avec l’Orchestre du CNA

2020-10-31 20:00 2020-10-31 21:30 60 Canada/Eastern 🎟 CNA : Doux réconfort

https://nac-cna.ca/fr/event/27450

CNA en direct

Date de diffusion originale : samedi 31 octobre 2020 Le retour grandiose de l’Orchestre du CNA dans la Salle Southam ! Ce concert marque le début d’une nouvelle ère. Les portes de l’orchestre sont maintenant grandes ouvertes. Nous vous proposons une musique portant à réfléchir, à contempler et à célébrer. Le concert s’ouvre de façon calme et introspective avec Lyric for Strings de George...

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Salle Southam ,1 rue Elgin,Ottawa,Canada
sam 31 octobre 2020
Diffusion en direct

≈ 90 minutes · Sans entracte

Nos programmes sont passés au numérique.

Balayez le code QR à l’entrée de la salle pour lire les notes de programme avant le début du spectacle.

Dernière mise à jour: 30 octobre 2020

Répertoire

GEORGE WALKER

Lyric for Strings

JESSIE MONTGOMERY

Starburst

Jacques Hétu

Concerto pour guitare et orchestre à cordes (Christ Habib, guitare)

Samuel Barber

Knoxville: Summer of 1915 (Jonelle Sills, soprano)

Fruit d’une commande de la soprano américaine Eleanor Steber, Knoxville: Summer of 1915 est une « rhapsodie lyrique » de Samuel Barber. Steber a créé l’œuvre en 1949, avec l’Orchestre symphonique de Boston dirigé par Serge Koussevitsky. Le texte, tiré d’un poème autobiographique en prose de James Agee (1909-1955), constitue une réflexion nostalgique sur un été d’enfance à Knoxville, l’année précédant la mort de son père. Barber s’est étroitement identifié au poème, notant : « Il m’a particulièrement frappé parce que la soirée d’été qu’il décrit dans sa ville natale du Sud m’a tellement rappelé des soirées semblables de mon enfance. » De plus, le texte faisait écho à son expérience de la longue maladie et de la mort subséquente, en août 1947, de son propre père, à qui il a dédié cette œuvre.

Barber a utilisé un tiers du poème original d’Agee, choisissant spécifiquement les derniers paragraphes, qu’il a « placés en lignes pour que le schéma rythmique soit clair ». Sur le plan musical, comme le musicologue Benedict Taylor l’a décrit avec justesse, « la nostalgie et le ton mélancolique du poème d’Agee se traduisent dans la musique de Barber par plusieurs marqueurs de l’enfance, du temps passé et de la nostalgie musicale ». Ces éléments comprennent un refrain récurrent de berceuse et une ligne vocale simple, évoquant une chanson folklorique. Les différents timbres des instruments de l’orchestre évoquent avec vivacité les divers sons et images décrits dans le poème. Pour vous guider dans l’audition de l’œuvre, une version française du texte intégral est reproduite ci-dessous, avec un bref commentaire sur la musique.

L’introduction, avec les sons du cor anglais, de la clarinette, du basson et de la harpe, crée un cadre pastoral, évoquant une époque et un lieu d’innocence. La voix fait son entrée, réglant les mots sur le thème principal de la berceuse, avec un accompagnement doux et apaisant.

Voici le moment du soir où les gens s’assoient sur leur porche, se berçant doucement, parlant tout bas, observant la rue et laissant entrer dans leur bulle les grands arbres dressés, refuges d’oiseaux perchés, hangars. Les gens passent; les choses passent. Un cheval, tirant un buggy, fait éclater le son caverneux d’une musique métallique sur l’asphalte : une voiture bruyante : une voiture silencieuse : des gens par deux, pas pressés, qui se chamaillent, transfèrent le poids de leur corps estival, parlent avec désinvolture, tandis que planent au-dessus d’eux des parfums de vanille, de fraise, de carton-pâte et de lait d’amidon, et se superpose à eux l’image d’amoureux et de cavaliers, semblables à des clowns dans de l’ambre incolore.

Un épisode empreint d’urgence vient interrompre la rêverie par l’irruption du bruit et de l’agitation de la vie urbaine, représentée ici par les sons d'un tramway, émulés par des vents joués en staccato et des cordes pincées, entre autres effets.

Un grincement métallique s’élève d’un tramway; il s’arrête; carillonne et repart; souffle bruyamment; fait entendre à nouveau son cri métallique, de plus en plus fort, tournant ses fenêtres dorées et ses sièges de paille vers le passé, le passé et encore le passé, une étincelle lugubre crépitant et jurant par-dessus lui comme un esprit malin qui se lance sur ses traces; le grincement métallique monte de plus en plus vite; toujours aigu, s’évanouit; s’interrompt; la cloche tinte faiblement; s’élève à nouveau, plus faible  encore; s’évanouit, s’élève, s’évanouit, s’élève, s’efface : oublié.

Suit un épisode bref qui, avec les cordes en sourdine, présente un caractère magique et mélancolique, alors que la voix évoque tendrement ce souvenir :

Voici maintenant la nuit de la rosée bleue, mon père a drainé, il a enroulé le tuyau.
Bas le long des pelouses, un feu follet respire…

La musique retombe ensuite dans le refrain de la berceuse.

Les parents sur les porches se bercent et se bercent. Suspendues à des fils humides, les belles-de-jour montrent leurs visages de vieilles.
Le bruit sec et exalté des sauterelles remplissant tout l’air à la fois ravit mes tympans.

Le troisième épisode introduit un nouveau motif mélodique, et la musique se trouble quelque peu et s’intensifie – par de grands sauts dans les violons et l’infusion d’harmonies plus chromatiques – tandis que la voix contemple « son monde » qui l’entoure et la brièveté de la vie.

Sur l’herbe rêche et humide de la cour, mon père et ma mère ont étendu des courtepointes. Nous sommes tous allongés là, ma mère, mon père, mon oncle, ma tante, et moi aussi, je suis allongé là. […] Ils ne parlent pas beaucoup, avec le plus grand calme, et de rien en particulier, de rien du tout. Les étoiles sont grosses et vivantes, toutes semblables à un sourire d’une grande douceur, et elles ont l’air très proches. Tout mon monde a des corps plus grands que le mien, […] avec des voix douces et anodines comme celles d’oiseaux endormis. L’un est un artiste, il vit à la maison. L’une est musicienne, elle vit à la maison. L’une est ma mère qui est bonne pour moi. L’un est mon père qui est bon pour moi. Par bonheur, ils sont tous là, sur cette terre; et qui dira jamais le chagrin d’être sur cette terre, allongés sur des courtepointes, dans l’herbe, un soir d’été, parmi les sons de la nuit.

La musique pastorale de l’introduction revient; la voix entonne une prière passionnée, à laquelle l'orchestre répond en atteignant un intense paroxysme.

Que Dieu bénisse mon monde, mon oncle, ma tante, ma mère, mon bon père, oh, souviens-toi d’eux avec bonté au moment de leur détresse, et à l’heure de leur disparition.

La berceuse se fait entendre à nouveau, pour la dernière fois. Sur les derniers mots, qui, selon Barber, « expriment le sentiment de solitude, d’émerveillement et de manque d’identité d’un enfant dans cet intervalle entre le crépuscule et le sommeil », la voix s’élève à des hauteurs éthérées au-dessus de l’orchestre.

Au bout d’un moment, on me prend et on me met au lit. Le sommeil, doux et souriant, m’attire à lui : et je suis reçu, traité avec douceur, comme un être familier et bien-aimé dans cette maison; mais ils ne veulent pas, oh, ne veulent pas, ni maintenant, ni jamais, ne voudront pas me dire qui je suis.

Sur le motif chaloupé de la berceuse, l’orchestre amène la rhapsodie à sa méditative conclusion.

 Libretto pour Knoxville: Summer of 1915 (PDF 188,91 KB)

Carlos Simon

Portrait of a Queen (Jonelle Sills, narratrice)

Récit pour Portrait of a Queen (PDF 107,8 KB)

Jocelyn Morlock

Solace (Yosuke Kawasaki, violon; Julia MacLaine, violoncelle)

Artistes

  • compositeur George Walker
  • compositrice Jessie Montgomery
  • compositeur Jacques Hétu
  • guitare Christ Habib
  • compositeur Samuel Barber
  • soprano Jonelle Sills
  • compositeur Carlos Simon
  • compositrice Jocelyn Morlock
  • violon Yosuke Kawasaki
  • violoncelle Julia MacLaine
  • orchestre Orchestre du Centre national des Arts
  • chef d'orchestre Alexander Shelley