3 avril 2019

Who We are in the Dark : Dans une nuit profonde

Par Guylaine Massoutre

On ne s’attendait pas à voir associer les noms d’Arcade Fire et de Peggy Baker, sur la scène du théâtre Maisonneuve, dans une chorégraphie de la très précise, très douée, aussi technique que sensible. C’est pourtant la seconde fois que Baker, avec la complicité de ses interprètes, crée étroitement avec la compositrice Sara Neufeld, violoniste du groupe Arcade Fire, qui lui a inspiré le titre de cette pièce, Who We are in the Dark.

La pièce est intensément dramatique. Y sont convoqués toutes les émotions, passées, présentes et, semble-t-il, à venir, issues d’une nuit profonde. Un univers cosmique, secoué de turbulences violentes et mystérieuses, s’agite en un chaos imprévisible, plein d’explosions lumineuses. Les projections de Jeremy Mimnagh sur grand écran constituent un tableau impressionnant du noir céleste, dense et plombé, auquel sept danseurs·es vont se heurter.

Un univers de neige et d’électricité, traversé de rayons puissants et de chocs supersoniques, offre alors aux interprètes ce ciel effrayant sous lequel errer, se terrer, grandir, observer, se nicher, s’étendre et s’étirer par vagues, ensemble, dans les formidables roulements de tambour de Jeremy Gara qui les accompagne. 

Les mouvements fluides de la danse, d’une grande qualité, vibrent sous l’archet de Neufeld, qui les enveloppe de sa mélopée lancinante, mélancolique, sa musique aspirant et retenant notre attention, puis la libérant soudain pour restituer son émotion au bénéfice de la danse. L’archet danse en solo, et les corps ondulants déclinent leur partition. Fascinant duel.

Source: JEU Revue de théâtre 

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