Petite Sorcière

Solo (5 à 12 ans)

2018-12-15 13:00 2018-12-16 15:00 60 Canada/Eastern 🎟 CNA : Petite Sorcière

https://nac-cna.ca/fr/event/19033

Fable d’aujourd’hui pour chat en croûte et sorcières extrarusées Vous trouverez ici les informations concernant la « petite forme » du spectacle Petite Sorcière, c’est-à-dire la version solo pour les 5 à 12 ans, avec une seule interprète qui réussit le tour de force de livrer toutes les nuances de l’histoire. En un clic de plus, découvrez la version « grande forme »...

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Studio Azrieli ,1 rue Elgin,Ottawa,Canada
15 - 16 déc 2018

≈ 45 minutes · Sans entracte

Nos programmes sont passés au numérique.

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Dernière mise à jour: 12 décembre 2018

Forces conjuguées

Quand a-t-on la chance de voir deux spectacles du même texte ? Quand a-t-on l’occasion de se frotter à des propositions théâtrales distinctes, et pourtant façonnées à partir d’une matière semblable ? Et cela, sans attendre cinq ou dix ans avant qu’un artiste décide de s’emparer à nouveau d’un texte pour en proposer une réinterprétation ou une version plus personnelle ? Rarement, sinon jamais ! Il n’y a que Nini Bélanger pour se lancer dans une telle aventure et nous entraîner avec elle ! Elle le fait ici avec une pièce de Pascal Brullemans, inspirée des contes. L’envie de la metteure en scène d’en voir émerger deux versions témoigne vivement de son audace : tête chercheuse, infatigable exploratrice des formes que peut prendre le théâtre. Car Nini s’interroge constamment sur comment raconter, comment s’adresser aux spectateurs. Son intuition pointe aussi vers les possibles du texte, de l’écriture, aussi précise, ciselée, que riche, composée de niveaux multiples. Sans fioritures mais haletante, l’histoire imaginée par Pascal Brullemans raconte comment Petite Sorcière fait face à une situation pour le moins inusitée, pour ne pas dire périlleuse, et ce, sans recourir à des ressorts magiques. Bien que le plaisir de découvrir les deux propositions scéniques est grand, assister uniquement au solo ou au quatuor permet déjà de déceler et d’apprécier les forces conjuguées de la metteure en scène et de l’auteur. Elles sont vibrantes dans chacun des spectacles. Et en savoir un peu plus sur la démarche qui a présidé à la double création de Petite Sorcière vous permet de saisir d’emblée qu’il n’y a en revanche qu’un Pascal et qu’une Nini dans le paysage théâtral : ils osent là où peu de gens s’engagent, et c’est pour cette raison qu’on les aime tant ! 

Avancer sur la fine ligne entre les âges

Entretien avec NINI BÉLANGER

À quel moment c’est devenu clair pour toi que tu allais créer deux spectacles pour un même texte ? Et quelle était la motivation, le désir, derrière ce choix ? 

Avec Vipérine, spectacle jeune public que nous avons tourné pendant six ans, nous vivions quelque chose qui me fascinait : nous pouvions nous adresser tant aux plus petits (7–9 ans) qu’aux ados (13–15 ans). Selon l’âge des spectateurs, l’actrice qui jouait la jeune fille de dix ans adaptait son jeu, candide ou préadolescente.

Avec Petite Sorcière, j’ai eu envie d’expérimenter ça encore. Dans ma pratique, je ne m’étais encore jamais adressé aux plus petits (5–6 ans). La trame de Petite Sorcière est un conte assez cruel. Pouvions‑nous proposer ça à des petits ? De quelle manière ? Les deux spectacles sont nés de ces interrogations-là, avec le désir de respecter le public, lui faire confiance, partager une histoire avec un propos universel, où chacun, selon sa maturité, pourra y puiser ce dont il a besoin. C’est pour ça que je fais du théâtre.

En pensant que certains spectateurs audacieux vont aller voir les deux formes, quels ont été les défis dans la création et la mise en scène de chacune des versions de Petite sorcière ?  

J’ai bâti la grande forme en opposition à la petite, pour me mettre au défi, mais également pour proposer aux enfants un objet théâtral distancié, quelque chose que l’on voit plus rarement en jeune public. Tout a été réfléchi et travaillé pour en faire une expérience très différente de la forme solo. Et autant j’étais en contrôle dans la forme solo, autant l’objectif de création de la forme quatuor était de me laisser surprendre. Des vidéos de chats, des éclairages colorés, un environnement sonore très enveloppant, ces éléments apparaissent comme des ovnis dans ma pratique théâtrale ! Deux Petites Sorcières, deux mondes.

Créer une pièce de théâtre avec son amoureux, c’est comment ? Qu’est-ce que ça implique ?

Lorsqu’on crée un spectacle, cela occupe une grande place dans notre vie et travailler ensemble nous permet de partager ce moment d’effervescence. Nous sommes à la fois les plus grands admirateurs et les plus grands critiques de nos démarches respectives. Nous savons que nous pouvons avoir complètement confiance l’un dans l’autre, c’est une opportunité de dépassement artistique et humain formidable. 

Travailler avec Pascal Brullemans est un pur bonheur. Porter ses mots jusqu’à vous par le biais de Petite Sorcière est un privilège… Oui, je suis privilégiée de côtoyer au quotidien cet auteur sensible et talentueux. Pascal est l’être le plus créatif et lumineux que je connaisse. Il rend la vie belle et sensée. Je me pince souvent en contemplant la chance de cet amour partagé depuis 25 ans maintenant. 

Oui, ceci est une déclaration publique d’admiration et d’amour.

— Propos recueillis par  Amélie Dumoulin

Extrait

Débouchant dans une clairière
Grande Sorcière découvre un ogre
couché sur un tapis de feuilles
le pied coincé dans un piège

Ogre : Qu’est-ce que tu regardes ?

Grande Sorcière : Un monstre qui meurt

Ogre : Je connais le chasseur qui a fait ça
Il a eu de la veine de m’échapper

Grande Sorcière : Une chance qu’il ne te rendra pas

Ogre : Tu ne vaux pas mieux

Grande Sorcière : Pourquoi ?

Ogre : Si j’étais un homme tu me libérerais

Grande Sorcière : Tu te trompes
Moi je suis une sorcière
Alors les hommes et les monstres
c’est du pareil au même

Ogre : Il y a une différence

Grande Sorcière : Laquelle ?

Ogre : Les ogres tiennent toujours parole
Sinon ils meurent
C’est la loi1

1 Pascal BRULLEMANS, Petite Sorcière, Lansman (Éditeur), 2017, pp. 18.

Quelques clés pour apprécier le spectacle

EXTRAITS DU GUIDE pédagogique produit par la compagnie

L’histoire 

Après avoir connu de grands bouleversements dans sa vie, Petite Sorcière est obligée d’aller vivre chez un ogre. Mais comment cohabiter avec une créature qui rêve de vous dévorer ? Et surtout, comment s’en débarrasser sans devenir soi-même un monstre ?

Le conte

Le conte est un court récit qui décrit une réalité en introduisant le surnaturel, le fantastique ou le merveilleux. Il est destiné à divertir et à donner une leçon de vie. Dans le conte, le héros ou l’héroïne se transforme tout au long du récit, comme le fait Petite Sorcière. À l’origine, le conte faisait partie de la culture populaire et de la tradition orale. On se transmettait les histoires de génération en génération. Puis, à partir de la Renaissance, des contes ont été mis sur papier et de nouvelles œuvres ont été créées par des auteurs dont certains, comme Charles Perrault et les frères Grimm, sont encore fort populaires aujourd’hui. 

La Sorcière – Le mot « sorcier » tire son origine du latin populaire « sortarius », qui se traduit par « diseur de sorts ». Depuis l’Antiquité, les sorciers ont fait l’objet de persécutions dont les victimes ont surtout été des femmes. C’était principalement le cas aux XVe et XVIe siècles. Ces femmes, dont une toute petite minorité étaient de réelles criminelles, pratiquaient souvent les métiers de sages-femmes ou de guérisseuses. Dans le conte, les méchantes sorcières ont souvent été associées à des animaux tels que les chats noirs, les corbeaux, le crapaud, l’araignée ou le rat, une ménagerie généralement peu appréciée. On leur prêtait le pouvoir de se transformer en animaux, de voler à cheval sur un balai, de lancer des sorts, de dévorer des enfants et de semer le mal les nuits de célébration du sabbat. Les quelques contes suivants mettent en scène des sorcières : Hansel et Gretel, Blanche-Neige, La petite sirène et Raiponce. 

L’Ogre – Du latin « orcus », qui se traduit par « enfer », l’ogre est l’incarnation de la méchanceté, de la laideur et de la cruauté. Il adore la chair fraîche des petits enfants; c’est le cannibale le plus connu des contes. Malgré sa gourmandise notoire, il est toutefois un fin gourmet et aime les petits chérubins bien apprêtés, crus ou cuits. On attribue d’ailleurs son immense stature à son insatiable appétit. Le personnage de l’ogre a été popularisé par l’auteur Charles Perrault et évoque l’autorité menaçante du père. C’est toutefois ce même personnage qui est souvent dupé par ses victimes, car il n’est pas nécessairement très vif de corps et d’esprit. Les quelques contes suivants mettent en scène des ogres : Le Chat botté, Le Petit Poucet et La Belle au bois dormant dans sa version moins connue du grand public, où le personnage de l’ogre existe dans sa version féminine.

Les personnages de « Petite Sorcière »

Souvent, les personnages d’un conte n’ont souvent pas de nom propre. Ils portent simplement un sobriquet qui permet de les identifier d’après leur apparence, leurs caractéristiques particulières ou leurs occupations. C’est le cas, par exemple, du Petit Poucet, du Chat botté ou encore du Petit Chaperon rouge.

Petite sorcière
Petite Sorcière vit en ville avec sa mère Grande Sorcière
Grande Sorcière est très malade et doit souvent rester couchée
Quand sa mère est trop fatiguée Petite Sorcière prend soin d’elle
Fait la vaisselle et racle le potager

Grande sorcière
Les gens sont tous des imbéciles
Je suis bien contente d’être une sorcière
Car j’ai des yeux qui voient au-delà des apparences
Ainsi je vois que ma fille est la plus belle qui soit

Le garçon chasseur
Moi je vis avec Grand-père
Dans le village qui borde la forêt
Avant Grand-père était chasseur
Alors il m’a appris comment m’orienter
Trouver la nourriture et la cacher

L’Ogre
L’Ogre reprend sa vie d’ogre
Dormir le jour chasser la nuit
Mais lorsqu’il rentre chez lui
Le monstre retrouve l’odeur de l’enfant
Suave et obsédante

Artistes

  • Texte Pascal Brullemans
  • Mise en scène Nini Bélanger
  • Avec Emmanuelle Lussier-Martinez