ÉNONCÉ : Drapeaux en berne au CNA à la mémoire de deux pionniers des arts de la scène au Canada : Brian Macdonald et Paul Buissonneau
Le 1er décembre 2014 – OTTAWA – Le Centre national des Arts (CNA) pleure la disparition de deux icônes des arts de la scène au Canada : Brian Macdonald, l’un des metteurs en scène et chorégraphes les plus prolifiques du pays; et Paul Buissonneau, comédien et metteur en scène primé, salué comme un maître du théâtre d’expression française. M. Macdonald s’est éteint samedi à l’âge de 86 ans; M. Buissonneau est décédé dimanche à 87 ans.
Les deux hommes ont marqué profondément la vie culturelle canadienne, ayant tous deux reçu la plus haute distinction attribuée au pays dans le domaine des arts d’interprétation, soit le Prix de la réalisation artistique des Prix du Gouverneur général pour les arts du spectacle.
Les drapeaux du CNA seront en berne cette semaine à la mémoire des deux disparus.
Brian Macdonald
Perfectionniste exigeant, visionnaire audacieux et pédagogue bienveillant, Brian Macdonald a soutenu avec passion les interprètes et créateurs canadiens tout au long d’une brillante carrière de 50 ans comme danseur et chorégraphe, metteur en scène et directeur artistique, mentor et pédagogue. Il a également contribué de manière déterminante à faire rayonner le Canada sur la scène internationale.
Il a amorcé une longue relation avec le Centre national des Arts en 1970 avec une chorégraphie de l’œuvre de danse intitulée Aimez-vous Bach, présentée dans nos murs par le Royal Winnipeg Ballet. En 1998, il est devenu conseiller artistique principal du CNA, chargé à ce titre de responsabilités clés au sein du Festival Canada du CNA, pour lequel il a notamment signé la mise en scène et la chorégraphie d’une relecture majeure de sa production The Mikado, qui avait été très applaudie à Stratford.
Né à Montréal en 1928, M. Macdonald a suivi une formation en danse à Montréal, Toronto et New York. Membre fondateur du Ballet national du Canada, il s’est tourné vers la chorégraphie en 1953, une grave blessure l’ayant obligé à renoncer à sa carrière d’interprète.
En 2008, il a reçu le Prix de la réalisation artistique des Prix du Gouverneur général pour les arts du spectacle. Dans un court métrage de l’Office national du film présenté en première au Gala des PGGAS cette année-là, il disait avoir été influencé dans sa jeune carrière par le New York City Ballet et ses légendaires chorégraphes George Balanchine et Jerome Robbins, qui ont épuré les éléments visuels de la danse.
Le répertoire chorégraphique de Brian Macdonald allait de la danse jazz à des œuvres entraînantes de style folk, en passant par des ballets néoclassiques abstraits réglés sur des musiques contemporaines complexes. L’artiste décrivait sa démarche créative comme une sorte d’abandon.
« Parfois, on a un air qui nous trotte dans la tête et qu’on a vraiment le goût de chorégraphier. On succombe à cette idée. On a l’espace pour le faire. Et on éprouve le besoin de créer dans cet espace quelque chose avec les corps des danseurs. On peut très bien commencer avec un mouvement parfaitement banal et être sitôt inspiré par quelque chose d’autre. Tout ce que je peux dire, c’est qu’on n’a alors pas le choix de succomber. On doit laisser une partie de notre cerveau – pas tant notre corps mais bien notre cerveau – nous mener sur un sentier inconnu. Être chorégraphe, c’est ça. »
À titre de metteur en scène, directeur artistique, chorégraphe et pédagogue, M. Macdonald a travaillé avec quelques-unes des institutions culturelles de premier plan au Canada, dont le Royal Winnipeg Ballet, Les Grands Ballets Canadiens, le Ballet national du Canada, le Centre national des Arts, l’École nationale de théâtre, le Banff Centre et le Festival de Stratford, ainsi qu’avec des compagnies de danse de partout en Europe et aux États-Unis.
Il était également un metteur en scène renommé dans les domaines de l’opéra et des productions de théâtre musical. Il se décrivait lui-même comme un « artiste éclectique » en raison de la passion qu’il nourrissait pour une foule de genres musicaux allant du classique au jazz, en passant par l’opéra et le théâtre musical. Ses productions d’opéra ont été présentées par des compagnies prestigieuses du monde entier, et les mises en scène qu’il a signées d’opérettes de Gilbert et Sullivan pour le Festival de Stratford (dont bon nombre ont été présentées à la télévision de CBC) ont connu un immense succès.
Brian Macdonald a été décoré Officier de l’Ordre du Canada (1967), puis promu au rang de Compagnon (2002). Il a reçu, entre autres prix et distinctions, le titre de Membre distingué du Banff Centre (2004), le Prix Walter-Carsen d’excellence en arts de la scène (2001), le Prix Danse Canada (1988), le Prix national des arts du Banff Centre (1988), le Prix Molson du Conseil des arts du Canada (1983) et l’Étoile d’or au Concours international de chorégraphie de Paris (1964). En 2007, il a publié un ouvrage intitulé Dancing in Thin Air: Looking Back on Sixty Years of Dance at The Banff Centre.
Paul Buissonneau
L’association de Paul Buissonneau avec le Centre national des Arts remonte au début des années 1970. Il a notamment mis en scène Cabaret des mots de Jean Tardieu et Les précieuses ridicules de Molière, deux pièces présentées respectivement en 2002 et 2003 durant le mandat de Denis Marleau à la direction artistique du Théâtre français du CNA.
Né en France, Paul Buissonneau a fait ses premiers pas sur scène aux côtés d’Édith Piaf dans l’ensemble vocal Les Compagnons de la Chanson. Timide et réservé à son arrivée au Canada, il n’a pas tardé à développer un personnage public exubérant à la faconde proverbiale. Son style emporté dissimulait cependant une grande sensibilité doublée d’une générosité sans borne. Son art consommé de tous les aspects de l’activité théâtrale, depuis la construction des décors jusqu’au jeu, en passant par la mise en scène, était un exemple et une source d’inspiration pour les jeunes artistes, auxquels il a toujours apporté une aide précieuse.
En 1952, la ville de Montréal avait confié à Paul Buissonneau la direction artistique de La Roulotte, un théâtre de plein air itinérant administré par le département des Loisirs qui attirait chaque été des milliers d’enfants accompagnés de leurs parents dans les parcs de la ville.
« La Roulotte était une école extraordinaire pour les enfants, comme pour les comédiens », disait Paul Buissonneau. « Il se développait sur cette Roulotte, à cause des moyens qu’elle offrait, des idées de mise en scène, des performances d’acteurs qui passeraient pour originales et fortes encore aujourd’hui. Je crois que ces mises en scène, ces trouvailles techniques poussaient comme des champignons parce que nous avions des budgets extrêmement minces. »
Quatre ans plus tard, il fondait sa propre compagnie, le Théâtre de Quat ‘Sous, avec laquelle il a poursuivi pendant 35 ans une expérience théâtrale audacieuse et innovatrice qui a permis à nombre d’artistes québécois parmi les plus en vue de notre époque, tels que Robert Lepage, de faire leurs premières armes. En même temps, il a joué et écrit en abondance, créant notamment le célèbre personnage télévisuel pour enfants « Picolo », un rôle magique, poétique et irrésistiblement drôle qui lui a permis d’assurer sa subsistance tout en poursuivant ses expériences théâtrales.
En 1968, il signait la mise en scène du légendaire L’Osstidcho, qui a mis en valeur quelques-uns des jeunes talents québécois les plus prometteurs de l’heure, comme Yvon Deschamps et Robert Charlebois, faisant souffler un vent de fraîcheur et de nouveauté sur la scène théâtrale du Québec.
M. Buissonneau a reçu plusieurs distinctions, dont le Prix de la réalisation artistique des Prix du Gouverneur général pour les arts du spectacle en 1998, et le Prix Denise-Pelletier en 2001. En septembre 2014, il a été fait Citoyen d’honneur de la ville de Montréal.
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RENSEIGNEMENTS :
Carl Martin
Conseiller principal, Communications
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