2019-11-06 19:00 2019-11-09 21:00 60 Canada/Eastern 🎟 NAC: J’aime Hydro

https://nac-cna.ca/en/event/21656

On a mission from documentary theatre company Porte Parole, Christine Beaulieu launched herself heart and soul—despite her self-doubts and the complexity of the subject—into an investigation of Quebecers’ relationship with Hydro-Québec. The resulting saga is as instructive as it is captivating. Christine Beaulieu was living and working as an actor ... until Annabel Soutar, with her 20 years of documentary theatre experience, persuaded her...

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Babs Asper Theatre,1 Elgin Street,Ottawa,Canada
November 6 - 9, 2019

≈ 3 hours and 45 minutes · With intermission

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Last updated: October 28, 2019

This program is only in French ›

Sommes-nous toujours maîtres chez nous?

Christine Beaulieu mène sa vie d’actrice… jusqu’à ce que la directrice artistique des Productions Porte Parole, Annabel Soutar, forte de vingt ans de théâtre documentaire, la convainque de se lancer dans une enquête colossale sur la relation qu’entretiennent les Québécois avec Hydro-Québec. Au fil de dizaines d’entrevues, d’écumage de rapports, d’audiences publiques et de recherche sur le terrain, la comédienne s’engage dans une démarche citoyenne hors du commun.

Sa candeur, sa gentillesse et sa volonté de comprendre lui permettront de rassembler des réponses étonnantes. En cinq épisodes dans lesquels elle incarne son propre rôle (aux côtés de Mathieu Gosselin, qui interprète vingt-huit personnages), elle lie le politique et l’intime, les chiffres et l’humour, la passion amoureuse et l’autodérision.

Pour ce premier texte, Christine Beaulieu a obtenu le Prix Michel-Tremblay décerné par la Fondation du Centre des auteurs dramatiques (CEAD) et a été finaliste aux Prix littéraires du Gouverneur général 2018, alors que J’aime Hydro a remporté le prix du Meilleur spectacle de l’année à Montréal remis par l’Association québécoise des critiques de théâtre et connaît depuis sa création une impressionnante tournée.

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Nous vous invitons à lire dans le Cahier Quinze du Théâtre français le texte « Nous tous éclairés par l’art », un brillant « dialogue entre électrons libres autour de J’aime Hydro » imaginé par Marion Gerbier.

Extrait de la pièce

CHRISTINE. La première fois que l’engagement social et les décisions d’Hydro-Québec se sont présentés à moi en même temps, c’était dans le hall de la Cinémathèque québécoise, aux Rendez-vous du cinéma québécois, en février 2011. J’avais 29 ans, je sortais d’une projection de plusieurs courts métrages, dont un sur lequel j’avais travaillé. Je suis allée m’acheter une bouteille d’eau, je niaisais dans le hall, et là, des spectateurs sont sortis d’une autre salle. Y en avait plusieurs qui portaient des T-shirts avec une prise électrique qui coule, ça parlait fort, l’ambiance était très chargée… Je dirais entre la colère et le découragement. Je me suis dit « Mais quel film peut faire cet effet-là! ». J’ai reconnu une seule personne, Hugo Latulippe, qui est un cinéaste particulièrement engagé, et je sais pas du tout ce qui m’a pris, ce soir-là, mais j’ai décidé d’aller lui parler.

CHRISTINE. Allo, Hugo.

HUGO LATULIPPE. Allo.

CHRISTINE. On se connaît pas, mais je suis la cousine de Maureen. (Au public) Bon, pas rapport comme intro, vous allez me dire… mais ma cousine est une femme très impliquée socialement et elle me parlait souvent de son admiration pour son ami Hugo.

HUGO LATULIPPE. Ah, OK, elle est super, Maureen.

CHRISTINE. Je me demandais, de quel film vous sortez, de même?

HUGO LATULIPPE. Chercher le courant, c’est un documentaire sur la Romaine avec Roy Dupuis.

CHRISTINE. La Romaine?

HUGO LATULIPPE. Tu sais pas c’est quoi, la Romaine?

CHRISTINE. Non. Je connais la salade, mais… (rire) ça me surprendrait que Roy Dupuis fasse un documentaire sur une sorte de salade…

HUGO LATULIPPE. Ouin, non… c’est une grande rivière vierge sur la Côte-Nord qui va bientôt être saccagée par des barrages hydroélectriques.

CHRISTINE. Oh, OK.

HUGO LATULIPPE. L’équipe du film est allée la descendre en canot avant qu’on ne puisse plus jamais le faire.

CHRISTINE. Ah, OK, wow.

HUGO LATULIPPE. Et toi?

MATHIEU DOYON. (Sur scène, il commente l’action) Hugo regarde l’accréditation du festival dans le cou de Christine.

HUGO LATULIPPE. (Impressionné) Tu es cinéaste?

CHRISTINE. Ouin, non, pas vraiment. Pas du tout, en fait. J’ai fait un film de même, pour le fun.

HUGO LATULIPPE. Ah.

CHRISTINE. (Au public) Ouach, tsé, j’ai fait un film « de même, pour le fun ». Hugo, lui, il fait jamais des films « pour le fun », il fait tout le temps des films super engagés, qui veulent vraiment dire quelque chose pour l’avenir de notre société, comme –

HUGO LATULIPPE. (Au public) Bacon, le film.

CHRISTINE. (Au public) Sur l’industrie porcine.

HUGO LATULIPPE. Manifestes en série, Alphée des étoiles

CHRISTINE. (Au public) Tsé, moi, la twit, j’ai osé faire un film « pour le fun »… (À Hugo) Ouin, non… je suis plus comédienne, en fait.

HUGO LATULIPPE. Ah, ouin? (Temps, il cherche) Je t’ai jamais vue. Mais tsé, j’écoute pas ben ben la TV. En tout cas, tu devrais le regarder, le film Chercher le courant.

CHRISTINE. Oui, c’est sûr et certain que je vais le regarder. (Petit froid) Bonne soirée.

HUGO LATULIPPE. Bye.

CHRISTINE. (Au public) Bon, sérieusement, avec ma bouteille en plastique, mon film « pour le fun » et mon ignorance de la Romaine, je m’étais vraiment sentie comme une deux de pique avec zéro conscience environnementale. Ça, c’était il y a six ans.

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Le texte J’aime Hydro est paru en 2017 chez Atelier 10, dans la collection « Pièces », avec des illustrations de Mathilde Corbeil. La version du texte publié est celle qui a été jouée le 22 juillet 2017, à l’Usine C, dans le cadre du Festival Juste pour rire. Une nouvelle édition augmentée de J’aime Hydro, avec une préface de Serge Bouchard, a été publiée en octobre 2019 chez Atelier 10.

Mémo

JEAN LESAGE devient premier ministre, président du Conseil exécutif et ministre des Finances du 5 juillet 1960 au 16 juin 1966 et également ministre des Affaires fédérales-provinciales du 28 mars 1961 au 16 juin 1966 et ministre du Revenu du 30 mai au 8 août 1963.
 

Nationalisation de l’hydroélectricité

Le programme de son gouvernement est allé bien au-delà de simples réformes économiques. Ancré dans une tradition conservatrice, le Québec disposait d’une autonomie relative tant sur le plan politique qu’économique. Lesage voulait transformer les institutions et les mentalités, et la nationalisation des toutes puissantes compagnies hydroélectriques de la province devait être un « détonateur ».

Il convoqua prématurément des élections générales le 19 septembre 1962 sur le thème de la nationalisation de l’électricité. Un débat politique télévisé, le premier de l’histoire du Canada, eut lieu le dimanche 11 novembre au soir et opposa le chef du gouvernement et président du Parti libéral Jean Lesage, au chef de l’opposition et chef de l’Union nationale, Daniel Johnson. Lesage réussit ce tour de force et remporta un scrutin aux enjeux vitaux pour la province :

« Il faut rendre au peuple du Québec ce qui appartient au peuple du Québec ; son plus riche patrimoine, celui de l’électricité. Et ça presse, demain il sera trop tard. C’est maintenant ou jamais que nous serons maîtres chez nous. »

Écoutez la retransmission audio de J’aime Hydro en direct sur le site Web de Porte Parole et poursuivons la conversation ensemble…

Découvrez aussi le balado J’aime Hydro – édition 2019.

Production Porte Parole et Champ gauche
En coproduction avec le Festival TransAmériques (épisodes 1 à 3)
Avec le soutien de l’Usine C grâce à une résidence de création

Le premier épisode de J’aime Hydro a été créé au festival OFFTA en 2015. Les épisodes 1 à 3 ont été présentés pour la première fois au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, à Montréal, dans le cadre du Festival TransAmériques en 2016. L’intégrale (cinq épisodes) a été présentée en avril 2017 à l’Usine C, à Montréal.

Artists

  • Written by Christine Beaulieu
  • Dramaturg Annabel Soutar
  • philippe-cyr-credit-julie-artacho
    Directed by Philippe Cyr
  • mathieu-gosselin-cr-david-ospina-crop
    Actor Mathieu Gosselin
  • Actor, Sound design Mathieu Doyon