De temps à autre, on tombe sur quelqu’un qui semble posséder des réserves inépuisables d’histoires à raconter. Mais contrairement aux affabulateurs qui régalent leurs amis de versions enjolivés de leurs exploits, ces conteurs ont tant vécu qu’ils révèlent des pans de leur sagesse durement acquise lentement, avec précaution, comme les couches successives d’un oignon que l’on pèle.

Ray Bonneville n’a écrit le premier chapitre de son livre d’histoires qu’au début de la quarantaine, près de vingt ans après avoir commencé à se produire professionnellement. Mais avec un style qui lui a attiré des comparaisons avec JJ Cale et Daniel Lanois, ce « song and groove man », comme on l’a surnommé, a trouvé sa vocation dans un blues personnel inspiré de la Nouvelle-Orléans.

Sur son quatrième album pour la marque Red House Records, Easy Gone, Bonneville démontre en dix chansons que la patience est payante. Sa guitare brille sur chaque titre comme des étoiles qui émergent au crépuscule. Sa voix au timbre riche et naturel patiné par le temps caresse l’oreille, tout en laissant percer une poignante fêlure. Son harmonica ajoute encore à la profondeur du son qu’il produit.