Lors du discours principal du récent symposium Under the Radar, l’artiste rwandais Dorcy Rugamba a évoqué la nécessité de briser les frontières de la mémoire. Concrètement, il a parlé de notre tendance à croire que certains événements se cantonnent aux régions, aux populations ou aux personnes concernées. C’est arrivé « là-bas » ou « à ces gens-là », mais pas ici ou à moi. Cette compartimentation nous empêche d’apprendre de l’entièreté de l’expérience humaine et nous prive des incroyables possibilités de la mémoire universelle. Nos mémoires s’individualisent, et nous y perdons beaucoup. La création et le spectacle ont-ils un rôle à jouer ici? Je crois que oui…
Pour cette raison (et bien d’autres), nous avons le plaisir de nous joindre au Festival TransAmériques, qui dévoile l’ajout de Hiroshima mon amour à son édition 2025, et d’annoncer que le Fonds national de création investira dans cette superbe nouvelle œuvre!
Hiroshima mon amour, c’est trois formidables compagnies – Carte Blanche, Chants Libres et le Quatuor Bozzini – qui s’unissent pour créer une production comme elles seules en sont conjointement capables.
C’est une méditation émouvante et provocante sur les effets de la guerre et les stigmates des conflits et des traumatismes. L’œuvre s’intéresse à la mémoire, prompte à l’oubli, et à notre difficulté à faire sens de ce que nous avons vécu – sur le plan tant personnel que collectif. Elle soulève de grandes idées entourant le devoir de mémoire, surtout d’événements géopolitiques, l’insaisissabilité de la vérité et le désir de connaître quelqu’un par ses secrets. Nul besoin de vous dire que je ne cesse d’y penser.
« Faire œuvre de mémoire nous semble, dans le contexte politique mondial actuel, de la plus haute importance. Nous voulons rappeler que les artistes peuvent être au cœur du feu d’allumage du dialogue international de paix. »
– Christian Lapointe, livret et mise en scène (Carte Blanche)
« Avec une équipe de concepteurs de rêve et trois compagnies établies, nous escomptons pousser encore plus loin l’exploration. »
– Isabelle Bozzini, codirection musicale et violoncelliste (Quatuor Bozzini)
« L’idée de non seulement porter le texte, l’histoire, les personnages du film sur scène, mais aussi les images elles-mêmes, la pellicule elle-même dans un spectacle lyrique constitue une approche multidisciplinaire très riche, à la fois innovante et respectueuse. »
– Marie-Annick Beliveau, co-direction musicale (Chants Libres)
Le Fonds national de création est fier d’investir 105 000 $ dans Hiroshima mon amour. Ces fonds serviront à financer une résidence de création, une résidence de conception et des répétitions supplémentaires, et à augmenter le budget établi.
D’autres communications suivront sous peu… dont une grande annonce!