Il y a de ces artistes, rares et libres, qui nous surprennent sans cesse, nous faisant constamment découvrir de nouvelles facettes de leur immense talent. Florence K fait partie de ceux-là. Depuis la parution, en 2005, de Live au Lion d’or, la renommée musicienne montréalaise a continuellement étonné, épaté, séduit. Que ce soit avec deux disques magnifiques qui lui ont tous deux valu le Félix de l'Album de l'année dans la catégorie Musiques du monde, à savoir Bossa Blue, paru en 2006, et La Historia de Lola, lancé en 2008, ou avec Havana Angels, son magique opus de Noël qui a connu un succès fulgurant à sa sortie en 2010, Florence a, chaque fois, signé un renouveau, effectué une renaissance. Elle nous revient aujourd’hui avec I'm Leaving You, une proposition différente, toujours aussi sincère, où elle se réinvente, sans jamais oublier son public, respectant toujours ceux qui la suivent. Vous pensiez la connaître? Vous la découvrirez comme vous ne l'aviez encore jamais entendue.
Sur cette œuvre qui «dépeint toutes les couleurs de l'amour», celle qui a parcouru le monde se révèle, se raconte, s’inspire de ses expériences pour offrir un album on ne peut plus personnel. «Avec Bossa Blue et La Historia, je me cachais derrière des histoires qui n’étaient pas forcément les miennes, confie-t-elle. J’étais plus jeune, je n’avais pas nécessairement envie de m’ouvrir. Avec I’m Leaving You, j’ai voulu parler de moi de façon vraiment honnête. De m’assumer complètement.»
Sur ce disque, créé en grande partie à Los Angeles, en collaboration avec Larry Klein, maître réalisateur ayant œuvré aux côtés de stars telles que Joni Mitchell ou Melody Gardot, Florence K effectue un virage musical fin et naturel. Ses multiples séjours en Californie lui ont d'ailleurs permis d’ouvrir ses horizons, d’envisager sa musique sous un angle nouveau, de découvrir ce qu’elle avait réellement envie de dire. Et l’inspiration est venue, incessante, inépuisable. «On a fait tout le travail de création dans le petit studio de Larry, à Santa Monica. J’étais au Wurlitzer, Larry à la basse et les compositeurs David Bateau et David Baerwald jouaient tour à tour de la guitare. Au final, on avait 25 morceaux qui auraient facilement pu se retrouver sur l’album, se souvient-elle. On a écouté, épuré, épluché, analysé… Finalement, on en a choisi 10.»
Dans ces chansons, l'artiste, qui baigne dans la musique depuis qu’elle est toute petite, puise dans son vécu pour dépeindre des situations personnelles, certes, mais aussi universelles, nous faisant voyager à travers les phases de l'amour, sans passer sous silence ses conséquences parfois douloureuses, voire dévastatrices. On y trouve ainsi mis en scène ces moments ardus, où l’on perd pied, où l’on pense que rien ne va plus et que plus rien n’ira jamais. Notamment dans Milagros, morceau poignant, qui signifie miracle. Ce miracle qui survient quand, après des jours de noirceur, on finit par voir la lumière. «Mais vient un moment où il faut prendre du recul et ne pas trop se prendre au sérieux», observe Florence K. En effet, même s’il est souvent question de peine, il y a tout de même des touches d’humour dans ces chansons qui parlent aussi de passion, d’espoir, d’attente… Par exemple, You’re Breaking My Heart, un morceau rythmé où l’objet de désir est comparé à une drogue, «mi droga!». Ou bien I Like You As A Friend, cette composition où il est question de toutes ces excuses que l’on trouve pour dire à un prétendant : «you’re really nice, but …» (t’es très gentil, mais …). Entrainant, accrocheur, ce petit bijou rock est agrémenté de chœurs que n’auraient pas reniés les Rolling Stones.
Il faut dire que les paroles ont pris une place prépondérante dans la création de I’m Leaving You. Florence K, qui affirme être d’ordinaire «plus musique que mots», a effectué plusieurs sessions d’écriture à L.A., qui lui ont permis de vraiment raffiner son propos. «Rien n'a été laissé au hasard, raconte-t-elle. Chaque mot a été pensé, pesé, soupesé…»
Autre grand pas pour la musicienne : elle qui, de son propre aveu, «se dissimulait autrefois derrière son piano», prend les devants, démontre à quel point sa voix, riche et nuancée, mérite d'être placée sous les projecteurs. En effet, le piano se fait moins présent sur ce disque et Florence s'installe souvent au Wurli, laissant parler les autres instruments. «Désormais, je me dis, faisons ce qui est bon pour la chanson et pas ce qui est bon pour que je mette le piano de l’avant.»
Son désir d’explorer de nouvelles avenues sonores transparait dans ces 10 morceaux où le rock se marie au blues, où les cuivres côtoient les guitares et où les influences latines se font subtiles. Encore une fois, l’artiste nous surprend. Et, assurément, elle n’a pas fini de le faire. «Peut-être que mon prochain album en sera un… piano-voix!» s’exclame-t-elle.
Mais peu importe où Florence K ira, promis, on la suivra toujours.