Tulugak signifie Corbeau

Laakkuluk Williamson Bathory © Ed Maruyama

On m’a demandé d’écrire quelques mots pour raconter mon association avec le spectacle Tulugak:Inuit Raven Stories. Je vous préviens tout de suite que je ne serai pas objective. J'ai commencé à travailler au Centre national des Arts du Canada l'automne dernier. Quelque temps après mon arrivée, on m'a dit que je paraissais toute désignée pour travailler avec les artistes à l'élaboration de leur spectacle. Génial! J'ai participé à la création et au développement de nombreuses nouvelles œuvres au Canada, mais je n’étais jamais allée au nord du 60e parallèle... Je ne me doutais absolument pas que cette expérience serait aussi extraordinaire et que tout me paraîtrait différent une fois que je serais allée dans le Nord. Première règle d'objectivité négligée : le Nord est tout simplement étonnant. Je m'en suis rendu compte dès que j'ai posé le pied dans cette immense région. Vous avez sans doute entendu de nombreuses descriptions extraordinaires de ce pays... Tout ce que vous avez lu au sujet du Nord est absolument vrai. C'est MAGNIFIQUE.

Tulugak: Inuit Raven Stories est une création de Sylvia Cloutier (qui est originaire de Kuujjuaq, vit actuellement à Iqaluit et a de la famille à Montréal et désormais au Groenland) et Laakkuluk Williamson Bathory (qui vit actuellement à Iqaluit; a grandi à Saskatoon et dont les ancêtres sont originaires du Groenland et de Grande-Bretagne). Laakkuluk est par ailleurs la présidente autoproclamée de la république de  Tartupaluk (île Hans). Cherchez donc où cela se trouve! Elle accepte en ce moment les candidatures aux postes ministériels de son cabinet. Les chances de succès sont excellentes! Ces deux personnes de grand talent, qui sont aussi de grandes amies, sont décidées à faire tomber les barrières culturelles dans le Nord. Avant de me rendre à Iqaluit, cela me semblait une bonne idée. Une fois là-bas, je me suis rendu compte qu'il était impossible de faire autrement! J'ai retrouvé chez tous les gens que j'ai rencontrés à Iqaluit l'éventail complet des connexions culturelles présentes dans l'équipe de cocréation. En fait, j'ai été surprise par deux choses : tout d'abord par le caractère cosmopolite de la ville, mais également par l'engagement culturel de toutes les personnes que j'ai rencontrées vis-à-vis des enjeux touchant le Nunavut en particulier, mais aussi à l'égard des questions plus vastes concernant les identités pan inuites du Groenland jusqu'au Nunavik, dans le nord du Québec. J'ai été surprise par cette attitude, étant donné qu'on n'en parle pas beaucoup dans nos médias. Par conséquent, à l'occasion de mon premier voyage dans le Nord, j'ai été étonnée par la culture et subjuguée par la géographie.

J'ai passé deux jours à Iqaluit avec la conceptrice des éclairages Rebecca Picherak. Là-bas, nous sommes régalées de côtes de caribou, de sushis à base d'omble chevalier. Nous avons goûté de la viande de baleine et nous avons mangé de petits poissons séchés dans le sel. Nous avons dansé sur l'air de « Call Me Maybe » avec un groupe de jeunes sur Wii et nous avons passé toute une matinée sur le terrain (et dans la baie gelée), à cheval sur nos motoneiges. Laakkuluk pilotait une d'entre elles, remorquant un traîneau garni d'une peau de caribou sur laquelle on pouvait s'asseoir pour se réchauffer les fesses. Chris, le directeur musical du spectacle, conduisait l'autre. Il existe peut-être quelque chose de mieux qu'une bonne tasse de café brûlant savourée au milieu d'un paysage complètement gelé, mais pour le moment, je ne vois pas vraiment comment dépasser cette sensation.
La journée sur le terrain était axée sur les corbeaux et la neige. Les corbeaux se trouvent au même endroit que les gens! Voilà qui est étrange : au beau milieu de l'immensité blanche, loin de toute activité humaine, il n'y avait aucun corbeau. Dès que nous nous sommes rapprochés de la ville, on a commencé à revoir les corbeaux. C'était intéressant de voir comment les corbeaux étaient décidés à affirmer leur présence, tout comme les habitants d'Iqaluit avec leurs maisons aux couleurs vives. 

Voilà comment se déroula ma première rencontre avec les corbeaux. J'ai constaté ce jour-là que dans le Nord, les corbeaux et les gens sont indissociables.  Constatation intéressante. C'est alors que j'ai compris pourquoi ce voyage dans le Nord était indispensable. Je crois qu'il est difficile d'expliquer à quelqu'un du Sud le lien qui existe entre le corbeau et les habitants du Nord. Le spectacle Tulugak: Inuit Raven Stories, nous permet de découvrir les liens culturels du Nord et le Corbeau qui plane tout en haut.

Par Sarah Garton Stanley
Directrice artistique associée du Théâtre anglais


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