50 ans de musique avec l’Orchestre du CNA

Chef d’orchestre : John Storgårds

2019-09-30 20:00 2019-09-30 22:00 60 Canada/Eastern 🎟 CNA : 50 ans de musique avec l’Orchestre du CNA

https://nac-cna.ca/fr/event/21703

L’Orchestre du CNA vous invite à célébrer leurs 50 ans en prenant part à des évènements gratuits offerts toute la semaine. Visionnez la liste complète. Détails concernant le spectacle du jeudi 3 octobre sont disponibles ici   Cette spectaculaire soirée musicale célèbre 50 ans de remarquable savoir-faire de l’Orchestre du CNA en mettant en lumière l’exceptionnelle virtuosité...

Read more

Salle Southam ,1 rue Elgin,Ottawa,Canada
lun 30 septembre 2019

≈ 2 heures · Avec entracte

Nos programmes sont passés au numérique.

Balayez le code QR à l’entrée de la salle pour lire les notes de programme avant le début du spectacle.

Dernière mise à jour: 24 septembre 2019

Réflexion

J’ai assisté à mon premier concert de l’Orchestre du Centre national des Arts au début des années 1970. J’accompagnais mon père, qui travaillait alors à temps partiel comme critique musical. Lors de ce concert, et de la multitude d’autres qui ont suivi, je me souviens d’avoir entendu les grands noms de la musique classique tels Itzhak Perlman et Christoph Eschenbach. Mais c’est d’abord et avant tout le jeu poli, raffiné de l’Orchestre du CNA et de son chef fondateur, le charismatique Mario Bernardi, qui a su capter mon attention.

Bien des années plus tard, je me suis joint à l’équipe de l’Orchestre; c’était le début de l’aventure d’une vie. J’ai eu la chance d’entendre l’ensemble triompher à New York, Vienne, Paris et Londres, et j’ai pu le voir à l’œuvre, dans toute son excellence, de Duncan (C.-B.) à Cornerbrook (T.-N.-L.). Les œuvres exceptionnelles composées pour lui par des talents canadiens remarquables constituent aussi une réussite digne de mention. Je sais que tous les mélomanes du Canada se joindront à moi pour féliciter l’Orchestre du Centre national des Arts à l’occasion de son 50e anniversaire, et pour lui souhaiter autant de succès dans les 50 années à venir!

Réflexion

Je suis tombée en amour avec l’Orchestre du CNA, son énergie, son extraordinaire talent artistique et son superbe jeu d’ensemble. Tellement que ma famille et moi avons déménagé de l’Islande au Canada afin que je puisse me joindre à lui. C’est vraiment spécial pour moi de me joindre à l’Orchestre et au CNA alors qu’on célèbre leur 50e anniversaire. J’ai eu l’occasion de me familiariser avec le passé de l’ensemble, ce qui m’a donné bien des idées pour la suite des choses. Je ressens une grande responsabilité de poursuivre l’excellent travail de mes prédécesseurs et je suis enthousiaste à la perspective de contribuer à bâtir l’avenir de l’Orchestre. Je me sens honorée de jouer un rôle de leader au sein de cette extraordinaire et dévouée équipe de l’Orchestre du CNA.

En tant qu’orchestre, nous voulons transmettre à notre public et au monde entier le message que c’est dans la diversité des voix que se crée l’harmonie, et qu’en partageant nos expériences, nous sommes réellement unis. La musique symphonique nous relie au passé et nous donne une expérience active des plus grandes créations artistiques de l’être humain, mais aussi de leur vigueur et de leur modernité. C’est ce qui fait la magie de la musique et lui donne son pouvoir. J’ai hâte de vous voir à nos concerts et de partager ces moments avec vous.

Réflexion

Depuis 50 ans, l’Orchestre du Centre national des Arts enrichit la scène culturelle de la ville, de la région et du pays. Cette semaine, nous célébrons tout ce que représente cet ensemble remarquable : un interprète passionné et hors pair de répertoire symphonique audacieux; un fidèle partenaire d’inspirants talents créateurs d’un océan à l’autre; et une formation de musiciens parmi les plus talentueux au monde.

C’est pour moi un privilège et une source de fierté de diriger cet orchestre unique de calibre international. Ensemble, souhaitons-lui un joyeux 50e anniversaire!

C’est la première fois que l’Orchestre du CNA joue le Prélude pour cuivres de Sunleif Rasmussen.

Mario Bernardi a dirigé la première interprétation qu’a donnée l’Orchestre du CNA de la Symphonie concertante de Haydn, en 1974, avec Walter Prystawski au violon, Donald Whitton au violoncelle, Rowland Floyd au hautbois et Gerald Corey au basson. La plus récente prestation de cette œuvre par l’Orchestre a été livrée en 2004 sous la direction de Pinchas Zukerman, qui était aussi soliste au violon. Les solistes Charles Hamann et Christopher Millard, sur scène ici ce soir, de même que la violoncelle Amanda Forsyth avaient aussi pris part à ce concert.

L’Orchestre du CNA interprète le Concerto pour orchestre de Witold Lutosławski pour la première fois.

L’Orchestre du Centre national des Arts, à 50 ans

Winston Webber, Assistant second violon solo
 

« Le Centre doit avoir un cœur qui bat. » 
– Jean Gascon, C.C. (1921–1988)

« Un bon orchestre est nécessaire. Un superbe orchestre serait plus pertinent. » 
– Louis Applebaum, C.C., O.Ont. (1918–2000)
 

Le 7 octobre 1969, dès les premières notes dramatiques de la Symphonie no 103 « Roulement de timbales » de Haydn, interprétée par Ian Bernard, timbalier de 23 ans formé à Montréal, le Centre national des Arts avait un superbe orchestre, et plus encore. Dès le premier jour, la vision la plus chère des fondateurs du CNA était d’avoir des artistes interprètes en résidence – le fameux « cœur qui bat » de Jean Gascon, qui a donné vie et crédibilité à l’ensemble du projet. Depuis ce tout premier concert, la justesse de cette vision a été démontrée par le succès éclatant de l’Orchestre.

J’ai eu la chance d’évoluer au sein de ce merveilleux orchestre pendant 34 de ses 50 ans. Mes longues jambes et ma posture moins qu’idéale sont familières à près de deux générations de spectateurs d’Ottawa, qui me sont tout aussi familiers – je les regarde droit dans les yeux. Je détourne mon regard de la partition et, wow, il y a 2 000 personnes devant moi. J’ai vraiment de la chance!

Des prestations particulièrement marquantes, en 50 ans de concerts à la Salle Southam, il y en a eu! Par où commencer? Si j’en mentionne une en particulier, de fidèles abonnés diront, probablement à juste titre, que j’ai oublié le VRAI concert par excellence, celui d’il y a 40 ans avec Beethoven… De mémoire, il y a eu d’innombrables interprétations de la Symphonie n° 7 de Beethoven, une spécialité de l’Orchestre du CNA, chacune acclamée davantage que la précédente, et des prestations vraiment époustouflantes, presque dangereuses, de la Symphonie n° 5 de Beethoven avec Gustavo Dudamel, Hannu Lintu et John Storgårds. C’est une expérience palpitante que celle d’assister à un spectacle si intense qu’on pourrait presque en casser quelque chose.

Mais c’est le tout premier concert de l’Orchestre, en 1969, qui doit occuper la place d’honneur parmi tous les autres – un jeune Mario Bernardi et un ensemble plus jeune encore montrant, en une soirée, que le panthéon des grands orchestres devait faire de la place pour en accueillir un autre. Et que dire des jeunes recrues… Au risque d’en nommer une au détriment des autres, je me permets de mentionner le premier hautbois, Rowland Floyd, arrivant sur scène pour la toute première répétition en costume d’apparat, portant une mallette Gucci et un parapluie Burberry, ressemblant à une idole et jouant comme un poète. Bien des années plus tard, Mario Bernardi était revenu diriger l’orchestre après une décennie d’absence; Rowland avait pris sa retraite depuis longtemps et le premier hautbois était, comme aujourd’hui, le brillant Charles « Chip » Hamann. Bref, Mario répétait le lied Le Chant de la terre de Mahler, célèbre pour son solo de hautbois, et « Chip » le joua avec finesse : un son saisissant, un phrasé exquis, une musicalité inégalée. Puis Mario arrêta l’orchestre, regarda Chip et dit : « Au fait, savais-tu que Rowland Floyd a commencé à peindre? »

Combien d’autres spectacles ont donné à la vie tout son sens? Encore une fois, au risque d’en omettre d’autres tout aussi méritoires, notons : une prestation lumineuse de Pelléas et Mélisande en concert avec Gabriel Chmura en 1988 et une interprétation saisissante de Madama Butterfly en concert avec Franco Mannino en 1989, supérieures à tout enregistrement commercial; un Eugène Onéguine d’une beauté déchirante en 1983, ultime production du Festival Ottawa, avec la grande Lois Marshall dans sa dernière (seule?) apparition dans un opéra avec décors et costumes; les visites du grand chef de chœur allemand Helmuth Rilling en 1987, avec son magnifique chœur, le Gächinger Kantorei, pour des prestations de la Passion selon saint Matthieu de Bach, de la Missa in Angustiis de Haydn et du Requiem de Mozart à Ottawa, à Montréal, au Kennedy Center de Washington et au Carnegie Hall; en 2002, une incroyable soirée Astor Piazzolla avec Franz-Paul Decker et le bandonéoniste Daniel Binelli, le plus grand d’Argentine, qui a rapporté à ses amis l’enregistrement de l’émission de la CBC en disant que c’était le meilleur Piazzolla qu’il avait jamais entendu; et deux prestations de la Passion selon saint Matthieu de Bach avec Trevor Pinnock en 1997, dont on se souvient encore aujourd’hui comme des expériences marquantes et divertissantes pour les participants. Trevor, en commençant la première répétition avec le double chœur et le double orchestre répartis à gauche et à droite sur scène, dit avec humour : « vous, à gauche, si je vous désigne, mais que c’est en fait à votre tour, vous, à droite, rappelez-vous simplement que je suis dyslexique. »

Loin de chez moi, sur un terrain de basketball converti à Kirkland Lake, j’ai vu des spectateurs sauter littéralement de leurs chaises pliantes dès le premier accord de Coriolan de Beethoven, tellement le son était impressionnant dans ce petit espace. Et j’ai vu 3 000 mélomanes allemands refuser d’arrêter d’applaudir après une superbe interprétation du Concerto pour violon de Beethoven avec Pinchas Zukerman, à Leipzig – après de nombreux saluts, nous avions tous quitté la scène, les lumières étaient allumées, mais les spectateurs ne voulaient pas rentrer chez eux. Il y a aussi cet homme d’affaires japonais impeccablement vêtu qui s’approcha de moi pendant que je prenais mon petit déjeuner à notre hôtel de Fukuoka, me demandant avec le plus grand respect quel était le merveilleux rappel que nous avions joué la veille (c’était le charmant Intermezzo des Quatre Rustres de Wolf-Ferrari, dirigé par Franco Mannino). Je me souviens aussi de cette fois où le même inimitable Franco Mannino avait, pendant la longue cadence de Claudio Arrau dans le concerto Empereur de Beethoven, discrètement sorti sa montre de poche.

Ayant son siège dans la capitale nationale, l’Orchestre peut se voir confier des responsabilités particulières lorsqu’il se produit à l’extérieur de la ville. Au début de sa tournée de 2014 au Royaume-Uni pour commémorer le centenaire de la Première Guerre mondiale, alors que nous attendions nos bagages à l’aéroport d’Édimbourg, nous avons été choqués de voir tous les téléviseurs de l’aéroport montrer des scènes de chaos, ici, au pays. Une horreur – pendant que nous étions dans les airs, un soldat canadien qui montait la garde au Monument commémoratif de guerre avait été abattu par un terroriste. Nous avons tous utilisé un mois de données sur nos téléphones pendant la nuit, essayant désespérément de joindre nos familles. Le lendemain soir, à Usher Hall, nous avons eu l’honneur solennel, en tant que compatriotes canadiens, de dédier le premier concert de la tournée commémorative au soldat décédé, le caporal Nathan Cirillo, et à tous ceux qui ont perdu la vie en protégeant notre merveilleux pays – le but de cette tournée, devenait soudain personnel. Alors que nous jouions « Nimrod » d’Elgar en leur honneur, nous contenions nos larmes, et le public aussi.

Quelques années plus tard, dans un moment des plus mémorables, nous avons interprété la nouvelle œuvre de John Estacio inspirée d’un poème de Rita Joe, « I Lost My Talk », sur le territoire de la Première Nation d’Eskasoni à l’île du Cap-Breton. C’était impressionnant, le poids de ce pan d’histoire ineffable et l’espoir de réconciliation que ce concert apportait, avec brio de surcroît, grâce au talent artistique et au tact de notre excellent directeur musical Alexander Shelley, qui en a été le moteur. Et, dans une autre galaxie très lointaine, nous avons joué la magnifique (et longue…) trame sonore de John Williams au fil d’une projection du film Harry Potter à l’école des sorciers, et ce, pendant deux soirs au Centre Canadian Tire devant 10 000 fans en délire. Mis à part le froid glacial du trajet à pied entre le Centre et l’aire de stationnement, c’était génial. Et, pour bon nombre de ces 10 000 personnes, il s’agissait peut-être d’un premier concert d’orchestre symphonique.

Pourquoi la musique a-t-elle tant d’importance? Je ne sais pas, mais c’est ainsi. À son meilleur, la musique que nous jouons touche au sublime. Nous pénétrons dans le cœur des grands esprits et des grandes âmes ayant marqué des siècles d’histoire et, dans ces moments-là, la peur et la mortalité disparaissent. Des expériences inoubliables. Et ce qui est formidable, c’est qu’en tant que musiciens et spectateurs, nous les vivons ensemble. Ce brillant premier concert, il y a 50 ans, reste gravé dans la mémoire de certains d’entre vous qui sont ici avec nous ce soir dans cette magnifique salle. Aucun autre grand orchestre au monde ne peut dire cela. C’est quelque chose, non?

50 ans de l'Orchestre du CNA : Chefs d'orchestre et directeurs musicaux

Jean-Marie Beaudet (1908–1971)
Directeur musical, 1964–1970
Visionnaire original, Jean-Marie Beaudet a convaincu les fondateurs du CNA de créer un petit orchestre virtuose de la meilleure qualité possible. Ses connaissances et son expérience furent essentielles pour le chef fondateur Mario Bernardi. Bien qu’il ait dû démissionner pour des raisons de santé peu de temps après la mise sur pied de l’Orchestre, Jean-Marie Beaudet a bien davantage influencé l’ensemble que ne le laisse supposer le souvenir que nous en avons généralement aujourd’hui.

Mario Bernardi (1930–2013)
Chef d’orchestre fondateur, 1968–1971, directeur musical, 1971–1982
C’est à Mario Bernardi que l’on doit l’éclat et la précision de l’Orchestre du CNA. « À Ottawa, les hivers sont longs et les notes, courtes », disait-on pour plaisanter. Lors de la toute première répétition, juste avant de commencer, il s’était tourné vers un ami et lui avait affirmé avoir l’impression d’être dans le cockpit d’un nouvel avion de ligne et ne pas être sûr que l’appareil allait décoller. Mais il n’avait pas à s’inquiéter. Malgré sa réputation de maître exigeant bien méritée, c’était un musicien superbe, surtout pour les voix de soutien. On se souvient de sa conduite brillante et collégiale depuis son clavier dans le Concerto pour piano en sol majeur de Ravel au Carnegie Hall et Les Noces de Figaro de Mozart au Festival Ottawa. Avec Walter Prystawski à ses côtés, il a créé l’identité unique de l’Orchestre, une réalisation exceptionnelle.

Franz-Paul Decker (1923–2014)
Premier chef invité, 1991–1999
Profondément cultivé et légèrement excentrique, cet Européen de la vieille école a été formé à la Hochschule für Musik de Cologne, a fait ses débuts à l’opéra dans cette même ville en 1945 (!), connaissait Richard Strauss (qu’il a rencontré en 1948 pendant une partie de cartes) et avait donc un lien direct avec la grande tradition musicale européenne d’avant-guerre. Au cours de sa carrière, il a dirigé 85 opéras, des dizaines d’œuvres canadiennes présentées en première mondiale et, avec l’Orchestre du CNA, des interprétations inoubliables de Richard Strauss et de Piazzolla. Il compte parmi les rares chefs d’orchestre qui, dès la première répétition, réussissent à obtenir un son unique tant leur personnalité est fascinante.

Trevor Pinnock
Directeur artistique et chef d’orchestre principal, 1991–1996, conseiller artistique, 1996–1998
Spécialiste du baroque de renommée mondiale et artiste à succès chez Deutsche Grammophon, Trevor Pinnock a su se diversifier pendant son mandat à Ottawa, n’hésitant pas à repousser ses limites. Dans le répertoire classique, il a produit des interprétations d’une sincérité pénétrante et d’une splendeur naturelle, entre autres les enregistrements et les créations des œuvres de Linda Bouchard, sa compositrice en résidence. Encore aujourd’hui, on se souvient avec admiration et gratitude de son interprétation de la Passion selon saint Matthieu de Bach en 1997.

Franco Mannino (1924–2005)
Premier chef d’orchestre et conseiller artistique, 1982–1986
Ce charismatique et irrésistible « personaggio vivo e straordinario » est le maître suprême de l’opéra italien, La Cenerentola et Madama Butterfly étant des exemples mémorables. Les enregistrements de ces opéras en concert avec l’Orchestre du CNA sur les ondes de la CBC égalent ou surpassent toute production commerciale. Son CD de l’Orchestre du CNA mettant en vedette des ouvertures d’opéra italien a été le cadeau de Noël préféré de tous pendant des années. À son époque, l’Orchestre du CNA était littéralement l’orchestre italien le plus exaltant du monde.

Gabriel Chmura
Directeur musical, 1987–1990
Musicien sérieux, prodigieusement talentueux, lauréat du Concours Herbert von Karajan à Berlin en 1971 et médaillé d’or du Concours Cantelli à La Scala, Gabriel Chmura est respecté et aimé pour sa préparation méticuleuse et sa douceur. Pendant son court mandat avec l’Orchestre du CNA, il a réalisé un élégant enregistrement des premières symphonies de Haydn pour la CBC, une interprétation lumineuse en concert du seul opéra de Debussy, Pelléas et Mélisande, et de multiples tournées nord-américaines qui l’ont notamment mené à Carnegie Hall.

Pinchas Zukerman
Directeur musical, 1999–2015
Pinchas Zukerman est tout simplement l’un des plus grands violonistes et altistes du XXe siècle. Il a donné à l’Orchestre du CNA une plus grande confiance et une perspective mondiale, le dirigeant dans des interprétations inoubliables, en particulier pendant la tournée européenne de 1990 avec une prestation inégalée du Concerto pour violon de Beethoven au Gewandhaus de Leipzig le jour suivant la réunification allemande et lors de la tournée du Moyen-Orient en 2000 pendant la seconde Intifada – grâce à un immense effort diplomatique pour que l’Orchestre puisse se produire en Palestine, mais qui, à la dernière minute, fut compromis par l’un des conflits mondiaux les plus complexes. Sa personnalité plus grande que nature a permis à l’Orchestre de vivre des expériences plus grandes que nature.

Alexander Shelley  
Directeur musical depuis 2015
Ce musicien aux multiples talents et aux champs d’intérêt encore plus vastes (il dirige des œuvres de Stravinsky et joue du jazz au piano pendant les pauses de répétition) représente le meilleur de la nouvelle génération de chefs d’orchestre : collégial, urbain, multilingue et fasciné par les nouvelles créations, les liens interculturels et la réconciliation. Au cours des dernières années, il a dirigé l’Orchestre avec brio lors de ses premières exécutions d’œuvres majeures de Richard Strauss. Il a inspiré et dirigé le projet Réflexions sur la vie, achevé en 2015 – une immense réalisation artistique et culturelle présentée dans des villes du Canada et d’Europe et acclamée par la critique.

John Storgårds
Premier chef invité depuis 2015
Il y a, entre l’Orchestre et ce Finlandais athlétique et chaleureux, une chimie unique qui donne lieu à des prestations d’une intensité primaire et d’une profondeur sonore naturelle. John Storgårds est tout aussi brillant avec Beethoven, Schumann, Sibelius, Vaughan Williams qu’avec des œuvres nouvelles. Il entretient la plus amicale des relations avec Alexander Shelley, directeur musical de l’Orchestre du CNA, qui le lui rend bien. Comme le disait un cadre supérieur, le rêve de tout orchestre est d’avoir un chef populaire auprès du public, populaire auprès des musiciens et populaire auprès de la direction, et nous en avons deux!

Alain Trudel    
Premier chef des concerts jeunesse et famille, 2012–2019
Grand enfant lui-même, excellent soliste sur un instrument « cool » – le trombone – et chef d’orchestre, Alain Trudel suscite à tout coup l’intérêt du jeune public grâce à son bilinguisme tout naturel et à son enthousiasme.

Mario Duschenes (1923-2009)     
Premier chef des concerts éducatifs (sans titre), 1973–1988
Éternel et dévoué pédagogue au parcours remarquable, né en Allemagne, Mario Duschenes a étudié la flûte traversière, la composition et la direction orchestrale en Suisse pendant la guerre. Il est l’auteur de la célèbre série de livres Méthode de flûte à bec portant son nom. Son approche douce et intelligente des concerts jeunesse lui a valu l’affection de plusieurs générations d’enfants et de leurs parents.

Boris Brott     
Premier chef des concerts éducatifs (sans titre), 1989–2004, premier chef des concerts jeunesse et famille, 2004–2012
Énergique et ambitieux, il a su apporter une touche singulière à un large éventail de programmes éducatifs.

Jack Everly   
Premier chef des concerts Pops depuis 2004
Très apprécié du public et des musiciens de l’Orchestre, Jack Everly est un incroyable « musicologue pop ». Il partage de manière fort divertissante son amour de la musique de films hollywoodiens et des grands spectacles de la belle époque de Broadway en recherchant et en recréant la musique originale de grands classiques tels que West Side Story, Un Américain à Paris, Le Magicien d’Oz et Casablanca. Certaines de leurs précieuses partitions originales ont été perdues ou littéralement enterrées dans des décharges par des cadres d’Hollywood qui n’avaient aucune idée de ce qu’ils faisaient. Heureusement, Jack, lui, sait ce qu’il fait.

50 ans de l'Orchestre du CNA : Premiers violons

Walter Prystawski, 1969–2006
Ce leader musical hors du commun est, avec Mario Bernardi, l’artisan de la fameuse discipline de l’Orchestre, de son identité unique — une réalisation exceptionnelle — et de son esprit de corps, toujours bien tangible aujourd’hui.

Yosuke Kawasaki, Violon solo depuis 2007
Comptant parmi les meilleurs violons solos de la nouvelle génération, ce superbe violoniste incarne l’ultime niveau de préparation, un style de prestation énergique et engagé et une vaste connaissance de la pratique de l’interprétation au fil de l’histoire. Plus que tout autre musicien, il contribue au développement continu de l’Orchestre que tous reconnaissent.

Répertoire

Sunleif Rasmussen

Prélude pour cuivres

Sandur, îles Féroé, 19 mars 1961
Vit actuellement en alternance à Sandur et Copenhague

On n’en voudra pas aux mélomanes qui seraient bien en peine de citer un seul compositeur des îles Féroé, mais ceux qui le peuvent mentionneront assurément Sunleif Rasmussen comme figure de proue de cet archipel autonome de moins de 50 000 habitants, rattaché au royaume du Danemark. Après avoir étudié en Norvège, Rasmussen œuvre pendant cinq ans dans la capitale des îles Féroé, Tórshavn, comme professeur de musique et pianiste de jazz, avant de poursuivre sa formation à l’Académie royale de musique du Danemark, à Copenhague, où il a notamment pour maîtres Ib Nørholm et Ivar Frounberg. Son catalogue de plus d’une centaine d’œuvres fait la part belle à la musique instrumentale, particulièrement à la musique de chambre dans différentes combinaisons inusitées d’instruments (clarinette et cor; saxophone et percussions; guitare, piano, accordéon, violon et contrebasse; etc.). Le site Web de Classical Music Sales décrit ainsi la musique de Rasmussen : « elle peut ne pas sembler intrinsèquement féroïenne, mais au cœur même de la structure musicale subsiste la trace du folklore féroïen, ravivée sous des formes nouvelles. Ses compositions présentent une complexité naturelle, associant le jazz aux riches traditions folkloriques féroïennes, ainsi qu’à l’électroacoustique et la musique spectrale. Il en résulte des œuvres des plus évocatrices, d’une grande beauté et d’un abord facile. »

Plusieurs compositions de Sunleif Rasmussen associent des instruments électroniques et acoustiques, et quelques-unes ont été produites en collaboration avec l’Institut danois de musique électroacoustique. Ce n’est pas le cas, toutefois, du Prélude pour cuivres, composé en 2008–2009 dans le cadre d’une résidence de composition auprès de l’Orchestre symphonique du Jutland du Sud (Danemark). Le Prélude a été écrit expressément pour être joué dans le vaste foyer de la salle où se produisait cet orchestre. Ce soir, il est interprété sur scène. L’œuvre, dont l’exécution dure une quinzaine de minutes, est constituée de quatre mouvements enchaînés sans pause, et composée pour 11 instruments : quatre cors, trois trompettes, trois trombones et un tuba.

– Traduit d’après Robert Markow

JOSEPH HAYDN

Sinfonia Concertante

Rohrau, Autriche, 31 mars 1732
Vienne, 31 mai 1809

Le genre connu sous le nom de sinfonia concertante était assez populaire au temps de Haydn, bien que presque toutes les œuvres de ce type aient sombré dans l’oubli, à l’exception des siennes et de celles de Mozart. Le principe de base est une fusion du concerto grosso baroque et de l’architecture classique de la symphonie. Des instruments solistes (habituellement de deux à quatre) jouent sur un fond orchestral, non à la manière de Vivaldi et Haendel, qui alternaient tutti et concertino, mais plutôt dans une veine symphonique.

Haydn ne s’est pas beaucoup consacré au concerto pour instrument soliste. Il a néanmoins intégré de nombreux éléments concertants dans son abondante production symphonique tout au long de sa carrière, notamment dans la trilogie de jeunesse « Le matin », « Le Midi » et « Le soir » (Symphonies no 6, 7 et 8), ainsi que dans « Appel de cors » et « Miracle » (Symphonies no 31 et no 96). Composée en 1792 pour la célèbre série de concerts Salomon à Londres, la Symphonie concertante constitue l’aboutissement des expériences du compositeur dans le domaine concertant pour multiples solistes. C’est vraisemblablement l’imprésario de Haydn, Salomon, qui le persuada d’écrire cette œuvre, parce qu’il tenait à ce que « son » compositeur réplique aux éloges que récoltaient les sinfonie concertanti d’Ignaz Pleyel, ancien élève de ce dernier. Salomon joua lui-même la partie de violon solo à la création, qui eut lieu le 9 mars 1792 et remporta un vif succès. Chacun des quatre solistes y joue, à parts égales, un rôle de premier plan.

Qu’on ne s’attende pas, toutefois, à trouver ici une forme sonate élaborée, une forte intensité dramatique, un langage harmonique novateur ou une grande profondeur de sentiment. En revanche, une élégance pétillante, un lyrisme gracieux et un dialogue musical ponctué d’échanges pleins de verve font tout le charme de cette œuvre plaisante.

– Traduit d’après Robert Markow

LUTOSŁAWSKI

Concerto pour orchestre

Varsovie, Pologne, 25 janvier 1913
Varsovie, Pologne, 7 février 1994

Witold Lutosławski (prononcé VI-told Lou-to-SWOV-ski ) est universellement considéré non seulement comme l’un des plus éminents compositeurs de Pologne, mais comme l’un des plus illustres et des plus admirés parmi les compositeurs du XXe siècle. Bon nombre de ses œuvres sont en voie d’être intégrées au répertoire orchestral, telles Mi-parti (1976), le Livre pour orchestre (1968), le Concerto pour orchestre (1954), Musique funèbre (1958), le Concerto pour violoncelle (1970) et la Symphonie no 3 (1983). Vers la fin de sa vie, toutes ses nouvelles œuvres furent présentées à de nombreuses reprises partout dans le monde; c’est le cas notamment de la série Chaîne (1983–1985), du Concerto pour piano (1987), de Chantefleurs et Chantefables (1991) et de la Symphonie no 4 (1992).

On comprend aisément pourquoi la musique de Lutosławski plaît au public. En effet, c’est un compositeur qui, tout en conservant un langage contemporain qui lui est propre, ne renie pas pour autant les valeurs du passé, et plusieurs de ses œuvres offrent de magnifiques exemples de « belle » musique atonale. Pour Lutosławski, il est indispensable que la musique conserve une dimension humaine, et la plupart des mélomanes trouvent son œuvre éminemment accessible, en dépit de son incontestable modernité. Ses compositions débordent d’énergie et de vivacité. La plupart sont mues par une puissante impulsion, qui se manifeste souvent par un élan rythmique et par des contrastes et superpositions de masses sonores. En outre, les emprunts à la musique folklorique abondent dans ses œuvres de jeunesse, dont le Concerto pour orchestre.

À l’époque où Lutosławski écrivait ce concerto (1950–1954), le climat musical en Pologne n’était guère propice à la création de sonorités aussi agressivement modernes que celles qu’on trouve dans cette œuvre. Les gardiens de l’orthodoxie culturelle dépêchés par le régime stalinien depuis la Russie voisine faisaient la vie dure aux artistes qui rechignaient à se conformer au réalisme socialiste. Le concerto a été achevé au moment même où s’amorçait un dégel politique et culturel suivant la mort de Staline en 1953, et a été créé le 26 novembre 1954 par l’Orchestre philharmonique de Varsovie sous la direction de Witold Rowicki, à qui l’œuvre est dédiée.

L’exemple le plus connu d’un concerto pour orchestre est celui de Béla Bartók (que l’Orchestre du CNA interprètera le 3 octobre). Chez celui-ci, chaque section de l’orchestre est mise de l’avant, à un moment ou un autre, pour jouer le rôle de soliste. Chez Lutosławski, c’est l’orchestre dans son ensemble qui est traité comme un seul instrument virtuose. Et, comme le compositeur se passionnait pour la palette de couleurs orchestrales obtenue avec différentes combinaisons d’instruments, l’œuvre présente un vaste éventail de sonorités fascinantes. La préférence de Lutosławski allait aux couleurs vives, plutôt que chaudes; aux surfaces brillantes, plutôt que doucement lumineuses; aux contrastes nets plutôt qu’aux subtils mélanges de sons; et aux lignes anguleuses plutôt qu’aux courbes lyriques. Ces qualités, alliées au traitement résolument virtuose de l’orchestre, font du Concerto pour orchestre une œuvre électrisante.

L’introduction s’amorce de façon percutante : les timbales produisent une note tenue au-dessus de laquelle les violoncelles ne tardent pas à exposer le sombre, tumultueux et puissant premier sujet, inspiré d’un chant folklorique polonais. Cette idée s’étend progressivement aux sections plus aiguës des cordes, jusqu’à ce que les cors annoncent le second sujet, également dérivé d’un chant folklorique, dans une veine un peu plus lyrique. Ces thèmes sont développés dans une série d’épisodes. Après un point culminant, Lutosławski reprend l’idée d’ouverture, mais cette fois, au lieu des cordes groupées dans leur registre le plus grave, il utilise les bois en solo et les cordes dans leur registre le plus aigu. Et plutôt qu’un puissant roulement de timbales, c’est le son délicat du célesta qu’on entend, aussi dans son registre aigu.

Lutosławski rend hommage à Bartók dans le Capriccio notturno, où il évoque les mystérieux murmures, bourdonnements et gazouillis ponctuant la « musique de nuit » bartókienne. Volutes et boucles d’une exquise délicatesse volettent fébrilement dans ce qui est l’une des plus élégantes partitions de Lutosławski. L'arioso central de ce court mouvement ramène brièvement la clarté, alors que les trompettes solos émettent à l’unisson une idée au rythme plus lent et appuyé (également dérivée d’un chant folklorique). La course nocturne effrénée reprend alors son cours sous différentes formes. On remarquera notamment le dialogue plein d’esprit qui s’engage à toute allure entre un assortiment de tambours délicatement martelés, juste avant que le mouvement ne se résolve dans le silence.

De loin le plus long du concerto, le troisième mouvement s’articule en trois volets liés entre eux : une passacaille (série de variations bâtie sur un thème récurrent dans la ligne de basse), une toccata (une idée fortement incisive amorcée par les croches rapides des violons) et un choral instrumental (énoncé tout en douceur par les clarinettes et les hautbois, avec un sujet secondaire à la flûte). Chaque segment atteint un point culminant avant de céder le pas au suivant. Les liens thématiques entre eux, de même qu’entre les sujets mélodiques issus des mouvements précédents, sont tantôt aisément reconnaissables, tantôt plus subtils; la plupart des auditeurs seront sensibles, du moins de façon subliminale, à l’unité organique et au délicat travail d’orfèvre qui contribuent à faire du Concerto pour orchestre une expérience artistique aussi gratifiante. Divers éléments de la passacaille, de la toccata et du corale s’entremêlent, interagissent et virevoltent ensemble, alors que le concerto se précipite vers une spectaculaire conclusion.

– Traduit d’après Robert Markow

Artistes

  • Avec Orchestre du CNA
  • Chef d’orchestre John Storgårds
  • violon Yosuke Kawasaki
  • violoncelle Rachel Mercer
  • hautbois Charles Hamann
  • basson Christopher Millard
  • compositeur Sunleif Rasmussen