≈ Performance is approximately 1 hour and 40 minutes with no intermission. · No intermission
Last updated: November 2, 2018
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Le reste, pour certains d’entre vous, vous l’connaissez par le cinéma : des soldats brisant la croûte terrestre s’avancent, armés jusqu’aux dents, vers la lumière et commencent à s’entretuer.
— Le chœur des Filles, dans Le reste vous le connaissez par le cinéma
Alors que les deux fils d’Œdipe s’apprêtent à s’affronter sur le champ de bataille, leur mère Jocaste entreprend une ultime tentative de conciliation pour empêcher une guerre qui pourrait mettre en péril la cité de Thèbes et la vie de son peuple.
Bloquées dans la ville à cause de la guerre, les Phéniciennes soulèvent en chœur et sur un mode ludique des questions en lien avec les événements qui ont mené à ce conflit. Au fil de leurs interrogations, les « Filles » mettront progressivement en lumière une grande énigme : pourquoi l’être humain est-il impuissant à remédier à sa propre barbarie ?
Brillante partition théâtrale contemporaine dotée d’une rare force incisive, Le reste vous le connaissez par le cinéma est une réécriture par Martin Crimp de la pièce Les Phéniciennes d’Euripide.
Avec un humour féroce, cette pièce vulgarise l’histoire tragique d’Œdipe et de sa lignée boiteuse pour mieux la mettre en abyme. Pour avoir résolu l’énigme du Sphinx, Œdipe obtient en récompense la main de Jocaste et le trône de la cité de Thèbes. Un jour, il découvre que Jocaste est sa propre mère. À la suite de cette révélation, ses fils Étéocle et Polynice décident de le chasser du trône. Œdipe leur prédit qu’ils auront à se battre et à s’entretuer pour le pouvoir. Craignant cette malédiction, les deux frères font pacte de régner un an chacun, en alternance. Au terme de la première année, Étéocle refuse de laisser le pouvoir à son frère Polynice qui, déterminé à occuper le trône à son tour, revient aujourd’hui à Thèbes à la tête d’une puissante armée.
Pour cette leçon de mythologie, le metteur en scène Christian Lapointe nous convie dans une salle de classe où les questions des « Filles » deviennent les armes d’une « révolte » en marche.
— Pourquoi ?
— Oui, ça, c’est toujours une très bonne question.— Dialogue entre Créon et Tirésias, dans Le reste vous le connaissez par le cinéma, scène neuf
D’abord, il y a ce sentiment de franche camaraderie, de troupe. Celui-ci se fait ressentir tant avec les concepteurs qu’avec les interprètes. Nombreuses et nombreux sont celles et ceux qui partagent ensemble, depuis plusieurs fois déjà, le travail de création qui émerge de ces aventures qu’il m’arrive de proposer. Et toujours, il y a de nouvelles personnes qui se joignent à cette compagnie de créatrices et de créateurs. C’est à toutes ces personnes qu’il me semble devoir d’abord songer quand un texte s’impose.
Car les textes s’imposent. Sans que je sache toujours pourquoi, à la première lecture, c’est comme s’ils criaient : « Monte-moi, monte-moi. » J’ai donc ce besoin profond de sentir que la partition donnera à jouer. Car c’est ce que nous faisons, comme des enfants construisant des édifices faits de couvertures et de coussins.
L’auteur ici présenté est, de mon point de vue, l’auteur de théâtre de notre temps. Il possède une maîtrise certaine de son médium, le théâtre à texte, qui lui permet de renouveler chaque fois sa pratique. Il crée des œuvres en phase avec notre époque, mais comme télescopées à partir de toute l’histoire de cette tradition théâtrale. Cette maîtrise se ressent à la première lecture et laisse présager des heures heureuses à chercher dans la matière pour que se déploie une œuvre en trois dimensions probablement déjà existante dans le bloc de pierre du sculpteur.
De là où j’observe le monde, cette histoire tirée de la Grèce antique me paraît d’abord et avant tout trouver son origine dans le désir des anciens de créer une métaphore du phénomène de l’apparition de la conscience et de l’humanité aux prises avec celle-ci. De fait, il semble aujourd’hui que le monde n’a pas changé depuis tout ce temps. Est-il possible que nous ne sachions pas encore comment vivre ?
Et qui dit conscience, dit raison, et même si la raison qui nous anime tend à vouloir éradiquer la part importante d’irrationnel en chacun de nous, elle n’y parvient pas. Méchant festin ! Peut-être est-ce là la tragédie des êtres humains, dans le conflit ontologique qui s’opère en chacun de nous entre ces deux forces également fondamentales qui meuvent la vie humaine ?
Bien sûr, le fait qu’il y soit question…
a) de tyrannie et d’alternance des tyrans au pouvoir,
b) de « l’héritage » sur lequel notre monde est dé« construit »,
c) de nos rapports humains (qui sont véritablement de plus en plus transactionnels),
n’était pas sans rendre la proposition de l’auteur séduisante.
par Andréane Roy
Le plus connu des héros du cycle thébain est certainement Œdipe, dont le mythe a inspiré à Sophocle les célèbres tragédies Œdipe roi et Œdipe à Colone. Dans sa pièce Le reste vous le connaissez par le cinéma, Martin Crimp synthétise avec esprit ce mythe dans les scènes deux et neuf.
Laïos et Jocaste, couple royal de la cité de Thèbes, n’arrivent pas à concevoir d’enfant. Laïos se rend à Delphes, pour interroger Apollon. L’oracle lui révèle que s’il a un enfant, celui-ci le tuera. N’écoutant pas l’avis du dieu, Laïos et Jocaste ont un fils. Se rappelant la prophétie funeste, Laïos perce les chevilles du poupon pour le pendre par les pieds et ordonne à l’un de ses gardes de le suspendre à un arbre du Cithéron, afin qu’il y soit dévoré par les bêtes. Le garde prend pitié de l’enfant et le confie à un berger corinthien venu faire paître son troupeau transhumant dans les pâturages du Cithéron. Le berger corinthien emmène alors l’enfant auprès du couple royal de Corinthe, Polybe et Mérope, qui sont sans descendance et qui l’adoptent.
Arrivé à l’âge adulte, Œdipe fuit Corinthe, car il craint que ne s’accomplisse un oracle d’Apollon lui prédisant qu’il tuera son père et épousera sa mère. Sur le chemin de l’exil, il croise un vieil homme, le roi Laïos, accompagné de ses gardes. Œdipe refuse de leur céder le passage, alors les gardes le provoquent. Œdipe les tue tous, sauf un des gardes qui prend la fuite (nul autre que l’homme qui avait remis le poupon au berger corinthien).
Ensuite, de passage à Thèbes, Œdipe croise la Sphinge, un monstre qui accable la cité en dévorant ceux qui ne savent répondre à ses énigmes (c’est-à-dire, tous ceux qui la rencontrent). Cependant, Œdipe trouve la réponse et la Sphinge, folle de douleur et de rage, se suicide en se jetant du haut de la citadelle de Cadmée (fortifications de la cité construites par Cadmos et les Spartoï). Célébré comme un héros par le peuple cadméen, Œdipe épouse Jocaste et devient roi de la cité de Thèbes, dont le trône était resté vacant depuis la mort récente de Laïos.
Les années passent, et Œdipe et Jocaste ont désormais quatre enfants : Antigone, Ismène, Étéocle et Polynice. La peste, un fléau envoyé par les dieux, afflige la Cité. Œdipe envoie son beau-frère Créon à Delphes, afin de connaître la cause du courroux divin.
L’oracle révèle que l’assassin de Laïos vit à Thèbes et que c’est son crime impuni qui souille la cité. Œdipe mène alors une enquête pour identifier le coupable. Le devin Tirésias, un ancien garde de Laïos devenu berger (celui qui avait fui lors de l’attaque du carrefour) ainsi qu’un messager corinthien révèlent à Œdipe qu’il est le coupable recherché et qu’il ignore tout de lui-même : il n’est pas fils du roi de Corinthe, mais bien fils et assassin de Laïos, fils et époux de Jocaste, et frère de ses enfants.
Horrifié de découvrir son identité réelle, son crime et son inceste, Œdipe se crève les yeux. À la suite de cette révélation, ses fils Étéocle et Polynice décident de le chasser du trône. Œdipe leur prédit qu’ils auront à se battre et à s’entretuer pour le pouvoir. Craignant cette malédiction, les deux frères font pacte de régner un an chacun, en alternance. Au terme de la première année, Étéocle refuse de laisser le pouvoir à son frère Polynice qui, déterminé à occuper le trône à son tour, revient aujourd’hui à Thèbes à la tête d’une puissante armée.
Alors que les deux fils d’Œdipe s’apprêtent à s’affronter sur le champ de bataille, leur mère Jocaste tente une ultime tentative de conciliation pour empêcher une guerre qui pourrait mettre en péril la cité de Thèbes et la vie de son peuple.
Chez Sophocle, Jocaste se pend en apprenant son inceste. Chez Euripide, dans Les Phéniciennes, elle ne se suicide pas en l’apprenant, mais elle se tuera sur le cadavre de ses deux fils à la fin de leur lutte fratricide.
Christian Lapointe is the artistic director of Carte Blanche in Québec City. At the Festival TransAmériques 2015, he presented and performed a performance lasting almost three days and two nights, based on the work of Antonin Artaud. Over the years, he directed more than thirty plays and performances and has established himself as an atypical figure on the theatrical scene. Heir to the symbolist movement, the writing of his shows borrows from performance art, is conceived from and around scenic devices and flirts with video installation.
His work has been presented in numerous Quebec institutions, as well as at In Avignon, the Royal Court Theatre in London, the Schaubühne's Festival International New Drama in Berlin, and on several occasions at the National Arts Centre of Canada, the Carrefour international de théâtre in Québec City and the Festival TransAmériques in Montreal.
In June 2022, he directed Not One Of These People, starring British playwright Martin Crimp, going on stage for the first time in his career. For this performance, Lapointe imagined and designed a live deepfake device that used facial recognition to animate avatars generated by GAN - Generative adversarial network. He is also the composer of the epistolary music group LiY with playwright Simon Stephens (lyrics) and designer Laurence Dauphinais (vocals and lyric melody).
International Alliance of Theatrical Stage Employees