographie de François Séguin, dont la simplicité n’est qu’apparente, se transforme à chaque monologue […] Marie Brassard, cette comédienne à la présence unique rend avec toute une palette de nuances la couleur de ses trois rôles : la douleur et l’incompréhension de la jeune fille, au débit rempli d’urgence, la sensualité camouflant une blessure exacerbée de la femme trompée, le ton apaisé de l’amante qui sait qu’elle va mourir. »
Marie Labrecque – Le Devoir

« Marie Brassard habite chacune de ces femmes qui se dévoilent tantôt avec candeur, désespoir et mépris, mais toujours avec beaucoup de cœur et d’esprit, avec une liberté qui devait manquer cruellement dans les rapports qu’elles entretenaient avec cet homme muet, interprété par Rodrigue Proteau […] Aimer ou être aimé, qu’est-ce qui est le plus important? lui demande sa maîtresse dans sa lettre qui commence par Quand vous lirez ces lignes, je ne serai plus là. Telle est la question posée par Yasushi Inoué, qui loue aussi la mort de nous délivrer de ce poids. »
Jean Siag – La Presse

« C’est à un véritable moment de grâce que nous a conviés François Girard lors de la première de la pièce Le Fusil de chasse à l’Usine C. […] Le périple très organique du metteur en scène et cinéaste du Violon Rouge s’inspire de trois forces brutes : l’eau, le roc et le bois. Sur une scène qui est d’abord inondée par une pluie torrentielle se tient la magnifique Marie Brassard solide dans sa tempête de mots.[…] Marie Brassard offre une prestation impeccable, quasi irréelle. Par un simple changement de vêtement et de ton, elle devient une autre sous les yeux du public qui ne peut qu’y croire, fasciné par autant de talent. Son jeu, des plus subtils, est appuyé par un décor tout aussi pur, mais exceptionnel. »
Marie-Hélène Goulet – 7 Jours

RENCONTRE DU JEUDI
Jeudi 25 novembre à l’issue de la représentation, le public est invité à participer à une rencontre discussion avec l’équipe de création qui aura pour thème : « Que peut-on voir par la fenêtre avec vue sur le Soleil Levant? »

RÉSERVATIONS :
www.cna-nac.ca

TICKETMASTER :
613-755-1111

BILLETTERIE DU CNA
53, rue Elgin – Ottawa
Du lundi au samedi
De 10 h à 21 h

BILLETS
Adulte 33,90 $ et +
Étudiant 18,11 $ et +
Buzz en direct 12 $

GROUPES DE DIX PERSONNES ET + :
15 à 20 % de rabais
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Aude RAHMANI
Agente de communications, Théâtre français
Centre national des Arts
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