La Compagnie Catherine Gaudet jauge une réalité insaisissable, s’intéresse à l’indiscernable et fait du corps le lieu de résonance des sensations contradictoires qui grondent sous la chair. Elle développe un univers fait de métamorphoses fluctuantes et innombrables où les êtres, voués à de perpétuelles mutations, rendent visible le vertige de la descente en soi. Traversés et traversant, ces êtres s’entrecroisent, s’absorbent, se détachent, troublent l’espace qu’ils modèlent et dont ils s’extraient. Sous le regard du spectateur, l’identité se stratifie, prolifère, se dissipe, réapparait. Étrange quoique familier, ce corps ambigu rappelle la trajectoire sinueuse de l’être-au-monde.
Sur scène, les interprètes relèvent le défi de l’incessante recomposition d’une partition chorégraphique finement écrite. Combinant le mouvement brut au contrôle extrême de la forme, ils livrent une danse performative où le corps se fait récepteur et transmetteur de forces inconscientes et invisibles. Plongés dans d’infinies variations de tensions musculaires qui révèlent l’enchevêtrement de pulsions, d’états et d’idées, ils œuvrent à déployer un réel transfiguré et élargi qui multiplie les manières d’appréhender le vivant.