Travis Harrison nous fait part de ses expériences les plus mémorables à l’IEM – (Partie 3)

IEM : Félicitations pour ta nomination avec l’Orchestre symphonique de Winnipeg! As-tu des conseils à donner aux jeunes musiciens pour se préparer à des auditions d’orchestre?

Travis : Je pense que le plus important pour se présenter à une audition, c’est d’avoir confiance en soi. Je suis sûr qu’il existe de nombreuses façons de bâtir sa confiance, mais en ce qui me concerne, c’est une question de préparation, à la fois musicale et mentale. Si je suis bien préparé, je sais que je ne serai pas nerveux. Mon mentor, Joel Quarrington, m’a déjà dit qu’être préparé, c’est être « à l’épreuve des balles ». J’aime beaucoup cette idée, parce que pour être musicalement à l’épreuve des balles, il faut avoir une telle confiance en ses moyens et être tellement concentré que votre auditoire ne pourra faire autrement que d’être convaincu par votre jeu. 

C’est le fruit du travail intense et de l’étude. Je n’aurais jamais pu remporter cette audition si je n’y avais pas mis les efforts et les sacrifices requis, et je n’aurais pu améliorer mon jeu suffisamment pour décrocher un poste si je n’avais pas d’abord été honnête envers moi-même – l’honnêteté est la clé. Nos professeurs et nos pairs s’efforcent d’être honnêtes avec nous en ce qui concerne notre jeu, mais en fin de compote, tout dépend du regard que nous portons sur nous-mêmes. Si vous êtes persuadé, en toute honnêteté, de jouer assez bien pour mériter un poste, vous avez déjà une longueur d’avance sur une bonne moitié des candidats qui passeront l’audition.

Être honnête envers soi-même permet aussi de connaître ses limites. Mes amis qui réussissent le mieux dans la vie (et pas seulement en musique) sont ceux qui nourrissent une ambition insatiable, mais qui savent aussi s’arrêter au bon moment. Me suis-je exercé pendant des heures et des heures chaque jour? Jamais de la vie. Dans les semaines qui ont précédé l’audition, j’ai accepté un engagement (essentiellement pour pouvoir assumer les frais du voyage et de l’hôtel afin de me rendre à l’audition!) qui me prenait cinq heures par jour de répétition et deux heures de déplacement. Ça me laissait deux ou trois heures chaque soir pour répéter mes extraits. Certains jours, j’étais à court d’énergie et je me contentais de m’exercer pendant une heure; de toutes façons, je considère qu’une heure de répétition intense et concentrée est de beaucoup préférable à huit heures d’exercices accomplis machinalement chaque jour. Chaque soir, après avoir épuisé mon énergie et ma capacité de concentration, je m’arrangeais pour aller prendre un verre avec un ami ou me distraire d’une façon ou d’une autre en dehors de la musique. C’est le meilleur équilibre que j’ai pu atteindre.

Préparer honnêtement une audition vous en apprend beaucoup sur votre jeu et peut se révéler assez décourageant par moments. Je me suis enregistré chaque soir pendant les deux semaines précédant l’audition. Le matin, j’écoutais mes enregistrements de la veille, je prenais des notes et j’améliorais mon jeu de jour en jour. Pour moi, c’est l’un des plus grands attraits de la musique – le fait qu’il y a toujours place à l’amélioration – et j’espère bien ne jamais arrêter de jouer.

Mettez-y les efforts, jouez (détendez-vous) et soyez honnête : telles sont les trois recommandations que je ferais à quiconque prépare une audition. Restez positif, acceptez le fait que votre jeu n’est pas aussi bon que vous le souhaitez, « dormez là-dessus », comme dit Pinchas Zukerman, et tâchez de faire mieux.


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