Cendrillon, cette jeune fille à la pantoufle de vair dont la figure nous semble si familière…
Créateur exceptionnel qui illumine de sa sensibilité la scène contemporaine, Joël Pommerat aime depuis toujours revisiter les contes et les mythes populaires. Il les détourne, les retourne, les réinvente. Au tour de Cendrillon, maintenant. L’auteur et metteur en scène s’en saisit avec l’humour et la délicatesse qui imprègnent l’ensemble de son travail. Choisissant d’ouvrir son récit sur un moment charnière et troublant dans la vie de la jeune fille, il vient jeter un éclairage riche et surprenant sur cette histoire que le temps avait édulcorée. Il lui rend ainsi sa profondeur et sa densité, tout en créant un spectacle directement accessible, directement compréhensible, directement sensible, comme il l’avoue lui-même, cherchant à proposer un théâtre qui interpelle les spectateurs. Tout simplement du grand art.
Par son regard, Joël Pommerat parvient à révéler quelque chose de l’ordre d’une vérité et fait résonner cette histoire ici et maintenant, pour tous et pour toujours.
Extraits critiques du spectacle
« Impressionnant, beau, envoûtant, émouvant, très original, magistralement mené et merveilleusement interprété, le conte fascine et bouleverse. Les enfants comme les adultes. »
Armelle Héliot, Le Figaro
« […] il faut rappeler la qualité de ce spectacle éblouissant. […] Joël Pommerat adapte le conte en le prenant à rebrousse-poil, insérant dans la parole et le jeu de ses interprètes belges, humour et moquerie, ironie noire et sarcasme, une vision satirique du temps. »
Véronique Hotte, Théâtre du blog
« Joël Pommerat concocte un univers onirique souligné par une mise en scène aux superbes effets visuels. Il embarque les spectateurs, petits ou grands, dans un voyage initiatique où l’on ne s’ennuie pas une seconde tant il sait mener son affaire avec une fine dose d’humour et des acteurs impeccables. »
Hugues Le Tanneur, L’Express.fr
« Loin du bruit et des images prémâchées, c’est tout en poésie, en humour et en nuance que cet auteur secoue, toujours très fort, le regard du spectateur. […] L’un des plus beaux moments de théâtre à vivre en ce moment […].
Judith Sibony, LeMonde.fr
« Porté par des acteurs et une mise en scène d’une bouleversante justesse, Cendrillon trace ainsi le chemin initiatique d’une enfant qui peu à peu apprend à surmonter la séparation maternelle, à retrouver le désir de vivre, à s’aimer pour pouvoir aimer, à se reconnaître dans l’autre. »
Gwénola David, La Terrasse
« Joël Pommerat réussit à nous entraîner dans des états émotionnels passants d’éclats de rire incontrôlables à une tristesse et une compassion saisissantes sans jamais perdre de vue la forme littéraire initiale : le conte, ses épreuves psychologiques et ses leçons de vie. »
Entrevue à France Culture avec Joël Pommerat, l'un des artistes les plus en vue du théâtre francophone dans le monde:
Biographie de Joël Pommerat
Né en 1963, Joël Pommerat est auteur et metteur en scène. Il s’est fait une règle de ne mettre en scène que ses propres textes. En 1990, il fonde la Compagnie Louis Brouillard. Sa reconnaissance s’accélère à partir de 2000 avec sa collaboration avec le Théâtre Paris-Villette : Mon ami (2000), Grâce à mes yeux (2002) et Cet enfant (2006). Il monte également Au monde (2004), Le petit chaperon rouge (2004), D’une seule main (2005), Les marchands (2006). En juillet 2006, il est invité au Festival d’Avignon, où il présente quatre spectacles. À l’invitation de Peter Brook, il est en résidence pour trois ans au Théâtre des Bouffes du Nord (2007-2010). Il y crée Je tremble (1) en 2007 et Cercles/Fictions en janvier 2010. En mars 2008, à l’Odéon-Théâtre de l’Europe, il crée Pinocchio, puis Je tremble (1 et 2) au Festival d’Avignon 2008. Il est depuis 2010 artiste associé à l’Odéon-Théâtre de l’Europe et au Théâtre National de Bruxelles. Il crée Ma chambre froide au printemps 2011, ainsi que l’opéra Thanks To My Eyes (livret et mise en scène) avec le compositeur Oscar Bianchi, au Festival d’Aix-en-Provence 2011. Il crée en décembre 2011, à la Comédie de Béthune, La grande et fabuleuse histoire du commerce. Sa dernière création, La réunification des deux Corées, est présentée au CNA en avril 2013.
Toutes ses pièces sont éditées chez Actes Sud-Papiers.
Cendrillon est publiée dans la collection « Heyoka Jeunesse » (2012), avec des illustrations de Roxane Lumeret. La pièce est aussi parue en format poche dans la collection « Babel » (2013), avec une postface de Manon Boudier.
Nous vous invitons à lire dans le numéro d’automne 2013 des Cahiers du Théâtre français un texte de Daniel Loayza consacré à Cendrillon de Joël Pommerat et au mythe de Cendrillon (Cahier TROIS, p. 49-51).
Ouvrages sur le travail de Joël Pommerat
Entretien avec Joël Pommerat
Propos recueillis par Christian Longchamp [hyperlien]
« Je me suis intéressé particulièrement à cette histoire quand je me suis rendu compte que tout partait du deuil, de la mort (la mort de la mère de Cendrillon). À partir de ce moment, j’ai compris des choses qui m’échappaient complètement auparavant. J’avais en mémoire des traces de Cendrillon version Perrault ou du film de Walt Disney qui en est issu : une Cendrillon beaucoup plus moderne, beaucoup moins violente, et assez morale d’un point de vue chrétien. C’est la question de la mort qui m’a donné envie de raconter cette histoire, non pas pour effaroucher les enfants, mais parce que je trouvais que cet angle de vue éclairait les choses d’une nouvelle lumière. Pas seulement une histoire d’ascension sociale conditionnée par une bonne moralité qui fait triompher de toutes les épreuves ou une histoire d’amour idéalisée. Mais plutôt une histoire qui parle du désir au sens large : le désir de vie, opposé à son absence. C’est peut-être aussi parce que comme enfant j’aurais aimé qu’on me parle de la mort qu’aujourd’hui je trouve intéressant d’essayer d’en parler aux enfants. »
« En art, je préfère l’infini au fini »
« Dans mes pièces, tout ce que j’amène à regarder est du domaine du familier, du très familier même, et pourtant je crée du trouble, de l’ambiguïté. Selon moi, ce trouble peut être un plaisir, et un jeu, au sens premier du terme. C’est un plaisir d’être troublé. Le trouble, c’est le moment où nous sommes déplacés et où nous ne nous reconnaissons plus, avec nos repères. Le moment où nous n’avons plus de repères. À ce moment-là, nous réveillons quelque chose en nous-même. Nous sommes dans l’étonnement et la déstabilisation. Nous devons alors nous mobiliser comme face à un danger. Aiguiser notre perception. »
Joël Pommerat, dans Joël Pommerat, troubles, Actes Sud, 2009, p. 73.