≈ 40 minutes · No intermission
Last updated: October 26, 2018
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Bercer l’imaginaire
Le titre est souvent la première porte d’entrée d’une œuvre. C’est peut-être un peu moins vrai aujourd’hui, à l’ère de l’image et des médias sociaux, où l’on donne à voir d’emblée à quoi ressemblera ce qui nous attend derrière les cloisons du théâtre. Une photo ou une vidéo aperçue du coin de l’œil pique bien sûr la curiosité, susceptible d’attiser les plus belles envies. Mais, comme avec les livres, j’aime aussi me laisser interpeler par un titre. Ce bref énoncé reste à mes yeux le plus bel entraînement pour cultiver l’imaginaire. À partir d’un terme ou de la rencontre de plusieurs, les créateurs d’un spectacle ne nous invitent-ils pas à rêver avec eux, à nous projeter dans leur univers avant même d’y mettre le pied ? Faites l’exercice ! À quoi vous font penser les mots d’un titre ? Qu’est-ce que vous imaginez sur scène en jonglant avec eux ? Les trouvailles et suppositions farfelues qui en jailliront feront sans doute monter d’un cran votre curiosité, titillée à l’idée de mettre en parallèle ce que vous avez en tête avec ce que les artistes ont préparé dans le secret pendant des mois. C’est un peu comme l’anticipation d’un voyage, alors qu’on se plaît à imaginer l’endroit qu’on visitera pendant les vacances. Ici, avec Véronique Côté aux commandes de l’aventure théâtrale, on se laisse emporter par une formule délicate, pleine d’images. Les choses berçantes rappelle un élément phare de notre patrimoine, la chaise à bascule, qui traverse l’existence, de l’enfance jusqu’à nos vieux jours ; tout en diffusant un sentiment à la fois doux et réconfortant. De cet adjectif poétique dont le titre se compose, le dictionnaire dit d’ailleurs ceci : « Qui calme et apaise. » En attendant de vous glisser dans la salle avec votre enfant, vous pouvez ainsi vous amuser à faire la liste des choses qui vous calment, vous apaisent, vous font du bien ou pourraient vous en faire. Une gymnastique pour l’imaginaire et un baume au cœur en même temps.
Bon spectacle !
Petite question deviendra grande
Entretien avec Véronique Coté
Les choses berçantes est ta deuxième pièce pour tout-petits. Quelles sont tes motivations à créer pour ce public ?
Mon travail en direction de la toute petite enfance est celui qui me permet de créer le plus librement. C’est un lieu de vraie expérimentation artistique, sur la forme bien sûr, mais surtout sur les enjeux que j’ai envie d’aborder avec ce public. Qu’est-ce que nos humanités ont à s’apprendre mutuellement ? De quoi peut-on parler avec les tout-petits ? Ils sont pour moi de vastes mystères, et donc, ils rendent mon regard perpétuellement neuf.
Les choses berçantes est en résonance avec Flots, tout ce qui brille voit, surtout dans cet esprit de duo complice frères/sœurs et aussi dans le choix de la distribution. Comment un spectacle a-t-il nourri l’autre ?
C’est difficile de démêler les fils de la création, et surtout des influences. Nous sommes faits de tant de choses vues, lues, entendues, de tant de pensées qui nous nourrissent : celles des autres, celles du monde. Dans un processus créatif comme celui de ces spectacles, l’équipe tout entière participe à faire apparaître l’objet. Dès les premiers laboratoires de Flots, j’avais cette vision d’une petite maison avec un balcon, des cordes à linge, du gazon, et d’une peine d’amour à réparer.
D’un point de vue plus personnel, d’où est venue l’idée de parler aux enfants d’un chagrin fou et de consolation ?
Je pars souvent d’une vraie question que je me posais enfant, et que je me pose encore comme adulte. Pour Flots, c’était « Comment attendre sans se faire mal ? » Pour Les choses berçantes, ma question était « Comment fait-on pour se consoler ? » J’avais envie de parler de ça. On a tous des peines à réparer. Et c’est quelque chose qu’on partage avec les enfants. Les chagrins peuvent être immenses quand on est petit. Et puis il y a des parents en peine d’amour, ça existe… J’avais envie que les enfants puissent avoir une prise sur ça, une prise lumineuse. Les chagrins ont une force transformatrice, ils peuvent mener à plus de beauté. Il me semble que c’est bien de le savoir tôt dans la vie.
— Propos recueillis par Amélie Dumoulin
Le Théâtre des Confettis
Né de la complicité artistique de deux comédiennes, Hélène Blanchard et Judith Savard, et d’un scénographe, Réal Sasseville, le Théâtre des Confettis a été fondé à Québec en 1977. La compagnie a, jusqu’à maintenant, créé vingt-huit spectacles : dix d’entre eux ont été traduits et présentés en anglais, deux ont été traduits et joués en espagnol et un autre a été traduit et joué en portugais. Trois des textes créés par le Théâtre des Confettis ont été repris par des compagnies canadiennes et sept ont été publiés.
Dès sa fondation, le Théâtre des Confettis a choisi de placer les enfants au centre de ses préoccupations: les enfants pour ce qu’ils suggèrent de subversion, de rêve et de poésie, de folie et de tendresse, pour ce qu’ils proposent d’ouverture et d’intimité, pour leurs rires et pour leurs larmes, pour leur regard neuf, curieux et vigilant. À chaque étape du parcours de création, l’enfance comme référence et comme rappel, sans condescendance ni complaisance.
Bien que l’on puisse retrouver d’une production à une autre la constance de certains éléments, la démarche artistique de la compagnie n’est pas pour autant linéaire ni liée à un processus spécifique ou exclusif de création. Provoquer de nouvelles rencontres ou affirmer des complicités, répondre à des coups de cœur ou réaliser de vieux rêves, créer dans l’urgence ou sur un long souffle, rejoindre le public, ici ou ailleurs… C’est de toutes ces façons que s’exprime également la personnalité de la compagnie.
Artists
Stage illuminator
She sees the stage as a place for speaking out, an act of light and resistance to combat the darkness of our time. Since graduating from the Conservatoire de Québec in 2002, Véronique Côté has devoted herself body and soul to lighting up the stage with her writing and directing (Flots, tout ce qui brille voit in 2012; Attentat in 2014). As an actress, she has appeared in many stage productions, including Wajdi Mouawad’s Forêts, which she has performed more than 200 times! A keen lover of poetry, she is also a columnist for Le Devoir and ICI Radio-Canada Première.
