Le ténor canado-américain Isaiah Bell se produit comme soliste en concert et au sein d’opéras dans toute l’Amérique du Nord. S’étant distingué très tôt par ses interprétations de Haendel, de Benjamin Britten et des Évangélistes de Bach (au Lincoln Center, au Festival d’Édimbourg, au Festival d’Aldeburgh et avec l’Orchestre symphonique de Toronto), il est également à l’aise dans les créations et les réinterprétations créatives d’œuvres classiques. Il a créé le rôle d’Antinoüs, amant de l’empereur romain incarné par Thomas Hampson, dans le Hadrian de Rufus Wainwright et Daniel MacIvor à la Compagnie d’opéra canadienne, et a été acclamé pour son « immense présence scénique » et son « instrument magnifique et puissant » dans le rôle du dandy machiavélique Johan Oxenstierna lors de la première de La Reine-garçon (Bilodeau/Bouchard) à l’Opéra de Montréal en 2024. De son adaptation et traduction queer de La voix humaine de Poulenc pendant la pandémie, Opera Canada a dit : « L’interprétation d’une grande justesse de Bell convient si parfaitement à l’adaptation sensible et intelligente qu’il fait de l’œuvre que le spectateur ne peut que se laisser happer par le déroulement du drame. »
La critique a souligné la polyvalence d’Isaiah Bell comme chanteur et artiste de scène. Fréquemment remarqué pour son chant « d’une chaleur hors du commun », ses « coloratures douces comme de la soie » et son « élégant sens du phrasé », le ténor possède aussi une « voix forte et glorieuse aux sonorités héroïques dignes d’un oratorio », mélange équilibré « de tendresse et de douceur » et « de puissance et d’urgence ». Ses interprétations dramatiques ont retenu l’attention pour leur « caractérisation saisissante » (Opera Magazine), leur « caractère poignant exquis » (New York Times) et leur « sens du rythme digne d’un professionnel chevronné bien au fait des subtilités de ton » (Vancouver Sun). En particulier, son personnage de la « femme folle » dans le Curlew River de Britten lui a valu cette critique dithyrambique du New York Times : « Le ténor Isaiah Bell a donné une interprétation d’une beauté envoûtante, jouant parfaitement l’affolement émotionnel avec une économie extrême et une virtuosité vocale éclatante […] il n’a qu’à baisser les paupières ou à incliner la tête pour que notre cœur se fende. »
Isaiah Bell ajoute à sa pratique scénique la composition et l’écriture pour le théâtre, notamment dans son œuvre solo The Book of My Shames, à la fois opéra de chambre et spectacle de cabaret. La pièce, créée avec le metteur en scène Sean Guist à partir des mots et de la musique de Bell, a été présentée en tournée au Canada en versions pour piano, ensemble de chambre et orchestre. Elle surprend à tous coups les publics avec son mélange théâtral défiant toute catégorisation, d’une franchise brutale mais hilarante. Les réactions ont été plus qu’enthousiastes : « incroyablement beau », « m’a déchiré le cœur avec son honnêteté pure, sa grande vulnérabilité et son humanité », « je crois honnêtement que c’est l’un des spectacles les plus remarquables que j’aie jamais vus. »
Parmi les engagements récents et à venir de l’artiste, mentionnons un retour à La Reine-garçon (Compagnie d’opéra canadienne), La Création de Haydn avec l’Orchestre symphonique de Vancouver et le Festival d’Elora, et une mini-tournée du Messie avec le chef d’orchestre Nicholas McGegan. Isaiah Bell présentera aussi la première d’un projet de concert interdisciplinaire, Let Us Turn Aside (mise en scène d’une interprétation physique expérimentale de Socrate, chef-d’œuvre tardif de Satie) et reprendra à la demande générale Banned from the Concert Hall, spectacle mettant en vedette trois ténors interprétant des chansons baroques grivoises, créé par Bell pour Victoria Baroque et Early Music Vancouver. Il apparaît également sur le premier enregistrement mondial de l’arrangement qu’a fait Mendelssohn de la Passion selon saint Matthieu avec le Chœur Bach de Bethléem.